amazed

You turn mysorrowinto silk

You make my heart spin sorrow into silk
You make me sleep like a young child with warm milk
You held me tighter when I pushed you away

You're so superb superb

Il brûle si fort — son corps s'est tordu sous la venue d'eau chaude dans sa salle de bain personnelle. Il a forcé la rondeur de ses doigts à ancrer cette réalité — l'échine ployée et tremblante, pourtant — pourtant Helio s'est rapidement extirpé du Tartare.
Son égo s'est liquéfié et désormais, Helio n'a plus rien pour lui — les constellations se sont brièvement éteintes et n'éclairent plus la nuit suffisamment pour s'endormir sans vomir.

L'heure du couvre-feu n'est pas encore passé — les monstres ne peuvent venir réclamer le coucher et les rêves mièvres.
Sa carrure est toujours rouge — sa chair reprendra de l'éclat bientôt, celui de l'ivoire, celui de la soie. Ses pas sont légers à travers le corridor bordeaux, son regard divague — ses ongles se plantent à la lisière de sa nuque, s'évadent jusque sa mâchoire afin de gratter, rogner, déchiqueter les menaces qui surplombent sa peau. Mais rien n'y fait, le danger macère toujours, scinde son corps en deux — Helio manque de se laisser charcuter par les autres, comme une offrande viscérale, que les Dieux dévorent ses tripes et n'en laissent que les os pour les cabots.

Helio se traîne alors — retient en son sein toute l'amertume envers Selen. Celle qu'il oubli souvent pour ne pas finir seul, pour ne pas que son sang gangrène et que ses souvenirs demeurent intacts, qu'il ne puisse — jamais parlé au passé de lui.
Sa gorge gonfle à chaque bouffées d'air, sa cage thoracique incombe de s'ouvrir plus encore — il n'y a pas assez de place là-dedans. Il étouffe. Il étouffe et il a l'impression de crever.
La piscine est encore ouverte — il n'a entendu personne dans les vestiaires. Alors il se libère de ses vêtements, s'avance jusqu'au rebord et laisse sa peau s'imprégner de l'eau chlorée.
Son odeur est agréable — même s'il n'aime guère la garder sur lui.
Doucement, Helio s'immisce en elle, la dérange de cette intimité méritée.
Doucement, Helio plonge au travers, roule en boule et finit par se défaire de son emprise indélicate — l'heure n'est pas de s'y noyer.
Peut-être un autre jour, dans une autre vie, un autre univers, un autre nom.

Son attention se décompose quand les perles ruissellent de son front et tombent à l'intérieur des paupières — la douleur le force à enfoncer les pouces dans les orbites.
Il finit par pleurer silencieusement — c'est affreux. Helio hoquète et finit par se raccrocher au rebord, les paumes esquintent son visage — il ne veut pas se voir ni qu'on le voit.
Mais ses épaules trahissent cette fragilité qu'il n'a jamais su abandonner — c'est une humanité qu'il a dû apprendre à respecter.

You turn mysorrowinto silk

You make my heart spin sorrow into silk
You make me sleep like a young child with warm milk
You held me tighter when I pushed you away

You're so superb superb

Son intimité est percée — dévoilée à la vue de l'impie et de ses blasphèmes.
Son intimité a éclaté en un fragment décortiqué par l'orage — Helio ne peut plus revenir en arrière, les gouttes iodées ont parfumé sa carne. Il ne s'était pas senti aussi humain depuis lui.
Son poitrail s'enfonce contre la paroi immaculée — son cœur lui, ne peut plus s'échapper. Il a beau tambouriner à vouloir le faire vomir — sa place est dans le centre de son être, au milieu des choses demeurant dissimulées.
Le rubis morcelé ne peut se permettre de cesser de cogner et de gratter contre la membrane pourpre et veineuse — sans lui, Helio va devoir abandonner. Il ne peut pas — pas quand les pièces s'assemblent doucement dans son esprit, qu'elles finissent enfin par signifier quelque chose.

Le silence s'est rompu dès que le garçon a la crinière solaire s'est immiscé ici — Teivel a dévoré le bruit de l'eau et de son propre métronome intérieur. Helio ne peut plus entendre de mélodie — il ne peut qu'écouter le garçon devant lui, ses murmures soufflés comme un supplice. Helio a mal de l'entendre — c'est un mal-de-l'Homme, quelque chose comme ça.
Ses paumes serrées —Helio ne se sent plus à l'aise, au sein de ce drap humide. Ses guiboles ont cessé de se débattre et ses épaules vont finir par rompre, s'il continue à être aussi raide.
Le garçon qui n'a rien du stellaire finit par lever la tête — toute sa tignasse ébène retombe sur ses sourcils puis ses paupières, scotchée à ses tempes, il est prisonnier de son propre corps. C'est ce que ressent Teivel — désormais inhumain ?
Doucement ses prunelles reviennent à lui — Helio est pathétique, il peut le sentir contre sa peau, sous la plante des pieds et même à travers les lèvres de Teivel.
Il entend même les murmures graver l'épiderme — Helio enrage dans son intérieur. La lave franchit déjà les orbites mais elle n'est pas brûlante. Seulement maussade.

Qu'est-ce que ça peut t'foutre, Tev' ? — Helio force sur les avants-bras et s'extirpe hors du bassin, bouscule l'autre. Il ne supporte pas de le voir aussi haut, au-dessus de lui. Il n'a pas besoin de voir les étoiles d'aussi près. Si t'es venu m'faire chier c'est pas l'moment j'te préviens.
Ce n'est jamais le bon instant — il n'existe pas. Helio s'assoit sur le rebord dos à Teivel, les muscles contractés, les nerfs à vif.