De loin, Alfie guette le coucher de soleil ; sous son manteau couve l'immensité des portes qui se referment, d'une lenteur exécrable.
Depuis la disparition de Mia, Alfie ne s'approche plus du Labyrinthe. Il a trop peur d'entendre ces cris retentir et appeler au secours ; peur d'y être poussé par un démon aux yeux dorés. Dans les ténèbres de son impiété, Père Joji (si on peut appeler père un monstre aussi déshumanisé) se dresse en tuteur désabusé - en
prêtre instable et insatiable. C'est terrifiant et révoltant. Alfie a beau avoir peur, il ne peut dignement pas l'ignorer.
Leur tourner le dos serait un affront à ses peurs et ses valeurs ;
une honte à la mémoire de son amie ;
une honte qui survit à toutes les nuits.
Alfie trottine jusqu'aux portes. Le regard écarquillé de dégoût, il refrène la pulsion de se jeter en avant pour sauver l'adolescent. Il se contente du rôle de témoin, à défaut d'embraser le rôle du héros.
Un problème ?La gorge irritée, Alfie ouvre la bouche et laisse s'y engouffrer une bouffée d'air brûlante.
... Ouai.Il toise l'enfant pour espérer le faire fuir.
Mais constate qu'il est aussi pétrifié que lui.
Depuis quand on punit en prenant autant de risques ? Il pourrait en mourir si tu le lâchais ! Ils sont trop à oublier le sort funeste qui les attend s'ils se perdent...
Ils sont trop nombreux à se perdre.
Je ne pense pas que ça soit acceptable... Jo- Père Joji.Jusqu'à sa propre errance, Alfie résistera.