amazed

Nine s’en est rendu compte en quittant la fête également, quand tous les autres ont commencé à se regrouper pour suivre les premières notes de musique ;
il ne te voit nulle part -
dans sa ferveur quasi maladive il n’a pas pensé à te donner lieu du rendez-vous !

Mais cela n’arrête pas Nine dans ses élans. Il ne doute pas jamais, et n’angoisse pas à l’idée de ne pas se retrouver - il connaît Kiki et il sait que vous vous croiserez à un moment ou un autre.

“Kiki !” Lui aussi fait de grands mouvements avec ses bras lorsqu’il te voit plus loin - ses mains terminent contre tes paumes “On est trop sur la même longueur d’onde ça ne peut que bien se passer ce soir - je le sens.” Même si vous vous faites attraper - il s’amusera.

“Oui t’as raison allons-y !” Il enroule un bras par dessous le tiens et se dirige vers l’appartement en question “De souvenirs c’est celui-là.” Il pointe la porte en question. Puis te relâche une fois arrivé en face “Normalement on devrait avoir un peu de temps devant nous. Je l’ai vu là bas - il avait l’air concentré sur la foule.”

Nine pose une main sur la poignée “Bah-” se surprend que la porte s’ouvre facilement sans encombre. Même lui ne sait pas quoi dire dans les secondes qui suivent - puis il ricane “... C’est super facile en fait !” la porte s’ouvre grand dans l’élan, il s’engouffre dans la chambre avant de fermer derrière toi “Tu penses que ça ressemble à quoi ses mues ? J’arrive pas trop à imaginer mais ça a l’air dégueulasse.”

Il avance d'un pas décidé : écrasant le sol étrangement trop propre, ouvrant des tiroirs sans les fermer, fouillant dans les recoins sans gêne, faisant tomber les rares objets ; une tornade qui passe. Il se retourne un instant vers Kiki et rigole fort - sa voix résonne en éclat contre les murs trop vide de cette chambre absurdement grande par rapport à son cachot.
Nine s'approche vers toi, essuie de ses deux mains tes joues pailletés de couleur. Son ricanement est un peu plus discret. Il essuie ses paumes contres les tissus du lit, maintenant brillant et taché par le maquillage.

“Voilà ! J'aimerais bien signer - des fois les méchants ils font ça dans les films. Mais on pourra pas fuir c'est un peu nul.”

Il s'assoit à tes côtés, face a la pièce pour l’inspecter.

“Hmm… si j'avais des mues a ranger je les mettrais dans des boîtes. Pour bien les garder au sec.” Mais lui il pense aux araignées. “Sauf que lui c'est taille humain.”

Il se redresse pour recommencer à fouiller d'autres placards. “Ah !” Il s'exclame face à ce qu'il découvre : il pensait tomber sur de simple vêtements “Kiki vient voir c'est là !” Il attrape une des mues qui pend sur un des ceintres. Il tend les bras pour le voir dans son intégralité - comme si on le fait avec les beaux manteaux.

“...” C'est comme un Joji, sec, plat, blanchâtre et légèrement transparent. Il y a un truc compliqué à réaliser mais sans trop mettre de mot dessus par l'étrangeté de… la chose. “... C'est vraiment dégueu. Il les garde pour quoi faire ?” Il renifle par curiosité - ça a une odeur un peu putride, mélangé à celle de Joji. Il grimace. “Tiens.” Il te la force entee les mains.

En voyant la peau traîner au sol, Nine se met à rire à son tour. Comme c’est un Joji de papier qui se trouve entre vos mains, il se dit que tu pourrais facilement t’y cacher à l’intérieur par ta petite taille - comme un déguisement.

“Ce serait grave marrant que ça se mange. Mais est-ce que ça a vraiment du goût ? C’est de la peau morte techniquement.”

Mais c’est Joji.
Il n'a peut-être pas le même goût que Nine ou Kiki.
Joji est bizarre comme ça.

“Bonne idée ! Je vais en prendre une aussi.”

Parce que sinon vous devriez vous la partager. Mais Nine veut un trophée entier !
Il décroche une nouvelle mue d’un cintre et commence à la plier à son tour pour la glisser sous son t-shirt. Il tapote son ventre - là où il y a la mue camouflée.

“J’aimerais bien goûter. Mais plus tard - faut se préparer mentalement un peu.”

Il zieute de nouveau l’appartement mais il n’y a pas grand chose d’autre au final.
C’est presque décevant !

“Elle est nulle sa chambre. J’ai rien trouvé de trop intéressant - ah si ! Il y avait des carnets mais il écrit trop mal.”

Il s’en moque - ça l’agace que dans les faits Joji soit meilleur que lui. Il peut au moins rire de ses rares incapacités.

Chacun paré des peaux volées, désormais il suffit simplement de quitter la pièce et courir vers la base des sans étoiles pour pouvoir hurler victoire. Ils laisseront des traces de leur passage comme ceux qui n'ont rien à cacher, ni rien à se reprocher -
peut-être même une invitation aux querelles.

Car Joji fait d'abord trembler.
Mais c'est parce qu'il fait trembler qu'il faut en intensifier les peurs - Nine s'en sentira plus fort.

“Ouais je vais faire ça.”

Il se dirige en dernier vers les tiroirs pour récupérer un journal. Il ne les trouve pas plus intéressant que ça mais par principe aujourd'hui il est chapardeur.
Nine rejoint ensuite Kiki. Il la suit dans la discrétion du crime et étouffe son propre ricanement entre ses paumes.

Tout s'est bien passé.
Peut-être un peu trop.

Joji n'a rien des grenouilles aux couleurs vives et intenses ; presque iridescentes.
Ça rend sa présence terne de cruauté et on finit toujours surpris de ses arrivés.

Les deux criminelles passe la porte ensemble, ricanant encore d'euphorie et d'adrénaline.

A peine le palier franchi, les voici face à celui qui allait mettre un terme à la soirée.
Ou plutôt le début, simplement un nouveau tournant que Nine attendait presque.
Car la présence de Joji en ces lieux n’a rien d’une surprise ! Bien qu’un blanc impersonnel, c’est son appartement et on y retrouve quelques affaires. Puis aucun plan n’a été établi, Nine et Kiki n’ont jamais été du genre à réfléchir avec précautions les détails de leurs frasques.

La seule chose qu’il regrettera sûrement de cette journée, c’est qu’il n’aura même pas eu la chance de courir pour essayer d'échapper Joji.

En fait, tout se passe si vite que Nine n’a même pas eu le temps d’en rire !

Joji n’a rien des grenouilles inoffensives et les blocards le savent. Il à des réflexes de chasseur et c’est naturel de le craindre comme si l’on devenait ses proies en passant sous son regard acide d’autorité ; ce serait mentir de dire qu’il n’a pas eu peur -
il a bien senti des frissons le parcourir sous le poison des doigts,
également par l’issue qui se referme sans qu’on puisse crier à l’aide,

ce serait mentir aussi de dire que cela ne lui plaît pas.

“Quoi ?!”

Il entre dans le jeu de Kiki, imitant ces expressions scandalisées -
même si vous n’avez rien d’innocent, il essaie de retarder la vérité.

“C’est pas du plastique du coup ?”

Il observe la mue au sol, tapote aussi son t-shirt furtivement : c’était bien la sienne.

“Comment on va faire ? Ça craint ! C’était vraiment parfait pour notre projet. On trouvera jamais mieux…”

Et sous l’emprise de Joji, son bras se crispe par les démangeaisons naissantes qu’il retient.
Un ricanement lui échappe des dents.

“J'avoue qu'on aurait pas dû venir ici. Mais tu nous connais : on a pas trop réfléchi.”

Les deux sont trop insolents. Ils ont trop de choses à dire et trop de mensonges à partager. Puis c’est facile de prendre de la place dans une discussion face à quelqu’un qui doit articuler chacun de ses mots. Nine modère ses moqueries face aux parents mais il se dit que ton écriture à le même son que ta voix. Il a encore ton carnet dans son autre main.

“Pourquoi tu laisse ta porte ouverte aussi ? On serait parti si tu fermais à clé.”

C’est simple de mentir. Il suffit d’improviser avec assez d’aisance pour que les mots sonnent crédible. Et le plus vite possible afin que personne n'ait le temps de remettre en question la véracité des histoires racontées.
Mais mentir ne sert plus à rien si on n’écoute pas en face.

Et puisque le seul travail de Joji est de chasser,
il a besoin seulement d’hurler les ordres - on ne discute jamais avec Joji.

C’est simple de manier les mots mais le corps continuer de parler tout seul -
Nine eut un léger mouvement de recul, similaire à ces petits sursauts face au bruit dissonant. Car la voix trop sévère lui percute au creux des oreilles.
Et il ne peut même pas s’en extirper, toujours enchaîné sous les doigts serrant trop fort. Il commence à se tordre doucement le poignet sans chercher à s’échapper. Il cherche juste a créer de la friction contre sa peau qui apaisera le fourmillement qui coule de tes paumes.

“Mais oui elle a raison - nos poches sont vides !”

Il jette un coup d'œil vers Kiki sachant qu’elle continue de mentir. Et lui non plus ne dit toujours pas vraiment la vérité. Il en retient son rire.
Ils partagent l’indiscipline et leur refus de capituler : dans les faits on n’y gagne rien, simplement une petite victoire d’ego sur qui sera le plus tenace face aux réprimandes assourdissantes.

“C’est pas comme s’il y avait beaucoup de trucs à voler. J’ai bien fouillé pourtant.”

Il n’y a que les mues qui intéressent. Elles sont étranges et dégoûtantes qu’on y porte une curiosité commune - tels des mythes stupides que l’on se partage au coin des couloirs lorsque Joji passe.
Et ainsi ils pourront le dire aux autres -
Il n’y avait que ça ! Juste ses mues, rangées comme des manteaux.
Joji n’est rien d'autre que de la peau morte.

“... Ah mais si !”

Il jette le journal au sol qui s’écrase contre les mues. Il aurait aimé le garder mais il n’arrive pas à trouver une issue avec le trophée qu’il s’imaginait.

“C’était pas dans ma poche donc j’avais presque oublié.”

Nine ne pense pas avoir besoin d’ajouter quoi que ce soit. Il trouve l’existence de ces journaux déjà assez humiliante.
Et désormais ses poches et ses mains sont vides ! Pour de vrai !

Nine se mord l’intérieur des joues pour éviter les éclats de rire. Voir en première loge Joji perdre son sang-froid, le fait jubiler. Il  y a une satisfaction naissante dans son cœur qui lui permet de trouver une victoire dans l'échec. Et il ne regrette même pas s’être fait attraper par le chasseur - le tableau est bien trop beau - ce sont les proies qui surplombent le prédateur noyé dans son humilité.

Entre la surprise et la douleur, on l’entend geindre alors qu’il est propulsé vers Kiki. Naturellement, il se tient le bras. Appuyant très fort dessus pour un semblant de soulagement - il n’arrive même plus à savoir si la douleur est plus intense que les démangeaisons.
Échangeant un regard avec son amie, il remarque l’inquiétude des bêtes apeurées. Il se demande s’il a le même regard. Puis il se surprend à grimacer - il rattrape ça en offrant un sourire pour Kiki !

Elle le tire d’ailleurs vers la sortie.
Il traîne un peu des pieds mais seulement pour se vanter en jetant un regard des cruautés juvéniles vers (les) Joji(s) une dernière fois - Nine cille en secouant la tête -
il explose de rire dès le seuil passé -
et cela dure - il ne sait plus !
Mais il espère que l’écho répercute jusqu’aux oreilles de Joji.

“Merci pour la conso gratuite !”

Pour ne pas laisser le dernier mot à une vulgaire grenouille vénéneuse.