amazed

museum of failure or gallery of trying?

dans la nuit il fait noir, et dans le noir il fait nuit ; quand on se dit les choses ainsi, on croirait presque que dans les ombres rien ne vit -mais c'est faux, moi je sais, j'ai été témoin, je vous le dis
je vous le dis, les ombres c'est trop générique, parce que là-dedans il y a des milliers, des milliards de choses dont on ne sait pas parler ; moi, j'ai vu ce qui s'y trouve, ce n'est pas simple, il faut savoir comment s'y rendre, quoi faire pour que ces êtres nous laisse les voir : il faut respirer très fort, si fort jusqu'à croire ne plus y arriver, il faut regarder le plafond jusqu'à en pleurer, mais être incapable de cligner des yeux, il faut que la vision se trouble et qu'on sente le poids sur sa poitrine et qu'on n'y fasse rien si ce n'est inspirer expirer expirer expirer expirer expirer expirer trop longtemps ah tu verra c'est marrant ça crée des étoiles et c'est à ce moment-là que viennent les mauvaises idées ah ahahah elles ont l'air d'être des filles faciles et elles le sont, elles se laissent attraper comme des insectes stupides et puis elles te mordent et il fait chaud et les étoiles se transforment en soleil ça brûle avec une fraîcheur intéressante jusqu'à ce que l'on croie que son cœur s'emballe s'arrête se tord tousse se casse, jusqu'à ce qu'on fonde dans son lit et qu'on devienne les draps ah ! on devient métal, alors pourquoi pas matelas, pourquoi pas ! pourquoi pas, devenir le coussin sous sa tête la larme sur sa joue l'eau qui sort de sa bouche le vide à l'intérieur les cauchemars plus loin encore les rêves si l'on continue, et puis d'un coup, tout s'arrête
non, on ne peut décemment pas devenir ses rêves
je vais te dire pourquoi : parce que dans ceux-là, je m'arrache un bras et le vrai revient après coup
mais dans la réalité, j'ai juste une pseudo batte de baseball, une main en moins, une odeur de sueur et une insomnie.
les heures passent, je crois, je n'en suis pas certaine, je reste dans ce lit-là (quel autre ?) et j'attends, j'attends sans être certaine d'être sortie du cauchemar, du rêve, d'un mélange savant des deux
j'entends l'agitation dans les couloirs j'entends mon réveil j'entends le monde qui s'éveille et moi
je me suis arraché le bras
quand je toque à ta porte je ne suis pas encore certaine de comment je me suis relevée c'est juste une chose qui s'est passée et je me tiens là comme si tout allait bien, comme si je ne tenais pas entre mes doigts un bout de moi (non, c'est faux, je veux dire : une carcasse) et même que quand t'ouvrira je sourirai et je te dirai HEYYYYYYY poto écoute j'ai besoin d'un quick fix avant le dej, t'as cinq minutes ? alors que je sais très bien que ça prendra plus que ça.

museum of failure or gallery of trying?

non, non ça dit rien, ça parle pas, c'est les bouches qui parlent, qui crient, et qui gardent le silence aussi, mais un bras, ça bouge juste, et c'est bien pratique -moi j'te le dis, je le sais, j'ai eu avec et sans, et c'est pour ça que j'suis venue, moi je veux pas que tu parles, je veux pas que tu hurles, j'veux pas que tu dises quoi que ce soit, tu sais
si je pouvais, je me passerai de toi.
j'dis pas ça pour être cruelle,
c'est juste qu'à chaque fois que je viens ça soulève ma cage thoracique -enfin, non, la cage de faraday, celle qui m'éloigne de toustes les autres, qui me garde bien au chaud pour les enfers, parce que c'est là où je vais, j'en suis sûre, je l'ai revu cette nuit encore, c'est une prophétie -ah ! peut-être que j'ai deux capacités, eh, ça vaut bien une étoile en plus, non ?
enfin, c'est pas important. c'est un deuil que j'ai fait, je crois. j'me dis : y a assez d'étoiles ici pour refaire toute la galaxie.
j'te vois et je sais ce que tu penses et je sais que tu as raison et tu sais que je sais et pourtant je dis non mais t'inquiètes, si t'as pas le temps, fais juste ce qu'il faut, j'me débrouille, tant que c'est à peu près attaché ça ira, t'sais ? ça sera marrant, ça changera, de tout faire à une main, j'suis sûre que quand j'le dirais aux vaches elles comprendront, même qu'elles se sentiront mal, parce que, woah, truc de ouf !! j'te jure, j'sais pas ce qu'il s'est passé, hier soir, un gros bruit, elles ont eu peur -t'sais quoi j’ai eu de la chance parce qu'elles mont aussi marché dessus, mais bon 500kg sur le pied ça va, j'ai rien eu, mais le bras, paf, dans une corne, elle m'a traîné sur deux cents mètres, mais j'suis lourde aussi, 280 la dernière fois que je me suis pesée, pas que du muscle hein surtout de l'acier, bref. ça a lâché, voilà, voilà ce que je te dis, voilà ce qu'il faut croire, parce que quoi, tu crois quoi toi, entre un bras et une menteuse ?
j'sais que tu sais que c'est pas vrai, c'est pas grave,
dis rien
et plus tard
moi je te dirais
peut-être, enfin,
il faudra voir parce
que le temps coule et
moi je ne voudrais pas te
garder enfermé ici là avec
quelque chose comme moi.
et c'était tard hier soir, je voulais pas te déranger, tranquille quoi ; soirée pépouze avec mes girls, bout de paille entre les lèvres, juste un bras en moins, ça va -fallait que j'reste avec elles, pour les calmer, tu sais ? c'est vrai ça ouais, fallait qu'on se calme, parce qu'elles savaient, elles savent mieux que tout le monde, elles comprennent, je te dis : c'est les plus malines ici, et quand je pleure elles disent rien, et me dit pas que c'est normal, parce qu'elles parlent -elles parlent avec leurs grands yeux ronds et leurs cils super longs et leurs têtes qui se collent à toi comme un chat
quand je suis avec elles j'ai moins peur de moi
mais il fallait rentrer, tu vois ?
alors, me voilà.