amazed

12 ansIl flippait pas vraiment pour la sélection, au contraire, il avait hâte de quitter la nurserie et de commencer une vie un peu moins carrée (en tout cas, c’est comme ça qu’il voyait les choses). Selen n’est pas mature, mais il s’est toujours senti "grand". Pas vraiment bordélique, toujours à traîner dans les bottes de son aîné et de son jumeau, à essayer d’être à leur hauteur. Au fond, c’était un bon gars, mais son vrai souci, c’est qu’il était beaucoup trop con. Et le problème quand t’es toujours dernier, quand tu te compares sans arrêt, surtout quand t’es fragile émotionnellement, c’est que tu craques plus vite que les autres. Et la panic room l'a mit face à l'évidence.

15 ansMalgré quelques privilèges obtenus grâce à sa sélection bancale, Selen se sent complètement à la ramasse. À côté de sa fratrie, il se trouve ridicule, inutile. Trop différent d’eux, malgré le même sang qui coule dans leurs veines. En fait, il se sent même à part de la plupart des blocards. Ce n’est pas qu’il ne veut pas, c’est juste qu’il n’y arrive pas. Il fait des efforts, légers mais vitaux pour lui. Pourtant, ça ne leur suffit jamais. On lui en demande toujours plus, encore et encore, et lui, il en a marre. Selen est réaliste - ou peut-être juste pessimiste - il préfère vivre comme il l’entend, plutôt que de courir après des attentes qu’il ne peut pas satisfaire. De toute façon, il est loin d’être parfait : bien trop hargneux pour ça.

Y’a pas besoin de paroles, mais la confiance est là. Même si Selen est un idiot né, il capte que certains de ces privilèges ont de la valeur pour ses camarades - surtout pour Hélio. Comme il sait qu’il ne vivra jamais dans la lumière, parce que ça n’a jamais été son rôle, il balance tous ses vices et problèmes à Hélio, prétextant qu’il l’aide à s'en sortir. Mais Selen sait très bien comment ça va finir. Il attend juste que ses conneries soient rapportées, histoire d’embellir un peu la vie de son double.

Leur lien lui suffit. Si ils ne peuvent pas être égo, autant que l’un des deux profite à fond des avantages de l’enclave. Qu’il partage ou non, Selen n’en parlera jamais.

18 ansAstréos, le gamin parfait, devient ingérable. Selen ne pige pas trop ce qui se passe, mais ça le fait sourire jusqu’aux oreilles. Pour une fois, il a l’impression de se rapprocher de son aîné, ce modèle inavoué. Si proche et pourtant si loin, aujourd’hui encore, il ne capte toujours pas ce qui a causé cette chute soudaine. Selen réalise que, malgré l’amour qu’il a pour ses frères, il est complètement à côté de la plaque.

Début janvier, Astréos se fait moissonner. Selen ne sait même pas ce qu’il est censé ressentir quand les autres blocards applaudissent et festive son départ. Lui, il n’a ni applaudi ni souri.