a. runb. looking for paradisec. waiting for deathd. eat friends
« Après ma mort, souvenez-vous de moi ; qu’elle vous ait été utile, mais je suis plus que ça ! Je suis plus qu’un outil de votre survie, je suis un être humain ! Chaque morceau de moi que vous mâchez est imprégné de mon essence, de mes souvenirs, de mes joies et de mes peines. Rappelez-vous de moi et de qui j’étais. Même disparu, je laisse derrière moi une empreinte, un rappel de ce que signifie être vivant. »
kafka et rex ont pu bond ensemble sur les larves... #chelou un peu non ???? petite pensée à leurs love interests
alb a demandé à sortir avec coco alors qu'il sortait déjà avec jozie ??? mystère à suivre ah et niveau trouple ça y va.... love, dani et nine sont ensemble!!!
Avatar : enki (fear and hunger) (cr:Dante) Âge : 27 ans Poste : garde forestier Clubs : sciences - méditation Statut : célibataire Inventaire : - Pronoms : il/lui Multicomptes : jude, paris Pouvoir : putréfaction
[ Mar 1 Oct 2024 - 19:09 ] exit wounds, sohan
EXIT WOUNDS
feat. Sohan
how can you live before you die, when you're already dead on the inside ?
Rex est intime avec la douleur, il la goûte comme on effleure les lèvres d’une amante interdite, dans le secret des draps froissés, à l’heure où rôdent les fantômes. Chaque jour, il chemine à ses côtés, l’invoque lorsque l’ennui s'étire dans les heures vides. Il est candidat à la souffrance, un corps offert aux tourments multiples, se délecte des stigmates qui marquent sa chair d’albâtre — toile vivante, à demi-spectre, il porte les nuances tragiques des ecchymoses, éparpillées çà et là sous les voiles nocturnes. Rex aime le bleu profond de la mer troublée, teintée de violet comme un crépuscule s’effaçant dans la nuit infinie. Le vert, aussi, celui des forêts sombres qu'il arpente, où la mousse humide murmure la promesse de renouveau, un soupir de vie tapis dans l’ombre du Mal. Les cicatrices anciennes, dont il a oublié la source, il les chérit pour leur éclat d’or fané, leur brun d’argile — des empreintes laissées par un passé révolu. Mais aujourd’hui, l’entaille qui traverse sa paume est impromptue — une maladresse banale, infligée par des outils mal maîtrisés. Il s’est d’abord laissé aller à l’attente, adossé à un arbre, la main levée pour faire écran au soleil, contemplant cette plaie vive, ce rouge éclatant, cette flamme muette, brûlante sous la peau, qui s’écoule lentement le long de son poignet, pour s’écraser contre les herbes et les champignons. D’un geste lent, il a épanché le sang du bout de l’index, avant de porter celui-ci à ses lèvres. Le goût du nectar est mordant, âpre comme la rouille. Rex n’éprouve aucun plaisir à être le spectateur de sa propre mise à mort. Non, lui, il préfère festoyer des souffrances des autres. Dans ces moments, sa solitude est d’autant plus un châtiment.
Pour arriver ici, il a traversé routes et chemins, traîné ses pas entre l’ombre et la poussière. Un tissu lui a été tendu, comme un piètre remède à l'hémorragie qui se répandait lentement, et on lui a indiqué d’attendre le médecin dans une pièce dont le numéro s’efface déjà dans les limbes de sa mémoire. Perdu dans ce labyrinthe stérile, il pousse une porte au hasard, et se retrouve face à toi. Sohan. Ce sont tes grands yeux verts qui le rappellent brusquement à la réalité, interrompant le cours machinal de ses gestes, qui l’ont porté jusqu’à cet instant précis. Je m’empare de ma propre personne comme je m'empare de cette couleur tapie dans tes iris, ce tilleul profond que je voudrais ajouter à ma palette. Je ne te salue pas. Je ne l'ai jamais fait, même autrefois, quand ta présence empoisonnait mes journées avec la régularité du supplice. En vérité, les mots me font défaut, et je crois que je reste figé, une seconde de trop, sur le seuil de ta porte. J’ai oublié comment m’éclipser, et les secondes s’étirent, trop rapides, trop lourdes à la fois. Je... Ma voix résonne de loin, étrangère, comme venue d’un autre temps, d’un autre lieu. Je ne sais plus vraiment où je me trouve. Probablement à des années de là. Te souviens-tu de ce que tu me faisais ? Le temps est passé sans panser. C’est regrettable. J’aurais aimé te dire quelque chose, mais je suis réduit à une mécanique rouillée ; mon corps obéit à une force inconnue qui me fait pivoter, retourner vers les couloirs aux murs d’ivoire. Je serre trop fort le linge sur ma plaie — je crois qu’elle s’est rouverte.
by delirium
Sohan
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[ Ven 4 Oct 2024 - 14:26 ] exit wounds, sohan
Parfois j'me dis que tout est de ma faute
Sohan regarde par la fenêtre qu'il a laissé grande ouverte. Le vent s'engouffre doucement dans la pièce tandis qu'il hume l'air. Il ne peut toujours pas quitter l'infirmerie et réintégrer la société alors il compense. Il a toujours été du genre à fixer la fenêtre et pas la porte. Dans l'herbe, à côté de la nurserie, les enfants jouent avec les mères. Sohan contemple le spectacle avec une mélancolie particulière. Il n'y a pas que l'envie de partir d'ici, de retrouver sa liberté; il y a aussi les souvenirs d'une enfance lointaine qui reviennent.
Sohan s'est senti mourir. Dans la cabane abandonnée, il a cru partir. Cela n'a duré qu'une fraction de seconde, un frisson glacial et l'odeur du sang dans ses narines; mais pendant ce court laps de temps, pour la première fois de sa vie peut-être, Sohan a eu peur. Il a eu peur de mourir. Peur de mourir avant d'aller au Paradis.
Quand il regarde les enfants qui jouent, il repense indéniablement à eux, à lui, à cette époque révolue où tout allaient bien car ils étaient tous les deux. Sohan s'est fait une promesse, il a promit qu'il irait par n'importe quel moyen possible sur la terre promise. C'est là l'essence même de son existence. Tout ce qu'il fait depuis treize ans n'a que pour objectif de passer les portes saintes et de retrouver Saorsa. Soarsa lui manque et il est seul au Paradis. Sohan a peur qu'il fane et ne se meurt, sans lui. Il ne peut pas l'aimer correctement à cette distance, lui dont la silhouette est si loin et pourtant si proche. Cela fait déjà treize ans qu'il l'attends, si Sohan meurt avant, Saorsa est condamné à passer le reste de sa vie sans Sohan à ses côtés. L'éternité est longue, tout seul. Surtout vers la fin.
La porte de sa chambre s'ouvre. Ce n'est ni l'infirmière, ni un ami venant prendre de ses nouvelles. C'est Rex.
Si Sohan a accueillit avec un sourire toutes les âmes pénétrant dans sa cellule, c'est la première fois qu'il ne dit rien tandis que Rex le regarde du pas de la porte. Lui, reste inerte encore un peu de temps. Il ne sait ni quoi dire, ni quoi penser, ni quoi faire. Sohan pensait déjà à Saorsa, à l'insouciance de leur enfance, aux moments passés ensembles, aux rires de leur adolescence. Alors, inévitablement, il pensait aussi à Rex.
Son cœur manque un battement. Il a mal à la poitrine et il se sent soudainement nauséeux. Lui qui n'a jamais voulu voir Rex malgré les points communs, le voilà pour la première fois face à lui sans pouvoir s'y soustraire. Comme un accusé au tribunal, Sohan fait face à ses péchés. Adossé au rebord de la fenêtre, une nouvelle peur le gagne: Rex pourrait le pousser par delà l'étage.
Il aurait toutes les raisons de le faire, Sohan en a conscience. Mais Rex n'écume pas de rage puisqu'il pivote pour s'enfuir dans les couloirs blancs, comme s'il avait peur et que c'était à lui de fuir. Le cœur de Sohan se serre. Ca aussi, c'est de sa faute. Il ne sait pas ce qu'il lui prend, mais le blessé se lève de son siège de fortune pour s'élancer à la suite du fuyard. Il ne devrait sans doute pas, il devrait continuer à nier son existence, faire comme si Rex n'était pas là. Ce serait sans doutes mieux pour les deux, après tout, cela fait treize ans que ça fonctionne ainsi.
Mais les temps ont changés. Sohan s'est fait poignardé. La couronne sur son front n'est plus si stable et son cœur est en proie à trop de doutes pour rester raisonnable.
"Eh ! Attends !"
Dans les couloirs, il fini par le rattraper et lui attrape le poignet pour le retenir. Le contact de sa peau contre la sienne est électrique et Sohan, conscient tout à coup de son geste, relâche sa prise bien vite.
"Ah... Pardon." Il ramène sa main contre le long de son corps et regarde sur le côté, gêné. "Je... euh…"
Il ne sait pas quoi dire. Ils ne se sont pas parlé depuis treize ans. Avant non plus, ils ne se parlaient pas puisque les seuls échanges qu'ils avaient, c'était les rires de Sohan contre les pleurs de Rex. Tout remonte dans sa tête: les vers, la terre, les larmes, le sang, les rires, les étouffements, les coups, Saorsa, Sohan, Rex par terre. Rex toujours au sol. Saorsa et Sohan au dessus. Toujours au dessus.
"... Comment tu vas ?"
Le grand frère serre son poings. Il est pathétique, blême, mal à l'aise. Désolé. Sohan n'a plus rien d'un monarque, il a tout d'un mendiant. Peut-être est-ce là son karma qui agit à son détriment.
ft. Rex + Infirmerie + 10 septembre
Rex
Sans étoile ☆
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[ Mar 15 Oct 2024 - 11:36 ] exit wounds, sohan
EXIT WOUNDS
feat. Sohan
how can you live before you die, when you're already dead on the inside ?
Certaines choses ne changeront jamais. Tu romps ce contact, celui-là même qui t'a mené jusqu'à moi, avec une célérité presque ironique, une hâte qui me tire un sourire empreint d'une cruelle mélancolie. Autrefois, tu m’aurais laissé de la même manière, avec ta légèreté dédaigneuse. Seule cette froideur qui te couvrait s’est évanouie. Mais sur ta paume, une empreinte écarlate persiste — vois-tu, tu portes encore mon sang. Tu ne t'en aperçois pas tout de suite, peut-être qu’il te faudra attendre, attendre que je m’éloigne, que ce rouge vif se fane en une teinte brunâtre, terreuse et sèche sur ta peau. Je l’imagine à jamais incrustée dans ta chair, indélébile comme un stigmate, tatouage de tes péchés, mémoire obsédante de tes horreurs. Cette marque deviendrait le témoignage perpétuel des souffrances que tu infligeais avec une jouissance insensible. Oui… comme il me plairait de faire de mon essence un châtiment éternel, de transformer mon sang en une cicatrice, vestige vivant de tes ignominies.
Néanmoins, tu laisses échapper des mots, maladroitement enchaînés, qui ressemblent à des excuses, et dans ce balbutiement, je saisis l'inédit de ta démarche. Jamais, auparavant, tu n’aurais consenti à un tel aveu, aussi infime soit-il. Devant toi, je demeure figé, muet, pris de vertige face à l’invraisemblance de cet instant. Mon esprit vacille, s'attend à quelque perfidie bien ficelée, une de ces farces cruelles dont tu avais le secret, celles qui me laissaient brisé, rampant dans la poussière ou suppliant, à genoux, que cesse le calvaire. Peut-être, au fond, m'as-tu tout appris. Peut-être que sans toi, je ne me serais jamais découvert ainsi, avec cette acuité douloureuse. Peut-être que, sans tes tourments, je serais demeuré inchangé, perdu dans l’ombre d’un autre bourreau. C’est alors que je perçois ton trouble, une fissure dans la façade de ton apathie. L’évidence me saisit avec violence, et je fronce les sourcils, t’examinant d’un regard incisif, de la tête aux pieds. Lorsque tu me demandes comment je vais, un éclat d'incrédulité me traverse — comment une telle question pourrait-elle t'effleurer ? À quoi bon cette feinte d'intérêt ? Que cherches-tu réellement ? Qu’est ce que tu me veux ? D’un geste incertain, je réajuste le linge posé sur ma plaie, sent le tissu s'imbiber d'une chaleur familière. C'est alors que je m’aperçois que, derrière moi, sur le linoléum froid, se dessinent quelques gouttes de sang. Peut-être est-ce cela qui t’a attiré, le parfum métallique de ma vulnérabilité, celui que tu connais déjà si bien, qui t'appelle, comme un prédateur irrésistiblement ramené à la proie qu'il a déjà marquée il y a de cela des années.
by delirium
Sohan
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[ Mer 16 Oct 2024 - 12:36 ] exit wounds, sohan
Parfois j'me dis que tout est de ma faute
Bien sûr, Rex a un mouvement de recul. Bien sûr, Rex le dévisage incrédule. Bien sûr, Rex déglutit avec amertume. A quoi Sohan s'attendait, en le poursuivant à travers les couloirs pour s'aplatir devant lui ? A quoi Sohan s'attendait, en lui adressant la parole après treize ans de silence ? A quoi Sohan s'attendait, en revenant le voir de face après avoir refuser son existence ?
Ridicule. Insensé. Déplacé. Voilà ce qu'est Sohan dans cette prison immaculée.
"Je..." Il se mord la lèvre inférieur. Qu'est-ce qu'il lui veut ? Il n'a pas réfléchit. Son corps s'est mit à bouger tout seul. Peut-être que voir fuir Rex a éveillé en lui les souvenirs d'antan. Mais contrairement à avant, Sohan ne poursuit pas Rex en prédateur affamé. Aujourd'hui, c'est différent. "Rex, je…"
Il prend une grande inspiration tandis qu'il se redresse tout entier. Rex est grand mais Sohan l'est plus encore. Son mètre quatre-vingt dix l'avale de toute sa hauteur. Il ressemble à cette guillotine qu'il abattait sans remords alors qu'ils étaient adolescent. Mais cette-fois, Sohan ne fera tomber aucun couperet tranchant. Il murmure simplement:
"Je suis désolé."
Ah ! Et voilà ! Le prince se retrouve au sol à mendier des excuses, à demander pardon. Lui, le bourreau qui se retrouve tout en haut tandis que sa victime, par ces cicatrices invisibles qu'il lui a infligé, rampe tout en bas depuis des années.
"Je suis désolé pour tout ce que je t'ai fais."
Et pour l'avoir ignoré, oublié, renié. Mais les excuses tombent sûrement bien trop tard car la réalité est là: cela fait treize ans que Sohan a perdu son étoile et que Saorsa est parti au Paradis. Treize ans. On ne rattrape pas treize ans par des excuses lancés dans les couloirs d'un bâtiment. Sohan le sait. Il est maladroit, déplacé, il est de trop sûrement.
Mais il faut bien commencer par quelque part si l'on veut se racheter.
ft. Rex + Infirmerie + 10 septembre
Rex
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[ Mar 5 Nov 2024 - 17:38 ] exit wounds, sohan
EXIT WOUNDS
feat. Sohan
how can you live before you die, when you're already dead on the inside ?
Rex ne franchit presque jamais les portes du Social Club ; il s'en fait une règle sévère. Adolescent, il n'y posait jamais le pied, écrasé par l'oppression muette du monde, accablé sous le poids des regards de ses camarades. Il se savait observé, scruté ; il entendait, dans le silence de l’assemblée, le jugement, l’écho de murmures impitoyables. Et parmi ces silhouettes, il y avait Sohan. Sohan, complice et instrument de son isolement, artisan de cette distance que Rex s’impose encore aujourd’hui. À ses oreilles, ce nom résonne comme un glas, cruel, lancinant. C’est un tourment singulier, presque absurde, que de se retrouver aujourd’hui, face à ce spectre d’un passé mal éteint, après treize longues années d’une paix bancale. Ainsi, Rex évite le Social Club, et n’a pas la culture cinématographique de ceux qui s’y attardent. Mais il connaît tout de même les scènes où deux personnages, seuls, se meuvent au sein d’une réalité qui s'efface, où tout alentour semble s’engloutir dans un flou salvateur. Il les a imaginées, ces images, s’efforçant d’y trouver quelque vérité. Car qu'est-ce que le cinéma, sinon un reflet adouci d’un réel trop tranchant ? Mais ici, dans le couloir de l'infirmerie, Rex constate que rien de tel ne survient. Tout demeure d’une matérialité oppressante : l'âcre odeur du désinfectant suspendue dans l'air, la rumeur des tuyaux vrombissant derrière les murs, le cliquetis des instruments cachés derrière des rideaux tirés. La lumière est crue, impitoyable. Ce tableau n'a rien d'une scène feutrée de cinéma. Tout est là, tangible et acéré, alors Rex en est sûr — il ne rêve pas.
Il éclate d’un rire étrange, fragile d’abord, un souffle court, presque nerveux, comme s’il ne saisissait pas encore pleinement l’absurdité de l’instant. Mais peu à peu, le rire se déploie, monte en vagues, jusqu'à envahir les alentours. Des larmes lui montent aux yeux ; il refuse d’interroger leur origine, ne souhaite pas savoir quelle émotion les porte, et les laisse librement couler sur son visage. Et ses rires redoublent, plus hauts, plus furieux. Une main sur sa bouche, il se plie, s’abandonne, face à Sohan, immense, figé, l’air éperdu cloué sur ses traits comme une sentence. Toi ? murmure-t-il, essoufflé. De sa main meurtrie, Rex a laissé des traces de sang maculer son menton ; il ressemble à un enfant pris en flagrant délit, les doigts plongés dans un pot de confiture, ou à un charognard repu après le festin de sa proie. Il pointe un doigt tremblant en direction de Sohan, un doigt accusateur, ironique et moqueur. Toi, tu veux t’excuser ?! Le rire est alchimiste, octroie aux hommes un courage que même la peur ne saurait insuffler. Et le voilà qui avance, porté par cette audace hilare, jusqu'à ce que son doigt vienne se poser, comme le juge d’un tribunal grotesque, sur le torse de Sohan, là où bat, invisible, un cœur trop longtemps muré.
Les années ont passé, et les deux garçons ont grandi. Sohan est devenu l’homme que Rex avait toujours pressenti — aimé, adulé, ancré au sommet de la chaîne alimentaire. Il règne avec cette assurance froide, propre à ceux qui obtiennent tout ce qu’ils désirent, quand ils le désirent. Du moins en apparence... Car dans son ascension, il semble avoir perdu son ombre, le laissant étrangement seul au faîte de sa gloire. Te fous pas de ma gueule. Face à lui, Rex plisse les yeux, appuie son doigt plus fort, la voix chargée d’un mépris contenu. Qu’est-ce que t’as, Sohan, tu te sens seul depuis que t’as perdu ta moitié ? T’y tiens à ce point, au Paradis ? C’est pour ça que tu veux te rattraper ? Le sourire de Rex, long et cruel, s’étire sur son visage comme une cicatrice fraîche marquée au fer. Ce rictus masque toute la douleur sourde que la vue de son bourreau éveille en lui, et ce trouble latent qui le broierait s’il osait s’y abandonner. Il ne se souvient d’aucun mot d’excuse jamais prononcé pour lui, d’aucun geste d’amende. Sohan, ici, a une fois de plus réussi à le réduire en victime. Rex ne fréquente pas le cinéma, mais il a le don de la scène. Il joue son rôle à la perfection ; celui ciselé loin de tout, loin de Sohan.