Perdre une étoile ne lui avait pas permis de se rapprocher davantage du bas du panier de l'Enclave.
On était pourtant en droit de penser que des blocards appartenant à la même catégorie auraient tendance à se réunir naturellement. Mais Loup n'avait pas constaté de changement depuis sa perte.
Si cela faisait du mal à quelqu'un, c'était à lui, et lui seul.
Et son ressenti se mâchait en même temps que les morceaux de pommes de terre. En même temps que les végétaux dans son assiette. La verdure ne remplissait jamais fort un ventre humain ; elle ne suffisait pas à donner à Loup l'impression qu'il était même en train de manger.
Il est installé en milieu de table, ces tables longues qui s'étirent sur plusieurs mètres.
Mais il n'y a personne assis autour de lui. Peut-être parce que le réfectoire attend encore d'être rempli. Ou peut-être parce qu'on évite intentionnellement de s'asseoir près de lui. Ces deux possibilités ne semblent pas traverser l'esprit de Loup.
Pourtant, quand quelqu'un qu'il ne connait pas vient s'installer sur la place lui faisant face, Loup lève ses yeux.
- Tu veux quoi ?
Le ton est sans hostilité.
Sa fourchette dans la main droite, les joues encore gonflées de patates écrasées, il cligne des yeux sans comprendre pourquoi le vide devant lui s'est rempli.
Quand on lui propose à manger, ses sourcils prennent de la hauteur. Loup observe le sourire qui le regarde.
- Pourquoi, tu manges pas ?
La viande est rare. Précieuse. On ne voit pas beaucoup de blocards se risquer à la partager. Alors Loup, il se dit qu'il y a peut-être une intention derrière la proposition. Après tout, il ne le connaît pas encore, Cosmo.