amazed

Nine n’a pas bougé. Et sans prendre en compte son épuisement, il n’aurait pas bougé dans tous les cas. Il sait qu’on pensera son acte comme irréfléchi, pourtant il sait toujours ce qu’il fait - il est conscient dans ses frasques et c’est peut-être ce qui le rend aussi réfractaire malgré les avertissements et punitions.

Puis la moquette est agréable -
c’est mieux que sa chambre où on lui a interdit son matelas.
(S’il n’attendait personne, il se serait peut-être assoupi !)

Il tourne la tête lorsque la voix de Luke retentit. Et Nine ne dit rien mais il ne perd pas son sourire.
C’est plus fort que lui - il savait t’apprécier à une époque, il pourrait même avouer qu’il admirait les plus grands ; ceux qui sont plus forts et doués ! Mais les choses changent et Nine s’en retrouve lassé -
Il n’y a que la moquette d’agréable à cet étage.

Lorsque tu l’aide, Nine puise dans ses forces pour se relever en soupirant fort ses plaintes.
Puis sans broncher, il te suit ! Sur le temps du chemin, il en profite pour dégager de son front les mèches collantes par la sueur. Et n’écoutant que d’une oreille les réprimandes, il écarquille des yeux à ta remarque concernant Lucien - en se tenant les côtes une seconde, il ricane !

“Avec plaisir j’imagine - c’est vraiment un sale type ce mec.”

Dans la chambre de Luke, il ne fait pas le tour et zieute seulement l’espace depuis sa place. C’est la première fois qu’il voit l’endroit, et ça le dégoûte assez pour souffler un rire.
Mais il revient à toi !

“Il y a rien à dire honnêtement. Je déteste juste Robin et elle me fout le seum - t’as jamais voulu frapper quelqu’un toi ?”

Nine est debout face à toi car il sait qu’il n’est pas en position pour prendre ses aises.
Et Nine soutient ton regard, le visage fendu en demi-lune par ses sourires éternels, car il ne regrette rien !

“Tu vas me punir comment ? Enfin - me dresser apparemment, vu que je suis un chien.”

Il attend depuis qu’il a eu l’idée d’aller à la rencontre de Robin.

Comme seule réponse, il hausse simplement des épaules -
Nine est stupide mais toi assez intelligent.
Nine est un pote en carton, toi un ami en or.
Nine n'a aucune étoile, toi tu les a toutes -
Vous pourriez continuer longtemps de cette manière, cela en deviendrait sans intérêt ! On lui répète sans cesse des évidences qu'il - et tout le monde ici - connaît déjà.

"Non mais - en vrai, c'est pas juste parce que je l'aime pas."

Il te le dis parce que c'est toi.
Parce que dans un autre monde, peut-être que tu aurais compris.
Mais Nine n'oublie pas ce que tu es - la constellation à laquelle t'appartient et ton rôle dans ce système solaire - ça, il ne l'effacera jamais.
Il te le dis parce que c'est toi.
Mais rien de plus -
parce que c'est vous.

"Mais factuellement : on s'en fout de savoir pourquoi je me suis attaqué à Robin. Ce qui est fait est fait, ça changera rien - c'est pas comme si on allait m'écouter ou même me croire."

Voilà, pas besoin de traitement de faveur - il sait qu'il n'en aura pas ! Maintenant il se tait, écoutant les punitions qu'il attend presque avec impatience.

Lui, se tiens ses mains dans son dos - preuve de sa docilité, il ne tentera rien d'autres aujourd'hui !
Puis, incapable depuis toujours de rester en place, il se balance doucement d'un pied à l'autre.
Il se recentre seulement lorsque tu as terminé.

Et tu sais quoi -

"Ça va, je m'attendais à pire ! Pendant combien de temps j'aurais plus le droit à mes clubs ?"

Il se voyait déjà privé du reste de ses affaires personnelles.
Il se voyait même privé de toute liberté !
Mais c'est vrai, Nine est un chien mal dressé, pas sauvage. C'est cette image que vous lui attribuez : pas assez dangereux pour la cage.
Alors finalement cela le soulage - il garde son sourire.

Nine lâche ses mains dans son dos pour pointer ses deux joues avec ses indexes.

"Vas-y - tu vas frapper où ? Droite, gauche, milieu ? Attend ! Je ferme les yeux, ce sera la surprise."

Ses paupières se closent.
Les surprises - bonnes ou mauvaises - lui font toujours louper un battement alors l'expérience il ne la néglige pas. Jamais lorsque cela touche toutes ces sensations fortes.
Quitte à se faire punir, autant apprécier le moment. Nine en sortira vainqueur pendant que les autres se noient dans la frustration.

Bien sûr que c’est un jeu - Nine ne prend rien au sérieux et encore moins lorsque ça touche à la discipline qu’on tente de lui apprendre en vain ! Même la mention de plusieurs années le pousse à râler bêtement, accompagné d’une grimace ridicule d’exagération : au fond ça l’embête, il se voit déjà mourir d’ennui. Mais il se dit aussi que ce sera du temps libre pour improviser ses propres activités, selon ses règles et ses envies -
Alors ça va - il pourra continuer d’en rire !

Enfin, il n’a pas le temps d’y réfléchir maintenant car le poing de Luke s’écrase contre sa joue.
Déjà épuisé par sa précédente punition, le coup le fait vaciller jusqu'à perdre totalement l’équilibre : ses pieds s’emmêlent, Nine trébuche lourdement au sol.

“Ah - putain-”

Il marmonne, venant se masser la joue endolorie par l’adversité.
Et sans retirer sa main, il relève le regard vers toi - pas en tant que grand frère mais en tant qu’ami. Tu t’es même accroupi à son niveau pour le prouver.
Suivant ton discours, ses yeux se plissent, sans que l’on sache si son expression se dessine par les rictus ou le mépris ; ses lèvres encore camouflées sous sa paume.

Nine te toise de longues secondes en silence, cherchant l’ami de confiance que tu mentionnes.
Celui qui, malgré son scintillement, saura l’éclairer sans lui faire de l’ombre comme les autres étoiles appartenant à votre nébuleuse.
Un pouffement de rire finit par lui échapper -

“... Ok, je vais te le dire. Mais tu vas pas comprendre.”

Il en est persuadé - vous êtes à des années lumières de l’un et l’autre pour que le message passe d’ici le Paradis.
Mais puisque là maintenant tu es Luke, son ami, il se redresse pour s’installer en tailleur : il estime pouvoir prendre ses aises un instant -
Après, vous pourrez revenir sur le jeu de ceux qui ne peuvent pas respirer le même air dans cette hiérarchie astronomique bancale.

“J’étais là quand elle a tué le chat - j’ai tout vu.”

Plutôt tout entendu, mais ce n’est que du détail - Nine était là dans tous les cas.

“De base j’avais prévu de la dénoncer car ça se voyait elle faisait ça en secret. Je sais pas, elle assumait pas - comme si elle avait pas le droit, comme si elle culpabilisait.”

Et Robin qui fait une bêtise, c’était une occasion trop belle pour ne rien en faire. De même, Nine passera le détail qu’il lui a craché des mots horribles pour la blesser.

“Fin bref, je l’ai laissé se dénoncer toute seule car elle me l’a promis. Puis de toute façon elle était en train de me péter la gueule à ce moment-là pour m'empêcher d'y aller - fallait bien que j’aille dans son sens !”

Il ricane pour se moquer - d’elle ou de lui-même, il ne sait pas réellement.
Peut-être qu’il regrette ne pas s’être battu en retour ce jour-là.
Le résultat aurait été le même au final - c’est Nine qu’on aurait réprimandé pour violence.

“Et ça m’a soulé d’apprendre qu’on lui a donné un chat suite à ça. Alors ça m’énerve encore plus de voir qu’elle est passée Premium avec ces histoires débiles.”

Une de ses jambes tremble doucement : impossible de rester calme deux secondes, et par frustration.

“C'est moi je l'aurais tué ce chat, on m'aurait puni - j'en suis certain. Mais parce que c'est Robin, on l'acclame.”

Est-ce que son sentiment d'injustice qui se mêle à la colère assouvit assez ta curiosité ?

“Après c'est tombé sur Robin, mais ça aurait été n'importe qui de haut gradé, je m'en fous. Ça aurait pu être toi.”

Si tu savais le nombre de fois qu'il a croisé des regards dédaigneux par son simple statut manquant d'éclat ! Peut-être que tu comprendrais avec cette perspective en tête.

“... Et sinon j'avoue : petit plaisir personnel de la tabasser en retour !”

Nine ne perd pas son sourire en tout cas - jamais !
C'est qu'il est mort sinon.

Nine pourrait admettre que ta patience est admirable.
Que cela change, de se faire sincèrement écouter sur une sorte de pied d’égalité - juste le fait de prendre la même position que lui, le laisser terminer de s’exprimer, sans jamais le toiser comme un mal propre ;
c’est presque retrouver un ancien ami !

Seulement voilà. Le tableau présente un renouement alors que dans les faits, vous ne serez jamais d’accord. Car tu aimes le Père Suprême autant que lui le haïs. Tu trouves ses choix justes, intelligents et qu’on ne peut remettre en question. Mais Nine ne peut ignorer l’injustice qui s’en découle ; peu importe les vices que tu cherches à justifier, à défendre -
tout reste terriblement affligeant pour lui et ses camarades sans étoiles.

“Dans tous les cas, ça ne change rien à l’injustice que je soulève. Tu parles de punition plus intelligente mais qu’est-ce qui justifie un tel traitement de faveur à son égard ? - son nombre d’étoiles, je sais.”

A ses yeux Robin aurait mérité le même traitement qu’il aurait pu avoir. La privation de conforts, d’effets personnels et de liberté et d’une violence bien plus tangible - elle aurait vécu la peur, la honte, le mépris, la culpabilité ; ce n’est pas s’occuper d’un chaton qui l’aurait détruit psychologiquement.
Mais puisque Nine n’a pas ce pouvoir -
il est juste monté pour faire exploser sa colère.

“Je sais que c’est le nombre d’étoiles. C’est justement ça qui m’énerve. T’auras beau m’expliquer autant de fois que tu le veux - et je comprends, je suis pas débile - ça retire en rien mon agacement. C’est pas juste, c’est tout.”

Et ce n’est pas grave si cela ressemble à un caprice d’enfant. Ce n’est pas grave non plus si tu ne comprends pas. Nine a déjà abandonné pour trouver un terrain d’entente ; ses pulsions sont de toute manière bien plus sanglantes et sa patience limitée. Puis il sait que derrière lui, ceux qu’on interdit de briller, seront dignes d’une meilleure compréhension que vous autres.

Votre étage est grand et confortable, mais trop froid.
Le sien est peut-être miteux, mais plus chaleureux.
Ce sont des choses que vous n’aurez jamais.

Ta dernière remarque le fait éclater de rire - son visage reprend ces couleurs joviales propre à la moquerie qui anime si facilement sa personne.

“Pourquoi ça t'étonne ? Elle est capable de tuer un être vivant - un animal de compagnie pour qui on se porte d’affection en plus - tu la penses pas capable de violence ?”

Son regard se lève vers le plafond un instant, repensant à cette scène dont lui seul à eu l’honneur d’assister : l’hystérie d’une blocarde qu’on pense droite sur ses épaules.

“Je lui ai même demandé si elle aurait été capable de tuer les blocards qu’elle estime inutile - comme le chat. Elle a dit qu’elle savait pas.”

Elle ne sait jamais rien.
Il ricane de nouveau - comme elle est agaçante.

“Et ne pas savoir c’est pas la même chose que nier.”

Nine sourit, avec ce regard dépravé qui s’amuse du chaos.

“C’est trop facile de l’avoir laissé se dénoncer. C’est la seule chose que je regrette. Elle a pu dire ce qui l’arrange et maintenant elle est Premium. Moi j’ai vu ce que personne n’a vu.”

S’il pouvait réussir à semer le doute rien qu’une seconde dans ton esprit -
ce serait délectable.

“Elle a noyé un chat juste pour voir si elle en serait capable. Elle a pris peur lorsqu’elle m’a vu, parce qu’elle savait que si j’allais la dénoncer, elle perdrait quelque chose. Alors pour me l’empêcher, elle s’est attaquée à moi. Certes il n’y a pas que le confort, mais vous êtes terrifiés à l’idée de tout perdre et devenir la nouvelle risée de l’enclave.”

Et tu devrais le savoir - après tout, tu étais au première loge lorsque Alfie à été effacé du ciel.

Au final, cela l’étonne.
Tes mots compréhensifs, comme tes conseils et l’épaule d’un ami.
Se faire respecter par ceux qui se réapproprient toute la lumière du ciel lui donne une sensation étrange sous son torse, et il n’est pas sûr qu’elle soit agréable.

“...”

Alors Nine se tait un instant. Son regard à même dévié pour se perdre dans le vide - il se permet de réfléchir suite à tes mots,
ainsi il se rend compte de ses doutes,
et que ce désagréable sentiment se lie à une confusion immense.

Voilà : Nine est troublé qu'on ne lui crache pas au visage.

Son regard revient à toi.
(Il détend aussi son expression légèrement crispée par les réflexions.)

“... Je pensais pas que je serais d’accord avec toi.”

Il te le dit sincèrement - à aucun moment il pensait te donner raison.
Il a trop l’habitude de construire autour une animosité réciproque et par fierté de contredire.

“Mais sache que les failles on les remarques aussi trop bien lorsqu’on en a pas du pouvoir. Les sans-étoiles ne sont pas en colère pour rien - même si vous cherchez tout le temps à nous remettre en place pour nous faire taire.”

Il ajoute simplement ce détail - les victimes du système ne sont pas que ceux qui vivent la pression du prestige. C’est aussi ceux qui cherchent la liberté.
Maintenant, quand bien même cela le perturbe, il peut l’admettre : il est réellement d’accord avec toi. Et il espère que tu n’écraseras pas sa perception du monde.
Alors pour cela, il tend la main vers toi. Il attendra que tu l’attrape pour lui serrer la poigne - et sinon, tant pis ! Il n’en sera pas tant déçu car cette confiance, il ne te la redonne pas entièrement.

Luke, retrouvons-nous petit à petit.
En tant qu’amis.

“Je te cogne maintenant ou après ?”

Il demande dans la foulée, le sourire pleinement revenu aux lèvres.

“Il faudrait pas que Remy soit au courant !”

Nine, lui, voit l’enclave comme une sorte de prison - parce qu’on vous promet des rêves pour l’au-delà. Personne ne sait comment, mais il est mieux qu’ici. Et bizarrement, on dit que chacun aura sa chance d’y accéder. Même Nine ! Le Père Suprême doit être bon à ce point (apparemment).

Soit loué le Père - ou quelque chose comme ça,
Nine ne s’y intéresse pas.

“Mais ça me dérange pas d’être sans étoile - c’est ça que vous ne comprenez pas !”

Parce qu’on pense que Nine rêve du pouvoir et du luxe que vous avez -
Pourtant il en est sûr, il s'ennuierait à mourir s’il avait accès à tout ! En perdant son petit astre, il s’est découvert une liberté encore plus précieuse que la collection d’étoiles ; il ne veut plus jamais les compter !
Cette pression que tu as sur les épaules, il te la laisse à toi et aux autres. Et Nine n’a, d’ailleurs, pas assez de bonté pour changer le système - ça, il le laisse à ses camarades idéalistes et rêveurs.
Lui, il veut juste prévenir l’enclave des failles immenses.
Hurler au monde l’atrocité que vous vivez et ses injustices.
Simplement montrer à l’univers que votre galaxie pourrait s’éteindre, trop fragilisé par les brèche ouverte de défaut - ainsi il pourrait se moquer de l’autorité !
Les objectifs de Nine n’ont rien de noble - trop ont tendance à l’oublier.

“Pfff- C’est carrément une promesse alors.”

Le petit doigt à plus de force, de signification et d’importance qu’une simple poigne.
Et les promesses ont un poids qu’il n’aime pas assumer - c’est le genre de carte qu’on peut retourner contre lui ! Mais soit - imaginez que vous vous retrouvez à l’époque des promesses secrètes - Nine veut bien te prêter sa parole qu’il scelle de son petit doigt ; cela le fait rire, en écho aux amitiés juvéniles d'antan.

“C’est vrai ! Elle est bien pratique ta capacité.”

Pour cacher aux Parents ce genre d’atrocité.
Nine suit le mouvement et se lève à son tour - il récupère doucement de ses efforts, se masse rapidement les mains encore rouge des coups donnés, puis ricane à ta remarque bon enfant ; on dirait pas du tout qu’il s’apprête à te frapper.

“C’est trop mignon mon agneau. Je suis sûr qu’à force tu finirais par avoir plus honte que moi !”

Parce que Nine n’a pas peur du ridicule - il s’en amuse bien plus que ceux qui essaient de l’humilier !

“Enfin, ça devrait le faire.”

Il n’y aura pas besoin de se donner des surnoms niais. Car Nine ne va pas retenir son coup - après tout, cela fait partie de la promesse : il faut cogner de toutes ses forces !
Alors il s’exécute, il serre le poing, prend le bon élan, puise dans ses fines réserves d’adrénaline que lui procure le geste ; il vise le nez par sa fragilité - le saignement et les picotements devraient te remettre les idées en place !