amazed

Les journées se font légèrement plus fraîches : le matin, avant que le soleil ne se lève doré sur les champs, mes poils se hérissent sans cesse jusqu’à m’en donner de petits frissons. J’ai donc ressorti de mon placard les manches plus longues ! Je ne pense cependant jamais à les retrousser alors elles trainent là où je les emporte - mes étoffes prennent la couleur de la terre et du labeur et cela restera marqué jusqu’au lendemain.

Un sourire m’échappe en observant la petite armée de légumes se rassembler, je jette un regard à Phil qui se trouve à quelques mètres plus loin. Mes lèvres se fendent encore plus grandes en me disant que si iel le souhaitait, iel n’aurait jamais à se salir les mains pour ce travail et pourtant ! Elle à toujours été sérieuse concernant la ferme - je suis contente de pouvoir travailler avec Phil.
Alors j’ai voulu lui dire ! J’ai voulu m’infiltrer dans son esprit pour la remercier et lui rappeler que je l’Aimais ! Mais voilà que mon sourire s'affaisse - il me semble avoir entendu une peine au creux de son cœur (cela lui arrive souvent).

Je me suis levée pour rejoindre mon ami.e qui m’est cher.e - cela reste plus agréable même si nous pouvons parler à distance. Je veux montrer que je suis là pour toi.

Phil… Est-ce que tu vas bien ? Je suis désolée je ne veux pas être envahissante, mais sans faire exprès j’ai entendu tes inquiétudes vis-à-vis de ce qui s’est passé chez les Créa.

Doucement, je te prends les mains. Je les serre fort entre mes paumes et j’espère pouvoir te bénir de mes attentions amicales.

Tu peux m’en parler si tu le souhaite. Nous avons déjà bien avancé sur les récoltes - je pense que nous pouvons nous permettre une petite pause.

Phil a toujours cette allure qui donne une impression de contrôle. C’est rassurant de t’avoir à mes côtés lorsqu’on travaille, car tu trouves un confort dans ces tâches d’un mécanisme répétitif - cela permet de trouver le bon rythme au niveau de l’organisation. Et pour cette raison première, je t’ai toujours trouvé très admirable.

Cependant lorsque je m’aventure dans ton esprit, je découvre à chaque fois cette cacophonie de tourments : tes phrases sont agitées, presque frénétiques - et comment t’en vouloir ! Malgré tout, le cœur de Phil est fébrile, et c’est ce qui la rend plus humaine.
Moi, je t’Aimerais toujours de cette manière.

Non pas du tout, c’est moi qui ai demandé.

Je ne veux pas que tu t’inquiètes pour moi ! Cela ne ferait qu’ajouter une préoccupation supplémentaire à gérer et ce n’est pas ce que je souhaite pour ton bien-être. Alors je t’offre un doux sourire pour te montrer que tout va bien.
Je ne peux pas te le dire de vive voix, mais j’espère que ma sincérité passera à travers mes gestes (et mes pensées !)

J’attrape avec délicatesse ton Nexus pour lire les messages que tu cherches à me montrer. Je ne peux m’empêcher de souffler un tendre rire face à la photo de Sohan dans son lit - même blessé il garde ce grand sourire.
Seulement, mon rictus s'affaisse car je ne peux imaginer le choc que ce doit être de recevoir autant d’informations négatives lorsqu’on - comme Phil - s’habitue à son propre rythme organisé par la tranquillité.

Je suis si navrée pour ce qui s’est passé. Cela a dû être horrible de l’apprendre.

Ayant terminé, je te rend ta petite broche puis je croise mes mains. (Ce sont de simples réflexes qui ne m’ont jamais quitté de l’autre monde - nous prions au moindre doute.)

Je suis sûre que tout se passera bien. Sohan est fort, je sais qu’il s’en remettra. Tess et Ilan aussi sauront gérer cette situation pour que cela vous affecte le moins possible. Et Ziggy… je lui souhaite de retrouver la bonne voie.

Sache que j’apprécie tant ces efforts fournis pour me rendre la lecture de tes pensées plus simples. Mais je ne cache pas que cela me peine tant de te voir aussi démuni. Alors inquiète, mes sourcils s’arquent pour déformer les traits de mon visage ; je me sens si triste, j’espère que cela ne te dérange pas de partager ces angoisses avec moi - j’Aime vivre ces choses à deux, on se sent plus léger ensuite.

As-tu peur de quelque chose en particulier ?

Je viens te reprendre fermement les mains, te regardant droit dans les yeux - cela me donne la sensation de mieux partager mes propres émotions.

Je ne laisserai personne te faire du mal si c’est ce que tu crains, Phil. Tu es mon amie et je t’Aime trop pour t’abandonner dans tes angoisses.

Mes sourcils se froncent légèrement à la mention d’égoïsme. Cela ne se rapproche en rien de la colère, ni même de la confusion - je ne suis simplement pas d’accord avec toi ! Ce que tu es dure avec toi-même. Au contraire, ta réaction est tout simplement naturelle. Tu as toujours été une personne très authentique par tes émotions fébriles qui sont d’une profonde préciosité.

Tu n’es pas du tout une personne égoïste. C’est normal de se sentir perdu dans une telle situation.

Ce que tu ressens n’est pas un souci. Il ne le sera même jamais. Il n’y a rien de plus humain que d’accepter les sentiments qui animent nos cœurs. Et j’aimerais tant que tu en sois capable pour te rendre compte de la beauté qui émane de ce petit bout de toi ; beaucoup ont les âmes bien plus sombres, rongés par un froid impassible - Phil tu n’es pas comme ça. Je pourrais te l’assurer pour l’éternité si cela me permet de te sauver rien qu’un peu.

Malheureusement, la violence est omniprésente même si elle est parfois discrète ou cachée.

Je repense à cette vie d’avant. Là où les vagues se fracassent contre les falaises au loin depuis les fenêtres de notre maison. Et derrière moi, dans le reflet des vitres, j’assiste à tous ces derniers souffles ; eux aussi se font poignarder - mais avec le plus grand Amour !
Voilà, parfois la violence se couvre d’une jolie affection. Alors je suis persuadé que Ziggy - et toute cette cruauté redoutée - sauront dévoiler une tendresse inattendue. Je prierais pour leur Amour.

Enfin, tout cela je ne te le partage pas - tu as déjà tant d’informations à assimiler dans ton esprit et mon objectif et de t’aider à t’alléger les pensées. J’espère tout de fois qu’un jour je pourrais te partager cette partie de mon être qui m’est si cher. Pour que toi aussi, tu aies le droit de me connaître aussi bien que je te connais.

… Je veux dire qu’ici, elle est rarement aussi palpable. Je comprends tout de même que tu sois chamboulé - c’est dur à réaliser, surtout lorsqu’on y est pas habituellement confronté.

Je m’accorde une légère pause dans mon cheminement de penser. Pour moi, le silence ne change jamais. Mais pour toi, j’imagine que ce vide t’as permis d’entendre le bétail exister au loin, les insectes butinant les fleurs à nos pieds, la brise remuer les feuillages ; je prends une inspiration pour sentir l’air frais entrer dans mes poumons - de cette manière je sais qu’il fait bon.

Mais je te promets que tout ira bien. Prends le temps qu’il te faut pour comprendre ces informations et ce que toi tu ressens - tes émotions sont toutes aussi importantes pour mieux appréhender tes inquiétudes.

De nouveau, mes lèvres ornent un doux et chaleureux sourire. Puis, comme j’ai souvent eu l’habitude de le faire pour transmettre mon Amour, je te prends dans mes bras quelques secondes pour te serrer contre moi - contre mon cœur qui bat fort d’espoir.

L’être humain est souvent de nature cruelle mais j’ai foi en la bonté de la majorité des personnes ici.