amazed

Les yeux clos, Abyss profite du silence. Flèche fendue dans les airs, son esprit tente, fouille, à la recherche de tranquillité. Il n'y a qu'eux deux, aujourd'hui, lovés contre les planches humides de la vielle cabane abandonnée. La journée est belle: Crocus a mangé les bons mots. Ceux qui apaisent, rassurent; ceux qui font plaisir comme un bonbon acidulé, la tarte à l'orange d'Eden, ou bien la paume chaude d'Alfie. Alors Abyss, en écho, est tout aussi
h e u r e u s e.

"Tu crois qu'elle a été construite quand ?"

Elle tends la main vers le plafond, tente d'attraper un rayon de soleil qui s'est faufilé parmi les planches manquantes pour venir chauffer leur nez. La vielle bicoque est pleine de trous, de mousse de de défauts. Abyss l'aime pour ça. Elle est en piteuse état, mais elle tient toujours debout.
Un peu comme eux.

"Elle a du voir milles histoires…"

Elle rit. Si les strasses du bois pouvaient parler, qui sait ce qu'ils auraient à leur raconter. Abyss rit, mais en vérité, les fables de la vieille cabane ne l'intéressent pas. Elle n'est pas de ceux, qui, nostalgiques, se perdent dans les histoires passées. Abyss, elle, regarde toujours vers le gouffre béant de l'avenir.

"Toi, raconte-moi… Que se passent-il, dans l'Enclave ? Qu'est-ce qui animent les blocards, en ce moment ?"

Elle s'est tournée vers Crocus, toujours allongée, le bras en v et sa tête calée dans la paume de sa main pour se maintenir. Abyss aime ses histoires. Elle aime quand il lui raconte ses pistes, ses ragots, ses bouts d'enquêtes. A travers Crocus, Abyss ne mange pas que les mots, mais aussi les mystères. Ceux de Crocus sont plus doux que les siens, duquel elle court sans cesse, depuis des années, et qui ne veulent rien dévoiler.