amazed

âme tourmentée qui erre entre la chair et l’éther ✦ son corps est une prison qu’il n’a jamais appris à aimer, il le perçoit comme un assemblage de matières discordantes où chaque mouvement est imprégné de l’inconfort d’un être qui aspire à se dissoudre dans l’air, à s’échapper de cette pesanteur organique ✦ de ce fait, déteste les miroirs qui reflètent une condamnation — celle d’un soi qu'il abhorre avec une passion qui frôle la folie ✦ les remontrances de son enfance résonnent encore douloureusement en lui ✦ se dévore les mains d’angoisse, mordille la chair jusqu'à ce qu’une perle de sang s’échappe, douce et amère ✦ sous la douche, il se frotte jusqu’à effacer l’empreinte de son propre corps ✦ cherche dans la douleur une forme de purification ✦ le néant est son seul refuge, une apathie dans laquelle il se perd sans effort : il peut demeurer immobile durant des heures, les yeux vides, comme si le monde extérieur n’avait plus aucune emprise sur lui ✦ cruauté froide, méthodique ✦ le désir brûlant de rendre au monde les blessures qu’on lui a infligées ✦ (besoin profond d’être accepté et de regagner la société qui l’a rejeté) ✦ conscient néanmoins que cela n’arrivera jamais ✦ #teaminsomniaque ✦ persuadé d’avoir oublié comment pleurer ✦ face aux autres, il présente malgré tout un masque poli, excessivement courtois ✦ se console dans les Arts sans jamais s’y prêter entièrement, assiste néanmoins à toutes les représentation assis dans un coin de la dernière rangée ✦ maniacal dans ses obsessions trop nombreuses ✦ la propreté est pour lui une autre forme de contrôle, et les odeurs le fascinent autant qu’elles le répugnent ✦ les hommes qu’il désire éveillent en lui une attirance étrange, presque carnassière ✦ se prétend taxidermiste : les cadavres qu’il recueille ne sont pas destinés à l'éternité figée de la vitrine, mais à un festin intime, partagé avec ses vers ✦ considère ces derniers comme sa chérie progéniture, nourrie par les chairs en décomposition qu'il leur offre avec une dévotion maladive ✦ arpente discrètement les lieux déserts en pleine nuit ✦ a appris à accepter, voire à embrasser, le rôle de monstre qu’on lui a imposé — s’amuse parfois à effrayer ceux qui, par arrogance ou par ignorance, s’approchent trop près de sa tanière ✦ éprouve le regret lancinant de son adolescence perdue, passée dans la réclusion, loin des expériences qui forgent les âmes ✦ l’humour étonnamment tranchant, distillé avec l’acidité d’un sarcasme glacial, parfois même à l’orée du dédain — il se place en observateur cynique, jouit secrètement de sa supériorité feinte dans sa tentative de survie ici-bas ✦ a l’amère conviction d’avoir raté sa vie ✦ n’a jamais gouté aux Parents, se promet de le faire avant ses trente ans ✦ a noté les noms de ses harceleurs pour ne jamais oublier ✦ colère animale, irréfléchie, de celle qu’on a trop longtemps réprimé pour pouvoir apprivoiser désormais ✦ et son amour lui, n’a rien de l’idylle humaine que l’on chante dans les poèmes — il est insidieux, étranger aux règles du cœur, il rêve d’infester l’être aimé, de le corrompre de l’intérieur ✦ le désir n’est pas charnel, mais organique, une fusion parasitaire où il ne laisse rien intact, dévore l’autre comme ses vers dévorent les corps. c’est une possession, une colonisation sans rémission ✦ etc