amazed

a tear in space

moi j'imaginais rien -enfin, non, j'imaginais tout et son contraire, parce que tu m'as bien montré, là, juste avant, qu'en vrai j'savais rien de toi, et alors p'têtre que maintenant je te connais plus que tous les autres (tu vois ce que je veux dire ?)(parfois c'est avec les gens qu'on aime pas qu'on est les plus honnêtes), j'me dis, ah ! peut-être que c'est comme ça que ça se fait, oui : deux trois bisous, et puis voir ta déco, un autre jour j'demanderai le titre de ton livre, et je le lirais jamais mais j't'écouterai en parler et j'en retiendrais pas le résumé, mais si t'as aimé ou non. c'est comme ça, non, qu'on fait ? pour apprendre les gens.
dans tous les cas, j'suis prête, j'ai mis dans mon sac tout ce qu'il faut, c'est que si t'avais jamais embrassé quelqu'un avant moi, probablement que t'avais pas fait ... tout ça non plus, et, voilà, c'est une chose sérieuse -mais, euh, pas vraiment hein, pas de stress, tout va bien, j'ai méga l'habitude ahah, ça sera sympa. enfin, euh, bon. enfin, BIEN.
attendez --j'me fais pas des films hein, c'est bien pour ça qu'elle m'a dit de venir ?
attendez -- ELLE M'A BIEN DIT DE VENIR ????
oui, oui c'est vrai, le message fait foi, et pourtant j'suis là devant la porte, j'expire j'inspire comme si c'était ma première fois, comme si c'était la fin du monde et pas le début de quelque chose, comme si j'allais décevoir alors que ah ! moi ?? nan. c'est jamais arrivé. (sauf -----n'en parlons pas)
tout ira bien. je sais c'que j'fais.
je sais pas si je devrais en être fière. mais au moins je fais bien semblant.
j'ouvre la porte. j'souris comme je sais le faire (comme une idiote ?) et j'ai même pas le temps de piailler que tu prends la situation en main -ah, ouais, ok, verrouiller, moi j'aurais préféré te regarder mais voilà, le sac glisse par terre quand je me retourne ; je m'exécute, ça fait clic et le monde du dehors existe plus.
le monde existe plus et c'est dans le tien qu'on est -ça m'va, je crois
les bras me surprennent, c'est pas grave, j'te laisse prendre le temps qu'il faut -j'ai bien fait de me doucher, je crois, ouais- et je regarde, en attendant, cette chambre qui n'est pas comme le monde aurait pensé qu'elle serait, et que je n'ai pas jugé pourtant ; ça me fait sourire, de voir tous ces mots sur le mur. j'me dis qu'il y en a, des gens qui t'aiment. je ne sais pas si ça me fait plaisir.
hey. c'est dit pas trop fort. j'ai l'impression que tout tremblerait si je parlais comme je parle à d'autres; que nous, on peut que parler en chuchotements. qu'on a pas encore le droit au reste.
mes mains rejoignent les tiennes, jouent un peu avec, s'immiscent dans le nœud que tu formes autour de moi. j'aimerais voir ton visage. tes jolies lèvres. l'inégalité de ta frange. la fin du monde dans tes yeux. ta chambre, c'est bien sympa mais ça ne me suffit pas. enfin -sauf si tu veux pas. si tu veux plus. c'pas grave. ça arrive (de se rendre compte que je suis pas aussi cool qu'on le croirait). ça va ?, là, demandé au mur. j'te laisse me dire. dis-moi tout c'que tu veux, robin.

a tear in space

y a rien à voir sur le dos de ta porte, alors j'y dessine -hallucine, peut-être- des choses rien qu'à toi ; j'sais pas, un moodboard, des trucs que tu pourrais y mettre avec de la patafix, des images imprimées bien joliment prises, aux couleurs désaturées mais hyper contrastées, qui ne cherchent pas à cacher le sang sur les genoux mais qui montrent aussi la douceur de la peau tout autour. il y aurait des ailes, bien sûr, aussi. des cœurs dessinés au marqueur, des griffonnages intelligents tirés de livres dont je ne connais pas l'existence, et magda écrit partout. depuis des années. sous toutes les formes possibles et inimaginables.
aha.
hum.
comme la sensation de faire un truc pas cool.
et, en même temps, est-ce qu'on est pas des adultes hein ?? est-ce qu'on est pas en âge de se dire les choses, et d'en discuter, et puis de faire des choix, hein ??? voilà. moi j'sais rien. on m'a rien dit. on m'a pas interdit. on m'a encouragée. c'est robin qui m'a encouragée. et moi j'ai pas refusé. si magda vient pleurer d'une larme unique comme la sainte qu'elle fait croire qu'elle est, j'lui dirais, encore : cela ne me regarde pas en tant que coupable. parce que, en tant qu'amie, je lui donnerais des mouchoirs. mais surtout parce qu'on sera innocentes, seulement jugées par un esprit qui avait décrété cela interdit sans jamais le dire. oui, voilà ce que je dirais (mais probablement en beaucoup moins élégant, du type "bah j'savais pas", et si on s'engueule j'pense que ça sera de la faute de ça).
bref.
ça va, t'as dit que ça va. ouais, ça va aussi, merci. c'est gênant non ? 'fin y a un truc là. un doute, quoi. une ombre.
tu l'écartes quand tu m'emmènes, quand tu m'invites, quand tu commences. j'aime bien. ça me fait me dire que tu veux bien. j'ai toujours peur de ça, t'sais ? qu'au milieu, l'autre se rende compte qu'en fait, vaut mieux pas. bien sûr, la raison c'est moi. j'trouve toujours un moyen de le justifier, t'inquiètes, y a rien besoin de dire. c'est terrible.
le sac reste au sol. ça sera pour plus tard. on a le temps, après tout. y a plus de couvre feu. y a rien pour nous déranger, la porte est fermée. plus que toi et moi.
allez. concentre toi tay. c'est bon, c'est robin ! tu la regardes pas en scred depuis des années, tkt. elle est pas genre super étonnante et intrigante maintenant que tu la connais depuis cinq heures. elle a pas du tout ce côté entrepreneur qui te plaît de ouf. y a pas du tout l'odeur de la fleur préférée de magda sur les draps. nan. tout va bien. juste t'es là, voilà, pour kiffer. c'est rien.
c'est rien !
tu t'poses trop de questions, tay.
non ! tu te poses trop de problèmes.
allez. on relève la tête, petit sourire en coin, on connaît. tu verra plus tard, baby. j'aime bien que tu me traces des chemins clairs. sinon, je les ferais moi-même, y a pas de soucis, mais y a un confort dans la préparation venant de l'autre qui me plait -et pourtant c'est plutôt moi qui fait plaisir généralement. j'grimpe sur le lit. m'approche de ta tête, continue la progression en fonction d'elle, pour qu'on garde la même distance, jusqu'à ce que tu sois contre le mur. le bois grince un peu ; j'peux pas m'assoir sur toi, je te pèterais les os avec mon poids (ce qu'on va éminemment EVITER de faire). c'pas grave. je tiens le gainage, le poids sur les genoux de par et d'autres de tes jambes. j'suis plus grande. faut que je me baisse. je le fais avec le sourire d'un oiseau de proie, toutes griffes dehors. j't'embrasse. je veux dire : je t'embrasse. juste sur les lèvres, comme ça, rapidement, pour commencer, pour s'remettre dans le bain, pour que ça aille crescendo, pour que tu réalises, pour que si jamais ça s'arrête là si tu veux. et puis -je continue. faut être entreprenante, tu vois ? j'veux pas t'ennuyer. ma langue vient lécher tes lèvres. elles n'ont pas le même goût qu'avant. je n'ai pas vu le rouge à lèvres. de toutes manières, il n'en restera rien.
une main se décale sur ton menton -je garde l'autre en appui pour le moment, c'est plus simple comme ça-, et descend sur ton flanc jusqu'à la hanche. elle s'y accroche. c'est parti. retournons à notre discussion précédente.

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dans un monde où tout ça se passe, il ne peut qu'y avoir des belles histoires.
j'vous le dis ! moi on m'a parlé de dessins animés où des princesses se faisaient réveiller et vivaient heureuses toute leur vie ensuite, et j'y crois, pour de vrai, maintenant, là, à jamais ! parce que, toutes ces choses qu'on invente, elles viennent de quelque part -et si pas de la réalité, d'où alors ? des rêves ? nan, si c'était juste des rêves, ça s'rait trop tristes. ça voudrait dire qu'il y a pas moyen d'y arriver. c'est pas la morale que j'veux. moi j'crois qu'il y a des princesses dans le monde et p'têtre que pour l'une d'elle j'serai un prince. peut-être ! non, attendez, pas peut-être, parce que faut y croire.
faut y croire !
j'y crois comme jamais (comme toutes les autres fois auparavant), j'y mets toute mon énergie (comme toujours dès que j'embrasse quelqu'un), j'pense plus à rien (si ce n'est à celle pour qui momentanément tout est dédié -mon corps, ma vie, l'univers). j't'écoute comme on écoute une oracle, une déesse, une ange ; je m'allonge, et si tu m'y crucifie, qu'il en soit ainsi ! ça sera une belle histoire.
à la place, tu fais pire--- mieux--- les deux ! mon corps réagit au moindre espace qui ne devrait pas être entre nous, à chaque contact qui s'allonge, à tout ce qu'il se passe. ce n'est que le début mais robin, robin, tu ne te rends pas compte de la merveille que tu fais, de l'ambroisie de tes baisers, du miracle de tes mots.
quand tu me complimentes, je rougis. j'aurais pu répondre quelque chose mais tu m'en laisses pas le temps -tant mieux, j'aurais sûrement dit une bêtise. je t'embrasse ! ça continue ; mes mains glissent sur tes cuisses, titillent la fin des shorts, s'y aventurent à peine : il faut, voilà, apprécier, ne pas tout dévorer. ne pas se presser ! ne pas faire peur. sous ta langue, mon corps m'a presque l'air d'être celui d'une femme à nouveau. d'une femme, ou d'autre chose ; tant que c'est vivant, que ça a un cœur qui pompe le sang tout partout, que ça résonne dans les tuyaux les veines les systèmes, jusqu'à ressortir par ma gorge ; cinq doigts au milieu de tes cheveux, là pour caresser, suivre, s'assurer que tout va bien -j'pourrais juste me laisser aller mais non, faut que je te regarde, j'sais pas, c'est comme ça, p'têtre tu comprendrais si je t'en parlais ?
tu te redresses comme si tu m'avais entendue --quoi, t'as deviné ? je redresse les sourcils, te regarde droit dans les yeux, la bouche entrouverte, en attente de toi, d'un mot, d'une chose, mais rien, j'demande, j'essaie, j'dis robin ?, mais rien ne se passe, rien ne se passe, c'est pas grave, j'te laisse l'espace, le temps, mes doigts restent sagement sur un de tes genoux, pas plus que ça, ok ? tranquille, on a le temps, tu vois ? pas de pression, pas de soucis ! pas de ---putain tes yeux, robin, qu'est-ce qu'ils veulent dire ? j'aimerais demander mais j'ai trop peur de ce que tu peux bien répondre alors j'me tais et j'attends, de toutes manières je vais nulle part, et juste quand je pense ça, tu me libères -je suis libre de partir, et tu ne me regardes même pas dans les yeux.
tant mieux, parce que ton dégoût aurait coulé sur moi jusqu'à me noyer, je crois.
les échos de tes mots résonnent trop fort, ça fait pas sens et en même temps c'est si simple : tu veux plus. et moi, j'peux que dire ok. qu'est-ce qu'on peut dire d'autre, hein ? rien.
je me relève difficilement, m'installe à côté de toi, les coudes sur les genoux. mes pieds sonnent contre le sol. je me sens lourde et sale. je regarde le sol. c'est dur. tu vois, ça arrive toujours. on change d'avis sur moi, comme ça. alors, j'décide de prendre les devants, pour s'assurer de mettre personne mal à l'aise. faut couper les choses quand tout va bien encore. mais ---mais nous, ça a même pas commencé, encore. j'aime pas ça, tu sais ? de savoir qu'on veut pas de moi. c'est différent que de l'imaginer.
euh, ouais, ok, s-si tu le dis, ça te plaît pas, je devrais pas être là.
qu'est-ce qu'on dit, hein ? je peux que répéter
enfin, avant, ça allait hein ? j'ai rien fait de-- j'ai rien fait qui t'allait pas ?
je sais pas pourquoi je demande -si tu réponds oui, tu me trouvera trop chiante d'avoir demandé trop pot-de-colle trop déjà attachée, et si tu réponds non, si tu réponds non ---
t'as raison. j'ai pas l'étoffe des dieux. dans l'histoire, je suis leur pire cauchemar. l'antagoniste. ça doit être pour ça que mon corps goûte le sang. ça doit être pour ça qu'il y a pas de belles histoires, pas pour les gens comme moi. c'est pas grave !
si ça t'épargne, c'est pas grave.

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tu vois, c'est comme si le temps avait repris -il s'affaisse sur moi, me soumet à la gravité à nouveau, aux lois du monde métallique ; le paradis est terminé, à vrai dire j'y suis même pas entrée, tu m'as laissée sur le chemin et je n'aurais jamais la clé. je sais déjà que ta décision est prise, que tu ne changera jamais d'avis, et que de toutes manières il ne faut pas chercher à le changer en insistant -ce n'est pas comme ça que les amours se forment. j'le sais parce qu'il y a encore deux minutes les fils se tissaient entre nos petits doigts.
t'as pas eu besoin de ciseaux pour tout couper. t'en as même pas sorti pour me poignarder le cœur. j'sais pas, d'toutes manières, si ça aurait fonctionné. c'est pas un truc comme le tien, dedans. j'sais même pas si ça a le même nom. alors, tu vois, je m'en remettrais. c'est sûr ! j'ferais comme le reste des machines. j'apprendrai une nouvelle chose et ça réécrira par-dessus celle de maintenant.
mais toi il te restera ces fils au bout de la main -j'espère qu'ils t'embêteront. j'espère, parce que j'ai beau dire tout ce que j'ai dit, je sais qu'c'est faux. j'ai mal au ventre. j'ai une boule dans la gorge. ma langue est sèche. ma mâchoire est serrée. et une seule pensée dans la tête : comment j'ai pu croire que t'étais intéressée ?
alors voilà : j'espère que ce fil s'emmêlera à plein de choses pas jolies, lourdes, et que quand t'essayera d'en tisser un autre, ça t'emmerdera bien, tellement qu'il faudra le couper pour de bon, et alors, ça y est, tu sera libérée des choses moches comme moi.
j'peux pas te détester. c'est pas ta faute. j'm'en veux de pas avoir été la première. on sait toujours que ça va venir. c'est pas grave. j'apprends. ça remplace ce que je savais d'avant. t'es même pas méchante dans tes mots. tu me donnes rien alors il me reste que des reproches envers moi.
tu me donnes rien à part des adieux alors il faut partir. je me lève. mon corps est lourd et inexistant. c'est une masse. je crois qu'il n'a pas compris. je te regarde mais tu ne me cèdes même pas ça. j'peux pas--- j'peux pas rester là, comme ça, tu comprends ? ouais, j'savais que j'aurais pas dû te donner une chance. faut que je reprennes le contrôle, faut que je dise : j'ai eu le dernier mot, c'est moi qui ait été plus maline, ça s'est passé que parce que je t'ai laissé faire ; il faut faire savoir : si je voulais, si j'avais pas laissé tombé, si t'étais pas si cheloue, ça serait arriver. j'suis une menace, tu comprends ? tu comprends ? tu t'en est bien sortie parce que je l'ai décidé.
je pars.



mais si on savait, robin, que dans cette prison-là je suis une des sauveuses, résistantes malgré elle, élue presque sans le vouloir, est-ce que tu t’autoriserais à m’aimer ? est-ce que cela me rendra plus intéressante, plus acceptable, plus digne ? est-ce que tu changerais d’avis, est-ce que magda t’apparaîtrait comme un seigneur des enfers ?
mais si on savait, robin, que c’est moi qui tiendrait la main de magda, que c’est moi qui l’embrasserait tout le temps, que c’est moi qu’elle se convaincrait d’aimer pour ne rien te laisser, est-ce que tu changerais ce que t’a fait ?
mais on sait pas. on sait pas la vérité, et moi j’en sais encore moins sur toi et tes pensées
alors je pars
je ne te laisse que mon odeur sur tes draps