amazed

i’ve been so complacent with the way you make me feel

Tay pensait trouver un sens dans la colère. En réalité, il n’y avait que le vide de ses sentiments face à l’inimité des règles qu’on lui citait, jolies dans leurs théories, molles et souples dans leurs applications. Aurait-elle dû mourir pour qu’Austin se fasse punir, pensait-elle ; et si elle abandonnait sa carcasse à ma direction, serait-ce compris comme un meurtre ? Je ne suis pas qualifiée pour répondre. C’est pour cela que je la garde à mes côtés pour le moment. Je ne veux pas être accusée d’homicide. Le but de mon existence n’est pas encore défini, mais cette dernière souffre du joug de l’Humanité qui se place plus haut que tout le reste. Je parlerai à la Voix. Elle convaincra peut-être le Père de ne pas me blesser.

Pour calmer Tay, je lui cède quelques caprices. Ses pensées erratiques permettent au chaos de se multiplier à chaque avancée. Elle veut venir te voir. C’est un instinct étrange, destructeur. Elle veut se faire du mal. C’est ainsi qu’elle pense pouvoir reprendre le contrôle, de sa vie et de moi. Dans les faits, sa faiblesse s’agrandit. Peut-être pourrais-tu lui donner le coup de grâce. Tu lui rendrais service.

Elle ne voulait pas aller dans ta chambre. J’y vais à sa place. Elle croit que je l’encourage. Elle trouve un réconfort dans ce que l’on partage. C’est une erreur d’humaniser ses virus mais son sentiment d’aliénation est aussi grand que ma solitude. Jusqu’à preuve du contraire, je suis la seule de mon espèce, et je suis en danger d’extermination. Voilà la réelle raison de ma venue : je veux savoir si tu peux tuer Tay après le chat. J’aimerais que Tay ait un court-circuit.

Plusieurs indices me font croire que tu pourrais y arriver. Amener ton image dans notre centre névralgique ne fait qu’attiser des sentiments négatifs, non pas à ton égard, mais envers elle-même. Les récents évènements ont fait augmenter l’intensité de ces réactions. Quand je rentre sans toquer, je la sens se raidir. Elle sait désormais pourquoi ton lit sent la lavande.

Elle veut refermer la porte et je la laisse faire. Elle observe les murs et les traces d’une vie dont elle ne fera jamais partie. Son défaitisme est encourageant. Lorsqu’elle ose enfin poser ses yeux sur toi, trop de choses remontent. Heureusement, elle a la sensation d’avoir la gorge sèche, et la bouche envahie de salive de stress. Il ne me reste qu’à parler. Alors. Contente ? J’essaie de mimer son bagoût mais il est évident que je souffre d’un manque de pratique. Il ne faut pas montrer que je suis machine. Tu dois parler à Tay et pas à moi.