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III – Pollux a très bien compris que le nourrisson dans les bras de Mère vient du même trou qu’elle. Ca ne lui fait pas plaisir. Du tout.

IV –c’est chez une apprentie mère qu’elle a ce matin diagnostiqué la même ressemblance maladive. Ses poings serrés, elle a mangé sa barrette, ses lunettes (hideuses) et le bracelet qu’elle ne cessait de tripoter en soupirant bêtement.

VI –la surpopulation de copies excite une personnalité exécrable chez Pollux qui manifeste de grandes aptitudes en logique et une constitution de fer. Son visage fermé n’inspire pas la sympathie et plutôt que se sentir seule, Pollux y trouve le début d’une singularité recherchée.

VIII –sa passion pour les objets brillants se rapproche de la boulimie. Le temps libre devient l’occasion parfaite pour s’empiffrer parfois jusqu’aux reflux de dizaines d’objets, insectes, parfois pire, au point qu’on lui collera un pion au cul.

X –sous la tutelle étroite de Parents (ou apprenties), la fillette se remplit de fiel et doit, par la force du système, remplacer les gourmettes avalées par des connaissances additionnelles. Beaucoup de détails pratiques sur la vie au sein de l’Enclave lui seront utile, autant que les ragots qui sont la monnaie de corruption locale.

XII –trois étoiles officielles et de gros avertissements officieux. Ils ne lui ont pas donné le Paradis et Pollux en pleure de colère le jour de l’annonce. Heureusement, tout le monde veut bien croire qu’elle se réjouit.

XIII –le Père l'a fait appelé. Parce qu'elle a un destin spécial, n'en a jamais douté que ses dents bien alignés et son talent ne pouvait être gaspillé. Désormais, Pollux accompagnera les Parents, de nuit, pour mettre à profit son don : anneaux, lettres, ceintures, coutelas, écharpes, culottes, ... tout doit disparaître !

XIV –c'est une nettoyeuse accomplie, taciturne le jour, gloutonne la nuit, ils ne lui disent pas pourquoi, mais elle a compris, très tôt, très vite, et s'est fait une raison. Un destin spécial ne pourrait exister sans cette vérité compromettante, sale : une petite étiquette avec un nom sur le col du polo d'un disparu qu'elle a dévoré très vite.

XVI –tomber amoureuse ne faisait pas partie de ses projets, pourtant dans son uniforme noir sans un pli sur lequel elle a cousu, elle-même, de la dentelle et des babioles brillantes, Pollux tresse des couronnes de tulipes noires, les joues roses.

XVII –(01.17) Dorothée, Doro, souhaite-elle vraiment être enlacée, embrassée, déclarée, ce jour-là. Il fait beau, bien sûr, elles ont choisi un endroit peut exposé au regard où les haies dépassent la cime de leur crâne. Elles ont gloussé, Pollux avait le droit de caresser le cartilage à ses oreilles, et la courbure des cils, elles riaient, beaucoup. C'était nouveau et beau. La nuit tombée, Eden avale les perles de son collier, une par une, pour savourer avant qu'on la prenne par la main, petite poubelle, qu'on la tire jusqu'à la chambre de Doro, vide. Elle a tout avalé, plus zelée que jamais, jusqu'aux rognures d'ongles vernis sous la commode. Elle a tout avalé et depuis plus rien d'autres ne veut passer ses lèvres.

XVIII –De toute évidence, personne ne sait où est Doro, atomes gravitant dans la canalisation sanguine de Pollux, fantôme vengeur sur son épaule, lointain souvenir, déjà. Pollux, qui a tout perdu, même cette dignité inventée pour faire de sa solitude une superbe, est devenue abrasive, le sommeil la fuit lui a dit un Père.  Le système est un échec, elle dit, elle pointe son corps mais c’est faux, elle pointe Doro. Pollux n’avait pas prévu de retomber amoureuse. Pourtant, la ponctuation de se dix doigts fiévreux s’essoufflent à la seule vue de Castor.

XX –à défaut d’amasser et ennuyée de se répéter tout ce qui est scellé dans son estomac, Pollux confectionne des pièces uniques auxquelles elle greffe toutes les choses brillantes et jolies qu’elle peut trouver. C’est un passe-temps utile pour se procurer aiguilles, fils, ciseaux, et conspirer en secret l’ouverture de son sternum.

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