amazed

Midi est toujours assez attendu. En restant enfermé toute la matinée pour suivre des cours, le déjeuner est naturellement devenu synonyme de ses réels débuts de journée - c’est là qu’on commence à parler et rire avec les autres.
Et quoi de mieux que le réfectoire pour écouter les différents potins, il y en a dans tous les sens !

Nine s’avance avec sa bonne humeur habituelle, presque insupportable car il a ce côté imbus de lui-même -
son sourire en agace plus d’un !

Austin par exemple.

Il s’arrête lorsqu’il se fait interpeller. Il n’hésite qu’une seconde le temps de jeter un coup d'œil dans la salle afin de constater les plusieurs options possibles. Mais ce serait louper une rare occasion - si gentiment proposé en plus !

Nine pose son plateau en face et non à côté. Il préfère les conversations en face à face. Cela permet toujours de mieux voir les expressions déformant le visage des autres.

“Tu m’as attendu ? Juste pour me parler ? Je vais pouvoir frimer.”

De ses deux mains, il te présente comme un objet de valeur : trois étoiles ce n’est pas rien !

“Austin m’a invité à manger avec lui. Il m’a attendu, ouais. Il est resté là assis tout seul juste pour moi - quelle chance !”

On sent une pointe d’ironie dans sa voix. Après tout, il ricane !
Austin n’est pas une personne qu’il porte dans son cœur.

“Moi, ça va toujours. Je vais pas te demander car toi aussi ça a l’air d’aller.”

En fait, il ne l’apprécie pas du tout.
Nine commence à manger son repas - nettement moins copieux que le tiens - tant qu’il est encore chaud.

“Courte de mon côté mais oui. Pourquoi ça t’intéresse ?”

Face à lui, c’est le genre de personne à tout murmurer aux parents. Il faut dire qu’avoir plusieurs yeux partout dans l’enclave rend les choses plus facile pour s'immiscer dans la vie des autres.
Les questions d’Austin ne sont jamais sans arrière-pensée - il sait toujours plus que les autres blocards !

“T’as perdu ma trace à un moment, c’est ça ?”

Après tout, Nine sait parfaitement où il est était, et pourquoi pour toi il ne pouvait plus être là.
Son poignet est encore légèrement rouge d'une ancienne crise d’urticaire.
Mais ça tu ne l'as pas vu.

“Tu comptes manger ton dessert ?”

Il enchaîne en pointant de son index ton plateau presque vide.
Lui, il n'a jamais le droit à de desserts !

Il hausse les épaules.
L’avis des autres ne lui importe jamais.
S’il hurle, c’est qu’il en est le premier amusé. Ce n’est pas lui se retrouve embarrassé de sa voix. Ce sont toujours ses interlocuteurs, facilement surpris ou agacés par l’entrain bruyant et étouffant de Nine.

Et c’est par cette insouciance qui se lit partout sur son visage,
celle des jeunesses frivoles,
celle qui fait dire : ça lui passera !
qu’on a tendance à le sous-estimer.

Alors il n’ajoute rien à ta remarque.
Seulement un rire.

“Tant pis j’irais au Social Club.”

Sous-entend qu’il n’a pas besoin de tes desserts, et qu’il ne fera pas les efforts nécessaires pour le plaisir des autorités. Il y a plein de gâteaux au Social Club. Et il a aussi beaucoup d’amis qui peuvent lui payer.

“De l’obsession carrément ? Juste parce que j’ai déjà essayé ? T’exagère pas un peu ? Je m’en fous de Joji. C’est ses mues que je voulais voir.”

Nine ne mange jamais très vite.
Il parle toujours beaucoup lors des repas.

“C’était l’idée de Kiki en plus. Tu me mets tout sur le dos - c’est pas cool.”

Il fait mine d’être vexé une seconde -
Avant d’enchaîner, son rictus trop impertinent de nouveau sur les lèvres.

“J’avais perdu mon étoile à cause de ça l’année dernière. C’était un peu pour fêter le truc quoi !”

Car Nine ne s’est jamais senti aussi libre depuis qu’il n’a plus besoin de se soucier du nombre d’astres qui lui vole autour.
Lui c’est le soleil - au centre de tout, l’étoile la plus grande, la plus brillante et la plus chaude ; il n’a pas besoin de se lier aux autres constellations pour exister.

“En plus, on n'avait pas réussi à rentrer la dernière fois. Quelqu’un nous avait vu avant. Donc même si Joji est venu, c’était une première victoire.”

Il lui en faut peu.

“Puis tu sais, c’est pas grave si on m’attrape.”

Car se faire attraper par un parent, ça veut forcément dire avoir peur.
Ce sont des sensations qui le font trembler et Nine adore le ressentir dans ses os.

“... T’as le seum de pas avoir vu le spectacle, hein ?”

Il se penche en avant : posant ses coudes, ses bras se déroulent jusqu’à ce que ses paumes tapent contre la table, encerclant vos deux plateaux ; il s’approche le plus possible de toi.
Ainsi, sourire aux lèvres, c’est vicieusement qu’il murmure ces insultes.

“T’es vraiment qu’un sale voyeur.”

Le comportement d’Austin à toujours été dédaigneux. Cela rend les discussions rapidement hostiles - c’est insupportable de parler avec une personne qui ne considère pas les autres !
Mais ça ne touchera pas Nine. Puis il se sent encore vainqueur de la chasse avec Joji - il est de trop bonne humeur pour que sa journée soit ruinée par une vulgaire altercation -
Dans deux jours il n’y pensera plus !

Il louche un instant sur la cuillère puis ricane, se moquant ouvertement de ta personne.

“Oui, d’accord - si ça te fait plaisir de passer pour un mec bien.”

Faussement amicale, il tapote ton épaule - comme on le fait parfois pour féliciter les idiots.
Puis il se redresse.

“Tu pensera bien à laver tes vêtements - vu que je suis sale apparemment. Fin ça devrait aller vu que t’es buandier.”

C’est facile de jouer les héros. On vous acclame pour le strict minimum et cela vous donne de jolies médailles à porter sur le col.
Nine sait que cela ne lui va pas. Il préfère les petites broderies de couleurs, où les formes laissent à désirer par l'imprécision - c’est plus amusant et personnel.

“Ah non ‘scuse - t’es Maître buandier.”

Il reprend son repas et ne réfléchit le temps d’une bouchée seulement pour reprendre.

“Est-ce que c’est parce qu'il y a “maître” dans ton nom de poste que tu te penses meilleur que les autres ? C’est la lessive qui te monte à la tête ? Tu dois sacrément te faire chier si dans ta tête t’occupe deux poste à la fois.”

Austin se pense important alors qu’il n’est qu’une vulgaire petite étoile parmi tant d’autres.
Cela le fait rire.

“Remarque - avec ton pouvoir tu ne servirais à rien d'autre. Je comprends, fallait bien trouver un truc à faire.”

Mais Nine se fiche de passer pour l’imbécile - cela exaspère les autres, fait même parfois rire certains, et surtout Nine le premier et c’est ce qui lui importe vraiment ! Il aime se mettre en spectacle, toujours de manière excessive pour s’étaler dans les conversations jusqu’à réussir à prendre les devants - on ne parle même plus de Joji !

“Non.”

Il ment seulement pour t’embêter d’avantage.
Nine comprend bien qu’il passe pour un parasite (même pas une personne !) de ton monde parfait. C’est lui qui met la pagaille, qui parle et rigole toujours trop et fort, qui n’en fait qu’à sa tête - et toi ça t’irrite !
Austin sont les profils les plus détestables comme amusant à taquiner.

Enfin, puisque tu sembles aussi avoir beaucoup de choses à dire, Nine reprend son repas.

“C’était une blague, Austin.”

Pour une fois il a été assez sympa pour te laisser terminer monologuer sur tes activités
Il s’en est même mordu les joues pour éviter de t'interrompre avec des rictus incessant -
Tu es le plus important alors il faut bien te laisser un peu de place !

“Tu sais, du second degré - pour me foutre de ta gueule quoi.”

Puis au moins, cela lui a laissé le temps de finir son repas également.
Il jette sa serviette dans son assiette vide puis s’accoude sur la table. Et entremêlant ses doigts, cela lui sert d’appuie pour y poser sa tête.

“Je sais que mon pouvoir n'est pas spécifiquement utile pour un poste - ça me rend juste plus fort. Mais justement il s’adapte à plein de trucs du quotidien ! Juste pour ça, il est mieux que le tiens.”

Dans ton monde peut-être que tu es le meilleur (il veut bien l'admettre).
Mais à l'échelle de l’Enclave, qui sait ?
Définitivement pas à la première position. Il en est sûr.

Le sourire de Nine s’élargit.

“Par exemple, je pourrais facilement te battre si on en venait aux mains.”

Il est sûr de sa victoire dans ce cas là.

“Toi tu pourrais rien faire de plus. Juste t’en remettre à ta force de base.”

Et juste pour ça - il est meilleur que toi.

“Dommage c’est interdit !”

Il se redresse de nouveau, les mains se levant en l’air pour signifier une trêve - faut pas le prendre trop au sérieux !

En effet, il refuse l’idée de perdre face à Austin. Surtout lorsqu’il s’agit d’une bataille verbale -  les mots peuvent devenir des armes cruelles et Nine adore les manier - il est facile d'ébranler les gens en appuyant là où ça fait mal.
Le problème est que Austin à une trop haute - voir complètement démesuré - estime de soi ! Cela complique les choses mais ne l’amuse pas moins.
Au contraire, ça ajoute des niveaux de difficulté à ces jeux favoris.

“Non je sais bien que nous sommes pas des animaux.”

Nous sommes pire que ça - car l’être humain est atroce dans ses vices, le rendant terrible dans sa cruauté.
Nous savons mépriser, insulter, mentir ; tout cela par le désir d’être meilleur qu’un autre, on écrase sans aucun scrupule.

Du coin de l'œil, Nine scrute ces silhouettes d’autorités qui surveillent la salle.
Le dos tourné, ils ne regardent pas en votre direction, alors il faut faire vite !
Il t’attrape le col de la veste d’une main, la froissant entre sa poigne pour t’attirer vers lui (il lui semble que dans le mouvement, son verre s’est renversé sur son plateau).
Ainsi il peut te regarder droit dans les yeux, te parler un peu plus bas -

“Tu le sais pourtant que c’est pas l’interdit qui me fait peur, Austin.”

Autour, on ne retrouve pas tant de mouvement. Après tout, tu es au centre des sans étoiles - là où les règles sont ignorées, là où les blocards s’amuse des transgressions, là où comme tu le dis si bien - nous sommes sales par les existences parasites.

“Tu verras quand ce sera plus qu’une théorie.”

Pour toi ou quelqu’un d’autre.
Quand il perdra patience de vos regards injustement dédaigneux.

Son regard dévie de nouveau et croise un visage interrogateur de la scène.
Alors comme toujours - Nine n’hésite pas lorsqu’il s’agit de se mettre en spectacle dans le rôle du pitre - il dépose un rapide baiser sur ta joue avant de te relâcher pour se reculer dans son siège ;
il ne se passe rien de grave !
Il rigole alors qu'il ramasse son verre, nettoyant vulgairement la petite flaque avec sa serviette.

“Tu ferais vraiment un super grand frère - merci d’avoir veillé sur moi !”

Il annonce assez fort pour que sa voix résonne de nouveau, habillant son mensonge d’un grand sourire - Nine sourit tant qu’on ne différencie plus lesquels sont sincères ou non !