amazed

avec certains enfants, il faut sévir et châtier. ces enfants ont le cœur meurtri, le cœur mensonge. ils ne suivent plus le chemin qui leur est tout offert et il faut les guider en resserrant les doigts sur leurs petites mains qui ne prient pas.

Fox cause du tort au cœur immense de Heya. il marche de travers, trébuche et se moque de se relever. le sol c’est le domicile des enfants comme lui, mais sur ce sol s’entasse la poussière ; cela ternit les étoiles.

ah ! misère de misère ! Heya est en colère. lorsque la veine du front montre le bout de son nez, c’est signe qu’un blocard désobéit. Heya est bénite de tant de choses : être mère, croire au Père, posséder un puit d’amour profond dans lequel il lui faut parfois tomber afin d’y extraire une gouttelette à donner aux enfants. le Père a pourtant omis de lui donner de l’amour pour tous. Lui seul est capable d’une telle chose. alors pas d’amour pour Fox aujourd’hui ; il a péché.

les parents rôdent au sein de l’Enclave. Heya elle, s’aventure dans un but précis. en dehors des heures de clubs et de travail, elle vient toquer à la porte de Fox. j’entre. elle est mère, à quoi bon attendre quelconque réponse avant de pénétrer dans le taudis servant de chambre à Fox.

une moue de dégoût prend place sur son visage. ses sourcils se froncent à la vue de l’enfant rebelle. quel bordel ici ! Heya s’exclame et s’abaisse. elle commence à empiler divers objets dont elle ne pourrait même pas citer la fonction dans ses bras puis réalise l’instant d’après que la chambre miteuse ne dispose même pas d’assez de meubles pour y stocker ses biens. si tu continues ainsi, on ne pourra bientôt plus mettre un pied dans ta chambre. elle le réprimande avec l’exagération que toutes les mères ont de façon innée au fond d’elles, comme on le fait avec un enfant irresponsable. à ses yeux, c’est ce que Fox représente.

ses paupières se replient sur ses yeux et le murmure s’échappant de sa bouche laisse penser qu’elle prie avec une tentative échouée de discrétion. j’imagine que ton séjour en isolement ne t’as pas servi de leçon. elle soupire, exaspérée, tout en avançant ses dires sans même chercher à savoir ce qui se trame dans l’esprit de Fox. un enfant tel que lui n’est simplement pas capable de se remettre en question. avec une chambre dans cet état, ta punition a du te sembler bien luxueuse. une pause se marque tandis qu’elle cherche du regard une place à attribuer aux babioles qu’elle porte. son regard souhaite trouver celui de Fox au passage, elle veut le voir approuver sa parole. le châtiment n'était pas assez sévère. elle se fait la remarque à elle-même, se dit qu'elle aurait pu sévir de manière plus juste si on lui avait laisser les rênes en mains. elle pose et aligne finalement les objets près du mur. c’est nul ce que tu as fait, Fox. Heya est déçue, elle emploi ce ton infantile qui ne convient pas à une mère. tu me rends triste.

l’injustice frappe souvent le juste, c’est là toute l’ironie du mot. mais l’injustice parvient également à se frayer un chemin dans la vie de ceux ayant tort, ceux comme Fox par exemple. finalement dans ce mot qui porte si mal son nom, nous sommes tous à un pied d’égalité.

Heya tente d’épousseter les paroles désagréables de Fox. le rôle d’une mère, c’est de prendre sur elle. elle l’ignore lorsque Fox lui confie qu’elle lui donne envie de vomir, elle passe au-dessus du fait qu’il ne la trouve pas douée dans son rôle qu’elle aime tant. là où la remarque de trop franchit la ligne dessinée par les autres reproches, c’est lorsqu’il se réfère indirectement au Père Suprême.

les yeux de Heya sont deux grandes billes noires. elle a le même regard pour un blocard qu’elle affectionne qu’elle a pour ceux qui devraient se hâter de souffler leur trentième bougie. la différence se fait par la lumière qu’émet son aura.

l’amour est rouge, mais le rouge c’est aussi le sang, les blessures, la colère. à une mère, il faut quelque chose de moins saturé, de moins intense que l’amour du Père, car le sien ne pourra jamais l’imiter. il faut quelque chose de plus doux, il faut du rose.

à cet instant, l’aura de Heya n’est pourtant pas de sa couleur fétiche, il est violence. il est perturbé, secoué, dérangé, forcené. ses sourcils se froncent, elle se relève d’une traite, comme un bâton. les mains croisées, elle a cessé de ranger. je ne te permets pas de parler ainsi ! je comprends mieux pourquoi tu as été puni. tu es méchant. Heya ne hausse pas le ton, sa colère passe par le tranchant de ses mots. Alfie est aussi médiocre que toi, à vous deux vous n’avez même pas une étoile. cela fait un bout de chemin à parcourir pour vous rendre au Paradis. mais à l’inverse de toi, j’ose penser qu’il y a de la bonté dans son cœur. il est encore possible de sauver Alfie. mais ton cœur à toi est aussi vide que les étoiles à ton compteur. je suis ici car j’ai une mission très précise, je me dois de recadrer les enfants égarés dans ton genre. sans figure d’autorité, les enfants comme toi n’auraient rien à braver. cette confiance en toi que tu puises dans le mal, tu ne l’aurais même pas dans un monde sans parents. les larmes lui montent aux yeux, ce sont des rares larmes de peine. mais elle n’a pas l’intention de flancher, pas tout de suite. une mère doit supporter beaucoup de poids afin que ses enfants ne chavirent pas.