amazed

Devine qui c'est alors que je connais la chaleur de tes mains par cœur et que le vibrato de ta voix est inscrit dans mes gênes. Devine qui c'est - je t'ai senti rôder derrière moi avant même que tu ne te décides à me suivre. Je suis implanté dans ton être - irrigué sous ta chair. Devine qui c'est - je fais semblant car ça t'amuse, et que t'entendre ricaner est une source d'énergie que je suis le premier (et j'espère l'unique) à convoiter.

Nine ?

Il étire un sourire amusé ; fait traîner quelques secondes avant de laisser Leon le rejoindre à ses côtés. Ziggy ne s'est pas arrêté de marcher pour l'attendre, ça en dit long sur comment il appréhende le lien qui les unie.
((il se sent suffisamment à l'aise avec Leon pour partager avec ellui le fil conducteur de sa vie))

J'allais me doucher, oui.

En témoigne son sac avec son pyjama et sa serviette propre.

Mais tu peux m'accompagner ; on parlera au travers du rideau.

Son regard pétille. Ziggy ne l'a toujours pas dardé sur ellui ; il se contente de glisser son bras sous le sien pour marcher à l'unisson. Il a le sourire quand il tourne brusquement vers la sortie.

Mais je peux me laver plus tard ! Allons au parc.

Ziggy trottine jusqu'à un banc, son préféré. Il est légèrement obstrue par un jeune hêtre dont les feuilles tombent mollement.
Il aime s'y asseoir pour avoir la paix, et faire semblant de lire - observant et surveillant toustes celleux qui passent devant.

J'ai pris un centimètre depuis le mois dernier.

D'apparence, leurs rapports sont simples. Mais l'amour qu'iels se portent est sincère et prudent. Ziggy considère Leon comme une moitié - et en même temps pas tout à fait. Parce qu'il a accepté de se séparer d'ellui dans moins d'un an, au travers d'un pacte morbide qu'ils ont passé dans le plus grand des secrets. Ziggy aimerait que le monde voit ce qu'est vraiment Leon, et à quel point iel les berne depuis longtemps ; mais il est aussi possessif de ce savoir.

J'allais voir quelqu'un mais je me suis ravisé. Je me suis contenté d'écouter à la porte puis je me suis débiné, comme un lâche.

Comme Leon lui a offert sur un plateau chaque parcelle de sa-on individualité, Ziggy ne ment jamais avec lui.

C'était Felix. On est copains, maintenant. Tu es content-e pour moi ?

Face à l'incompréhension de Leon face à sa blague, il précise :

Je te taquinais. Si tu n'aimes pas ça, j'arrête.

Il penche la tête sur le côté puis glisse une main sur un de ses bras.

Jamais je ne te confondrai avec Nine. Je t'aime plus que lui.

Ziggy entend l'orage gronder dans son coeur, si bien qu'il se sent obligé de lui préciser cette vérité - comme s'ils étaient en compétition avec Nine sans qu'il ne soit encore vraiment au courant.

Oui, il aurait dû. Mais Ziggy ne se sentait pas totalement prêt - tout comme Felix. Leur relation (leur amitié) est encore jeune et frémissante ; trop immature pour être cueilli. Ziggy préfère les fruits pourris.

Ce n'est pas grave, ça ne sera que partie remise.

Ziggy a imaginé un plan pour les rapprocher. Il aimerait se confier à Leon sur le sujet mais craint de ne pas être totalement compris ;
écouté, oui, mais pas totalement entendu.
Un détail crucial n'échappe pourtant pas à Ziggy. Leon lui a fait confiance ... ils sont toustes les deux lié-es par un serment qui dépasse les valeurs des vivants. Iels appartiennt déjà aux morts.

Comme toustes celleux ici ;
ne le savent pas encore.

Nine ? Non, pas vu. Il est peut-être reparti à l'aventure avec Kiki.

Car c'est ainsi qu'il perçoit leurs méfaits. Ziggy ne différencie plus vraiment le bien du mal, il existe dans un système où les blocard-es suivent désormais leur propre morale.

Pourquoi tu le cherches ? Tu veux lui dire quelque chose en particulier ?

Tant pis ;
il remet ses confessions à plus tard.

Ziggy ne bouge pas - en apnée. Il fronce à peine les sourcils. Leon dement ses allégations avec une légèreté que Ziggy ne veut pas remettre en question. Mais même s'il le croit ellui ; il ne croit pas en cette vérité. Son instinct ne l'a jamais trompé.
Mais soit, il baisse la tête pour fixer ses lacets, coloriés au feutre il y a quelques années ; avec le temps, la couleur s'est délavée, lui octroyant un aspect médiocre et sale.

Je te dirais si je le-

Contre toute attente, Leon confesse ce que Ziggy craignait. Il manque de s'étrangler avec sa salive mais se force à rester impartial.

C'est fou, oui.

Nine et Leon ;
Leon et Nine.
C'est un duo qui ne lui plait pas. Nine a une trop mauvaise influence sur Leon et que va-t-il devenir quand Leon sera parti-e ?

((Que va devenir Ziggy quand Leon sera parti-e ?))

Il sait ?

Tu n'aurais pas osé... partager notre secret.

Ziggy n'a conscience d'après coup de la violence de sa question. Il ressent de la honte mais la réprime - car Leon n'a pas l'air violenté, n'a pas l'air blessé. Il réagit seulement sur des faits immuables et les remet en question. Ziggy se redresse sur le banc et lâche le bras de Leon. Il le-a dévisage avec curiosité, presque heurté qu'il puisse douter de sa sincérité.

Non, à personne.

Il a répondu d'une voix douce et claire. Étire un sourire denté, puis lui tapote l'épaule affectueusement.

Je ne t'en veux pas pour avoir pensé que je puisse te trahir.

Tout en cherchant à le-a rassurer, il balance ses pieds nonchalament dans le vide. Ziggy se pince la lèvre.
Comment Nine réagirait s'il l'apprenait ? Il ne le juge pas assez stable pour accueillir le choix de Leon.
Pas assez mature, pas assez élevé émotionnellement parlant pour comprendre et accueillir sa décision.

T'as raison, c'est pas la meilleure des idées. Tu dois le dire que si tu te sens au max de ta confiance.

Non, ne le dit pas !
Ne fais confiance qu'à moi !

T'imagine... s'il cherchait à t'en empêcher...