into the maze
a. runb. looking for paradisec. waiting for deathd. eat friends
« Après ma mort, souvenez-vous de moi ; qu’elle vous ait été utile, mais je suis plus que ça ! Je suis plus qu’un outil de votre survie, je suis un être humain ! Chaque morceau de moi que vous mâchez est imprégné de mon essence, de mes souvenirs, de mes joies et de mes peines. Rappelez-vous de moi et de qui j’étais. Même disparu, je laisse derrière moi une empreinte, un rappel de ce que signifie être vivant. »
will you listen, my child ?
kafka et rex ont pu bond ensemble sur les larves... #chelou un peu non ???? petite pensée à leurs love interests
alb a demandé à sortir avec coco alors qu'il sortait déjà avec jozie ??? mystère à suivre
ah et niveau trouple ça y va.... love, dani et nine sont ensemble!!!
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(end) pandora, faïr
2 participants
Elys
Sans étoile
Elys
Avatar : howl (cr:mué, caïn)
Âge : 28
Poste : jardinier
Clubs : théâtre - natation - dessin - musique
Statut : célibataire
Inventaire : du sable plein les poches
Pronoms : il - elle - iel
Multicomptes : jude + paris
Pouvoir : rêve lucide
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[ Mer 17 Juil 2024 - 11:48 ] (end) pandora, faïr
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pour Elys, la toile n’est jamais vierge. elle le fixe de ses mille yeux globuleux, ces astres opalescents. ils ne clignent pas tous en même temps, non, c'est un ballet de paupières qui jamais ne laisse de répit au rêveur. il n’a pas peur, car si elle a mille yeux, lui a deux bras, deux mains, dix doigts - de quoi dompter la marée oculaire. il empoigne le pinceau tout près et perce les globes sans hésiter. parfois, il n’y a pas de honte à tuer ce qui est beau. car le sublime ne meurt jamais mais se régénère sans cesse - il suffit justement d’yeux pour en être témoin, pas mille mais seulement une paire ou une demie pour les moins chanceux !

le sang est violet lorsque les visions disparaissent, éclatées en nuées d’améthyste qui tâchent son pantalon et éclaboussent son visage. c’est la semence des observateurs, et peut-être que ça fera pousser de nouveaux yeux sur le visage d’Elys ? il espère en avoir derrière la tête, pour ne plus se retourner lorsqu’on l’appelle !

Elys ! oui ? voilà deux énormes iris sur chacune de ses omoplates, frangés de longs cils blanc qui se changent en ailes majestueuses et immaculées. il rigole comme un carillon lorsqu’elles disparaissent, puis il a envie de pleurer. c’est dommage, il n’a même pas eu le temps de s’envoler. tant pis, il a un dessin à terminer - c’est seulement plus compliqué lorsque la réalité sait se montrer farceuse !

avec du bleu, le sang violet devient indigo. avec du rouge, il est pourpre. le bleu ressemble à Elys, perdu sur la palette au milieu des autres couleurs primaires - c’est d’ailleurs en embrassant le rouge qu’ils ont eu des enfants violets ! Elys est chromatique, se débat au milieu des pigments. l’hésitation le ronge trop fort, faire des choix lui procure un désarroi multicolore et tous ses outils l’encombrent. finalement, il opte pour les deux et veut peindre aux doigts. un index plonge dans la peinture mais il avait oublié qu’elle était si profonde ! le voilà qui patauge dans une piscine carmine, elle en profite pour s’entrainer à la brasse et être la plus forte du club de natation. mais ce n’est plus de la peinture, seulement du vrai sang, celui qui pue, celui qui tâche. une odeur ferreuse envahit l’air, dense et suffocante et tous les yeux de la toile remontent à la surface, écarquillés et toujours vivants comme des bulles d’angoisse dans l’océan vermillon.

lorsqu’Elys est de retour sur le tabouret face au chevalet, il y a des larmes séchées sur ses joues. il réalise que le club de dessin est vide aujourd’hui.
ou peut-être qu’il a encore fait fuir tout le monde ?
by delirium






Faïr
Sans étoile
Faïr
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[ Mer 17 Juil 2024 - 16:12 ] (end) pandora, faïr
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pandora
s’envolent les tournesols


Les immenses fenêtres du club sont toujours ouvertes, des puits de lumières, par lesquelles transitent les effluves du gras de la peinture à l'huile. Faïr s’y rend en t-shirt pour faire plaisir à la responsable qui a des regards doux, surtout lorsqu’il essaye. Toujours le même maillot, aujourd’hui brodé de tâches de gouache sanguines et de bavures d’aquarelle bleuâtres. C’est son préféré. Celui qui semble indiquer qu’à défaut d’esprit, il est pourvu d’imaginaire.

Affalé sur le tabouret, le menton appuyé dans l’une de ses mains, Faïr fixe la toile blanche en attendant que les vapeurs d’essence de térébenthine achève se préparation artistique. Le sourire hagard sur ses lèvres raconte son absence et la distance ouatée qu’il met avec les choses, entre les mots. Il soulève la raclette, un instrument brillant et affuté, et écrase la texture suintante d’une couleur terre de sienne. La manière s’affaisse et Faïr y prend beaucoup plus de plaisir qu’à former une quelconque forme, même si à choisir il voudrait peindre des femmes à la peau bleue et des jeunes hommes zébrés.

Il ne se rend pas immédiatement compte de l’agitation. La manière très désordonnée et intense, la précipitation précise ressemble au pic des oiseaux de proies et est aux antipodes de sa sélection très lente des pigments et de leur application. Ceux sont les raclements des pieds de la chaise qui l’attirent. Curieux, le môme se penche en arrière et l’aperçoit enfin, Lily, ou peu importe son nom exact, au corps à corps avec le chevalet, un ballet violent, moderne, qu’il reste là à le regarder, fasciné.

De Lily, il aime le corps svelte de danseuse et les boucles d’oreilles brillantes, et admire la farouche extravagance et le langage chatoyant. Il aime encore sa respiration chaude de sportif après avoir terminé un canva, comme maintenant, maintenant que le cours n’est plus qu’une nef désertée des apprentis.

Faïr se redresse, vacille parce qu’il a sous-estimé la térébenthine, et applaudit chaleureusement.

« Bravo ! T'as fini ? » sûrement, Faïr se rassoit, il se sent mieux, même si un dossier ne serait pas de refus. « Si t’es pas trop occupé, tu veux peut-être me donner un coup de main ? » Les joues carnées, il se gratte l’arrière du crâne avec un sourire contrit. « C’est que… j’avais pas trop d’idées… alors, j’ai commencé à mettre des couleurs en pensant que ça allait venir tu vois, et finalement, bah, euh, bof, en fait ? »

Un coup d’œil sur le parchemin où une tâche brune inégale ressemble vaguement à une tâche de naissance géante, par endroit la couleur tire sur la prune, le rose. C’est que, certes, l’art est subjectif mais il doit avouer que ça aurait plus facile en commençant avec du bleu.

« Ca fait une paye que je t’ai pas vu. Viens. Viens t’asseoir à côté. S’il te plaît. » Et au lieu de peindre, Faïr pourra le regarder, l’écouter, et peut-être, envouté par les mots de velours et la grâce du pinceau, céder aux abysses d’un sommeil apaisé.
immortelles
On apprend à se sourire À jouer de caracoles Quand tout flambe, à la lumière D'une soirée de fin du monde On s'allonge contre terre Pour quelques secondes

Elys
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Elys
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[ Jeu 18 Juil 2024 - 15:56 ] (end) pandora, faïr
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Faïr est merveilleux comme le soleil mais il apparaît comme une lune de papier mâché dans le ciel en été. il a les pas feutrés du loup qui vient remplacer grand-maman au creux de son pieu mais ce loup là a des dents de lait et les pattes enfarinées. si on le caresse, alors les poils rugueux s’adoucissent et fondent sous la langue - c’est de la barbe à papa parfumée à l’aventure. et puis au final ce n’est même pas un loup, Faïr, non, c’est un lion ! un lion à la crinière éblouissante dans laquelle Elys aimerait se lover.

on l’applaudit, et le geste lui arrache ce petit sourire à l’envers, hésitation entre le rire et les larmes, il a l'inconstance des nourrissons. en vérité, il ne sait pas très bien dire merci et ne comprend pas vraiment ce que Faïr applaudit, mais si Faïr semble content alors l’imiter devient plus simple. recette facile pour être heureux : une pincée de mensonge et un brin de volonté, mais surtout surtout surtout ne pas oublier d’y introduire la lettre de l’alphabet adaptée. en minuscule de préférence car on tarit la joie si elle n’est pas discrète. aujourd’hui, Elys fouille les placards et choisit le “i”. celui des idées ! c'est un tout petit "i", on le dorlote et on l'allaite pour qu'il grandisse - Elys lève haut la main pour se porter volontaire, lui aussi aimerait donner le sein.

mais non, je suis sûr que t’en as des tas des idées. tout le monde a un gros paquet d’idées plein la tête mais le plus dur c’est de les réveiller ! car elles hibernent, ces malignes, elles n’ont qu’une vie et ne savent jamais si elle vaut la peine d’être vécue. c’est aussi le “i” des impossibles - incolore et indolore, celui qui prive des sens si précieux des créateurs et des créatures. Elys laisse ses yeux traîner sur le travail de Faïr, car il sait qu’il en a le droit : les yeux prennent un Y et pas de mini “i”.

si Faïr est un lion plutôt qu’un loup, Elys, lui, est un chien. il n’aboie pas mais il ne dit jamais non. viens Elys, et il est déjà là, tout près, intrusif comme une mouche. non ! voilà que maintenant c’est un serpent qui s’enroule le long de la jambe de Faïr, voudrait poser la tête sur sa cuisse et le fixer par-dessous ses longs cils. Elys sait toujours où trouver les idées, il sait les montrer et même les créer. dans la supplication du garçon il y a deux “i” et l’un porte un chapeau pour se protéger de la pluie.

je te montre comment faire si tu veux. il chuchote dans le creux de son oreille, les mains en soucoupe autour de ses lèvres. oui Faïr, accepte, dis oui mille fois, car l’inspiration de l’artiste exige parfois des sacrifices. là, Elys pourrait lui aussi le supplier, avec un seul “i” et sans haut de forme circonflexe celui-ci, car il ne craint rien à ses côtés. et le chevalier ne revêt son casque qu’avant la bataille.
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Faïr
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[ Ven 19 Juil 2024 - 15:50 ] (end) pandora, faïr
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pandora
s’envolent les tournesols


L’artiste quand il se lève, se tient droit, fait penser à ses oiseaux majestueux qui planent au-dessus des marais. Il se tient là, grandiose, avec ces idées, que Faïr comprend un traître mot sur deux, ses bras et ses yeux forment une panoplie plus colorée que la palette qu’il a laissé au sol. Le blocard, ses yeux brillent, hoche le visage avec enthousiasme, sensible à l’emballement qui transpire de Lily - qui peut réordonner l’univers si ça lui chante. Il aime la manière leste dont l’esprit du blond se déplace, indifférent aux tranchées ordinaires, à la chorégraphie que son corps suit avec la même grâce.

« Oui oui oui, quand tu le dis c’est plus clair. J’aimerais bien te dessiner alors Lily. Ca me fera un souvenir quand tu n’es pas là et ce sera très agréable de te regarder. » Il ignore encore où suspendre le garçon parce que son rang n’autorise pas la vie privée. L’artiste assis près de lui, Faïr ne peut ignorer sa peau tiède qui frôle la sienne, sa voix grave qui le fait frissonner et achève de le rendre rouge rouge rouge comme les cheveux, comme les coquelicots. Il dit, la voix étranglée par l’odeur qui vient démanger ses côtes. « oui oui oui. Montre moi alors. »

Et sans opposer aucune volonté, il place le poignet qui tient le couteau dans la main de Lily. La douceur des doigts obsède son regard et il déglutit doucement l’invasion de ses sens, limiers de haut vol, par Lily.

« mais si tu veux Lily, je peux peindre autre chose. Enfin… nous pouvons peindre autre chose. Toutes les couleurs sont belles alors ça ne me dérange pas si tu veux faire autre chose… » Il babille, soucieux, de le satisfaire, d’offrir sur la palette, son corps comme l’extension du sien.
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Elys
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[ Sam 20 Juil 2024 - 22:59 ] (end) pandora, faïr
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ici depuis toujours, on lui donne un nom de fleur. ou de presque fleur. habillé d’une lettre en trop, un E oublié à son commencement, là pour rappeler sa condition. Faïr, lui, a tout compris. il l’appelle Lily, la même fleur, la même chose, mais sans les trois bras. et ça résonne aux oreilles d’Elys - de Lily ! - comme une mélodie sucrée. il ne veut pas qu’on l’appelle autrement, jamais, mais il ne veut pas non plus l’entendre d’une bouche autre que la sienne à lui.

Elys ne navigue pas souvent avec le gouvernail bien en main. mais ce n’est pas pour dire que ça n’arrive jamais. fut un temps où il aimait cette poigne solide sur ses folies, il mettait la ceinture de sécurité avant chaque escapade. aujourd’hui, il n’est plus trop sûr… le vol en chute libre, c’est une caresse d’air qui le nettoie de tout, le laisse finalement flotter - Elys est une plume, Elys est poussière magique. et surtout, il n’a plus honte de ses esprits farfelus, se rend compte qu’il est ravi d’en dévoiler un bout à Faïr. dans cette Enclave, Elys ressent mille choses, mais il est rare qu’elle ait cette impression d’être enfin une pièce du puzzle. d’être enfin utile.

on s’en fiche un peu de ce que je veux. il laisse ses pensées danser. et on s’en fiche un peu de ce que tu veux aussi je crois. il laisse ses pensées voltiger. ceux qui le connaissent savent reconnaître la douceur cachée dans ses paroles, même lorsqu’elles semblent incisives. ce sont les flocons de piment pour relever le ragoût. en fait, le secret, c’est de se laisser porter.

et les voilà dans une soupe, celle qu’on sert à la cantine aux dénués d’étoiles comme eux. sur le pont d’un bateau en brindilles de bois, Elys tire Faïr derrière lui et dit : ne t’inquiète pas, ce sont les castors qui l’ont construit. si les castors s’en chargent, c’est du solide. ils voguent sur la soupe, elle a la couleur du ciel sans nuages. Elys n’a pas de mot pour ça, alors elle appelle ça la soupe. ils flottent dedans mais personne ne viendra les boire. eux non plus ne s’abreuveront pas à cette source – une fois, Elys en a tiré un grand verre et ça lui a piqué la langue. trop salé ! elle tend un petit sac à Faïr, un sac marqué par le temps, taché par l’histoire. tu peux te servir si tu vois une couleur qui te plaît. son sourire est sincère, il n’y a plus rien qui lui appartient ici désormais, car tout est à eux.

Elys a attaché ses cheveux, mais le vent farceur lui arrache l’élastique qui s’envole et se transforme en un immense papillon coloré. il voltige autour d’eux en souriant. elle connaît bien ce papillon, il lui parle souvent et murmure toujours des choses charmantes. aujourd’hui, devant Faïr, il fait le timide – pas un mot ne sort de sa bouche toute pailletée. Elys le sait pourtant, monsieur papillon apprécie la nouvelle rencontre. au milieu du bateau, il y a un mât en canne à sucre et Lily remonte sa longue robe pour s’y hisser. papillon a le visage changeant d’un Parent, mais Elys ne s’attarde pas dessus, sait qu’il sera différent dans quelques minutes. elle enfourche sa monture ailée et fait signe à Faïr de la rejoindre. au loin, elle voit la tempête qui menace, mais décide de l’ignorer.

au sein de l’Enclave, il y a un club de dessin, et si quelqu’un passait par là, il verrait deux silhouettes de dos, assises côte à côte. la tignasse dorée repose sur l’épaule de son compagnon. de cet angle, on ne remarque pas Elys qui tient fermement la main de Faïr, comme pour s’y ancrer. il la serre très fort, c’est son unique enclume pour ne pas sombrer. il est pourtant pleinement conscient qu’il passe son temps en funambule sur un fil de soie.
by delirium






Faïr
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[ Lun 22 Juil 2024 - 20:07 ] (end) pandora, faïr
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pandora
s’envolent les tournesols


On s’en fiche, on s’en moque, on a qu’à tout remettre à demain, rire haut et fort face aux embruns du dessin. Faïr résonne en éclats de rire fougueux. Ces quenottes blanches sont bien alignées sous les yeux plissés par le plaisir de partager beaucoup de la désinvolture de Lily qui ne laisse même pas une esquisse s’interposer entre eux. Il aime tout de la beauté de ces cheveux d’or et des boucles d’oreilles qui carillonnent avec les mouvements de son visage. Il ressemble à un tableau mouvant aux couleurs trop indisciplinées pour ne pas sortir du cadre.

Le glissement s’opère dans son estomac, un soulèvement similaire à la descente des ascenseurs, et les yeux de Faïr cligne sur les allumettes qui soutiennent leur poids. Il flotte par miracle, une magie oubliée, sur un ciel liquide qui – il a plongé l’index immédiatement pour le porter sur ses babines – a le goût de la pâte à modeler. Il ne faut pas s’inquiéter mais il reste à quatre pattes, curieux et maladroit, sur l’embarcadère que Lily semble connaître. « …c’est un bateau pirate ? » Il offre un sourire assuré, les yeux baignés de merveilleux, sur son minois couleur de craie. Un pied après l’autre, les bras étendus de chaque côté de son corps pour trouver l’équilibre, Faïr s’ingénue à retrouver la verticale.

« Regarde-moi capitaine. Je suis ton premier mec en mousse borgne. » Il serre le sac autour de son crâne de manière à ce que les mailles usées cachent un de ses yeux. Cette nouvelle vie, où les sensations sont nouvelles, changées, croisées, accélèrent les battements de son cœur et il est pris de tournis. Lily, son capitaine et sa bouée, lui inspire toute l’admiration dévouée dont il est capable. Lui qui se tient droit, toujours aussi lestes dans ses gestes, il est le gouvernail de cette nouvelle vie que Faïr ignorait alors avoir désiré. « Pas le temps de souffler ! hein ! » rugit en rires, rugit en force.

Il lui aurait fallu des jours et des nuits pour éplucher la couleur coquillage qui scintille à la cime de la surface. Il lui aurait fallu une vie pour se tenir avec toutes ses couleurs sur la proue du bateau. C’est un métabolisme lent, le garçon. C’est en vacillant que Faïr prend un peu d’élan pour rejoindre la créature immense - un papillon ? - aux ailes irisées par les mêmes lumières que l’aurore. La main de Lily est douce et chaleureuse, plus familière que jamais dans cet univers s’en dessus-dessous, il la serre avec l’ardeur des naufragés devant les sirènes.

« Je me sens un peu… un peu barbouillé capitaine. On peut faire une pause ? » il se trouve à l’arrière de la monture, il enlace le corps de Lily, les yeux ronds pour trouver le début d’un repère dans la confusions de ses sens.
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[ Mar 23 Juil 2024 - 22:22 ] (end) pandora, faïr
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à l'horizon, le ciel flirte avec la soupe, une caresse douce et bien gardée. Elys est voyageuse aguerrie, elle connaît le secret des chemins pour ne pas se perdre. il faut fixer son regard là où tout reste sec, là-bas, à l'infini. depuis les hauteurs, on aperçoit le bateau - il arbore un sourire large et joyeux, leur murmure, merci, je flotte bien mieux maintenant ! la voix est écume et tritons, c’est le poids des vagues contre les falaises quand la lune est au plus haut. Elys jette un œil en dessous - la grande place, le stade, et même le jardin apparaissent comme des îlots prématurés. tout autour, elle distingue le dédale flou où se cachent les monstres - l'Enclave pourrit au fond du potage, un marc de blocards à leurs pieds. elle pointe du doigt ce tableau pour Faïr, voilà un fragment de sa tête qu'elle voudrait partager. ils voguent à la surface du bocal, ce sont des poissons volants aux moustaches acérées. loin de tout, il ne peut rien leur arriver.

une île est posée là, guimauve perdue sur un chocolat chaud bouillonnant. et peut-être que c’est là qu’ils se trouvent depuis le départ, en vérité : sur un dessert frémissant plutôt qu'un ragoût réconfortant. l’oasis apparaît comme par magie, obéit à la requête de Faïr, preuve de la serviabilité d’Elys. bien sûr qu’on peut faire une pause ! alors le papillon se pose et les dépose, tout en douceur, une offrande à Neptune. Elys ressent sa fatigue, perçoit le poids de ses ailes et le laisse s’évaporer. il avance à petits pas vers le rivage, porté par les bras affectueux de la mer. même englouti, on devine encore sa silhouette, et Elys lui fait un adieu flamboyant des deux mains. depuis sa place, elle s’émerveille de sa métamorphose en tortue luth. la dernière fois c’était un crabe… il s’améliore. elle parle pour elle même, constate les changements de scénario avec sa mine satisfaite.

finalement, elle se laisse tomber sur le sol, se vautre dans le doux baiser du soleil et le décor de ce qu’elle s’imagine être le Paradis - ou du moins l’une de ses nombreuses versions. c’est du sable. tu aimes ? c’est doux, moi j’adore. une poignée pour Faïr. elle sait qu’il ne sentira pas la même chose, que les sensations dans ses projections sont toujours propre à chacun, mais elle partage tout sans se poser de question. la couleur est jolie, non ? ce n’est ni tout à fait blanc ni vraiment marron, juste un beige parsemé d’éclats, qui file entre les doigts et se cache malicieusement sous les ongles. si ça te plait on peut peindre avec. il faut en cacher dans le sac.

une détonation éclatante la propulse hors de sa torpeur, les cheveux en désordre et le cœur en folie. au loin, le bateau crache des flammes comme un dragon enragé ; Elys comprend que ce n’était pas des brindilles mais une construction d’allumettes. d’ici, on distingue la tête rougeoyante de celles qui n’ont pas encore flambé. elle évite le regard de Faïr, réalise que de tout ce chaos c’est ce qui l’effraie le plus. elle aurait dû tout anticiper, tout calculer, mais les notions de temps sont aussi claires que les matins d’hiver, et même si elle l’avait voulu, cela aurait été impossible - on ne peut pas s'amuser et réfléchir, il faut toujours choisir ! dans la salle de dessin, il écrase les doigts de son voisin. l’eau remonte dangereusement, et alors qu’elle prenait la jolie couleur d’azur, la voilà qui rougit - elle est peut-être timide, ose espérer Elys. le navire d’enfer, engourdi par l’effondrement, se laisse lentement engloutir par une mer déchaînée. un tentacule colossal surgit des profondeurs pour achever le désastre, c’est l’ultime coup de pinceau sur leur toile en désordre. du moins, c’est ce qu’on leur laisse croire. Elys se redresse, fait un pas hésitant, essaye désespérément de reprendre le contrôle de ses pensées catastrophées mais le fil se défait sous ses doigts. le ciel s’assombrit - le soleil a lui aussi décidé de se cacher. la tempête approche, une menace bourdonnante qui avale l’île avec voracité ; bientôt, eux aussi seront perdus sous les vagues brûlantes. tout autour, des objets surgissent des abysses, un défilé macabre de vestiges noyés. Elys plisse les yeux pour discerner ces choses étranges - elle aimerait des bouées propulsées pour pouvoir fuir. les débris sont boursouflés, fumants, rougeâtres et luisants. elle ne comprend pas tout de suite que ce sont les cadavres des malheureux blocards carbonisés qui remontent à la surface. les visages meurtris sont inconnus, mais Faïr pourra probablement les identifier. Elys tente par tous les moyens d’arrêter le fiasco, car elle sait mieux que quiconque qu’on se réveille d’un cauchemar seulement après la mort.
by delirium






Faïr
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[ Mer 24 Juil 2024 - 19:02 ] (end) pandora, faïr
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pandora
s’envolent les tournesols


La confusion de ses sens se tisse dans toutes les mailles de sa perception. Faïr ignore s’il s’agit là de la même sensation qu’il aurait s’il était privé de la vue, de l’ouïe, de l’odorat, et que la vie elle-même s’en retrouverait altérée, qu’elle serait plus la vie encore. Le kaléidoscope des visions, inconnues ou absurdes, ressemblent aux enchantements anciens. Il est pantois et son cœur bat un tempo fiévreux. Sa peau moite ne se rafraîchit pas dans l’eau. Ses bras ressortent mouillés d’or nuageux, badigeonnés de chocolat, de la profusion sucrée de leur nouvelle escale. Lily félicite la métamorphose du papillon en ce qui ressemble au patriarche des tortues de rivières qu’il a déjà aperçu, un œil ouvert sur son hamac.

Il se demande ce qu’est un crabe, maintenant qu’il est seulement certain que la tortue lui est supérieure. La beauté des hallucinations lui rappelle ces voyages troubles et criards quand on mâchonne longuement certains champignons séchés. Le délire, cette fois, n’a rien de la contemplation passive, il le réclame, lui, pour se saisir de tous les grains, miel clair, à tel point qu’en ouvrant le sac que lui a confié Lily, Faïr sent l’écœurement remonté sa gorge, acide.

La gerbe est d’un brun clair, grumeleux, une couleur qui laisserait un relief putride sur la toile. Comme l’eau n’est pas de l’eau, le rouquin essuie misérablement les éclaboussures à la commissure de ses lèvres et jette un regard navré dans la direction de la blonde. « … pardon Lily, je ne voulais pas salir le… le sable ? » il articule doucement en faisant de son mieux pour faire abstraction du goût infame sur son palais. C’est que le garçon des sous-sols a toujours été épidermique et ce déluge l’emporte au lieu de laisser flotter. Alors que Faïr s’efforce de sourire, parce qu’il voudrait montrer à Lily qu’il est courageux, un coup de canon retenti et l’épuise encore. Sa chair frissonne et il la sent déjà chauffé à cause de l’incendie déclaré de leur bateau. Il n’y aura plus de capitaine, ni de mecs de mousse, un mazout crépusculaire dévore l’horizon et des tréfonds d’énormes masses surgissent sans laisser à Faïr le temps d’assimiler la moindre réalité.

Faïr ne reconnaît rien d’autres que son grille-pain dans les masses agonisantes qui gratte à la surface. Il éprouve un cafard intense à l’idée de crever là le même dégueulis à ses lèvres que celui qui suinte des sacs poubelles qu’il soulève en journée. Son regard déconfit se tourne sur Lily, lui-même semble bouleverser pas les nuages noirs et bas, un ciel que Faïr n’a encore jamais vu dans l’Enclave.

« Ca va aller Lily. Hein ? On est là, ensemble, alors ça va aller. » Il s’amarre à lui comme à une bouée de secours, de chaleur réelle dans l’agressif de toutes ces visions chevauchées. Sa taille mince entre ses bras rougis par le chatoiement des flammes, son odeur florales et ferreuses à la fois, indescriptible. Ses yeux se ferment pour s’oublier uniquement dans l’existence réelle de Lily. Il lui vient même l’idée de l’embrasser, lui, ses lèvres sûrement douce comme les poils d’un pinceau neuf, pour oublier tout le reste. « Je te tiens Lily. Je te tiens. Tu n’es pas seul. » Il répète, débile, pour graver cette conviction la faire triompher de la mort qu’il n’a pas encore redouté.
immortelles
On apprend à se sourire À jouer de caracoles Quand tout flambe, à la lumière D'une soirée de fin du monde On s'allonge contre terre Pour quelques secondes

Elys
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Elys
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[ Dim 4 Aoû 2024 - 13:15 ] (end) pandora, faïr
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PANDORA

feat. Faïr
i don't understand about the weather outside
or the harmony in a tune or why somebody lied
but there's solace a bit in submitting to the fitfully
criptically true
on se réveille d’un rêve comme on surgit du cercueil – les cheveux en bataille, les souvenirs déchirés. il faut exprimer sa gratitude, car la faucheuse, pour une fois, nous a épargnés ! Elys sait que certains préfèrent les profondeurs des sous-sols et la caresses des vers aux cieux infinis. ce n’est pas grave, car parfois, elle aussi effleure la mort du bout des doigts. ce n’est pas un désir brûlant, juste une petite demande, presque imperceptible – n’est-ce pas dans la pose des bras croisés sur la poitrine que l’on rencontre les rêves les plus intimes ? alors voilà, dans ses rares éclats de lucidité, Elys convoque la mort comme une libération subtile.

aujourd'hui, pourtant, il la veut loin, très loin d'eux – loin de Faïr ! Faïr qui se pare tour à tour de blanc éclatant, de bleu glacé, puis de vert fulgurant. c’est la palette de la terreur, avec un soupçon de dégoût pour compléter le tout. les voilà ses couleurs ! ils se trouvent pris en Enfer, mais le tableau reste d’une clarté immaculée. on peindra avec audace ce qui nous a retourné le cœur, en hommage à ces vices que nous aurions voulu oublier.

sur le bord de la plage, Elys est une statue naissante des dunes, se retrouve les jambes entièrement ensablées. elle se fond dans la masse dorée, perd quelques centimètres pour se dissiper en petits grains égarés. dans ces moments, il est crucial de rester prudent ; un geste trop brusque, et Elys pourrait se désintégrer en une poussière éphémère, se fondre dans l'immensité du rivage. mais elle ne s’inquiète pas, car elle sait que Faïr n’est pas de cette trempe. lui, il a le toucher délicat de l’artiste, celui qui ne sait que sublimer, les doigts de soie et l’avenance polie. elle trouve toute sa confiance dans les mots qu’il lui murmure, se love dans les syllabes, se faufile entre le i et le l de cette jolie fleur qu’il renomme à son image. elle aimerait lui répondre, pourtant le sable qui coule de sa bouche, de son nez, de ses yeux et de ses oreilles la réduit au silence. elle ne peut même pas pleurer, ou bien peut-être qu’elle ne fait que ça depuis le début ? le regard se perd à l’horizon, elle observe, attend le boulet de canon prêt à les embrasser. un dernier baiser avant de se réveiller.

Elys est recroquevillé, tête enfouie dans les genoux, lorsque le cauchemar se dissipe. le ridicule ne tue pas mais il y a toujours quelques secondes après la résurrection qui remettent le monde en mille questions ? est ce que tout va bien ? est ce que c’était réel ? est ce que j’ai oublié mon porte monnaie là-bas ? est ce qu’on m’aime toujours malgré tout ça ? il ne sait plus Elys, ne sait pas si les rêves attirent et encore moins si les cauchemars repoussent. jesuisvraimenttropdésolé. le ton est saccadé, lamentable, il ne prend même pas la peine de se redresser. c’est ce qu’il y a de normal à faire après une grosse bêtise : s’excuser et s’écraser. Maman qui l’a dit !
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[ Mar 6 Aoû 2024 - 11:39 ] (end) pandora, faïr
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s’envolent les tournesols


Lily ne forme plus qu’une boule, amas de chair pliée, dans le décor de ce qui survient après la mort : la vie.

C’était une mort pleine de miséricorde pour eux, deux fous épris dans l’œil du cyclone, à droite des tortues luth enfouis dans l’écume de sucre glace, plus loin, où l’eau se confond dans le ciel, des iridescences lilas et vermeilles dignes d’un conte. Le nez niché dans l’ouverture des pans de la chemise, Faïr n’a même pas entendu le boulet, pas de regret, même la terreur était épatée par cette odeur de pigments écrasés de Lily. Il aurait souhaité border les cadavres lui-même, embrassé la peau froide avec chasteté, il aurait ainsi fait de la mort le tableau, et le tableau, lui, ne serait jamais mort.

Ce court gémissement qui s’échappe décolle ses paupières.
Son cœur bat lourdement et lentement, il le sait, il le touche avec ses doigts pour se prouver à lui-même qu’ils n’ont fait que traverser le rempart de coton qui séparent les défunts des vivants. Lui, lui, n’a jamais rêvé, lui, est encore bercé par le roulis des vagues. La nausée des sensations s’évapore sur le chevalet, fouettée par la brise et la lumière jetées en travers de la fenêtre ouverte.

« »

Il épluche le monde connu avec son regard, là les pinceaux hirsutes traînent comme des jouets défectueux, plus loin, le bruissement des petits pieds, petites voix, petites pestes, gratte contre la cloison fine. C’est peut-être d’être mort. Il a peur de troubler les contours du réel en tendant le bras ou en étirant une syllabe. Lily ne le soucie pas, moins, que ce qu’elle devrait éveiller chez lui, c’est dérangeant un spectre qui pleure.

« Ne pleure pas. » il commande, et sa voix est erraillée de sommeil, automatiquement, Faïr palpe ses lèvres, ce souffle tiède qui continue d’entrer et sortir. « Ca ne fait rien de mourir Lily. Tu vois bien. Ca ne fait rien. » il répète, et dans sa voix perce une frustration, une déception, que le bout du chemin soit identique aux deux extrémités. Il n’est même pas tomber de son tabouret, curieusement ça l’irrite, face à lui, la toile navrée lui renvoie son barbouillage hasardeux, se moque impitoyablement de sa mort. « S’il n’y a pas de mort Lily. » et le silence se fiche dans son cœur comme le carreau d’une flèche. « Alors la vie est-elle encore seulement la vie ? » ce ton dépité, rance, qui lui fout une gerbe noire, là en bas du gosier, ne lui ressemble pas. Il a soudain hâte d’oublier, il a soudain hâte d’être englouti par le vrai sommeil, réveillé par La Voix, et de sentir en son cœur que l’amnésie a tout balayé de cette vérité grossière.

C’est pour ça, que ses quilles se raidissent, que sa silhouette reprend cette forme tassée par une posture avachie même debout. Une main au fond de la poche du froc, l’autre caresse les cheveux blonds cendrés. « Lève-toi Lily. Tu t’es beaucoup battu. »
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