just dance
w/ Selen
Do the D.A.NC.E.,
1, 2, 3, 4, fight !Elle a le groove.
Le rythme entraînant des musiques qui s’enchaînent lui mettent la tête dans les nuages : elle ne réfléchit plus à rien, seulement à la manière dont ses jambes vont s’harmoniser avec ses bras pour ne pas qu’elle ait l’air ridicule.
Un pas après l’autre, mouvement en haut, mouvement en bas, tout s’emboîte, tout se suit, c’est bon, c’est beau, c’est bien.
Au club de danse, il n’existe ni panique, ni anxiété, seulement la musique qui inonde ses oreilles et parasite ses pensées.
Zélie pourrait passer sa vie ici, jusqu’à ce que chacun de ses membres la lâche d’épuisement.
C’est une bulle géante, où chacun oublie ses préjugés, ferme les yeux et se laisse porter. Oh, il y a probablement des regards moqueurs, interrogateurs, des questions qui se posent, des critiques, comme il y en a partout, mais là, ça ne l’atteint pas. Elle n’a pas le temps de se préoccuper de toutes ces choses, la musique continue d’avancer et elle ne veut pas perdre le rythme.
Le cerveau saturé, dans son petit monde, Zélie se sent comme passagère d’un corps qui n’est pas le sien. La disparition de toutes ses craintes lui fait un bien fou.
Elle se sent ici comme elle devrait être vraiment. Comme ce qu’elle
est et non ce qu’elle a peur d’être.
Ça lui ferait presque peur.
Et si c’était ça, le secret du bonheur ?
Bien occupée à trémousser son popotin sur
D.A.N.C.E. de Justice, Zélie est interrompue par une grosse voix bourrue, bien mécontente.
Au départ, elle ne s’en soucie pas trop. Elle arrive à la fin du morceau, ce serait dommage de s’arrêter là.
Sauf que, alors que les secondes – même pas des minutes ! s’écoulent, l’intonation descend d’autant plus bas et la colère a l’air sur le point d’exploser pour de bon.
L’adolescente se déconcentre et s’intéresse de plus près à la scène.
Ce serait mentir de dire qu’elle est surprise de ce qui se passe.
Le club de danse est composé de membres divers et variés, qui ont chacun leurs préférences, leur
petit truc et, évidemment, leurs tares. Parmi eux, il y a Selen. Il est gentil, Selen, mais, bon, faut le dire, il n’est jamais content. Il a l’air de venir ici uniquement parce qu’il
faut qu’il vienne et non parce qu’il en a envie et quand il est là, ça ne va jamais.
De l’extérieur, cette situation a tout pour être parfaitement exaspérante, c’est vrai.
Sauf que, pour Zélie, il y a quelque chose de plus profond encore, que peu de personnes ont l’air de relever : ce type, là, il gueule, OK, mais … Quelqu’un a tenté de lui demander
pourquoi, à un moment ? Est-ce qu’il y en a un seul parmi tous qui s’est arrêté de lui beugler dessus en tentant de couvrir sa voix, pour comprendre ce qui le chagrine à ce point ?
Enfin, le club de danse est un club chouette, où tout le monde devrait trouver son compte.
Tout le monde, ici, devrait pouvoir être aussi heureux que Zélie.
Elle décide de tout laisser en plan pour s’y intéresser une fois pour toutes.
Les mouvements robotiques à la con attendront la prochaine fois.
C’est assez marrant de la voir marcher avec son pas décidé, bien déterminée à prendre le taureau par les cornes.
Dans n’importe quel autre contexte, Zélie se serait barrée en soupirant, en demandant probablement à ce qu’on lui foute la paix une bonne fois pour toutes.
Mais pas là.
Là elle a la force de choper le taureau et le foutre dehors s’il le faut.
« Hey. »
Un sourire.
Elle ne le mettra pas dehors.
Au contraire, le but est qu’il reste ici et qu’il s’amuse, lui aussi.
« Quelque chose ne va pas ? »
À part les fois où il se met à râler très fort, Zélie ne connaît pas grand chose de Selen.
Jusque-là, c’était le
relou du club de danse, celui que les gens mettent à l’écart parce qu’il a la fâcheuse manie de prendre la tête.
Mais il y a bien quelque chose derrière cet air renfrogné et cette mauvaise humeur, non ?
Il paraît qu’il ne veut jamais danser sur les musiques de personne et qu’il se plaint constamment que la playlist soit à chier.
Eh bien, soit, à vrai dire.
« Tu voudrais danser sur autre chose ? »
Et si c’était ça, la clé ?