amazed

il t’interpelle sans te toucher. la voix de joji qui résonne entre les murs te force à t’arrêter et à lui faire face.

constater l’étendu de son sourire qui déforme son visage ne te donne jamais aucun indice sur le sujet à aborder. parfois il faut rire de tortures doucereuses que vous pensez élaborer, sinon se morfondre sur des erreurs à fadement corriger pour parfaire le tout ; et parfois il faut simplement se plaindre pour faire le vide, se préparer à accueillir une nouvelle journée avec le bétail.

tu ne sais pas appréhender le surveillant de nuit — tu ne sais pas appréhender grand monde.

« de quoi ? »

il répond. tu fronces les sourcils. deux des tiens. peut-être aurait-il rit en te trouvant pour aborder ces termes, peut-être aurait-il crié ton prénom avec plus d’entrain si c’était pour vous moquer de leurs bêtises. peut-être.

alors tu crains qu’il n’y ait rien à rire de leur sottises.

il y a des blocards stupides, qui font des choses stupides. ceux là sont les pires. tu ne veux pas qu’ils soient les tiens.

tu fronces les sourcils, le dégoût n’a jamais été quelque chose que tu as honte de montrer.

« qui ? qu’est ce qu’ils ont fait ? tu me fais peur joji. si love est dans le lot je vais le tuer. j'en peux plus de lui. »

c’était forcément love. love et saint ? love et nine. love et luke ?! ah. toutes les paires sont dissonantes. tu frottes déjà tes yeux, épuisé de simplement penser qu’il faille trouver comment briser love.

tu restes perplexe, ignorant les émotions que joji s’apprête à creuser dans ton cadavre mais tu sais : qu’il va dénicher en toi quelque chose de plus perfide encore que la veille, mais moins que demain. c’est cette dynamique néfaste que tu cultives, avec lui comme avec tout le monde, un  brin de mal encore que tu cueilles pour parfaire le bouquet de ronce sur lequel tu t’endors, chaque nuit, afin de te prouver, remy — que tu mérites cette torture qu’on appelle la vie.

il y a sur les lèvres de ton camarade une contestation qui fait s’abaisser tes épaules, retire une épine de ta botte de fleur. love n’entre pas dans l’équation, et ta haine se fane, doucement.
c’est nine, et kiki.

tu lèves les yeux au ciel. ces mauvaises graines n’ont pas la chance d’attiser ta plus folle colère, non ; tu t’imagines déjà les convoquer pour une discussion de plus qui ne logera pas plus d’une minute dans leur esprit dès qu’ils auront quitté la prison de ton bureau.

il y a des gosses qu’on ne sait pas comment punir car leur méfaits sont si stupides qu’il n’y a rien à faire.

« et qu’elle est la bêtise » demandes-tu, l’air déçu. votre marche s’interrompt, il préfère être statique pour annoncer leur idiotie. tu te figes à ton tour, les sourcils froncés.

c’est étrange, cette sensation... tu crois faire face à une catastrophe qui se dessine maladroitement au loin et qui finira par t’éclater au visage.

et il annonce.

« pardon ? » c’est un réflexe qui ne s’explique pas. tu quémandes maladroitement à ce qu’il répète quelque chose que tu as parfaitement entendu, sinon la surprise ne t’aurait pas fait oublier ses mots. dans sa chambre ? ton regard se perd sur l'interlocuteur, puis sur sa silhouette, avant de dévier ailleurs et nulle part ; dans l’espace entre les deux murs de ce couloir. « dans ta chambre. » il fallut le dire ! pour réaliser l’audace de ces deux brigands. tu passes une paume sur ton visage, frotte un œil du bout des doigts. là, là ; la catastrophe est si proche, tu l’as vu faire son œuvre. mais tu oublies l’onde de choc. « ces sales gosses… c’est arrivé hier, pendant la fête de l’été ? »

quand, sinon ! il y avait tellement à surveiller ! tu pestes à l'intérieur, mais ton visage, enfin! trahit la contrariété que leur comportement puisse à ce point t’échapper. et si père suprême venait à te reprendre, pour cela ? tu roules des yeux, cache ta bouche derrière index et majeur, le pouce tenant la mâchoire. « je suis désolé joji. que faisaient-ils ? »