amazed

Les fleurs poussent en file indienne, elles se tiennent la feuille pour ne pas se perdre dans des sentiers que Max connait désormais sur le bout des doigts.
Entre ses mains, un fin bouquet se dessine. Max sait que si quelqu'un tombe sur ces écumes vides et qu'elle se fait surprendre, on pourrait la dénoncer. Mais Max n'y pense pas à cet instant précis. Ses bijoux font des clics et des clacs sur ses chevilles, le visage fermé elle ne veut pas discuter aujourd'hui.

Elle veut bien prétendre à tous les maux de la terre, ceux qui font pousser l'ambroisie au fond du poitrail et qui lui donne de l'urthicaire jusqu'à s'en arracher l'épiderme.
Les plantes sont hautes autour d'elle, Max en reconnaît mais la plupart, Max leur donne des surnoms.
Le zénith commence à s'affaisser, la blonde sent sa chair fondre avec cette chaleur, les perles salées se forment sur sa nuque et elle souffle un grand coup. Elle va devoir bientôt retourner courir dans le labyrinthe, elle s'est accordée cette pause pour former un bouquet similaire à ceux des livres où les auteurs en font l'apogée sublime d'un amour sain.
Ce n'est pas difficile à saisir, ici tout sent bon. La terre et les bourgeons, ses ongles grattent sans abîmer les tiges duveteuses pour s'imaginer l'aspect de sa nuque et de ses boucles.
Ce n'est pas difficile à saisir et pourtant, Max n'est pas spécialement friande de cette environnement.
Max elle préfère les endroits larges sans confinement, là où le soleil tape directement sur la peau et où l'eau navigue entre ses orteils. Mais elle veut bien faire avec.


À un tournant, elle se dévoile et Max sent ses organes faire des tours de manège. Pensée est là, avec son air renfrogné et par réflexe, ses mains viennent se poser sur ses reins. Il ne faut pas qu'elle s'aperçoive que les fleurs vont se fâner entre ses doigts.
Pensée ! On ne s'est jamais parlé je crois. Je m'appelle Max.

Ses lippes tirent les plis de sa peau, ses babines ne veulent pas se retourner mais elle ne peut s'empêcher de rapidement fendre son sourire, Max pince ses lèvres. Tu fais quoi de beau ?

C'est injuste, cette manie que tous ont de vouloir se dénoncer. Max n'a jamais menacé qui que ce soit, jamais. Ce serait aller contre ses idées, des serments jamais murmurés et des promesses attachées au fil de pêche par dessus son lit.

Hm je sais, je suis désolée. Je voulais juste faire un cadeau à quelqu'un qui est plus là. Pensée doit s'en moquer, comme tous les autres qui ne pensent qu'à eux. Ses bras se délient et entre ses phalanges filiformes, dévoile plusieurs fleurs dont les couleurs rappellent celles des visages qui s'empourprent. Max est plus fermée que d'ordinaire, elle essaie pourtant de ne pas être abrasive, elle ne veut pas que ses mots deviennent des maux, qu'ils appliquent des afflictions contre sa chair. Elles ne vont pas mourir pour rien. Elles iront à quelqu'un qui en a besoin. C'est un secret qu'elle garde pour elle, Max ne veut prononcer ni prénom ni raison.

Les tiges s'imprègnent de ses doigts et les pétales encore éclatants remuent au rythme de sa respiration raide. S'il-te-plaît Pensée, garde ça pour toi. En échange je peux faire quelque chose pour toi, peut-être ?
Elle ne veut pas lui rendre le bouquet. L'étau est ferme, trop étanche pour qu'elle puisse y fourrer une seule phalanges, puis, ce serait perdu d'avance. Si Max ne sait pas vraiment se battre, elle sait courir.
Mais là aussi, ce serait une bataille déjà perdue, son prénom susurré entre les adultes et son étoile éteinte. Non, si elle doit tomber, Pensée finira avec elle, là où les rats rongent les lignes du nez et des lèvres. Elles ressentent des choses, les fleurs.. Quand on les arrache à leur terre ?

D'un coup d'oeil léger, Max regarde les boutures puis les plantes qui sont presque aussi hautes qu'elles.
Elle s'en voudrait, d'avoir heurter quelqu'un.

C'est presque une renaissance qui lui est imposée - Max se détend, ses muscles ne tiraillent plus afin de s'échapper de cette situation indélicate. Pensée ne  va pas s'asteindre à la dénoncer et la coureuse retrouve l'éclat solaire qu'elle arbore d'ordinaire avec aisance. Pas vraiment. Je peux pas le dire c'est un secret. Mais si tu veux les récupérer je comprends, je chercherai près du pic du diable, peut-être il en reste quelques unes que les blocards ont pas écrasé.

Le rebord de ses lippes s'étirent enfin et Max se permet un pas vers Pensée.
Ça lui réchauffe les tripes d'entendre tout ça. C'est un soupir de soulagement qui s'ébroue hors de sa poitrine et Max en est certaine désormais - elle sera fidèle à ses adelphes pour longtemps encore. Merci Pensée. Mais j'y tiens, si tu as besoin de quelque chose, tu peux tout me demander. Et Max comme une fausse allégeance chevaleresque, ploie l'échine en retenant un rire. C'est marrant. Je pensais pas qu'elles pouvaient réagir, les fleurs quand on les enlevait à la terre. Comment on fait alors pour les ramasser sans qu'elles ne soient triste de quitter leurs copines ?

La blonde pivote sur les talons, arrange le pantalon sur son bassin et vient caresser les tiges puis les feuilles. Elle évite d'y glisser un ongle pour ne pas abîmer le verdoyant de ces hôtes puis elle jette une rapide oeillade à sa congénère.
Max ne dévoile pas les arcanes écarlates qui lui sont murmurées à l'oreille, elle préfère en crever que d'avoir à révéler cette intimité. On va dire que je vais les rendre à la terre. Je sais pas trop. Je peux pas non plus trop en dire en fait, je crois que si ça se savait on m'en voudrait beaucoup.

Et puis elle s'en rongerait au sang, d'être pareille commère. De rompre les serments promis. Quand tu les fais sécher, tu peux en faire quoi ? Du thé ? Des remèdes ? Max est sincèrement curieuse, son corps déambule dans les allées sans avoir trop réagi à Pensée et sa silhouette anguleuse qui s'est approchée trop près, car ce n'est jamais assez près, pour elle. Les petits à la nurserie les collent dans des carnets, du coup parfois je fais pareil et je les accroche dans ma chambre. J'espère que c'est pas trop barbare.