amazed

Il les a arrachées à la serre -- évidemment, sans autorisation préalable.
Tandis que les caméras ont peut-être enregistré son passage dans les ornières, le voilà qui arbore le bouquet dans une main.

Certaines tiges sont déjà fanées et un peu de lys a perdu de sa blancheur.
Loup ne connaît aucune signification particulière à ces fantaisies, seulement qu'elles vont bien à Max. Les belles choses s'attirent entre elles, après tout.

Il n'est plus si bien coiffé, si bien vêtu. Une veste de sport recouvre son débardeur et un pantalon arrive jusqu'à ses malléoles. Ses basques, qui devaient être neuves, se retrouvent avec un peu de terre incrustée à la semelle, cette ligne qu'il faut toujours gratter à l'éponge.

La chambre de Max n'a pas changé, contrairement à la sienne.
Il frappe avec le poing gauche fermé.

- Max ?

La colle du silence rend sa voix un peu pâteuse et âpre.
Les fils de ses cordes vocales se délient en même temps que la parole s'ouvre.

- J'ai un cadeau.

C'est un genre de cadeau, Loup l'a observé, qui a tendance à plaire quand il est offert. C'est aussi un cadeau qui mettra quelques jours à pourrir, et il espère que ces jours seront le compte-à-rebours avant le retour de Max.

Il entre et referme la porte sans un bruit.

Dans ce silence, dans sa tenue sportive, il fait sage, Loup. Il n'a pas encore trop de boue sur le visage, pas encore de tissu déchiré. Il a seulement la grâce qui fleurit au bout des doigts, quelques tiges pressées les unes contre les autres et qui éclosent toutes en un bouquet blanc d'une élégance étrange quand on sait qu'elle est tendue par la main de Loup. Les démons, sûrement, renvoient cette image lorsqu'ils essaient de remonter les marches jusqu'au Paradis.

Ses yeux cherchent et ne voient aucun récipient où planter son offrande. Il la dépose donc près de Max, et la scène a quelque chose d'un peu divin et mortuaire avec son linceul blanc.

- Regarde. Ça va bien avec tes cheveux.

Il n'ose s'asseoir.

Les joues rouges et yeux gonflés n'échappent pas à Loup et c'est un supplice pour lui de se trouver là sans savoir quoi faire de ces informations. L'émotionnel n'a jamais été son fort.

- Tu me manques.

Dire la vérité, c'est encore quelque chose qu'il sait faire, Loup.

Ce remerciement sonne comme la fois où on lui a annoncé qu'il perdait son étoile.

C'est quelque chose qui glace le sang et que Loup ne souhaitait pas revivre. Pourquoi le ressent-il encore dans un moment complètement différent ? Cela n'a pas de sens.

Max aime-t-elle ces fleurs ?

Il sursaute en silence quand elle devine la façon dont ces ornements ont été obtenus.

- Comment tu sais !

Ses yeux s'ouvrent grand. Le mensonge lui est bien impossible, à ce Loup naïf. Un peu de rose crevette farde même un peu ses joues.

- Tu...

Tu étais là ?

Non, impossible.
Max n'aurait pas pu courir aussi vite pour retourner dans son lit.
Elle ne peut plus courir.

- C'est pas grave. J'irai en planter d'autres et ça réparera tout.

Si les choses étaient si simples.
Quand on a pris, on peut réparer.

Il reste debout, et maintenant que ses mains sont vides, son allure immobile fait un peu figurant dans cet espace exigu. Le lit de Max semble trop petit pour elle-même.
Max se confie.
Elle explique ce qui la rend si triste, et Loup comprend. Il comprend bien mieux que tout ce qu'ils se sont échangés par message.

- C'est que pour un temps. Tu redeviendras coureuse.

Le temps est long quand on subit son épreuve, mais il semble toujours être passé à une vitesse fulgurante une fois qu'on a mis le pied hors de sa boucle.

Max lui échappe et se retourne. Les rougeurs de Loup ont disparu mais son cœur bat toujours fort, pressé d'un sentiment d'urgence inhabituel dans cette situation où le calme est apparent.
Max ? Max pleure.

- Tu aimes pas les fleurs ? Tu veux que j'aille en chercher d'autres ?

C'est peut-être ça le problème.

Le fait qu'il n'ait pas fait pousser celles-là. Qu'elles aient été volées.

Loup voit Max dans un état qu'il ne comprend pas, sans doute parce qu'il n'a jamais vu Max avec. Que cela ne fait pas partie des possibilités qu'il imaginait, si tant est qu'il imagine.

Alors quand le courroux sort des draps pour évincer l'offrande en pétales éparses et piétinés, Loup recule d'instinct, oreilles abaissées s'il pouvait, l'air hagard ou même impressionné.
Une pointe, sans doute l'épine de ces roses qu'il a vues vient perforer un peu sa poitrine et créer un nœud sous son ventre. Ce n'est pas le nœud de la faim et ça non plus Loup ne comprend pas.

C'est vrai qu'il ne comprend pas grand-chose.

Il baisse les yeux, et puis la tête. Son regard tombe forcément sur le lys blanc éparpillé. Déjà mort.
Il laisse aussi Max épancher ce qui lui fait mal à l'intérieur, sans doute a-t-elle des épines elle aussi et que ces épines sortent maintenant. Loup l'écoute dire qu'elle aurait préféré mourir plus haut, et pas en bas.

Ah bon. Tout le monde vole des fleurs.
Si Max l'a aussi fait, c'est sans doute pour les mêmes raisons que Loup.
Il imagine Max se tenir aux côtés d'une autre silhouette.

- Tu es en colère parce que je voulais qu'on aille en haut ?

La question est honnête, ne s'habille pas de reproche. Elle n'a rien d'un maléfice ; elle cherche à retirer l'épine.

- Pardon.

Ses genoux ploient et, à terre, Loup ramasse son erreur au creux de ses mains. Il récupère pétale par pétale jusqu'à ce qu'il ne reste rien. Puis il se redresse debout, et, avec son carnage élégant entre les mains, il regarde Max.
On croit voir quelque chose venir au bord de ses yeux bleus mais ça ne sort pas. Les épines sont profondes, aujourd'hui.

- Je vais te laisser tranquille. À plus tard.

Sans attendre, il se dirige vers la sortie dont il presse la poignée.
Dans ses yeux l'aveu ondule, fait refléter l'autre question qu'il n'a pas posée.

Est-ce qu'on pourra encore courir ensemble, Max ?

Le cœur de Loup a toujours été ici,
dans son ventre.

Il est la source la plus primaire, la plus prodigieuse de son être. Le fait que Loup ait si faim depuis le jour même de sa naissance est la manifestation la plus formelle que d'amour, il réclame et dévore.

Sa famine est une forme d'affect, une dévotion brutale et ardente. Ce sont les serpents en colère qui s'y mêlent et s'y tordent, s'y entretuent avec une passion dévastatrice. C'est exactement ce nid grouillant de soif d'amour que Max est en train de palper au moment où ses mains se rejoignent autour du nombril de Loup. Sa région la plus intime.

À sa gorge, sa pomme d'Adam rebondit en silence, mais c'est toute une machine qui se met en route sous les tissus et les organes. Il sent Max qui le recouvre dans son dos, l'enrobe de son parfum, de sa tristesse, de sa colère, de son regret et de ses rêves. Les épines qu'il tient entre ses mains ne font pas mal face au désespoir qui entoure ses hanches.

Le myocarde en pleine hémorragie d'amour, le corps de Loup se met à trembler.
La faim -- non, c'est autre chose. Un feu nouveau embrase son estomac puis ses vaisseaux sanguins.

- M-Maax.. .. ...

Son timbre part en tremolo et ce n'est pas de la tristesse, c'est le jaillissement d'une excitation pure et simple, émerveillée.
Si Max le tient plus fort, plus longtemps,

Loup ne saurait pas retenir le feu.

Sa respiration s'achève un court instant, celui qui marque la démarcation de son calme à l'arrivée du fuel en intraveineuse. Les émotions de Loup sont ainsi : intenses et subites. Incontrôlables et dévastatrices. Il fallait au moins le blocard capable de ressouder à l'infini ses tissus et ses os pour biberonner Loup depuis bientôt dix ans.

Max ne sait pas à quoi elle s'attaque en entourant les hanches de Loup.
Elle connaît de lui les rumeurs, les nouvelles navrantes sur le Nexus, celles qui annoncent la perte d'étoiles.
Elle ne connaît pas la puissance de sa mâchoire en colère. Elle ignore jusqu'où ses griffes peuvent s'enfoncer dans la chair. Elle n'a pas vu Loup sourire au moment de boire le sang des lapins ni le regret qu'il a montré parce qu'il n'avait pas eu le temps de s'abreuver assez.

Elle connaît un Loup passif, presque amorphe et trop docile. Elle connaît un Loup qui ne serait pas capable de lui faire du mal en temps normal, mais ce temps a été rompu par deux mains embrassant ses flancs puis son ventre. C'est une zone particulière, le berceau de ses vices, de ses désirs et ses passions. C'est là qu'ont été digérés d'autres avant elle.

C'est peut-être là que finira sa peine aussi. Quand il dévore, Loup ne laisse rien. Il ronge jusqu'à l'os.

Les murmures versés à son tympan sont des coups de ciseaux pour les liens qui le retiennent et le musèlent. Ces câbles solides et tendus, mais jamais vraiment fiables que l'éclopée vient rogner au fur et à mesure. Elle réalise peut-être le danger qui est de s'enfermer avec Loup dans une chambre si petite sans aucun échappatoire, pas même la fenêtre ; encore moins la sortie devant laquelle le Phy est déjà.

Ses mains, remplies des ronces et des pétales meurtris, viennent recouvrir celles de Max. C'est une vision particulière et presque divine, elle aurait pu être plus belle encore, jusqu'à ce que Loup n'attire Max dans son sens avec une force soudaine. Il lui tire presque le bras pour mettre Max dos à la porte.

Sa carrure, qui elle a toujours été coriace et noueuse, s'avance dans une précipitation hargneuse et deux bras viennent accaparer la coureuse. Sa taille fragile se comprime instantanément sous le crochet de ses biceps mêlés et peut-être que la respiration se fait étreindre aussi. Loup ne fait jamais les choses à moitié. Sa poitrine s'écrase à celle de Max ; son museau est parti s'enfouir dans le cou et voilà son défi le plus difficile puisque la jugulaire est la faille où le sang circule avec le plus de vigueur, là où il y est le plus chaud et le plus vivace. Les auteurs de l'ancien temps n'ont pas choisi par hasard cette région pour en faire le bassin sacré des marcheurs de la nuit.

Il hume avec force, la fragrance de la chair et du cruor embaume jusqu'à remonter ses naseaux puis ses synapses. C'est une tentation diabolique alors que son accolade se resserre toujours plus. Il ne la lâchera pas.

Les loups ne relâchent leurs proies qu'après la mort. Qu'une fois qu'elles ont été englouties et qu'il ne reste plus rien à croquer.

Alors, au-dessus de la fosse que forme la douce courbe de la clavicule nue, les babines de Loup sont entrouvertes sur une respiration chaude et éprouvante. La salive borde ses badigoinces et il peine à retenir la manifestation de sa faim de couler le long de ses commissures.

Son émail déborde des sucs de la digestion.
L'organisme de Loup s'attend à avaler quelque chose. Et au-dessus de la fosse, dans l'écrin fait pour servir aux affamés, un trait de sa salive s'écoule.

Sa pupille tremble dans l'obscurité. Un disque bleu et glacial, rien d'humain. Sa chaleur elle-même est animale, se heurte à la peau lunaire, trop frêle.
Une poigne lui saisit la naissance des mèches, dérobe sa gueule au berceau d'innocence maculé. Ses paupières plissent, on l'entend presque gronder face à l'offense. Mais la parole demeure fermée. Il ne cherche pas à ramasser son début de carnage, c'est comme ça.

La valse les entraînent au linceul, Max s'y couche comme nymphe ; Loup s'y étend en diable. Sa carrure impressionnante se dessine sous les doigts à la coureuse. Chaque muscle est en essor, la respiration gonfle ses veines et la montagne prend un peu plus d'ampleur à mesure que ses poumons inspirent.
Ces souffles qui chavirent, l'appel à la morsure, sa bave qui pleut sans arrêt.
Aimer, c'est un combat.

Une vision de Max à laquelle il n'a jamais eue droit. Même ses rêves n'oseraient montrer la nudité sous une perspective voluptueuse. Une innocence qui enrobe son silence obstrué alors qu'on lui fait cadeau d'enchanter ses lèvres pour la première fois.
Dieu que les efforts y sont pour l'empêcher de mordre la chair, attraper la caresse mouvante pour ne jamais la laisser partir. Sa maladresse est touchante, se fraye un chemin à travers sa brutalité épaisse. Il tient un vase entre ses mains et chaque courbe qu'il découvre, paradoxalement, lui donne des envies d'éclater la faïence entre ses paumes.

Prostré à genoux, sa barbaque est écarlate.
Son bleu oculaire détonne parmi le blé et l'amarante. On croirait voir un glacier émerger au beau milieu des champs de batailles.

- Max.

Il s'est séparé un court instant. Son souffle s'écrase à la carne ; fatalement, il y appose des coups de langue, répare ses fautes et couvre les baisers inachevés.
Qu'a-t-il le droit de faire dans cette scène sacrée ?
Peut-il enfouir les pattes sous la soie, comme ceci.
Est-ce permis de remonter jusqu'au ventre, comme ça.

Max a planté les canines dans sa jugulaire. Elle doit pouvoir sentir le flux puissant qui y circule. La chaleur de son sang dont la manifestation est bleue et rouge. L'encolure et le ventre sont les deux régions les plus vulnérables de tout être vivant, alors c'est évident que la source de vie y est la plus palpable.
Sa silhouette se confond à celle de Max. Il la surplombe, la recouvre, si bien qu'elle semble ne plus exister sous son propre poids. Et quand Loup flirte avec la naissance de deux courbes relevées, sa poitrine se comprime sous le brasier.

- Je peux...?

Son timbre, alourdi de tendresse, ressemblait à une prière.

Lourdeur à son aine force la croupe à s'abaisser, couvrir la surface tendue prête à s'ouvrir à lui. Il se laisse noyer sous la tendresse qui virevolte de mèches à épaules, de dos à ventre. Elle peut y sentir la vigueur qui assiège ses muscles, irrigue une brûlure invisible jusque sous la fibre qu'elle tend.

À l'orée de ses mots il vient cueillir un peu d'amour, se prélasser au recoin d'une commissure et avaler son souffle à elle. Loup s'attarde aux plis du front, à la naissance du cou où il aime tant se lover.

Puis il dévale, la courbe sinueuse l'entraîne jusqu'à l'os tendu qui tient l'épaule à son sternum. Il suit, aveugle et guidé par les parfums seulement. Son menton glisse sur un relief doux et rond, dont la respiration dessous fait bondir la pointe.

Ces odeurs, particulières, s'attaquent à ses synapses, ensorcèlent Loup dont les instincts vibrent en diapason avec ceux de Max. Il effeuille les calques de pudeur, ne prend pas le temps de se débarrasser lui mais prépare la nymphe pour son offrande. Toujours, son souffle trace une ligne voyageuse sur la peau rougie. Il aspire parfois, relâche, mordille sans blesser, lape sans dévorer. Une façon simple et tendre d'honorer celle qui ne lui a jamais été promise.

Et parce qu'on lui réclame, il remonte toujours plus haut pour attraper la pulpe de deux lèvres, partager un air puis deux notes d'aise. C'est voir Max onduler sous son influence qui rend son fardeau plus difficile à assumer à mesure que la coureuse peut sentir un désir s'appuyer à son bas-ventre.

La dernière limite se dérobe à lui, révèle la manifestation de son amour.

- J'ai... jamais...

L'aveu lui échappe dans un murmure, flatte l'oreille et sûrement les mains qui peuvent se ravir d'être les premières à s'enfouir sous son pelage blond.

Pour lui qui n'a jamais assisté à la danse lascive de deux silhouettes,
savoir quoi faire est fort peu aisé.

Max a plus d'assurance quand elle échange leurs postures, ramène Loup jusqu'à elle et celui-ci ne dit rien. Il n'a jamais été loquace et ce n'est sans doute pas dans ce genre de situation qu'on le verra s'épancher avec la parole.

Comme il est étrange de tenir sans écraser.
De prendre sans arracher.
De mordre sans déchirer.

C'est une faim vraiment particulière, celle qui est de vouloir engloutir sans tuer. Il n'imaginait pas qu'il puisse exister une chose pareille en lui.
Quand sa chute recouvre son bassin, Loup saisit les hanches, en décrit les contours jusqu'à la naissance d'un poitrail nu qu'il découvre, contemple. Comme c'est intimidant, la beauté. Comme il n'en a jamais rêvé ; ça n'aurait pas été à la hauteur de ce qu'il regarde.
Le fait qu'elle partage son ignorance des chairs confondues ne le rassure pas, ne l'inquiète pas. Il aurait pu lui dire "je ne t'ai jamais pris la main avant". Loup n'érige pas autant le sujet du charnel que beaucoup d'autres à son âge.

- Max ? Je...

Avoir envie de quelqu'un.

Ses pouces s'enfoncent doucement dans la peau. Il y fait chaud. Il dessine les affleurements osseux qui disparaissent en surfaces tendres et polies. Puis ses orbes descendent, observent son aveu flirter avec la chaleur qui lui prodigue Max à le couver de la sorte.

- Je veux faire ça avec toi.

Son regard est remonté pour trouver son jumeau. De bleu à bleu, ils s'épousent, et dans un élan d'audace il vient saisir le souffle qui lui répond. C'est comme ça qu'il laisse la chaleur retomber sur son embarras, enrober d'un brasier jamais connu auparavant tout ce qu'il y a de plus intime chez lui.

L'effort est similaire
mais les sensations, elles
n'ont rien à voir.

La retombée, lente et abrupte, fait penser à une rêve dont la pellicule suinte et colle aux peaux qui se meuvent puis s'étendent, épuisées de leur œuvre.
C'est grisant.
L'étincelle mord sous sa peau, un fantôme d'apothéose qui réside en une mélodie lointaine dont le tambour, pourtant, chahute toujours à sa tempe.

- Max...

Son murmure rejoint les volutes invisibles de leur félicité diluée.
Tandis qu'elle s'inquiète de ses ecchymoses
Loup est en train de sourire.
C'est un sourire idiot, hagard et innocent qui tremble à ses recoins. Puis qui s'évapore lui aussi à mesure que la réalité vient chasser l'ivresse du plaisir.
Certains sont accros à ces sensations ? Loup comprend.

Son poignet s'élève hors des dunes, le bout de ses phalanges qui glisse près des régions incriminées par sa nymphe.

- Non. On voit rien.

Il ne voit rien.

- Pourquoi tu dis ça ?

Que trouve-t-elle d'horrible dans cette danse qu'ils ont partagée ? Que trouve-t-elle d'horrible chez elle ? Tout en elle évoque à Loup un bouquet fleuri. Les pétales, oubliés à terre dans leur mêlée, semblent eux-mêmes se cacher dans la pudeur d'avoir assisté à l'interdit.

Sa poigne retombe, vient en enlacer une autre à tâtons. Il s'approche d'instinct, la chaleur corporelle s'épouse à son autre. Loup se blottit près de celle qu'il aime. Qu'il a, en réalité, toujours aimée.

- Je veux... encore.

Quand il descendit sur terre, le serpent, enroulé à Ève
provoqua l'effondrement de l'Histoire toute entière.