well it's easier than just
waitin' around to die
le Père l'a prévenu avant tout le monde. ou peut-être que c'est ce que jim veut croire. toujours est-il qu'il prend son rôle à cœur. il a choisi les parcs du campus d'abord pour leur nature ordonnée, inorganique, rassurante ; ensuite pour leur air et leurs couleurs. il s'est dit qu'ainsi ils pourraient converser en se promenant et que cela ferait mieux que dans un bureau. il projette probablement, s'imagine qu'elle aura peur de fouler le sol d'une enclave inconnue. il se dit que cela doit être difficile, de savoir que le paradis n'existe pas. il se le figure comme s'il n'était pas concerné, comme s'il n'avait jamais été jeune - il ne se souvient pas de ce que cela fait, de vivre en ayant tout juste trente ans.
le Père lui a dit : elle s'appelle grace. jim s'en souvient, parce qu'il a trouvé, en la voyant, qu'elle portait bien son prénom. c'est qu'elle fait presque sa taille, qu'elle est impeccablement coiffée, qu'elle se tient et marche droit. cette observation l'a d'abord intimidé et même en évitant soigneusement de la regarder dans les yeux, il n'a pas réalisé qu'il était peut-être le plus apeuré des deux.
alors, qu'en pensez-vous ? de tout ça. de la mort au Paradis, de Lui, de notre mission, de cette nouvelle prison. bien sûr que ce n'est pas naturel de poser la question de cette manière, de passer du silence à l'absolu. les bras de jim pendent le long de son corps sans conviction. on dirait en le regardant qu'ils ne sauraient se positionner d'aucune autre manière. sa main gauche joue avec le tissu de son pantalon.
c'est un grand changement, j'imagine, sa propre platitude lui est exaspérante. conscient de son insuffisance auprès des autres adultes, il s'efforce, devant grace, de maintenir une voix solide.
je suis là pour vous aider. vous pouvez me demander ce que vous voulez. sa générosité n'est pas vraiment altruiste, bien qu'il soit convaincu du contraire.
jim s'immobilise un instant. ici, les feuillages dessinent des lumières dansantes sur la pelouse. il prend le temps de contempler cette nature qu'il sait fausse et qu'il connait par cœur.
est-ce qu'on vous a laissé le choix ? si oui, vous avez fait le bon. nous avons de la chance, vous savez.