enter the maze
a. runb. looking for paradisec. waiting for deathd. eat friends
« Après ma mort, souvenez-vous de moi ; qu’elle vous ait été utile, mais je suis plus que ça ! Je suis plus qu’un outil de votre survie, je suis un être humain ! Chaque morceau de moi que vous mâchez est imprégné de mon essence, de mes souvenirs, de mes joies et de mes peines. Rappelez-vous de moi et de qui j’étais. Même disparu, je laisse derrière moi une empreinte, un rappel de ce que signifie être vivant. »
what should i do, father ?
alfie et luke sont de très très bon amis depuis l'enfance... pareil pour robin et magda les super amies!!!!
remy sans famille ... bah il a vraiment pas de famille ... #rip
le père suprême se serait infiltré dans l'enclave pour voler des chaussettes à jim!!!
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(fb) Lune et panorama des insectes, Joji
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Ilan
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Ilan
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[ Mar 20 Aoû 2024 - 14:42 ] (fb) Lune et panorama des insectes, Joji
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C’est un secret jamais dévoilé au public, mais voilà : Ilan avait adressé une prière. Durant l’interstice de solitude entre l’Ascension et sa découverte effective du Paradis, dont iel se faisait une image dorée et infantile, Ilan avait joint les mains — geste issu de l’imaginaire collectif qu’il faisait car il lui semblait que ça faisait bonne figure — et adressé au ciel en ces termes : un vœu de bien-être perpétuel. Je souhaite que Joji et Pierrot aillent bien. Sans marqueur de temps en fin de phrase, il avait été conquis par une profonde tristesse et allait vers son salut.

Il ne doutait plus que ce monde soit dépourvu de dieux mais être exaucé l’avait amusé. Joji était arrivé dans l’après-midi. Après les présentations de courtoisie, on lui avait fait découvrir l’Enclave qui était, en tout point, similaire aux autres, éclatant de la même lueur et recelant les mêmes secrets.

Ilan avait demandé aux enfants de lui cueillir des coquelicots, de la lavande, de la sauge et des joncs. Il avait jeté les joncs car supportait tout compte fait difficilement la disparité des éléments et les avait fait sécher en les pressant entre ses encyclopédies — deux volumes énormes, creux, datés, vidés de leur contenu qu’il lisait ponctuellement pour se donner quelque chose à faire. De sa chambre, iel avait pris une céramique jaune qu’on lui avait faite et il avait laissé les plantes séchées là, éventrées en un cercle, déjà mortes. Iel était très fier de son effet mais l’avait déjà oublié au cours de la journée.

Le bouquet séchait sur la table de chevet de Joji. Les draps étaient faits. Il régnait, dans le quartier des parents, une intimité polie et cachée de couvent, où les adultes s’échangent des sourires gommés par la lumière jaune du salon, portant sur leur poitrine l’odeur du quartier comme un blason. C’était, à partir des menus détails, en tout points différents du quartier des blocard·es : il se dévoilait, ainsi, le dernier secret qui leur était réservé. Sitôt éventé, il était ordinaire et confondu au reste.

Ilan mit ses mains sur ses hanches. Il avait songé à faire l’effort de mettre sa plus belle chemise, mais elles se ressemblaient toutes. Il découvrait Joji dans l’artifice d’une nuit de plastique. Iel lui avait souri à son arrivée, et l’avait salué comme tous les autres parents, avec la même nonchalance polie, avant de devoir poursuivre ses occupations. Il avait songé toute la journée à la cruauté de cette rencontre ordonnée, sans affect ni surprise : iel espérait que cela frappait Joji de la même façon que lui.  

Qu’est-ce que tu en penses ? Iel s’était penché par-dessus son épaule, iel lui parlait par le haut du creux de l’oreille, mais sa voix ricochait dans tous les angles du plafond. Tu as perdu deux doigts. Il lui avait pris la main pour voir de plus près l’endroit où la chair avait été sectionnée, et Ilan se figurait aisément la forme des doigts qui manquaient, dont il prenait conscience avec plus de fermeté que la peau, claire et sans tendresse, de Joji. Ah ! Ca l’avait brûlé. Je n’ai plus l’habitude. Il dit ça en riant, cela lui donnait vaguement envie de pleurer. Joji avait vielli et accusait une ride en forme de fossette.

Voici qu'ils chantent, crient, gémissent : Visage, Ton visage !
Joji
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Joji
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[ Sam 7 Sep 2024 - 12:21 ] (fb) Lune et panorama des insectes, Joji
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(cw descriptions un peu gores)

On avait ouvert Joji, et on n'y avait rien trouvé de particulier. Sa dissection avait mis au jour un peu de chair claire, des os translucides et creux, et un poison mauve et poisseux qu’il avait fallu collecter comment une confiture de belladone, en la raclant de l’interstice mince entre sa peau et le reste du monde. Il faut ainsi comprendre qu’on n’avait pas trouvé en Joji grand chose d’humain : éventré sur la table, il ressemblait en tout point à ces figures anatomiques de grenouilles disséquées au nom de la simple curiosité — les créatures de ce genre (petites, insignifiantes, à la vie courte et aux émotions atrophiées) ne suscitent pas de sympathie particulière, et la dissection visuelle et physique de Joji avait apporté la preuve matérielle qu’il n’était pas nécessaire de faire preuve d’empathie.
On pouvait ainsi l’ouvrir sans culpabiliser, et le refermer aussitôt, sans se préoccuper de la longue cicatrice rouge et boursouflée qu’on laisserait sur son ventre, et qui serait pour toujours la marque de son manque d’humanité.

Joji savait qu’Ilan n’était pas comme ça. Joji savait qu’Ilan l’aimait comme on aime un chien ; c’est-à-dire à condition qu’il soit fidèle et qu’il ne morde pas. Joji savait qu’Ilan l’aimait, ainsi, comme un animal de compagnie plutôt que comme une chose sauvage qu’on écrase du talon en traversant les fourrées. C’est bien ainsi — c’est un équilibre que Joji trouve juste. Joji regarde Ilan en levant la tête, comme les chiens tendent le cou pour apercevoir le soleil. C’est bien ainsi — c’est un amour juste et mesuré pour ce qu’il y a en Joji (bien peu de choses).

Leurs retrouvailles furent, d’apparence au moins, insignifiantes. Dans l’assemblée grouillante des parents, Joji avait d’abord vu Pierrot — plus humaine que tous les autres. Joji et Pierrot représentaient peut-être, sur le spectre de l’humain, les deux pôles opposés ; ceux de l’humain-animal et de l’humain-humain. Joji était heureux de retrouver Pierrot. Joji était aussi malheureux de retrouver Pierrot.
Joji, en voyant Ilan, avait voulu pleurer — il s’était retenu parce que le Père ne voudrait pas d’un chien qui pleure, et qui passerait alors pour une bête mal éduquée. Joji l’avait salué sans lui serrer la main, avec la froideur qu’il trouvait de rigueur, et qu’Ilan lui imposait, avec cette rigidité parfaite de ceux qui trouvent leur équilibre au centre du spectre de Joji à Pierrot, ou de Pierrot à Joji. Pour cela, Ilan n’était pas vraiment comme eux, et représentait à lui seul le maillon supérieur de la chaîne alimentaire de l’humanité. C’était une loi naturelle que Joji reconnaissait et, comme un animal, il ne se serait ainsi pas permis d’outrepasser sa classe dans l’ordre du vivant.

Joji sera heureux quand Ilan lui demandera de l’être. Il gardait, en attendant, un air placide et artificiel qui seyait à son visage de cire. Il attendrait, pour s’animer, qu’ils soient tous deux dans l’intimité de chapelle de sa nouvelle chambre, où leurs retrouvailles pourront se faire à l’ombre des regards. Joji a peur, soudain, qu’Ilan ait honte de le connaître — il en aurait pourtant le droit.

C’est. Mieux que. La. Mort. Pas vrai ?

Joji avait senti le souffle d’Ilan à la base de son crâne rasé de près. Il avait fait semblant, bon chasseur ou chien de chasse, de ne pas l’entendre s’approcher derrière lui — Joji n’avait cependant pas su feindre la surprise en entendant la voix d’Ilan remplir soudainement l’espace clos et austère de l’appartement-niche où Joji couchera désormais. Joji n’a pas encore relevé le vase jaune, le rouge passé des coquelicots séchés, le violet terni de la sauge et de la lavande. Il en sent pourtant l’odeur herbeuse et vieillie, qui se mélange à celle des produits ménagers. Joji, comme un chien, flaire pour retrouver les traces de celui ou celle qui occupait avant lui l’appartement. Il n’en trouve rien.

Il laisse Ilan prendre sa main sans le préparer à la violence qui ne manquerait pas de venir : Ilan devait savoir, et s’il ne savait pas, il devrait réapprendre cette douleur équivalente à de l’amour.

Oui. Ils. Ont été. Écrasés et — et il a fallu. Les couper.

Joji se demande ce qu’Ilan aurait pensé de tout le sang versé, et du grand rire qui avait secoué Joji quand il avait vu la chair découpée en petits morceaux irréguliers qu’il faudrait forcément séparer de lui pour créer une plaie qui finirait par se refermer. Joji avait ressenti leur absence parce qu’elle l’avait privé du Paradis. Joji comprend maintenant la signification profonde de cette perte.

Pardon.

Joji ne lâche pas la main d’Ilan : il veut lui faire éprouver cette brûlure comme une punition pour son absence et une récompense pour sa résurrection — Joji, ainsi, veut forcer le corps d’Ilan à se souvenir de lui. Il superpose le visage de cet Ilan vieilli avec le souvenir que Joji avait de lui, et trouve leurs différences. Elles ne sont pas assez signifiantes pour qu’il lui en veuille d’avoir changé.

Pourquoi. Les. Fleurs ?
Ilan
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[ Mer 11 Sep 2024 - 11:40 ] (fb) Lune et panorama des insectes, Joji
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tw automutilation

Une marque rouge mieux que la mort remplissait la peau d’Ilan là où les doigts de Joji manquaient. Iel avait mis sa main par-dessus la sienne, et touchait de ses deux doigts joints la chair blanche, immangeable, de son ami. Ilan se figurait que la chambre sentait le thym frais qui chasse les mauvais esprits, mais savait que ça ne relevait que de son imagination. Tu as dû souffrir. Iel lui disait cela sans compassion, et apportait simplement cette précision au tableau des manquements de Joji : ses absences devaient, sans doute, être remplies de douleur, et Ilan trouvait à cela un ordre justifié. Hm. Celle-là même s’imprimait sur lui par un arc rouge et dentelé de fractales régulières par ses cellules surexcitées, qui faisait miroir à celui de ses yeux.
Pourquoi est-ce que tu t’excuses ? Ilan déplaçait, en même temps, la douleur en lui-même, cherchant la meilleure disposition de ce meuble nouveau parmi les siens. Il savait qu’on lui prêtait et voulait en faire une place d’honneur sans qu’il ne doive trop le regarder : il attendait patiemment d’être ébloui par sa nouvelle possession. Sa peau, très pâle, rougissait fortement. Iel voyait maintenant la délimitation claire entre Joji et lui : cela lae fit sourire.

Les excuses ne l’intéressaient pas, bien sûr, car leur promesse avait été rompue par le Père, et qu’Ilan, de toute façon, avait déjà oublié ces jeux infantiles. Iel avait levé le nez et balayait la chambre du regard comme s’iel la découvrait avec Joji. C’était peut-être le cas ; Ilan faisait l’effort d’emprunter les yeux de Joji et de regarder avec eux. Iel notait pour Joji ce qui était inédit et ce qui ne l’était pas : cet exercice lui venait avec trop de naturel pour lui faire plaisir. Il s’arrêta sur les fleurs, qui étaient en train de sécher, et Ilan se sentit blessé et embarrassé par le grotesque de la mise en scène. Il avait de la peine pour la personne qui s’y était prêté.
C’est un peu grossier, non ? C’est quelque chose qu’on fait pour le retour des êtres aimés. Lâche ma main. C’était l’ordre d’un maître à un chien qui les aime. Ilan ignorait tout de son ton. La douleur avait éclos en lui comme un grand tournesol, et il ne fallait pas, maintenant, que la marque lui reste à la vue des enfants. Ilan voulait garder cet extase pour ellui.
Tu peux les jeter si tu veux. Les fleurs. Iel caressait sa marque sans la regarder. Il ne sentait sous ses doigts aucun relief, ni aucune chaleur ; tout le secret de sa douleur, mordante, et froide, était en lui-même. Il baissa les yeux sur la main de Joji encore. Iel voulait lui ouvrir et y déposer une prière et un baiser, il se disait qu’il aurait plutôt fallu des roses car les épines auraient transpercé là où il y avait de la chair et pas là où il n’y avait rien, mais c’était ainsi : leur vie, au-delà de sa frontière, ne rimait à rien. Ilan sourit à la main. Puis Ilan sourit à Joji.
Tu es content de me voir ? Iel avait une grande joie, lumineuse et espiègle, que le soleil n’éclipsait pas, car iel avait tiré les rideaux.

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[ Lun 23 Sep 2024 - 11:06 ] (fb) Lune et panorama des insectes, Joji
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Joji a souffert : c’est un fait que Joji lui-même ne saurait énoncer. Joji a souffert si bien qu’il ne reste de plus rien de Joji — non, c’est faux. Il ne reste plus rien de ce qu’était Joji au tout début du monde, et c’est ce Joji-là que Joji a regardé – ou vu – mourir. Il reste de Joji des morceaux disparates qui en font un homme complet mais méconnaissable, et quand Ilan dit “tu as dû souffrir”, Joji sait qu’Ilan veut dire qu’il ne le reconnaît pas. Joji voudrait pleurer sa propre mort, et le deuil qu’Ilan fait de lui, mais Joji s’en abstient : il est toujours là. Il reste de Joji un noyau dur ; ou plutôt un pépin, comme un pépin de pomme. Joji se recompose autour de ce pépin souple et plein de cyanure, et ce qu’Ilan voit là n’est que la chair encore verte du fruit qui protège le réel Joji.
Joji s’est excusé : c’est la preuve que ce Joji-là n’est plus le vrai. Joji est horrifié de constater qu’Ilan l’a compris, et Joji craint que ça ne veuille pas de cette version de lui. Joji en vient a haïr sa renaissance. Parce. que — je. sais pas.

Ilan — Joji ne sait pas ce qu’il voudrait lui dire. Ilan est au Paradis, et Joji n’y est pas, et pourtant, les voilà dans cette chambre platement vierge, et iel est là, et Joji aussi. Joji se mettra peut-être ainsi à croire au Paradis, car le voilà enfin où Ilan est.
Si Ilan aime les fleurs séchées, Joji les aime aussi. Si Ilan les trouve grossières, alors Joji aussi. Si Ilan l’aime de cet amour détaché, procédurier, logique, Joji l’aimera aussi ainsi. Les fleurs sont un symbole que Joji ne comprend pas. Il voudrait dire “moi aussi, je t’aime, et je suis de retour”. Il dit “merci”. Il lâche la main.
Joji remercie Ilan de le dépouiller ainsi des restes de l'agentivité dont il avait dû faire preuve en son absence, et Joji peut à nouveau remettre le modelage de sa personne entre les mains d’Ilan, qui, elles, ne marqueront pas sa peau de brûlures, mais pourront creuser les détails subtils de ce que Joji doit être. Non. Joji gardera les fleurs — les coquelicots, la lavande, la sauge et le vase jaune. Il ne déplore pas l’absence des joncs parce qu’Ilan les a jugés inutiles, et que Joji sait qu’Ilan a toujours raison.

Ilan fait à Joji le don de son bonheur, que Joji accepte. Son sourire fend son visage, mais d’une manière heureuse, et Joji sourit aussi, et chez lui, la fracture du sourire porte une joie disciplinée et démesurée — une joie pleine de promesse. Si le soleil s’était infiltré par les stores pour éclipser la joie d’Ilan, Joji l’aurait crevé comme un œil immense, et aurait accueilli le sang versé sans déplorer la perte du jour. Il n’y a qu’ellui, et il ne doit rien y avoir d’autre. Joji cristallise ainsi tout ce bonheur : oui. Il s’autorise alors une prière à la figure divine qu’incarne Ilan, et inscrit déjà sa réponse dans sa propre évangile, très apocryphe, qu’il écrit pour lui-même et pour les Joji futurs.

Pourquoi. Pourquoi tu n’es. Pas au Paradis ?
Ilan
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Ilan
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[ Mer 25 Sep 2024 - 14:20 ] (fb) Lune et panorama des insectes, Joji
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Le Paradis est grand, et lumineux. Au Paradis on ne souffre plus ; un grand soleil embrasse de la même manière le visage innocent des béni·es et les fruits gorgés de sucre bercés aux branches. Au Paradis, il n’y a ni faim, ni froid, et il ne reste pour passer le temps qu’une cruauté biblique, intrinsèque, essentielle : on se fait la violence comme un jeu. Ilan sourit. C’est un sourire creusé, et absent, satisfait, sans tristesse ni secret.
Où penses-tu que nous sommes ?
Joji a vieilli, mais ne s’est pas enlaidi ; Ilan est rassuré de retrouver la tendresse globulaire de ses yeux de biche éventrée. Il se dit que le temps se paie en sagesse et aggrave sur leurs corps une sentence masculine qui lui plaît. Le regard d’Ilan joue à saute-moutons sur la tête de Joji, faisant l’inventaire, mèche par mèche, de ses cheveux noirs sans y trouver de cheveu blanc, et Ilan s’enorgueillit sans s’en satisfaire de cette préservation totale, quasi médicale, de l’idée qu’on se fait de la verdeur. Iel a oublié quelques temps le fil de la conversation et entrouvre les lèvres, brisant son sourire de masque de cire, dont il se refait un visage aussitôt.

Tu sais comment c’est, dehors. Ilan se tait. Iel ne connaît pas la miséricorde, sinon iel aurait prié pour le triste monde des hommes. Ça lève une main, hésite, la lève encore, ça bénit le front de Joji (pas trop longtemps : il est trop tôt encore pour eux de se brûler autant) et poursuivant sa course, la main d’Ilan aplatit les cheveux de Joji, du même geste machinal, tendre, soucieux, absent, avec lequel ça le coiffait dix ans plus tôt. Ça aplatit les cheveux de Joji, ça équilibre son portrait à la croisée du temps.
Si tu me demandes pourquoi je n’ai pas voulu être sacrifié c’est parce que j’ai eu peur de rater quelque chose. Il se tait. Joji est parfait. Ilan, soucieux, fixe au-dessus de sa tête une couronne inexistante, filée en fleurs de marécage. C’est du gâchis, non ? Toi, tu ne pouvais même pas l’être, j’imagine, tu es empoisonné. Iel sourit en disant cela, et son visage s’était fendu d’une grimace mutine et légère tandis qu’iel mettait les poings sur ses hanches.
La preuve, je voulais que tu reviennes. La preuve que j’allais rater, je veux dire. Le visage d’Ilan se gorge de soleil. Ca plisse les yeux et bénit son aveuglement. Joji se tient juste à droite du halo de lumière, dans la pénombre ocre du juste, et celle-là fait saillir durement les traits de son visage, crus, et purs.
Maintenant, la seule solution, c’est que quelqu’un d’autre nous tue ! Ilan déclarait cela avec une certaine joie, mais il entendait aussi que celle-ci éclatait au plafond et laissait derrière elle un profond silence de détonation dont il ne se formalisait pas.

Ilan mesure la large distance qui existe entre Joji et lui, entre Joji du passé, et Ilan du passé, et Ilan, assez rationnellement, sait qu’ils n’ont pas d’autre futur ; et ce grand jeu métrique lui donne envie de se jeter à genou et de pleurer. Son sourire crève des petits triangles jaunes. Ca se décale pour éviter le soleil. Tu as dû beaucoup souffrir. Il répète, dans le vide. Il regarde les doigts de Joji et regarde ailleurs. Ilan n’est pas vraiment là. J’aurais préféré que non. Il sourit moins. Il n’a plus envie de pleurer. Il oublie que Joji est là. Mais c’est fini, maintenant. La fenêtre crachait des figures de soleil sur le sol où ils n’étaient pas. Tout est tranquille ici. Dehors, aucun oiseau de paradis n’a été inventé pour chanter.

Voici qu'ils chantent, crient, gémissent : Visage, Ton visage !
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