amazed

wolvesdon't killunlucky deer

I don't know what to say If I don't feel completely safe Just me, so fucked up I lost all my trust I don't welcome strangers anymore And all I ever heard was the Sweet sound of ignorance

Bambi s'ennuie. Fatalité, sûrement, puisqu'il semble que l'ennui la suit dès lors que rien n'arrive. Bambi n'aime pas le rien, le vide. Dans la tête, autour d'elle, dans ses mains. Le vide, c'est la place à l'ennui.
Alors Bambi cherche, Bambi se faufile, Bambi voyage, parce que c'est ce qu'elle fait de mieux ; se noyer dans les reflets, embrasser ce qu'ils reflètent, creuser pour voir les secrets qu'ils renferment.
Elle cherche, pour ne pas s'ennuyer. Elle en pleurerait, s'il y avait du monde. Mais dans les miroirs, il n'y a personne, alors les larmes n'ont aucune utilité, sinon de gâcher son maquillage.

Bambi manque peut-être cruellement d'un instinct de survie. La pensée l'effleure, parfois, l'espace d'un instant. Si elle n'est plus un faon, elle devrait peut-être tout de même s'avancer avec prudence, lever les mains et implorer la pitié et la miséricorde.
Mais les mains ne se lèvent pas, et c'est souriante qu'elle émerge de son miroir, fière de l'avoir trouvé. Elle le cherchait sûrement, sans le savoir, voilà pourquoi elle s'ennuyait. T'es dur à trouver. J'étais à deux doigts de te déclarer disparu. Elle rit ; elle l'aurait peut-être trouvé plus facilement si elle savait qu'elle le cherchait.

Bambi devrait le savoir ; on n'apprivoise pas les bêtes sauvages. On n'apprivoise peut-être pas Loup. Mais elle essaie ; s'arme de patience et d'un sourire qui le laisse toujours hermétique. Tant pis.
Bambi est une maman. Pas encore, mais bientôt, un jour. Dans son cœur, elle l'est déjà. Alors si Bambi doit se faire dévorer en essayant. Soit. Qu'est-ce que tu fais? L'éclat brillant, quoique léger, d'une paire de ciseaux attire l'attention de ses pupilles. Elle s'appuie sur un des lavabos, à côté de celui devant lequel se tient un Loup qui, comme toujours, comme souvent, semble maudire sa présence. Tant pis. Elle sourit plus fort. T'en fais une tête. J'ai même pas encore vraiment parlé.

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Si Bambi s'était imaginée une réaction virulente, ou au moins peu accueillante, elle n'avait pas anticipé à quel point.
Bien sûr, Loup ne l'avait jamais accueilli à bras ouverts, et à raison. Quand bien même ses intentions étaient des meilleures, selon elle en tout cas, elle avait bien conscience qu'il n'avait rien demandé et n'avait peut-être, finalement, pas besoin de son aide du tout.
Mais n'était-ce pas une caractéristique inévitable du cœur maternel, d'apporter l'aide et la lumière aux âmes qui le refusent le plus?

Bambi ne fléchit pas le genou, alors. Elle lève tout de même les mains, signe évident qu'elle vient en amie, comme elle le fait toujours, avec les intentions les plus pures du monde. Pures, pour elle. Loup, peut-être, ne voit en elle qu'une intruse, un renard dans un poulailler. Mais Bambi n'est-elle pas faon innocent, ignare et naïve même face aux canines brillantes d'un Loup sauvage et indompté ? Bambi n'est-elle pas biche apeurée, mais déterminée, face au chasseur qui ne cherche qu'à avoir la peau du petit être qu'elle vient d'arracher de ses tripes? Rien du tout. Je ne savais pas que tu étais là. Je me promène, c'est tout. Loup, peut-être, ne décèlerait pas les demi-mensonges que cachent ses mots. Bambi ne fait jamais que se promener.

Loup ne répond pas, et ça non plus, ça ne l'étonne pas. Même les mains pleines de ce qu'il semble traiter comme le plus grand des secrets, il n'avoue pas. Même pris en flagrant délit — délit d'être humain? délit de vouloir? — il n'avoue pas. Comme les enfants. Alors Bambi lui sourit, encore. Je n'approche pas si tu ne veux pas. Comme les enfants. Je ne te prends pas la main si tu ne veux pas, je ne t'aide pas à lacer tes chaussures si tu ne veux pas. Mais tu voudras.
Elle baisse les yeux vers le lavabo, vers les mèches cendrées éparpillées, envolées, plumes d'une poule qu'on vient de sauvagement dévorer. Tu veux te couper les cheveux? C'est chouette, ça te changera.
Elle le regarde un instant, un moment, essaie de cerner le moment. Elle ne regarde pas vers les ciseaux, ne considère pas l'éventualité qu'il puisse s'en servir pour autre chose que dompter sa part animale.
Bambi tend les mains, tout sourire. Il ne viendrait pas à l'idée d'une biche d'essayer d'arracher le fusil d'un chasseur, mais elle le fait tout de même. Je peux t'aider, si tu veux. Je coupe tout le temps les miens. C'est difficile de faire les mèches de derrière, alors je peux te montrer comment faire pour que t'y arrives mieux les prochaines fois. Peut-être que tu deviendras coiffeur.

Elle glousse, dévoile les dents, fait rondir les pommettes et attrape une de ses mèches. Je suis douée quand même, non? Une fois je me suis fait un balayage. Bon, j'étais pas vraiment toute seule, mais j'ai quand même fait la moitié du travail. Elle tend les mains de nouveau, avec attention, précaution, les pupilles fermement ancrées dans les siennes, les mots lents et audibles. Comme on parle aux enfants. Ou alors on peut aller voir Vadim tous les deux. Je dirais pas non, tu me rendrais service aussi. Mais je pense que si tu voulais aller le voir, tu y aurais été déjà. Alors on peut le faire ici, tous les deux. Je peux t'aider.

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Bambi sourit trop, trop fort. Ça ne devrait pas lui faire aussi plaisir, que Loup lui réponde. Mais s'il lui répond, c'est qu'elle fait quelque chose de bien. S'il lui répond, c'est qu'elle progresse. Si elle progresse, elle sera une bonne maman un jour. Peut-être pas dignes de celles qu'elle connaît, mais une maman tout de même, c'est le plus important.
C'est pour éclaircir ou foncer les cheveux sans avoir à teindre toute la tête. C'est un peu comme des mèches. Elle hausse les épaules, regarde le bras qui, légèrement, mouvement à peine perceptible, s'abaisse. La prochaine fois on pourra t'en faire, si tu veux. C'est un peu artisanal, mais ça marche, je t'assure. Enfin, on verra ça une autre fois.

Comme prévu, Loup ne veut pas aller voir un professionnel. Soit, elle ne s'attendait pas à ce qu'il saute sur l'occasion.
Ce n'est peut-être pas très honnête, de l'avoir gentiment manipulé de la sorte. Elle lui force peut-être un peu la main, et elle devrait peut-être le laisser en tête à tête avec son reflet, puisqu'il a l'air de particulièrement tenir à ce moment.
Mais ça ne ressemble pas à Bambi, de tourner les talons, quand bien même la grimace sur le visage de Loup la dérange un peu.
Elle croise les bras, attend patiemment. Elle n'est pas pressée. Elle pourra rester toute la journée, s'il le fallait. Un pas après l'autre, couper centimètre par centimètre, si c'est ce qu'elle devait faire.
Le sourire fond un peu, légèrement. Les yeux s'écarquillent un peu, légèrement, assez pour témoigner de l'évidente surprise que sa requête fait naître chez elle. Sur moi?
Bambi attrape ses cheveux de nouveau, regarde presque avec pitié les mèches qu'elle a mis du temps à faire pousser. La blonde se racle la gorge péniblement, hésite un instant, le visage fripé dans une moue plus qu'évidente.
Mais ce ne sont que des cheveux. Le sacrifice en veut la peine. Une maman ne sacrifierait-elle pas tout pour ses faons? Ce que tu me fais pas faire, sérieux... Je les adore, mes cheveux, tu sais?
Elle secoue la tête, glousse un peu, comme si c'était drôle.
Ce ne sont que des cheveux. Ils repousseront.

Elle s'empare de son sac avec un dernier soupir résigné et fouille à la recherche de sa brosse, tend une de ses mains vers Loup avant de relever les pupilles vers lui. Passe les ciseaux, tu veux bien?