amazed

Ça devait être une bonne soirée. De celles un peu exceptionnelle dans la vie d'un sans étoile. Pas qu'il se fait chier, Felix, vous ne l'entendrez jamais dire ce genre de vérité. Mais les loisirs sont limités quand on gagne que des miettes. Et on peut pas dire de Felix, qu'il ait encore beaucoup d'amis chez ceux qu'on blinde de ticket. Alors la soirée de l'été, c'est un peu un must vous voyez. C'est gratuit, on mange plus et meilleur que le reste de l'année et, en plus, on peut se payer le luxe de voir les rising racoons sur scène. Comment vous dire... Si ce n'était pas LA soirée, Felix ignorait ce que c'était.

Il a perdu Faïr dans la foule. Felix est rarement tenable dans ce genre d’événement. Trop de monde, trop d'euphorie autour. Son attention détournée toutes les deux secondes, le laissant épuisé, parfois un peu hagard. C'est peut être voir Love traversé la cohue qui l'a détourné de son ami ou peut-être ce blocard qui a grimpé en haut de la fausse colonne grec devant laquelle on peut poser. Il ne sait pas, sa tête tourne. C'est alors qu'il entend.

Le culot vraiment de se pointer ici tout sourire après ce qu'il a fait à Lucas !

Malgré lui, il écoute.

Askip c'est vraiment une plaie. Ma pote qu'est dans sa maison me l'a dit. Lucien et Robin doivent s'arracher les cheveux.

Il pince les lèvres.

Vraiment un nid à problème les PSY, hein.

Il est le nid à problème.

On ne peut pas dire que Felix soit le plus intelligent. Au moins l'est-il assez pour ne pas se jeter contre les cracheurs de gossip. Il s'éloigne de la fête. Tant pis pour Faïr, le concert. Il va casser des gueule, faut qu'il se calme. Felix enfonce son casque sur sa tête, le temps de gagner le calme des bois. Là, il se fige devant un arbre qu'il frappée son poing. Une fois. Deux fois. Trois fois. Jusqu'à ce que ça lui fasse mal. Il observe le sol, loin d'être défoulé. Ses doigts le démangent, bougent, araignées. Son regard croise un bâton. C'est parfait ! Il prend, jette, jette encore. La bouche qu'il a en main s'écrase contre le tronc plus loin et un drôle d'animal en sort.

Mon cul, ouais.

Il a le regard méfiant. Ziggy, il le connaît de loin. Un original parmi tant d'autres, mais il a encore une étoile, lui.

T'as vu ta tête ? T'as pas une gueule à pisser dans les buissons.

Il croise les bras, ses doigts pianotent contre sa hanche. Peut-être qu'il va le taper, Ziggy à l'air de mentir. Où peut-être qu'il ne ment pas, peut-être que les toilettes étaient bondés, qu'il a dû improviser. Ça ne lui semble pas déconnant. Le carnage autour de Felix parle à sa place. Il ne fait pas l'effort de cacher son poing malmené.

Pourquoi ça t'intéresse ? Tu vas aller cafarder ?

Dire que Felix tape tout seul contre des troncs, jette des bûches contre les arbres. Il étire un sourire cynique, penche la tête sur le côté.

Whoua, les enfants vont trembler. Je fais mal aux arbres bouuuh. Pff.

Sa mine se ferme presque immédiatement, expression plus sombre quand il détourne le regard pour demander.

Tu veux pas aller voir ailleurs ?

Ça le suit. Felix, ça le fait sourire. Encore un fou ou un moustique en quête de scoop à sucer. Ziggy lui a toujours paru étrange. Au final, il fait honneur à sa réputation. Mais Ziggy a aussi du culot. Un sacré culot, que Felix observe les lèvres entrouvertes, un frisson le long de sa nuque.

Je pourrai te casser la gueule, ouais.

Il a la sensation que personne ne pleurera vraiment Ziggy pour ça. Il y a des gens, comme ça, qu'on peut traîner dans la boue sans que ça n'émeuve le peuple. Lui par exemple, le reste de ses camarades des sous-sols. Mais une étoile unique atypique comme Ziggy ? Ça ferait tout aussi bien l'affaire aussi.

Tu serais plus efficace que l'arbre.

Felix a l'habitude de jouer les durs. D'impressionner et ainsi soigner son être meurtrit. On le critique, mais on le fuit aussi. Ziggy lui ne suit pas. Il reste planté là, son sourire aux lèvres. Felix hausse un sourcil.

T'as pas peur ?

Sait pas si ça le vexe comme un pou ou si ça l'intrigue.

Tu veux quoi ? On se connaît quasiment pas.

Mais il doit bien l'avouer, son poing le lance. Il fronce les sourcils, considère le CREA du regard avant de tendre sa main.

Je t'emmerde. Je suis bien plus raisonnable que tu ne le pense. La preuve, t'es encore entier et les deux crétins là-bas aussi.

T'es trop bizarre.

Pour ne pas dire effrayant. Ziggy lui donne la sensation d'être hors de contrôle. Ses mots ne se fracassent pas sur le CREA comme ils se fracassent d'habitude chez les autres. Ziigy semble à peine les remarquer, leur donner de l'importance. Il les écarte d'un geste gracile de la main, les prend et les manipule pour en faire des jouets. Ça le désarçonne, Felix.

Ah ouais ? T'es un bon samaritain alors ?

C'est balancé avec une pointe de cynisme, il n'y croit qu'à moitié. Felix n'a pas l'habitude qu'on l'épargne. Certain se laissent parfois aller à la pitié, mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit ici. Felix sait le voir. Il fronce les sourcils, sa main abîmée tendue négligemment vers l'espion. Sur les jointures, des éraflures rouges et poisseuses. Ça lui pique. Felix fronce les sourcils pour retenir la grimace.

C'est pas une question de vouloir. Askip les mots c'est pas un motif suffisant pour s'en prendre aux autres.

Il a quelques jours d'isolement à son actif qui en atteste.

Et qu'est-ce que ça peut te faire, de toutes façons, que je veulent leur faire bouffer de la terre ? Il détourne le regard, frustré. C'est pas comme-ci tu pouvais y faire quelque chose hein.

Pas plus que lui. Pas sans qu'on le punisse encore, alors qu'il ne fait que défendre. Ils ne savent pas. Il en a assez qu'on lui fasse ressasser la mort de Lucas. Assez que ses connards, qui sont même pas dans les histoires, s'improvisent justiciers. Alors que ça l'obsède. Alors qu'il n'y a pas un soir où il ne se frappe pas le crâne pour ne pas que le visage de son aîné le hante. S'il avait été moins con, s'il ne l'avait pas défié, Lucas sera toujours là. C'est ce que les autres n'ont jamais compris : Felix a pas besoin qu'on le déteste, il se déteste déjà très bien tout seul.

Ziggy il est bizarre. Ses doigts contre sa main, ça le dérange sans savoir très bien d'où ça lui vient. Quand les choses ne sont pas claires, frontales, Felix décroche. Il a tendance à tout entasser dans un coin de son crâne, dans des petits tiroirs plein à craqués. Vous savez, le genre qu'on ferme et qu'on ouvre en poussant ou tirant d'un coup sec. Il observe, Felix, parvient pas à donner du sens à cette discussion, ni à lui identifier un but. Il obtempère néanmoins, Ziggy à l'air de vouloir observer sa plaie, peut-être veut-il la soigner ? Ce serait pas mal. C'est pas douloureux à s'en rouler au sol mais ça pi-

Hé ! Felix sursaute, un pique douloureux l'inonde. Ce sont les doigts de Ziggy. Putain de merde !

Par réflexe, il tire et tente de ramener sa main vers lui. Mais la prise du CREA est puissante, plus que Felix ne l'avait soupçonné. Il ramène, ses griffes contre la chair rosée de sans étoile, son poignet contre son torse.

Mais ça va pas ?

Son regard passe de sa main emprisonnée à Ziggy, de Ziggy à sa main. Ses sourcils se froncent, mais Felix n'a pas le temps de répliquer. La pique de Ziggy roule peut-être sur sa langue, mais elle gifle Felix. Esprit simple, facilement détourné de l'essentiel. Il en oublie les élans rapaces de son interlocuteur pour n'entendre que la provocation.

Tu me traites de quoi là ?

Piqué au vif, Felix redresse le menton, le regard brûlant d'une fierté qu'il supporte mal d'être bafouée. Il profite de sa main contre son torse pour agripper le tissu de son haut et le ramener à lui.

Tu sais qui je suis au moins ? Balance pas des insultes que t'as pas la capacité d'encaisser l'cafard.

Felix le soulève un peu du sol.

Tu perds rien pour attendre. Personne me traite de mauviette, capisce ?

Est-ce que c'est volontaire ? Un genre de paris miteux que se passe les plus étoilés pour se donner un peu de frisson sans risquer de se faire punir ? Ça ne l'étonnerait qu'à moitié, Felix, de découvrir une telle perfidie chez ceux qui ont de l'or épinglé au col.

Ziggy n'a pourtant qu'un tout petit bouton doré de plus que lui. C'est largement suffisant, il le sait, pour faire le distingo entre quelqu'un de passable et une sous-merde. Sa main contre son sol se resserre. Est-ce que c'est ça son plan ? Le montrer en sauvage ? Alors ok Ziggy, Felix pas te montrer un sauvage.

Tu crois que j'ai peur de me faire punir sale cafard ? Tu crois que je me chie dessus de me faire gronder par papa ?

Il étire un sourire malveillant, sourit comme aurait sourit un golden boy sauf que dans ses yeux il n'y a ni retenu, ni soleil. Juste un éclat de défi, l'éclat qui précède toujours une mauvaise action.

Felix pousse un cri, toujours bruyant dans ses démonstrations de force. Il plaque le CREA au sol, soulevant un nuage de poussière à l'impact. Penché sur lui, sans se défaire de sa prise, le PSY exulte.

Baisse les yeux quand tu t'adresses à moi. Baisse les yeux, Ziggy !

Ziggy, quel prénom de merde, ça aussi. Il l'a jamais aimé, Felix, a toujours trouvé que ça sonnait bancal, peu inspiré. Comme si Ziggy avait été une surprise qu'on avait pas su recevoir, qu'on avait nommé dans la panique, pas préparé. C'est un peu l'impression qu'il lui donne. C'est un peu ce qu'il ressent face à la folie qui émane de lui. Felix n'est pas préparé.

Comment est-ce qu'on puni quelqu'un comme toi hein ? peut-être que je devrais te dé-zapper et te laisser rentrer à poil, hm ?

Non, j'aime trop te regarder.

Son regard s'écarquille, un bref instant il a comme un blanc. Felix pris de court, encore. Merde, c'est agaçant ! Ziggy est à terre, pourtant il ne faiblit. Est-ce qu'il bluff ou n'en a rien à foutre ? Il se pose trop de question, Felix. En ça, Ziggy le domine. Ça l'énerve, Felix.

JE VAIS TE-

Il n'est pas habitué, Felix, à ce qu'on ne le craigne pas. Il a l'habitude qu'on se moque, qu'on le prenne de haut, qu'on le considère avec la médisance des plus grands. Mais, tu sais Ziggy, tout le monde baisse les yeux et se tais quand Felix s'énerve. Quand Felix frappe, qu'il dérape, qu'il montre le pire qu'on ne lui soupçonne pas, ça demande pardon, ça perd de sa superbe. Pas toi. Toi, c'est comme-ci tu attendais que le pire vienne, comme-ci tu le désirais, comme-ci ça t'excitait. Pour ça qu'il veut te réduire en bouillie, Felix. Pour ça qu'il va nicher son poing pour te fracasser le nez. Peut-être que si tu saignes, tu perdras de ta superbe...

Mais Ziggy n'est pas un clown, Ziggy est un artiste. Il aggripe les joues de Felix, se penche en avant. Le PSY n'a pas le temps de crier. Il se fige, tétanisé, quand le souffle du CREA glisse sur ses lèvres. Il lui faut deux secondes, très exactements deux secondes pour réagir. Felix le jette au sol avec force avant de bondir sur ses pieds, désireux de mettre de la distance entre lui et ce fou furieux qui rit quand n'importe qui d'autre serait en train de pleurer.

T'es vraiment un grand malade ! C'est quoi ton problème putain ?!

Il essuie sa bouche alors que Ziggy ne l'a même pas embrassé. Son cœur tambourine contre sa poitrine, Felix à l'impression d'avoir tapé son pire sprint.

T'es comme Kafka ? A avoir une obsession bizarre sur les gens ? T'es en crush sur moi ?

Sur ses lèvres il retient le mot freak. Felix réalise qu'il a peur de Ziggy. Felix réalise aussi qu'il pourrait en tirer parti.

J'ai pas de problème, c'est juste toi qui est bizarre.

Déroutant serait plus juste. Déroutant au point de faire naviguer Felix à l'aveugle, à ne pas savoir distinguer sur l'obstacle en face est une île accueillante sur laquelle accosté ou un récif tranchant sur lequel faire naufrage. Il n'est pas spécialement intolérant à la douleur, Felix. Mais s'échouer contre Ziggy lui fait peur.

Le CREA a l'air vexé. Il époussette ses vêtements avec une mine renfrognée. Felix note que Ziggy ne porte pas Kafka dans son cœur. Le sans étoile à l'audace d'avoir une pensée pour le roi des mouches. Encore un, c'est drôle ça. C'est bien là un lien qui lui amène une certaine sympathie pour son camarade. Ils sont tout aussi décrié l'un que l'autre. Et Felix n'a pas la grandeur pour ne pas apprécier ne pas être le seul à être rabaissé.

Il n'a pas la grandeur, non plus, pour ne pas étier un sourire nerveux. Les élans agressifs de Ziggy le souffle. Le culot, voilà quelque chose auquel Felix réagit mal.

J'suis grossier ? Moi j'suis grossier ? C'est vraiment culotté venant du type qui m'espionne derrière un arbre, m'insulte et se foire à me rouler un patin.

Il croise les bras contre son torse, un peu plus serein pour reprendre l'ascendant. Il lève légèrement le menton, se grandit en toisant son voisin d'en face.

Et il consiste en quoi mon bien, à tes yeux, exactement ? Dis-le-moi parce que ça m’intéresse.

Il n'a pas oublié qu'il y a quelques minutes, Ziggy le poussait a aller frapper. Il étire un sourire, voulant se conforter dans l'idée qu'il maîtrise.

Comprends moi, hein, pas que je remette en question ta bonne foi, mais c'est inédit qu'on se dise vouloir mon bien en me traitant de mauviette parce que j'ai pas bondit sur mes pieds pour aller casser la gueule à un autre blocard.

Il réalise, Felix, que c'est pas à lui donner des preuves. Ça le détend. Il avance d'un bas, glisse son regard de bas en haut avant de se figer sur le visage du une étoile.

T'veux qu'on soit amis, c'est ça ? Il sourit. Sauf que je suis pas amis avec n'importe qui.

Il aimerait ça, Felix. Qu'on les punissent. Mieux même, qu'ils se punissent. Aussi la proposition de Ziggy l'attire. Felix n'a jamais été un sain et la mesquinerie est bien plus attractive que la sagesse. Il considère le CREA du regard. C'est en soit une victoire, déjà, que l'idée fasse son chemin.

Hmm... Et tu pourrais faire ça en public ?

Une lueur intéressée perce dans son regard, difficile à refréner. Mais Ziggy est dur en affaire et donne pas sans concession. Felix fronce les sourcils, frustré que le CREA se permette de négocier.

Et t'as beaucoup d'amis ? qu'il raille, mauvais.

Mais l'occasion est trop belle. Et le prix à payer lui parait raisonnable. Un ami ça veut tout et rien dire. Des amis, on peut s'en faire des tas quand on attache peu d'importance à la définition. Quelque part, Felix se dit que ça ne l'engage en rien. Il sous-estime Ziggy, mais qui s'en plaindra ?  

Le PSY souffle par le nez, comme pour marquer sa décision. Il tend une main franche vers le une étoile.

Ok, j'veux bien être ton copain.

Il serre la paume de Ziggy contre la sienne, la tire vers lui à la seconde où il la tient.

Maintenant tu vas me dire ton petit secret hein ? Comment tu ferais ?

Attends.

Marrant, Ziggy est son ami désormais, son "copain". Et puisque Ziggy est son "copain", Ziggy peut lui montrer quelques uns de ses secrets. Felix est d'une nature curieuse. Sans oser briser la distance entre eux (Ziggy serait capable de bondir, fuir ou le tuer, qui sait ?), il s'étire néanmoins, se met sur la pointe des pieds dans l'espoir d’apercevoir un peu de ce qu'il se passe à l'ombre des épaules du CREA.

Il connaît les rumeurs, Felix, sait ce que tout le monde sait à propos de Ziggy : autant dire pas grand chose. Est-ce que ça marche ? Et comment ça marche ? Il voudrait poser les questions. Ziggy n'a pas dit silence, juste attend. Mais Ziggy se relève déjà, d'étrange pétales dans le creux des mains. Felix les examine minutieusement, les faisant tourner entre ses doigts à la lumière du clair de lune.

On dirait vraiment un simple pétale.

Il abaisse son regard vers Ziggy, bien moins froids et distant depuis qu'il a su piquer sa curiosité.

Et comment ça fonctionne ? C'est que pour eux ou je risque moi aussi de me casser la gueule si je le fiche de ma poche ?

Le sans étoile considère l'objet de leur futur méfait avec attention. Les deux gus doivent être en train de danser ou rire, voir les deux. Felix est d'accord, il est grand temps de leur faire passer le goût de l'amusement. Il fourre les pétales dans sa poche pour attraper le poignet de Ziggy et l'entraîne en direction de la piste.

Hors de question que tu te casses sans que je vois si ça marche ou pas, tu viens avec moi.

La fête bat toujours son plein. Felix ne parvient pas à retrouver Faïr dans la foule, tant pis. Il est un peu vexé d'avoir perdu son ami de vue et de pas le voir totalement affolé, occupé à la chercher. Tant pis, il se vengera autrement. Il repère assez rapidement leur victime du jour, occupé à se déhancher au rythme de la musique. Felix se penche sur Ziggy pour se faire entendre malgré le son des basses.

C'est trop suspect si je m'approche comme ça, vient danser avec moi !

Felix sent la main de Ziggy dans sa poche. Il hausse un sourcil, mais retient toute exclamation en comprenant les enjeux. C'est même avec une pointe d'excitation qu'il regarde le CREA glissé l'objet de son pouvoir sur leur première victime. L'imbécile n'y voit que du feu. Le geste est tellement adroit que c'est à peine s'il se remarque. Felix pose sur Ziggy un regard approbateur. Il n'aurait jamais attendu de cet étrange spécimen autant de finesse. Cette grâce dans le méfait lui plaît. Il étire un sourire un peu plus chaleureux, profite de leur proximité pour se pencher à l'oreille du CREA, pour glisser.

Faudra que tu m'apprennes ça, copain.

Ses mèches brunes glissent sur la joue de Ziggy quand il relève la tête. Il sort de sa poche le pétale qu'il tient entre ses doigts. L'autre agite les bras en l'air, portés par la musique. Felix l'observe, attrape sans prévenir Ziggy par le col pour le poussé contre lui.

Hé doucement !

Il arrive en fronçant les sourcils, écarte Ziggy d'un geste ferme avec un élan protecteur tellement convainquant qu'il fait naître un certaine confusion dans le regard du gradé.

Qu'est-ce-
Tu peux pas faire attention putain ? Tu vas bien Ziggy ? T'aurais pu lui faire mal espèce de bouffon, fait gaffe quand tu danses !
Mais je- j'ai pas-
Ah bon ? C'est pas ce que j'ai vu. Mais y a pas de mal, on est pas là pour chercher la bagarre. Chill mec. Juste faite gaffe, mon pote c'est un petit gabarit.

Il lui tape le torse, glisse le pétale dans la poche de sa chemise par la même occasion.

Viens Ziggy qu'il dit en tournant la tête vers son nouvel ami. Felix attrape son poignet à nouveau pour l'éloigner de quelques pas. Dos aux deux victimes, le sans étoile ne parvient pas à réprimer le sourire carnassier qui trouble ses traits. Sans rancune.

Il se retient de rire. Soudain, il y a un boom monumental derrière eux, suivit d'un cri aigu. Les deux gars se sont étalés de tout leur long, bousculant un groupe de filles armés de verre qui cherchaient à traverser la foule. Couverte de boisson, collante de sucre, elle incendie les deux hommes au point que toute la foule se retourne. C'est une humiliation publique. Felix observe la scène, fasciné. Ses doigts autour du poignet de Ziggy se serrent.

Tu vois ça ? Tu vois ce que je vois ?

Ses yeux pétillent, son sourire s'accentue. En voyant l'une des filles giflé l'un des blocard, il se retourne, agrippe Ziggy par les épaules et plante un baiser sur son front, totalement hilare.

Oh putain t'es merveilleux ! Absolument merveilleux !

Il tourne de nouveau la tête vers les deux gars, sautille presque sur place, excité et heureux comme le petit garçon qu'il n'a jamais cessé d'être.

Haha, le pied !