amazed

Max s'est enlisée entre les jambes de Light, ses épaules ont entouré ses genoux et sa tête gigote à peine, trop habituée à ce que ses cheveux soient constamment tirés.
C'était un peu une surprise de croiser Light ce matin-là, Max était allée voir Pierrot et s'était décidée à visiter les potagers, peut-être qu'elle aurait croisé Argo ou Castor. Mais il fallait croire que sa fortune ne voulait pas d'un méli-mélo de cœurs qui valsent.
Alors à la place, Max a rejoint Light, besace autour du bassin et a réclamé qu'on s'occupe de sa tête, elle en avait assez de tresser elle-même ses nattes, la blonde savait que le surveillant était habile de ses doigts. Tu m'électrocutes pas hein. Je veux pas finir comme tu sais, les piles...Boom...!

Le rire léger, Max imite une explosion - ses bras se tendent vers l'extérieur afin d'imiter le mouvement de la bombe imaginée. Il lui arrivait d'avoir peur, parfois, en touchant Light de finir les crins en l'air, complètement brûlés.
Ce n'était cependant pas une inquiétude constante lorsqu'elle était en sa compagnie, simplement un doute. Il était plus doux qu'un tonnerre mais en possédait autant de force et de sa superbe. Je crains rien, de toute manière. Tiens. De son poignet elle retire les élastiques et fronce le nez. C'est pas unE élastique ? C'est super moche, un élastique.

Ses aisselles retrouvent le tissu graveleux de son pantalon et elle semble réfléchir, la tête qui penche à gauche puis à droite tandis que les enfants courent au loin.
Tu me fais une blague ? Une drôle pitié. Sa nuque penche en arrière, elle peut sentir sa ceinture frotter son crâne et elle tend le poing vers lui, comme un pistolet. Une vanne ou c'est la sieste.

Light est de ceux dont la bonté rayonne en incandescence brûlante. Max, parfois, à peur d'y frotter, de fondre si elle venait à trop s'approcher de lui.
Alors il semble que Light soit venu de lui-même, avec ses idées claires et sa générosité impeccable. Max s'est longtemps demandée si elle pouvait prétendre à être comme lui, elle se demande même si sa tendresse n'aspire pas simplement à ce que les autres l'aiment autant qu'elle aime. Si ce n'est pas égoïste, d'autant se donner pour autant avoir en retour.

Je suis toujours pas rassurée mais merci, je vais faire comme-ci ! Son rire ne dégénère pas en vague mais en houle, il est régulier et finit doucement par s'astreindre.
Max écoute Light, c'est un je-sais-tout qu'elle voudrait parfois faire taire.
Max ne sait rien, elle n'a jamais trop cherché à en savoir beaucoup, en réalité.
Max ne veut découvrir que l'extérieur, de ces mondes qu'elle ne connaît pas, elle rêve d'en devenir une experte, où tous les Hommes viendraient à elle. Ce que t'es barbant Light. Tiens. C'est pas comme ça que tu vas accrocher qui que ce soit avant d'aller là-haut... T'as jamais pensé à être un peu bête ?

Les élastiques se faufilent de ses phalanges à celles de Light et ses mains reviennent se placer contre ses genoux à lui. Max joue avec le tissu de son pantalon encore une fois, avec ses rotules qu'elle essaie de faire rouler entre ses doigts - en vain.
Mais c'était peut-être le mouvement de trop de son adelphe. Lorsque les élastiques sont en place, Max se meut en se tirant sur ses jambes et ses fesses, s'écarte de Light et le fixe longuement sans piper mot. Ses paupières clignent lentement, ses dents s'enfoncent dans la charnure de ses lèvres et finalement, c'est une grande inspiration qui rompt le silence. Pitié, ne va jamais raconter des blagues aux petits. Après ils vont finir pas drôles du tout, t'imagines l'enfer... Déjà qu'un, c'est difficile, mais alors une ribambelle ? L'enfer.
Ses mains se plaquent contre son visage et dans une fausse agonie, Max bascule vers l'arrière, laissant son dos cogner le bitume et ses cheveux faire un paquet sous sa nuque. Light, tu vas faire quoi après le Paradis ?

Elle, elle ira voir la mer sans y avoir eu accès.
Elle, elle ira voir la houle puis le déferlement des vagues, l'écume qui tranche ses chevilles et la brise marine qui rompt son souffle.

Max n'est pas certaine de ce que Light affirme. Même avec lui, ils prendraient les mauvaises décisions, car là est la jeunesse et la frivolité des enfants qui doivent vivre. Ses doigts se lient entre eux comme Light tissent les fils de blé, elle laisse étendre ses jambes, joue alors avec le tissu qui frictionne la peau sous celui-ci.
Même avec toi dans les parages, tu pourras pas les empêcher de faire n'importe quoi. Puis t'es pas le mieux placé pour parler..

Son rire n'est pas aussi électrique que Light, mais il fait autant frissonner sa chair. Son cœur est trop grand, à Max pour se sustenter d'une seule personne. Elle veut que toute l'Enclave soit à ses côtés, qu'on l'aime autant qu'elle les aime. Tous.
Max croise les bras sur les genoux de Light, y niche son menton tandis que ses yeux toisent son torse puis sa gorge, observe la pomme rouler et se faire avaler.
Elle n'est pas d'accord - le grand frère n'a jamais été doué dans ce domaine, mais ce n'était pas bien grave, Light possédait des qualités plus importantes que l'humour. J'ai du mal à imaginer. Beaucoup de mal.

Elle relâche cette emprise délicate, se redresse afin de venir à ses côtés, les paumes qui glissent entre ses cuisses tandis qu'elle réfléchit. Que deviennent-ils, lorsqu'ils vont au Paradis ? Pourquoi n'ont ils pas de nouvelles ? C'est un fonctionnement trop étrange, elle, elle désire toujours contacter ceux qu'elle a laissé derrière, ceux qui n'ont pas pu la rejoindre. C'est pour ça que ce Paradis est artificiel, ne peut être le sien.
Dehors, elle les oublierait tous - ce passé qui n'a jamais existé.
Pas vraiment. J'y ai jamais trop songé à vrai dire Light. J'ai le temps moi, tu devrais plutôt te consacrer à savoir comment tu vas t'en sortir toi, sans nous !
Max entoure ses bras autour de sa poitrine, colle sa joue là où bat le cœur de Light, se balance doucement avec lui.
Elle a toujours du mal, à oublier les visages qui ont dirigé ses journées pénibles au purgatoire. Tu nous oublieras pas j'espère.