amazed

Auprès de ceux pour qui tout va bien
mon pouvoir est sans importance.

Auprès de ceux pour qui rien ne va jamais
mon pouvoir est une nécessité.

Tout est bien relatif dans cette enceinte circulaire où tout y est carré.
Des formes qui ne s'alignent pas avec les autres. Le cube qui n'intègre pas le triangle. Certaines formes inadéquates arrivent parfois à glisser dans les angles trop grands,
parfois pas.

On aurait pu croire que Anton aurait fait partie de ceux qui n'ont aucune chance, mais moi, tout ce que je vois, c'est qu'il est la preuve formelle qu'on peut faire du molosse le plus terrifiant, la plus grande sûreté d'un jardin.

Au club de boxe, il y a comme une habitude d'y jeter la plupart des laissés-pour-compte. Ceux qui ont besoin de quelque chose dans lequel frapper, ou ceux qui ont besoin de plus de temps. Le club de boxe nous a évité quelques massacres et je pense qu'on ne le réalise pas assez quand je renifle les odeurs de cruor qui fermentent entre cordages et ferraille.

Anton s'était tordu au plâtre de ce colisée.

- J'ai parlé ?

Parfois, je ne sais pas si j'ai pensé longtemps et fort ou si j'ai vraiment articulé.
J'imprime le sourire de Anton. C'est quelque chose qui a de la valeur.

- Je me disais que le club de boxe nous avait évité des catastrophes. Tu sais, ceux dont le pouvoir repose sur la force et ses limites.

C'est un exemple.

- Qu'est-ce que tu ressens quand tu combats ?

Moi je ne me bats pas. Je ne me bats jamais qu'avec la parole et un peu de fantaisie. Je tords des neurones et change le cours des pensées, mais je ne saurais déplacer des côtes comme Anton en a sous la carcasse, au moment où mes yeux glissent pour observer son abdomen. Puisqu'aujourd'hui, je ne porte pas mes lunettes.

Je ne les porte jamais quand il se passe quelque chose d'important.