amazed

aurora est jolie. c’est un cadeau des cieux pour qu’elle leur pardonne l’horreur de la mort. c’est qu’elle a peur, elle l’admet, malgré elle — les années la fuient et ne lui laisseront pour compagnie plus que la vieillesse ; malingre et aigrie. quel poison, que d’aimer la vie, s’insurge-t-elle ! bébé l’on est trop jeune pour se chérir, enfant l’on est préoccupé par les autres et l’on s’oubli, adulte il est déjà trop tard et l’on ne fait que regretter le temps passé.

aurora déborde, et ses bras fins ne parviennent pas à retenir toutes ses émotions qui deferlent.

aurora n’a pas conscience de son destin funeste mais quand bien même on le lui avouait, elle dirait sans sourciller je suis au moins contente d’avoir vécu. il y a derrière elle des pièces oubliées et devant elle encore tant de rôles que les saisons ne sauraient lui voler. jeune héritière aux mœurs violents, séduisante condamnée à l’ego saccagé, pipelette armée au cœur épris de personne ! rien n’est assez fou, tout est possible à incarner.

aurora aura donc eu mille et une vie. pas une de trop, mais quelques dizaines de millier de pas assez.

aurora ici dans l’enclave ramasse les déchets, c’est un rôle dramatique mais elle s’illustre princesse, déguisant la moindre corvée en plaisir proscrit. ses frêles mains trainent des sacs trop lourd pour son allure mais ses lèvres soulèvent tous les maux avec de grandes tirades qui disent oh moi je ne suis pas esclave, non, j’ai entre mes doigts fins les malheurs hideux des uns et je compte bien les cacher, qu’on ne les trouve plus jamais ! si vous voyez une fille qui peine à traîner le fardeau de ses défauts, c’est que vos yeux regardent ailleurs ! car je ne vois, dans le reflet des flaques, qu’une étoile qui fait disparaître par son éclat ce qu’on ne peut plus nommer.

aurora est amie du monde, ennemi de personne. elle aime tant qu’on ne peut que se dégouter d’aimer aussi ; et jaloux de ça finalement malgré nous ; nous aimons ! à trop remarquer les rayons de sa personne vous la faîtes briller bien plus encore que le soleil qui vous surveille. peut-être pouvez vous la haïr d’être vivante, mais comment pourrait-elle le comprendre ?

aurora n’a ni jalousie ni vanité. elle est à la fois son propre espoir, et tout le désespoir en lui-même. ce qui brille en elle, se détruit en silence. une unique voix peut la réduire à néant, dieu merci elle est sourde. il faut courage et haine pour gratter la carapace et trouver, à l'intérieur d’aurora, la mort qui pullule, derrière ses scintillements.