Que réserve-t-on aux martyrs si ce n’est du sang ? Puisque c’est son rôle, qu’il le réclame, qu’il se veut crucifier sans essayer de mordre – tu n’es pas assez cruel pour le lui refuser.
C’est que tu as longtemps pensé que vous différiez tant pour mieux vous compléter, étrange amalgame de douceur glacée et de sincérité brûlante, qu’il t’avait trouvé, déniché, là où d’autres ne te voyaient pas, parce que tu avais quelque chose qu’il lui fallait, qu’il y avait une place à ton nom cachée dans sa poitrine.
Juste ton nom. Etais-tu assez faible, assez pétris d’une niaise sensiblerie pour avouer qu’il n’avait fallu que ça, prononcé tout bas, pour l’aimer ?
Et si c’était faux – l’aurais-tu cru ? Car il n’y a rien de plus vrai que ton besoin désespéré de te sentir voulu.
Tu ne veux pas souffrir, n’est-ce pas ?
Contrairement à Liv, tu refuses le sort qu’on réserve aux martyrs.
- Tu peux commencer par arrêter d’avoir l’air con ! L’insulte fuse comme un salut ; sort réservé aux trop nombreux à s’attirer ton ire. Ceux que tu aimes n’en font que trop souvent partie.
C’est comme ça que l’on sait que ton cœur saigne, Saki, parce que tu pleures en t’enflammant, parce que ton affection porte au loin le sel d’un océan trop tumultueux.
Tu croyais à ses larmes et lui imposais les tiennes, rouges et acérées.
- Tu sais très bien pourquoi j’suis là ! Tu m’as… Tu m’as- Les mots manquent quand tes joues prennent feu, d’embarras et de honte mêlés.
Tu t’en veux.
Tu lui en veux.
Tu en veux au monde entier.
Il te faut un coupable à déchirer.
- C’était pour te venger, avoue ! Alors, tu accuses, fendant l’espace qui vous sépare de quelques foulées pour l’attraper au col.
T’as pas supporté qu’ils t’aiment pas donc il fallait que tu me fasses ça ?!