amazed

j'veux fuir ce qui m'fait mal

je frémis quand j’appose le torchon imbibé de glace sur ma cheville. je me suis toujours dis que le feu brûlait, que c’était normal puisque c’était du feu, que s’en était la définition même. je n’avais jamais cru que le froid aussi pouvait être aussi brûlant, aussi mordant. je grince un peu les dents parce que ça me fait mal autant que ça m’appaise tout en me disant que j’aurai dû mieux suivre les cours de physique.

“ouais, ça va… je sens que ça va quand même mieux.”

j’ai toujours mal mais ça s'apaise et ça je peux pas le nier. c’est plutôt rassurant même si j’attends que le médecin me dise ce que j’ai vraiment. apparemment il a appelé un parent pour comprendre ce qu’il s’était passé. la réponse “rien, on est juste tombé” n’a pas semblé le convaincre. pourtant on y a mis du nôtre… ça m’a un peu saoulé parce que je suis persuadée que si max et moi on avait pas qu’une étoile à nous deux on aurait moins été fliqué.

“t’inquiète pas maximax ! franchement c’était trop trop cool !!! j’ai trop aimé même si on a chuté. en vrai… j’crois qu’on aurait pas pu finir autrement !” je me met à rigoler c’est que ça va quand même pas trop mal. en vrai si on oublie le vertige la panique la chute et le crac de ma cheville… c’était super fun ! “quand je maîtriserai mon pouvoir on recommencera et on débarquera dans le réfectoire comme ça.”

je ricane en m’imaginant la scène. je sais que c’est impossible mais l’idée me fait trop rire alors je le garde dans la tête comme un doux rêve. j’ai besoin de truc comme ça, de mirage et d’évasion pour rendre ma vie un peu meilleure. ça me donne l’illusion d’avoir de vrai objectif. c’est bien.

“puis au moins… avec une attelle ou un plâtre je pourrai sécher les clubs tranquille…”

surtout l’escrime ! je ris encore et j’espère vraiment que c’est pas juste une foulure et qu’on laissera mon pauvre petit corps guérir tout seul comme ça je pourrai me la couler douce au moins deux semaines sans shalom sans ashkat et sans paris sur mon dos.

et puis le rire se coupe quand max recommence à parler de pollux et mon cœur se fige et j’ai un frisson mais cette fois-ci c’est pas la glace parce que j’crois pas avoir appuyé trop fort. “rien…” je marmonne dans ma barbe. “y’a rien…” y’a pas de secret max je te le promet enfin si y’en a un y’en a un énorme mais même moi j’y ai plus accès. quand j’essaye d’y penser j’ai juste des flash comme si je m’censurai moi-même et en vrai si j’arrive plus à m’en souvenir parce que je veux pas y penser c’est que c’est peut-être mieux comme ça.

“elle est juste… bizarre.”

carrément glauque ouais. elle s’est mise à me coller d’un coup et puis elle me regarde toujours avec ces jolis yeux noirs qui me donne l’impression qu’ils vont m’avaler. et moi j’ai peur qu’elle m’avale pollux comme elle a avaler le collier.

parfois j’ai peur. j’ai peur qu’elle sache. qu’elle m’ait vu ce soir-là le dix-sept janvier. j’ai un rejet et je sens la panique qui me gagne alors je chasse et chasse cette idée de ma tête jusqu’à l’oublier totalement comme si ça n’était jamais arrivé.

“t’as vraiment l’impression qu’on traîne beaucoup ensemble en ce moment…?” la question me taraude parce que je réalise que j’ai rien remarqué. “je… je comprends pas pourquoi elle traîne avec moi. j’ai pas d'étoile, je suis une cancre, j’suis pas belle… elle, ça a toujours été la première de la classe, l’air d’une grande dame avec ses vêtements noirs et son khôl sous les yeux.. on a rien en commun.”

c’est la sincérité qui parle. si j’oublie la méfiance et la peur que pollux m’inspire il ne reste que ça: une incompréhension parce que pollux, elle est trop bien pour traîner avec quelqu’un comme moi. aujourd’hui on a juste une étoile de différence mais j’ai l’impression que c'est des années lumières qu'elle me met dans son sillage.

je détourne le regard et je rougis un peu car admettre à quel point je suis loin de pollux ou même des autres blocards ça me rend vulnérable. et puis dresser la liste de ses qualités en parallèle de mes défauts c’est pas la chose la plus agréable.

j'veux fuir ce qui m'fait mal

je ne vois pas trop le lien entre mon pouvoir et le fait de soulever des montagnes. pourtant j'y réfléchis fort, au moins aussi fort que la manière dont j'applique la glace sur ma cheville. peut-être que je pourrai faire léviter la terre entière en fait ! oui, ça doit être ça ! mais si je peux faire ça, ce n'est pas les montagnes que je vais soulever mais bien les murs de l'enclave pour qu'on puisse tous aller au paradis.

tu fronces les sourcils et ça me surprends alors je tressaute. par réflexe je colle mon dos contre l'oreiller de mon lit de fortune en un mouvement de recul. comme si j'avais peur du sermont sauf que ça me ressemble pas parce que moi j'ai peur de rien, hein ? je comprends  pas tout ce que tu racontes, max, et au début je te regarde interloquée avant de finir par comprendre que t'es juste en train de me taquiner.

"weeesh tu m'as fais peur !! j'ai cru que tu m'en voulais vraiment de sécher !" je m'indigne un peu parce que je suis crédule et plutôt que de le reconnaître je préfère pester. "et puis, même si je suis là tu resteras la plus nulle, max !"

je te tire la langue et ça sera ma vengeance. tu m'annonces les septs tickets et mon coeur tressaute. mon visage s'illumine et je suis grave touchée en vrai parce que sept tickets c'est énorme c'est plus que ce que je peux accumuler en un seul mois parce qu'au rythme de un par semaine on ne va pas bien loin.

"merci max t'es la meilleure !!"

et je te saute au cou comme je peux sans me faire mal pour te serrer dans mes bras. t'es vraiment la meilleure, max. je le dis pas pour les tickets. au fond, deux, cinqs ou septs tickets promotions je m'en fiche c'était juste un prétexte. moi j'aime juste être avec toi parce que tout semble facile et puis avoir toi j'ai l'air cool et je me sens bien et ça c'est plus précieux que n'importe quel cadeau de wicked ou des parents.

je me suis collée contre le mur blanc de l'infirmerie, j'ai attrapé l'oreiller pour le mettre dans mes bras et le serrer fort contre ma poitrine. ça me permet de cacher mon visage et je préfère parce que tu dis des trucs sérieux et que du coup ça fait tomber mes barrières.

"...tu... tu trouves vraiment que je suis cool ?" parfois je me demande pourquoi vous trainez avec moi, vous, les grandes. que ce soit toi max, ou argo, ou même tay. vous êtes là pour m'épauler alors que vous êtes tellement, tellement infiniment plus stylé ! j'ai parfois peur de ne pas vous meritez et que si un jour vous finissez par le remarquez et bien... vous allez juste m'abandonner.  "tu sais... toi t'es encore plus cool que moi."

j'ai pas ton charisme alors je ne dis rien de plus que ça mais je le pense max. je le pense parce que t'es tellement vivante ! t'es nulle au fleuret d'accord mais on est deux (trois avec tay). par contre tu danses tellement bien que j'aimerai vraiment te voir danser avec argo au coin du feu dans les champs. moi je pourrai vous jouer un air de guitare et on mangera de chamallow grillés autour d'un feu et peut-être que ça sera ça, le paradis. t'es belle aussi, avec ton corps en ligne et quand tu foules le sol pour fendre l'air moi j'ai l'impression que rien ne pourra t'arrêter. t'es vivante max et avec toi je me sens bien je me sens moi-même et ça fait du bien.

évidemment tout est resté coincé dans ma gorge et je me contente de rougir parce que ça m'arrangerai la gueule que de dire un vrai compliment.

"tu crois vraiment que pollux m'apprécie ?"

j'y réfléchis mais ça me semble absurde. ça voudrait dire que pollux ne me hait pas. que pollux ne me flique pas. que pollux ne sait pas.
je suis pas sûre que ça me rassure. je suis pas sûre je ça me plaise.

"comment on sait quand quelqu'un nous apprécie ?"

moi je suis trop nulle pour savoir. je croyais que paris m'aimait comme je l'aimais mais en fait non. j'étais juste une gamine admirative dont elle se repessait de l'attention. je pensais que nine m'appreciait et que même après la chute on resterai ami mais en fait non. il m'a remplacé et je ne suis pas sûre de vraiment lui manquer. je pensais que ashkat voulait vraiment m'aider et que c'était pour mon bien qu'il m'avait balancer. mais non je comprends maintenant que c'était pour lui et jamais pour moi parce que finalement je ne suis rien.

"et quand on apprecie quelqu'un ?" ça me semble quand même un peu plus facile. "moi je sais juste que je t'apprécie, max." oui voilà. c'est pas de l'amour non c'est plus pur que ça,  c'est plus doux que ça. "et je suis pas sûre d'apprécier pollux."

est-ce que ça fait de moi une horrible et égoïste personne ? j'espère pas, ça me ferait peur.

j'veux fuir ce qui m'fait mal

je crois que j’ai beaucoup de chance. je t’écoute prétexter que tu me laisses gagner et je ris en te tirant la langue parce que c’est insouciant et agréable que de pouvoir rire comme ça avec toi. et quand je ris et souris quand ma voix s’esclaffe et se brise dans la joie je réalise vraiment la chance que j’ai.
la chance de vous avoir. la chance de t’avoir toi, max. la chance d’avoir argo et tay. de vous avoir toutes à mes côtés. je ne sais pas ce que j’ai fais pour le mérité et en vérité je pense que je ne le mérite pas car vous êtes trop bien pour moi. mais vous voir m’accepter comme je suis avec tous mes défauts mes angoisses ma nonchalance et ma flegme ça me réchauffe le coeur parce que c’est bien le seul endroit où je suis vraiment bien.

mes joues deviennent roses quand tu m’enchaînent de compliments parce que c’est difficile de les fuir là maintenant et que je ne sais pas les accepter. alors au pire je bégaye, au mieux je détourne les yeux.

tu sais max j’ai pas l’habitude qu’on m’aime et peut-être que c’est pour ça que je suis autant dans mon coin et que je veux qu’on me laisse tranquille. parce que c’est plus facile et que seule j’ai pas à penser de si les gens m’aiment ou pas et de ce qu’ils pensent de moi. j’ai taillé une distance entre moi et les blocards parce que je pense qu’il vaut mieux être seule que mal accompagnée mais quand je te vois avec moi je me dis que ça a du bon d’être avec toi.

“...merci.”

je l’ai dis tout doucement dans un souffle bref, comme si c’était un secret, comme si je n’étais pas vraiment prête.
mais merci, max.
pour tout.

“hmmm…” je me détends un peu puisqu’on a arrêté de parler de moi et je n’aime pas parler de moi. je fais mine de réfléchir, les sourcils un peu froncés. “...peut-être…”

ça me fait bizarre parce que moi j’ai pas l’habitude qu’on aime ou qu’on s’accroche à moi comme ça. normalement c’est l’inverse c’est moi qui court et court et m’accroche aux filles en espérant qu’elles me regardent et voient que j’existe. c’est jamais l’inverse alors j’avoue que si max dit vrai et bien je me sentirai flattée.

“tu as peut-être raison… peut-être qu’il faut que j’apprenne à la connaître…”

j’ai une amertume dans la gorge parce que j’ai quand même été hyper désagréable avec elle avant-hier. je crois que je culpabilise un peu. si pollux m’apprécie vraiment, c’est complètement injuste de ma part d’être aussi acerbe et mordante avec elle. de l’autre, ça remue des choses en moi parce que pollux, au fond, je sais pas si j’ai vraiment envie de la connaître. faut que j’réfléchisse mais max elle le sait ça: j’aime pas réfléchir.

alors je grogne et je gratte les cheveux et la tête au niveau des tempes parce que ça chauffe là-dedans. je jette un regard froid à max quand elle rit en suggérant que pollux va m’avaler de rage. je râle je râle mais je crois que ça a suscité en moi un frisson d’angoisse.

“et toi, max ?” j’en ai marre qu’on parle de moi alors je contre-attaque. mon regard se pose sur la blonde et je me fends d’un sourire provocateur. j’ai les yeux espiègles et le regard rieur. “ça va, avec argo ?”

crois pas que j’ai rien capté max la menace.

j'veux fuir ce qui m'fait mal

je baisse la tête pour réfléchir, mais je ne quitte pas mon air farouche. j’ai toujours l’air farouche. si je le suis un peu moins avec max c’est parce que je l’aime bien et qu’elle a su m’apprivoiser à coups d’épées manqués et de promotions tickets - et par sa présence, son sourire et ses idées amusantes. alors, quand elle me dit de la regarder autrement, je lui tire la langue d’un air espiègle.

“tu me le promets ?” j’ai l’air sérieuse tout à coup. sérieuse quand max me dit que c’est facile, que si pollux me mange d’une manière ou d’un autre, max sera là en chevalier pour venir me sauver. “tu me promets que tu me protégeras ?”

d’elle ou d’une autre, en vérité.
j’ai juste besoin d’avoir quelqu’un,
sur qui compter.

la tentative de diversion a fonctionné. je ricane dans mon oreiller. max écarquille les yeux, je vois sa bouche s’entrouvrir d’une surprise timide, et son visage se déforme en une grimace interloquée. moi, ça m’fait jubiler: je jubile parce qu’entre argo et max, j’en étais sûre.

“héhéhé… bah alors ?” la malice revient dans mes yeux. alors max ! ça fait quoi quand les rôles s’inversent ? moi je préfère grave parler de tes histoires de cœur que de mes problèmes avec les filles. “je vois je vois… non, argo ne m’a rien dit.” je mets à réfléchir. “je l’ai vu avant-hier, je suis passée la voir aux champs. elle allait bien !”

max ne panique pas et j’avoue que ça m’aurait plu de la perturber comme ça. mais max est forte, max, c’est maximax, max la menace, je sais qu’à ce petit jeu je gagnerai pas. en fait, il n’y a que sur la piste d’escrime que j’ai une chance de la battre sur un truc. et là, on est pas en duel, on est juste à l’infirmerie.

je lâche l’oreiller pour lever les mains d’un air innocent. je secoue la tête. “nan, promis, je dirai rien. c’est pas mon style !” je sais garder les secrets. “après… si t’as d’autres tickets à me filer, mon silence serait plus sûr…” je rigole encore. “nan, je déconne, t’inquiète.”

je mime une fermeture éclair sur mes lèvres que je clos en une moue complice. je déconne, évidemment, pour les tickets. je suis pas une sale race qui marchande des informations en échange de quelques tickets promotions. moi je marchande de l’herbe contre des tickets et des cadeaux contre des services. mais je joue pas sur les sentiments humains, moi. je joue pas avec les gens, moi.

“tu lui as… déjà dit ?”

à quel point tu tenais à elle, max.
que tu foulais les allées du labyrinthe pour lui plaire.
que tes yeux brillent quand tu lui parles,
et que tu penses à elle.

j'veux fuir ce qui m'fait mal

je la foudroie du regard devant l’improbable surnom. j’ai l’impression d’entendre pierrot. ça ne me plaît pas trop. pourtant je soupire. j’espère que max ne le prendra pas comme une concession: je n’aime déjà pas bien toto - sauf si ça vient d’elle - alors une petite marmotte ? sa petite marmotte ? pitié, non.

je rigole devant sa petite scène. je comprends pourquoi max est populaire avec les enfants. et pourquoi elle est populaire avec les gens. elle est cool, max. elle scintille, elle fait rire. j’me sens légère avec elle, comme s’il n’y avait jamais aucun problème. quand j’serai grande: j’aimerai bien être comme elle.

“nan, j’te poignarderai pas. c’est pas mon genre. mais je note, par contre.”

que t’as promis de me protéger contre les monstres et les fantômes.

“oui, l’été c’est pas le top du top comme période mais t’inquiète… ça va aller ! mais tu sais, maximax, t’as qu’à l’inviter pour lui changer les idées !” le regard est espiègle. mais en vrai, je suis sûre que ça ferait grave plaisir à argo. “noooon, au secours ! à l’assassin ! on cherche à me saboter !” je feins la panique quand elle me menace, je joue la scène du glaive en retard. “t’inquiète, garde tes tickets. et oublie pas que t’as promis de me protéger, pas de me péter le pied !”

max n’a pas le droit d’être de ceux qui me blessent car max s’est introduit si profondément dans mon cœur que si un jour max me trahi, je ne m’en remettrai jamais.

et puis max me dit qu’elle lui a déjà dit.
qu’elle lui a déjà qu’elle l’aimait comme une adelphe.
et je regarde max avec des grands yeux.
avant de frapper mon front de la paume de ma main.

“max… sérieux ?”

j’sais même pas quoi dire tellement je trouve ça lunaire. je me contente de la fixer, à moitié interloquée, à moitié complètement désespérée. putain max ! un petit effort ! c’est moi la personne la plus handicapée en terme de sentiment amoureux d’habitude ! c’est quoi ce niveau de déni sérieux ? maaaaaax purée !!! qu’est-ce que tu fiches ?

“t’es pas mieux que moi en fait.”

je ris doucement, je ris affectueusement. je ne m’attendais pas à voir max sous ces coutures là. tout d’un coup moins sûre d’elle, tout d’un coup vulnérable. alors voilà, même les chevalières les plus braves baissent les armes face jolies princesses ? est-ce que c’est ça, finalement, la morale de cette histoire ?

“argo tient beaucoup à toi max. je te dirai quand la saison sera finie et qu’elle sera libre, si tu veux. invite-là, un soir. ça lui fera plaisir. vraiment.”

et confesse toi, pitié.
j’me sens pas super légitime dans les conseils que je lui donne, mais les mots sont sincères. j’aime pas la voir comme ça, max. j’aime pas la voir faible ou mal à l’aise. max, elle est forte, elle est grande, elle est solaire. alors souris, max ! souris et sois fière !

j'veux fuir ce qui m'fait mal

un atelier coiffure et bijoux ? je glisse un regard vers max. je ne sais pas trop. je crois que ce n’est pas mon truc. moi, je n’aurai jamais le visage fin de max, ses jolis cheveux blonds, ses yeux rieurs. moi, je n’aurais jamais la grâce qui la caractérise, elle ou les autres filles. moi, je ne mérite ni paillettes, ni maquillages, ni bijoux sur mes cheveux, mon visage ou mon corps.

“pourquoi pas…” j’hésite, mais finalement, je souris. “de toute façon, vu mon pied, je ne vais pas aller bien loin !”

je ris doucement, relevant la jambe pour prouver mes dires. ça me fait moins mal qu’avant mais je sens que c’est toujours gonfler et qu’au moindre faux mouvement, je douille.

ah, ça y est. max est retranchée dans ses sentiers. je suis un peu surprise devant ses yeux qui s’agrandissent et  ses mots fuyants. je n’ai pas l’habitude. max, normalement, est frontale. max attaque avec la pointe de son épée pour pourfendre les monstres, tuer les dragons, sauver les princesses. glaive en main, il n’y a qu’au club qu’elle échoue. dans la vie, max est inhibée de courage. mais la bataille des sentiments semble ardue pour tout le monde, même max.

“okay, okay.”  je soupire doucement, j’abandonne ce front là. si max le dit… alors max à raison ! “tu lui passeras le bonjour la prochaine fois alors ! il faudra qu’on se fasse un truc toutes les trois !”

puisqu’elles sont justes amies, comme moi et max, comme argo et moi. je n’embêterai plus max sur ce terrain là, j’ai bien sentie que c’était peine perdue, que j’avais franchie une fine limite dans l’intimité et la vulnérabilité. je lui offre un sourire sincère. je suis contente d’avoir passé la journée avec elle, malgré ma cheville, malgré les pas dans le couloir et les remontrances qui arrivent.

“moi aussi je t’aime fort max ! et t’en fais pas, c’était génial !” je lui fait un coeur de mes doigts. “oui promis ! je t’écrirai quand je saurai ce que j’ai au pied aussi. j’espère qu’on se reverra bientôt ! allez, file !”

avant que le grand méchant loup ne t’attrape, qui qu’il soit.
aujourd’hui, il n’y a que moi qui tombera.