amazed

Phil n'a pas compris l'intérêt que Robin lui porte, c’est un fait qu’elle s’est contenté d'accepter, elle n’a pas de raison de s’y opposer, et Robin semble apprécier ses moments alors il serait mauvais de sa part de l’en privé alors qu’elle-même n’en ait pas toujours dérangé. Parfois peut être, mais ce n’est pas une généralité et elle ne peut y poser trop de jugement, ce serait encore une fois mauvais de sa part.

Ici elle la suit dans la terre, corps protégé de bottes comme simple accessoire détonnent du reste de ses vêtements ne s’accordant en rien au travail de la ferme. Personne pour autant questionnera sa présence, Phil non plus, elle n’est pas mauvaise, et elle apprécie Robin comme une collègue puisque c’est avec ses aspects qu’elle se présente habituellement face à elle.

Je ne peux pas juste aller au club sans prévenir se serait malpoli tu ne crois pas ? Qu'elle précise et questionne à la fois, sorte de rappel avancé tandis qu'elle se décale pour ne pas devoir enjamber un cochon, elle n'y serait pas arrivé,  serait tombé dans la boue tête la première, elle ne peut pas faire ça, devant Robin, devant les autres femmes de la ferme. Puis j'ai le club de théâtre aussi, tout le monde est censé venir alors qu’est ce que les autres penseront si je n’y suis pas.. C'est une évidence elle ne voudrait pas décevoir ses ainées en annulant sa venue à la dernière minute, ce serait bien trop décevant, oh non, non, non ! Les excuses s’accumulent et la confortent, elle ne devrait pas retourner au club de débat. Je pense que le club fonctionne très bien sans moi finalement, je n'y apportais pas grand-chose alors c'est mieux ainsi, même si je ne parle plus autant de moi je te l'assure. Le ton est celui de l'anecdote, son départ du club est peut-être encore récent mais il est certain qu'elle n'est plus la même personne, elle peut se concentrer sur Robin même. Il faudrait qu'elle le fasse (le prouve) d’une proposition ou une question axée sur elle pour ça, pour que la conversation se relance de son côté et que l'on évite le sujet du sien, il suffit juste d'une bonne approche. Les cochons ont l'air de t'apprécier je trouve ! C'est dommage que tu ne travailles pas à la ferme. Bien.

Phil maintient son rythme, rend invisible par ses quelques pas d’avance le froncement de ses sourcils. Elle aurait préféré que Robin aille dans son sens, évidemment, et évidemment Robin ne l’a pas fait, s’oppose sans résoudre ses problèmes. Le problème du club de théâtre est toujours là. Il se maintient au titre de l’excuse la plus solide, court terme soit, il ne faut pas penser aux aboutissants de demain.

Elle a autant de bonnes que de mauvaise volonté, prend le temps dans son ton sans être sûr qu’elle en a envie, la possibilité de partir en courant existe, fuir, (elle ne l’exécutera pas puisque Robin finira forcément par la rattraper rendant la finalité honteuse). Mais, le but du club de débat n’est pas de parler que de soi, tu sais je crois que je n’aime même pas ça les débats.

L’écart réduit, la voilà qui défroisse ses traits d’un naturel existant, la moue toujours reste accrochée à ses lèvres, au coin de ses yeux, petite colère. Je ne t’imagine pas à ma place, je t’imagine à mes côtés c’est différent ! Je ne voudrais pas quitter la ferme. Qu’elle vient corriger au plus vite. Mais je sais que tu ne viendrais pas ici et que oui tu as d’autres choses à faire, pardon, c’était juste une pensée qui m’a traversé l’esprit. L’excuse est venue plus vite qu’elle ne l’aurait voulu, elle n’est même pas sûre qu’elle ait ou non sens, elle n’était là qu’en facilité. Elle ne devine pas les interrogations de Robin, n’y voit que l’envie de deviner la honte qui a forcé son départ, la possibilité de souligner un défaut trop apparent de la petite fermière, pourquoi chercherait-elle une solution si elle peut bien plus gagner en la pointant du doigt. Elle ne perçoit en elle que le pouvoir de son rang étoile, de son poste supérieur au sien Tu sais moi je suis heureuse ici, et je ne l’étais pas autant au club, je ne comprends pas pourquoi je devrais faire des choses..me forcer à faire une tâche que je n’apprécie pas.

Peut-être que Phil retrouve en Robin le désagréable du débat, du tort qu’elle porte toujours elle, de sa faiblesse en entité, en tout de son existence, car elle n’a pas fait assez, pas assez longtemps. C’est faux, elle ne le sait pas, n’en est pas certaine, on l'impose en contradiction, elle fait soit trop, sinon pas assez, par pitié accordez vos jugements, elle ne sait quels indicateurs adapter. Elle n’a que sa colère et ses ongles qui s'incrustent dans le creux de sa paume. Elle ne peut pas manquer de respect à Robin, elle ne veut pas être méchante avec elle, lui prouver raison, perdre la confiance de Magda, mais on l’agace et elle ne sait rien faire d’autre que se taire. La réponse, la bonne réponse ne lui vient pas.

Non j’en suis sûr, enfin oui, enfin-bref. J’ai du travail à finir Robin, et je vais m’attirer des ennuis si je continue à ne rien faire, on pourra continuer plus tard je sais pas, pardon, je dois vraiment y aller. La retraite est aussi rapide que ses mots, ses pas s’emportent vers l'extrémité de l’enclos. Elle sait pourtant que Robin n’est pas si complaisante, pourrait seulement l’aider, elle n’a pas le choix, elle se l’impose ainsi, le problème n’est pas le sien, c’est celui de Robin, c’est elle qui improvisait des réponses et des solutions qui n’était que humiliantes. Alors elle tend l'oreille au premier pas que son aînée fait, l'associe à la première glissade. Les pieds, tout petits, tout discrets, aussi vite apparu que disparu ont trouvé assez de liberté sur ses chaussures pour empêcher son pas, la forcer vers l’arrière sans que cela ne paraisse trop anormal, elle le croit, espère, que le sol juste puisse être digne d’être incriminé, tout sauf elle.