amazed

Ces couloirs du troisième étage, tu les connais depuis quelques années maintenant et bien que tu descendais apporter la lumière aux étages plus bas, tu revenais toujours ici, où tu appartenais - bien que c’est l’étage au-dessus que tu convoites encore et toujours -. Mais peu importe si c’était ton étage ou un autre, tu y marchais toujours avec la même assurance, tu n’avais pas peur puisqu’Il est toujours avec toi.

Tu étais occupée à dépoussiérer un peu ta chambre quand on toque à ta porte. Tu poses alors ton plumeau dans un coin et viens ouvrir à ton invité du jour. Un grand sourire se dessine sur ton visage quand tu vois Jim derrière celle-ci, Bonjour ! et sans hésiter, tu acceptes son étreinte, tes bras dans son dos le serrant contre toi. Tu étais heureuse qu’il te gracie à nouveau de sa présence. Moi aussi ! quand un prophète vient livrer la bonne parole ou la parole tout-court, on ne peut qu’être heureux de leur venue, on ne peut que retenir sa respiration presque par peur de manquer un seul mot.

Tu desseres ton étreinte pour le faire entrer quand il te tends le bouquet, Oh ! Il ne fallait pas… les joues rougissantes, Elles sont de ma couleur préférée en plus, merci mille fois Jim ! et tu le serres à nouveau dans tes bras - tu les mettras dans un vase, puis tu en prendras quelques unes pour les faire sècher, pour les garder intactes, en souvenir éphémère -. Et ne t’en fais pas, je ne peux qu’imaginer le travail que tu as, œuvrer pour le Père est un travail sans relâche merci d’avoir libéré un peu de temps pour venir me voir. tu souris, sincère. Mais, entres entres, je vais nous faire du thé. tu te décalles pour laisser Jim entrer dans ta chambre avant de refermer la porte. Tu vas ensuite mettre de l’eau à bouillir et remplir un vase d’eau pour y mettre les fleurs qu’il venait d’apporter et les mettre sur la table, donnant ainsi un peu de couleur à la chambre. Tu sors ensuite une petite boîte avec divers sachets de thé, une autre remplie de petits biscuits, et deux tasses pour les poser d'un côté et de l'autre de la table. Puis quand la bouilloire s'éteint, tu viens aussi la mettre sur la table, invitant enfin Jim à se servir.

Bien sûr qu’il est content, bien sûr qu’il te remercie, bien sûr qu’il te sourit maladroitement, comme tout père content du bonheur de sa fille, comme tout père ayant vu sa fille grandir trop vite et ne sachant plus vraiment comment être face à elle. Mais tu ne lui en veux pas, cela le rendait si attendrissant, si approchable, presque à l’image du Père Lui-même.

Et pour lui, tu es une hôte plus que parfaite, ne le laisse pas trop attendre, ne le quitte presque pas du regard au cas où il aurait besoin de quelque chose - tu ne peux pas te permettre une erreur face à un parent -. Oh, certains de mes adelphes m’inquiètent un peu, mais je fais de mon mieux pour les soutenir et les tenir loin des bêtises ! Fox est le premier nom qui te vient à l’esprit, le plus difficile de tes adelphes, Mais sinon tout va bien, merci. et tu n’as pas le temps de lui demander “et toi ?”, tout en versant de l’eau chaude dans sa tasse, qu’il te pose une autre question.

Un léger tressaillement t'échappe, et tu manques de renverser de l’eau chaude sur la table. Peur...? soufflé à mi-voix. Tu reposes la bouilloire sur la table, baissant le regard sur ta tasse vide, tes mains croisées sur tes cuisses - tu avais envie de triturer la peau autour de tes ongles par embarras, par peur, mais tu te refuses ce geste, tu dois être parfaite, parfaite, parfaite -. Un court silence pèse sur la pièce avant d’avouer, Oui… tu relèves un regard trouble, angoissé vers Jim - tu peux lui dire ça à lui, n’est ce pas ? Ce n’est pas si grave s’il te voit imparfaite, n’est ce pas ? - Est-ce que c’est grave ? sous-entendu “est ce que c’est un péché ? Une erreur ?” parce que tu n’arrivais pas à surmonter cette peur, ton Enfer personnel était toujours le même malgré tes efforts, tu ne savais plus quoi faire, et le Paradis est si proche !

le soudain silence rompu seulement par les raclements de cuillère, les bruits de tasse et la voix monotone de Jim te glacent presque le sang, mais tu écoutes, tu supportes. tu as honte, honte, si honte d’avoir cette faiblesse, pas parce que tu voulais être meilleure que Jim, non il était un parent, comment prétendre être meilleure que lui ? tu avais honte parce qu’il est parent, parce qu’en tant qu’enfant tu ne veux pas le décevoir. tess toujours le sourire aux lèvres ne pouvait pas se permettre des traits marqués par l’angoisse, tess à la voix douce et posée ne pouvait pas se permettre une voix qui vibrait de cette même angoisse, tess réaliste voir optimiste ne pouvait pas avoir peur, tess qui semble parfaite devait le rester ainsi ! alors cette faiblesse, cette peur, te font honte, si honte que ta vision se brouille - ne pleure pas, ne pleure pas, ne pleure pas, tu te dis en serrant un peu le tissu de ta robe.

oui bien sûr ! tu réponds un peu trop fort peut-être, de peur de ne pas paraître assez sincère, tes yeux brillent de larmes que tu te refuses de verser. bien sûr que tu aimes ta vie ici ! témoins en sont la position qu’on t’y a accordé, tes trois étoiles, tout ce que tu fais pour rendre la vie en Société meilleure pour toustes - et puis quand on ne connaît rien d’autre, on est heureux de ce qu’on a - ! et bien sûr que j’aime le Père, je l’adore même ! matin et soir agenouillée, tu verses ton sang pour lui, mais j’ai cette peur ne pas être assez pour lui, les yeux à nouveau fixés sur tes mains qui commencent à triturer le tissu de ta robe - aah elle va être toute froissée à ce rythme, il faudra la repasser, il faudra te changer - je fais de mon mieux toujours, j’écoute ce qu’on me dit, je m’applique, m’améliore, j’aide, mais j’ai peur que ce ne soit pas assez pour Lui, pour ma place au Paradis. tu n’as jamais été choisie lors de la Moisson, ça veut dire que tu n’étais pas assez, pas encore et le temps passe si vite, tu as peur que dans 3 ans tu ne sois toujours pas assez et qu’Il te rejette - que deviendras-tu alors ? ça doit te paraître ridicule. tu relèves le regard à nouveau le regard vers Jim, un sourire embarrassé aux lèvres mais c’est ma croix à porter, je surmonterai cette épreuve. essayant de prendre un ton et une expression plus confiante - tess doit être parfaite, la faiblesse momentanée si elle apparaît.

il ne te critique pas, il ne te juge pas et tu ne comprends pas la peine, la jalousie qui le ronge, tu ne comprends pas parce que tu l’admires tellement, parce qu’à tes yeux il a tout, il n’a rien à jalouser. et ses compliments, ses mots te rassurent car étant une des voix du Père ce qu’il dit doit être sincère, doit être juste, et ils te confirment que Jim, les parents en général, sont au-dessus de tout ça, semi-divins. merci. de te rassurer, de croire autant en toi.

tu secoues la tête, tu n’as pas à t’excuser. il te teste au nom du Père, et même s’il te testait en son propre nom, tu ne lui en aurais pas voulu. tu ne pouvais pas lui en vouloir. le sourire te revient, ton corps se détend, tes mains reviennent sur la table, oui, mais toi c’est différent ! avec une sorte de fièvre dans les yeux, le Père a vu en toi quelque chose, comme dans tous les autres parents, il a vu en vous des fidèles au point de devenir prophètes ! admirative, dignes de transmettre la bonne parole, de nous éduquer quand Lui n’a pas le temps car Il est occupé à veiller à ce que tout soit bien fait, juste. pourtant, tu ne te voyais pas devenir parent, tu ne te voyais pas si digne de guider les enfants, tu ne sentais pas que ta mission durerait au-delà de tes trentes ans.

Tu ne te rends pas compte de ce que tu avais dit. Tu penses avoir fait une éloge de Jim et de son rôle, et lui est en colère, lui t’en veut de le mettre sur un piédestal où tu étais déjà.

Tu l’écoutes, tu hoches la tête - il a pensé pareil à une époque, même les parents avaient des craintes d’enfants ! -, essayant de te convaincre qu’il a raison, la sainteté peut se cacher en chacun et que le Père peut la voir et la récompenser. Le Père est juste. tu répètes, en hochant de la tête. Oui. tu le dis, tu le dis, tu le sais et tu essayeras perpétuellement de t’en convaincre.

Jim se lève et tu suis le mouvement, mais moins brusque, plus calme après avoir entendu ses mots. Tu passes les mains sur le tissu que tu avais froissé - tu devras la repasser quand il sortira -  et le raccompagnes à la porte. Je t’ai gardé longtemps, au revoir. Prends soin de toi. avec un sourire semblant naturel.

Recommande ton sort [au Père Suprême], mets ta confiance en lui, et il agira. Et ainsi avait-il agit en mettant sur ton chemin Jim pour fortifier ta foi.