amazed

TW: DESCRIPTION DE SELF-HARM, SANG.

[Le Père Suprême] est près de tous ceux qui font appel à Lui, de tous ceux qui font appel à Lui avec sincérité.

La journée commence en parlant au Père, la journée est vécue pour le Père, la journée se finit en parlant au Père.

Tu avais pris soin de continuer un livre en rentrant de tes clubs, tu avais pris soin de tout ranger dans ta chambre, de te laver et de te changer. Tu n’avais plus qu’un débardeur et tes sous-vêtements - couleur blanc cassé - sur toi, pour sortir une petite lame cachée dans un tiroir.

Dans le silence complet, tu t’agenouilles sur le sol froid - la légère douleur des ecchymoses presque agréable -, plaçant la lame soigneusement à tes côtés. Les yeux rivés vers le Ciel, tu joins les mains pour prier. Tu pries pour les égarés, pour les illuminés, pour celleux qui ont atteint le Paradis, tu pries pour toi. Tu remercies le Père pour cette journée, pour vous - te - garder dans Sa Lumière, pour te guider chaque jour. Tu pries longtemps avant d’annoncer, Et Pardonnez-moi mon Père car j’ai péché… tu baisses un regard vide, lointain, comme adressé au Père Lui-même, sur la lame pour la prendre en main. Tu la suis du regard - sous la lumière des lampes, elle semble porter la Lumière, celle du Père - jusqu’au coupures cicatrisées de tes cuisses, J’ai menti… une première coupure, J’ai été hautaine… une deuxième coupure J’ai souhaité du mal… une troisième coupure, J’ai été jalouse… une quatrième coupure, Je n’ai pas réussi à ramener certain.e.s égaré.e.s dans Votre Lumière… une dernière coupure plus longue, plus profonde.

La vue du sang ne te choque plus, la douleur ne te fait plus mordre la lèvre inférieure, ne te fais plus trembler. Tu as le regard vide, regardant le sang perler, couler sur les cuisses, te vidant de ton mauvais sang pourrissant de tes péchés. Puis tu lèves les yeux à nouveau, les paumes ouvertes vers le Ciel, une lame ensanglantée dans l’une en offrande au Père. Pardonnez-moi mon Père, pardonnez-moi, pardonnez-moi… tu murmures frénétiquement.

Pardonnez-moi, offrez-moi les portes du Paradis.

La chair est fixe, sale, la chair est immonde. La chair n’a rien de divin, mais la sacrifier au nom du Père, verser son sang au nom du Père n’est-il pas l’acte le plus formidable que vous puissiez accomplir en tant qu’êtres immondes ? Signalant que vous êtes près à abandonner cette enveloppe charnelle pour le Père, pour être à ses côtés au Paradis, immatériels ?

Non.
On te prend le poignet, on te prend ta lame.
Arrête.
On te prive du pardon, on te prive de la salvation !
Qui ? Qui se permets !?

Tu relève les yeux et tombe sur Pierrot. Ton regard empli de confusion d’abord puis les larmes commencent à y briller, commencent à couler sur tes joues. Des larmes de tristesse - Elle te prive du pardon ! - certes mais aussi des larmes de colère - Elle te prive de la salvation !!

De ta main libre, tu enlèves ses doigts de ta bouche, Toi, qu’est ce que tu as fait Pierrot ? pas de “pardon” de ta bouche, pas d’excuses, parce que tu ne fais rien de mal ! Le Père accepte ta douleur et te pardonne ! Elle ne comprend rien ! Tu es rentrée sans toquer pendant que je priais ! sèche, tu essayes de te débattre de sa prise. En temps normal, tu ne parlerais pas avec autant d’affront à un parent, tu ne te permettrais pas de défier l’autorité semi-divine qu’iels représentent, mais là, là, elle est entrée dans ta chambre quand tu es la plus vulnérable.
Elle a vu tes imperfections alors qu’elles ne sont destinées qu’au Père !

Pourtant ton sang n’a rien de sale quand il est donné au Père, il est sanctifié car Il le voit et pense tes plaies, il est sanctifié par Son pardon. Il n’y a rien de terrifiant dans ce sang sacrifié pour le pardon de ton âme mortelle. Il n’y a rien de mal à donner son corps pour le pardon du Père. Pourquoi Pierrot en a-t-elle si peur ?

Tu voudrais lui dire tout cela, lui crier tes questions ne comprenant pas où est le mal que tu fais ! Mais à sa gifle, tes larmes cessent, tu en as même le souffle coupé. Jamais un parent n’avait levé la main sur toi, jamais. Tu découvres cette nouvelle sensation, sentant d’abord la chaleur puis la douleur se propager sur ta joue. Mais cette douleur n’était pas comme celle de tes genoux ou de tes cuisses, elle n’a rien de saint. Tu portes la main à ta joue endolorie, le froid de ta main contrastant avec sa chaleur — cette douleur est injuste, injuste, injuste ! Tess ton regard revient à Pierrot, souriante - elle te blesse et elle sourit ! Quelle farce ! -, ton regard rempli de trop d’émotions, d’émotions contradictoires, les mots ne te viennent pas.

Alors, tu écoutes Pierrot, mais ce n’est pas avec cette révérence qu’on porte pour les paroles des prophètes ou des sauveurs, non c’est avec regard vide de désintérêt qui se met à scintiller de dérision presque pour l’ignorance de cette Mère ! Et que tu avais envie de rire d’un rire mauvais, d’un rire qui profane, d’un rire qui n’a rien du pouvoir de Pierrot. Mais tu ne lui ris pas au visage non, tu l’écoutes te parler du mal que tu fais, que tu te fais, du mal qu’ils n’acceptent pas - Ils ? Qui ? - C’est très mal ? - très, très, très même ! - tu te retiens de rire, Je le fais pour le Père pourtant, et Lui accepte cet acte ! Lui, le Père Suprême dont la parole et le silence sont loi. Il te voit, toi pécheresse et repentante, et ne t’a jamais condamné pour autant. Je ne comprends pas pourquoi tu m’en veux quand le Père accepte cet acte !