amazed

Tay avait pu reprendre sa forme humaine. La capacité d'Alfie avait permis à sa peau de se débarrasser définitivement du métal. La machine était redevenue de chaire, sortant de sa chrysalide de fer. Tout s'était passé comme il l'avait prédit, alors qu'il avait épluché les possibilités tandis que le soleil se couchait entre les rochers.  Tay était désormais saine et sauve. Tout était rentrer dans l'ordre.

Cette dernière phrase est un beau mensonge. Si physiquement, la fermière s'était retrouvée indemne et avait pu retrouver son humanité, qu'en est-il du reste ? Une troisième étoile brochée sur son col suffit-t-elle à lui faire oublier la détresse et l'angoisse d'un traumatisme non mérité ? Et la justice, dans tout ça ? Où est-elle, elle qui est censée défendre les faibles et punir les malfaiteurs ? Qu'est-il arrivé à Austin qui, trois jours plus tard, fonde le club de photographie ? Madame Justice semble être à la gloire des imposteurs qu'elle nourrit en son sein.

"Austin ?"

Il l'appelle, de l'autre côté du rivage. Le dos est bien droit, les pieds ancrés dans le sol de la forêt, les mains derrière le dos. Sohan n'a jamais été aussi austère. Quand Austin le rejoint, il murmure.

"Je voudrai discuter. Tu as du temps ?" C'est une fausse demande. Il n'acceptera pas le refus. "Trouvons nous un coin tranquille."

Loin des membres du tout nouveau club de photographie. Sohan ne fera pas l'affront à Austin de lui parler devant les autres. Il lui reste encore trop de respect pour avoir de la pitié.

"Comment tu vas ? Ta blessure…" Le doux est doux le temps d'un instant. Car Austin a subit le même funeste destin. Sohan était là, presque chaque soir, à veiller à son chevet dans cette même chambre blanche dans laquelle il était avant lui. Les rôles s'étaient inversés et Sohan avait quitté son ami d'un baiser sur le front, comme pour le protéger. "Comment se passe le club ?"

Sohan demande poliment. Sohan parle comme il faut. Sohan ne laisse rien paraître mais Sohan est froid comme il ne l'a jamais été. Dans ses yeux verts, il n'y a plus aucune chaleur, eux qui brillaient un peu trop fort pour son ami.

Les voilà seuls, à l'abris des regards. Il n'y a plus que le bruit du vent dans les feuilles, le chant du ruisseau et la mélodie des oiseaux.

"Austin."

Il l'appelle. Se tourne enfin vers lui. Ses yeux se plongent dans ceux du grand frère.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Tay ?"

Il demande directement, ne prends pas de pincette. Sohan veut des explications sur son geste. Mais Sohan veut surtout savoir sur  où se terre la Justice dans cette triste affaire.

Il y a un frisson qui lui parcours l'échine tandis qu'il prononce son prénom. Il y a les échos pêle-mêle de ses sentiments qui s'agitent dans son cœur. L'affection qu'il lui porte, l'inquiétude de sa blessure, la passion silencieuse… ils viennent s'entrechoquer contre la colère sourde, l'incompréhension vrombissante et la déception implacable qu'il ressent désormais pour Austin.

"J'imagine. Je tâcherai de te libérer vite, dans ce cas."

Ce que Sohan ne dit pas, c'est qu'il faudra coopérer pour cela. Pour le moment la paix règne. Ainsi le CREA s'autorise à ressentir de l'empathie pour son ami. Prends de ses nouvelles en silence, hochant la tête doucement.

"Je suis content que tu ailles mieux. Fais attention à toi, d'accord ? J'imagine que tout le monde t'as dis de te ménager. C'est frustrant mais ils ont raison. Je te le dis en connaissance de cause…" Il s'autorise un sourire doux. "Tant mieux pour le club. C'est une bonne initiative. Félicite Kafka de ma part."

Voilà. La voix s'est ternie. La chaleur était là le temps d'un instant mais tout vient de s'affaisser d'un coup, comme si l'implacable réalité venait le rattraper. Sohan ne peut pas faire semblant plus longtemps.

La question est posée, le cadre est donné. Sohan ne s'improvise pas juge: ce n'est pas son rôle. Le Père Suprême est le seul capable de rendre un jugement. Mais si Sohan ne peut juger ni punir, il peut encore choisir de comprendre et de pardonner ceux qu'il appelle ami. Il écoute ainsi Austin en un silence glaçant. Les mots de son camarade ne font pas sens. Il y ressent comme un problème. Une anomalie dans le programme. Un virus dans son cerveau.

"Très bien." La bouche est amère. Les mots sont secs. Le regard de Sohan s'assombrit. "Pourquoi tu penses que c'est là, le potentiel complet de son pouvoir ? Quel était ton raisonnement ?"

Austin est flou. Les mots sont vagues et Sohan navigue dans la tempête comme sur un bateau gonflable. Il lui en faut plus pour pouvoir comprendre. Beaucoup plus.

"Et que pense le Père, à ce sujet ?" Hm ? Parce qu'il suppose que si Tay s'est confessé, Austin a du suivre la foulée. "Ecoute..."

Sohan le sent distant, méfiant. Alors il désamorce en soupirant:

"Je ne suis pas là pour te juger, Austin. Je veux juste comprendre ce qu'il s'est passé. C'est moi qui ait récupéré Tay et qui l'a conduit à l'infirmerie. Elle n'allait pas bien. Vraiment pas bien. Je ne peux pas croire que tu ais fais ça sans raison."

Il aurait voulu dire qu'il ne pouvait pas croire qu'il avait fait ça tout court. Malheureusement, cela aurait été un mensonge. C'est peut-être ça le pire, dans cette histoire: Sohan ne tombe pas de si haut.

"Austin... Je veux qu'on parle sincèrement. Tu..." Il hésite. "Tu es quelqu'un à qui je tiens beaucoup." Il peut bien lui accorder ça. Tendre la main avant de la reprendre quand il saura la vérité. "Explique-moi ce qu'il s'est passé. S'il te plaît."

Ce sera bien la seule chance que le SPE aura avant que Sohan ne tranche. Sans explication claire, sans un raisonnement bien présenté, sans preuve sur lesquelles s'appuyer; Sohan craint que son jugement envers Austin ne sera que défavorable.

Alors voilà toute l'histoire. Sohan ne quitte pas Austin des yeux. Il scrute le moindre de ses mouvements, les tiques de son visage, la physique de ses bras. Il se le demande: est-ce que Austin croit ce qu'il dit ? Est-ce que Austin se rends compte, même un peu, de la violence et de la portée de ses mots ? Sohan le laisse finir par respect mais c'est bien tout ce qu'il lui reste.

Le Père condamne la violence.
Fort bien.
Mais que reste-t-il aux victimes ?

"Mais qu'est-ce que tu en sais, Austin ?" Le ton gronde, la voix se fait tempétueuse, elle amorce les premiers fracas du tonnerre à venir. "Qu'est-ce que toi, tu connais des pouvoirs des PHY ?"

Toi, le Spé. Toi, qui n'a rien à voir avec le corps. Toi, qui ne voit que par delà le verre de tes caméras. Qu'est-ce que tu connais de la chaire, des os, du sang et de ce métal que tu mentionne tant ?

"Et du pouvoir de Tay ? Hein ? Sa capacité n'est pas d'être une femme de métal, c'est de transformer son corps en métal. Il y a une grande différence puisque c'est réversible. Ca l'était avant, tu le sais ça, au moins ? Tay n'a pas toujours été comme ça, le métal lui rongeant la peau petit à petit. S'il se propageait c'est parce que la maîtrise de Tay s'est dégradé, petit à petit. Tu t'es demandé, au moins, pourquoi cette dégradation, Austin ?"

Avant de jeter la bête dans la fosse comme on jette les vaches à l'abattoir. Avant de lui retirer l'échelle et son espoir.

"Tu t'es demandé qui était Tay, ce qu'elle voulait, ses aspirations, ses rêves, l'essence même de son être ? Tu t'es demandé tout ça avant de décider par toi-même ce qui était le mieux pour elle ?!"

Sohan s'est approché sans s'en rendre compte. Il a avalé, d'un pas après l'autre alors que les mots sortent en torrent, la distance qui l'est séparé. Il se tient là, planté devant Austin, le coinçant entre lui et l'arbre. L'indexe pointé vers son torse, vers son cœur, venant s'abattre sur sa poitrine en un geste tortionnaire.

"Tu lui as pris plus que ce que tu ne lui a offert." Sohan renifle, pourrait cracher ses mots. Le visage est dépité et les yeux emplit de dédains pour l'homme qui se tient devant lui. "Et tu ne te rends même pas compte du pire. Ce que tu as perdu toi."

C'est en brisant l'humanité de Tay que Austin a perdu la sienne.

"Wicked te garde parce que pour le moment, personne n'a les épaules pour te remplacer. Mais laisse-moi te dire une chose, Austin." Sohan redresse la tête, plonge ses prunelles dans les siennes. "Le Père ne veut pas d'un tyran. Sinon il aurait gardé Clair."

Il n'élabore pas plus parce qu'ils savent très bien tous les deux ce qu'il s'est passé pour l'ancien grand frère SPE.

"Si t'es violent, t'es minable. Si tu ne fais pas attention à ce que veulent tes adelphes, t'es minable. Si tu imposes ta vision sans comprendre l'autre, t'es minable."

Sohan se recule d'un pas.
Regarde Austin de bas en haut.
Il y a du mépris dans ses yeux verts.

"Je ne dirai rien pour tes caméras. Mais peut-être que cette punition te permettra de voir les autres blocards comme des êtres humains et non pas comme des numéros et une localisation."

S'il pouvait cracher à ses pieds, il le ferait.

Les mots se sont déferlés en un torrent d'accusation mais la bouche de Sohan est désormais sèche alors il est temps de se taire. L'attaque a fait mouche et c'est désormais à la défense de jouer. Les tours doivent être respectés car tel est l'ordre des choses et Sohan n'interrompra pas la plaidoirie de son ami.

Le Spé se défend, expliquant qu'il n'a pas commis son acte par une pulsion malsaine mais pour une bonne raison. Pourtant dans l'argumentaire de plus en plus confus et paniqué de Austin, Sohan n'y voit aucune démonstration. Sceptique, il le laisse finir tandis que les émotions gagnent du terrains et que les mots se font moins adroits que ceux qu'il avait appris et répétés au Père.

Un silence se fait et Sohan fini par soupirer. Il relève la tête, le regard se voile d'une étrange expression.

"Je sais que tu n'es pas comme Clair."

Il commence par ces mots précis. C'est un exercice qu'il a répété maintes fois: celui de sermonner ses adelphes. Sohan a pour habitude les mettre à terre, de mener son argumentaire à la perfection jusqu'à terrasser totalement l'adversaire. Une fois que cela est fait et que les sentiments prennent le dessus sur la raison, que sa cible se retrouve en proie aux doutes, aux émotions mais surtout à la peur, alors Sohan a gagné. Il tends la main, annonce le pardon, il cueille l'autre à ses pieds pour lui relever la nuque et l'aider à se relever.

Il a fait la même chose avec Kafka, il a fait la même chose avec Ziggy, et désormais, il fait la même chose à Austin. La différence ici, c'est que Sohan aime Austin, alors ça lui arrache une partie de son âme que d'être obligé de jouer ce rôle de Grand Frère aimant et cruel qu'on lui demande d'incarner sur celui qu'il appelle ami.

Sohan, au moins, ne ment pas. Austin n'est pas comme Clair. Si Austin était comme Clair alors Sohan ne l'aimerai pas.

"Néanmoins tu ne m'as apporté aucune explication convaincante quant au motif de ton geste. Quel était ton but, Austin ? Je ne veux pas croire que ce n'était qu'une pulsion perverse car je sais que tu n'es pas comme ça. Mais alors quoi ? C'était la transformation finale de Tay ? Elever son potentiel ? La faire gagner une étoile ?"

La voix redevient plus froide car après avoir donner de l'espoir il faut replonger l'autre dans le noir. Sohan se veut digne et prince mais Sohan est comme tous les autres: il noie ses victimes dans l'eau de la cuvette puis leur redresse la tête quand il faut reprendre son souffle. La différence c'est que Sohan n'a pas besoin de sortir les mains et qu'il n'y fait aucune éclaboussure puisque la joute est exclusivement dans la psyché.

"Je comprends la volonté d'élever nos adelphes. Paris, Lucien et moi, on a tous notre manière de le faire et je ne suis personne pour juger le sort que tu réserves aux plus faibles tant que la fin justifie les moyens. Cependant, des étoiles, Tay en avait déjà deux. Cela ne t'aurai rien apporté. Qui plus est, elle n'est même pas de ta maison. Ton geste était vain, égoïste et irréfléchi."

Comme il vient de le démontrer. Il ne lésine pas sur les mots. Il faut que ceux-ci s'imprime dans l'esprit de Austin a jamais.

"Tu as mis Tay en danger et effectivement c'est irréversible. Je ne sais pas ce qu'elle veut et je ne parlerai pas en son nom, mais prépare-toi à ce qu'elle ne veule plus jamais entendre parler de toi. Il n'y a rien à faire si ce n'est laissé le temps au temps et la laisser se reconstruire." Ou attendre janvier que Tay parte pour le Paradis, mais cela, il ne peut le dire car Sohan doit rester un saint et jamais un bourreau. "Mais tu t'es également mis en danger par la même occasion. Tu as été négligent et présomptueux et désormais tu en payes les frais." Tu n'as que ce que tu mérites.

Que cela lui serve de leçon. Sohan marque une pause. Il contemple Austin. La colère est redescendue doucement puisqu'il a pu lui dire ce qu'il devait lui dire. La réaction de son camarade lui implorant de l'aide est le signe de sa victoire et il s'en satisfera. Il pourrait le laisser comme ça, faire volte-face et disparaître dans les buissons en le laissant là, livré à lui-même. Austin l'aurait bien mérité.

Mais il n'y a rien de pire que la solitude.
Sohan le sait.
Il lui reste un peu de considération pour Austin alors il ne veut pas que Austin finisse comme lui.
Car Clair n'est qu'un faux prétexte: ce que Austin doit éviter, c'est de finir comme Sohan.
Ainsi il reste.

"Austin."

Il l'appelle une seconde fois, comme au début de la conversation pour le tirer dans ce jugement improvisé avec comme seul témoin les arbres de la fôret.

"Moi aussi, j'ai fais des erreurs. Moi aussi, j'ai été puni."

Moi aussi je suis passé par là.
Sohan plonge son regard dans celui de Austin avec une intensité nouvelle. Il compte tout lui expliquer, lui fournir la solution comme il l'a toujours fait. Mais il lui faut quelques instants de répits car Sohan s'apprête à se rendre vulnérable juste après une victoire. Indéniablement il hésite.

Il insiste. Sohan plisse les yeux. Ils ne se comprennent pas. La transformation de Tay n'est pas un argument valable aux yeux du CREA. Il n'aurait été capable d'un tel acte que si la fin justifiait les moyens, et personne ne tire rien d'un être de métal dont l'âme s'est brisée en deux au point d'être dépersonnifié. Austin n'a rien gagné et il lui-même le reconnaît. Il pourra dire ce qu'il veut, Sohan explique son acte par le motif d'une pulsation malsaine et sadique. Son jugement ne changera pas.

Austin plie l'échine et Sohan observe sans rien dire. Il mentirai s'il disait qu'il n'éprouve aucune satisfaction à le voir perdre ses moyens et boire le moindre de ses mots. Mais la victoire a ce goût amer qu'il n'aurait pas soupçonner. Car s'il apprécie le voir presque ramper, il aurait de loin préféré que tout ceci n'arrive pas. Car la voilà, la vérité: Sohan aurait voulu voir Austin comme son confrère. Le voir s'élever à ses côtés pour qu'ils puissent enfin partager le temps qu'il leur reste avant le Paradis non plus comme des rivaux, mais bien comme des égaux.

Bien. Pense-t-il.
Mais il reste silencieux car il n'y a rien à dire.

Le condamné finit par avancer une ultime fois de son bourreau improvisé, signe d'une soumission ou d'une entraide tacite, car cela reste à trancher. La main de Ausin vient frôler les doigts de Sohan qui accepte l'étreinte mais sans effusion d'émotion, avec douceur et discrétion.

"J'avais 15 ans, à l'époque. J'étais un sale petit con. J'ai fais subir des choses horribles aux autres blocards parce que c'est ce que font les adolescents de quinze ans qui se croient supérieurs aux autres et qui n'ont rien compris à la valeur de la vie." Il pense à Rex. A leur retrouvaille à l'infirmerie. Il ne sourcille pas. Le ton reste factuel et sans aucune colère. Sohan a fait son deuil et sait qu'il n'est plus cette personne qu'il décrit avec froideur. "Père m'a puni. J'ai tout perdu." Qu'une seule étoile bien sûr, mais celle qui comptait s'appelait Saorsa et elle n'est désormais plus là dans la nuit noire pour le guider. "Je me suis promis de me mettre au service de l'Enclave et d'utiliser mon pouvoir pour les autres et non pas pour moi. C'est pour cela que je suis devenue conseiller."

Avant d'avoir été promus grand frère au printemps dernier et après avoir été coureur pendant deux années.

"Austin."

Encore son nom. Jamais deux sans trois. Mais cette fois le ton est encore différent des fois précédentes. A ce moment là, il attrape sa main et la serre d'un coup, plongeant son regard dans le sien d'un air intense, car ce qu'il énonce est important. Sohan est sur le point de lui confier la pièce maîtresse du plan qu'il vient te tisser pour leurs futurs.

"Tu dois apprendre à connaître tes adelphes. Tu dois apprendre leur habitudes. Ce qu'ils aiment manger le matin, l'heure de leur réveil et leur routine quand le soir arrive. Tu dois apprendre ce qu'ils aiment, même ceux que tu détestes. Tess aime le Père et le thé un peu sucré. Lise aime les cartes et le cinéma. Phil aime dessiner dans le calme. Camille aime collectionner les petits objets. Clive aime les animaux. Alb est un nerd sous ses airs de gars cool. Louise aime les plumes et les herbes séchées. Leon aime les bracelets." Sohan sait tout de ce qui fait vibrer le coeur de ses petits frères et petites sœurs. Lorsqu'il ne sait pas, il observe et apprends. "Passe du temps avec eux. Comprends leurs aspirations. Trouve ce pour quoi ils se lèvent chaque matin. Tu gagneras leur confiance et ils auront foi en toi." Et si l'on sait ce qui fait vivre quelqu'un, on sait aussi comment tout lui enlever pour le détruire. Cela, Sohan ne le dit pas. Austin devra le comprendre seul. "Tu ne peux pas diriger un groupe sans savoir les objectifs de chacun. Si tu imposes ta vision et ta volonté sans essayer de t'adapter à eux, alors tu feras un bien piètre grand frère et ils te rejetterons un jour ou l'autre. Tu dois comprendre et apprendre qui sont tes adelphes pour les guider vers ce qu'il y a de mieux pour eux, jamais pour toi."

Car un monarque se doit d'être raisonnable. Si Sohan ordonnait à Louise de s'envoler d'une fleur à l'autre à la façon d'un papillon, à Phil d'écrire une tragédie, à Ziggy de se changer en oiseau de mer; et si ses frères et sœurs n'exécutaient pas l'ordre reçu, qui serait dans son tort ?
Lui, bien sûr.
Un monarque se doit de connaître respecter ses sujets. Il veille à l'équilibre de ce qu'il peut demander et de ce qu'eux peuvent offrir. L'autorité repose d'abord sur la raison.

"On suit quelqu'un pour seulement deux raisons. Soit par la peur, soit par loyauté. A toi de choisir quel type de leader tu veux être."

Il rompt le contacte, lâche la main de Austin.
Sohan, lui, a choisit.
Pour aller au Paradis il ne peut régner par la peur.
Le chemin est plus difficile mais la récompense en vaut le coup.
Il veut que Austin le comprenne à son tour.