a. runb. looking for paradisec. waiting for deathd. eat friends
« Après ma mort, souvenez-vous de moi ; qu’elle vous ait été utile, mais je suis plus que ça ! Je suis plus qu’un outil de votre survie, je suis un être humain ! Chaque morceau de moi que vous mâchez est imprégné de mon essence, de mes souvenirs, de mes joies et de mes peines. Rappelez-vous de moi et de qui j’étais. Même disparu, je laisse derrière moi une empreinte, un rappel de ce que signifie être vivant. »
Avatar : sua (alien stage) + faye wong (crédits : @tarik, @lichen, @capryss & @dante)
Âge : vingt-sept ans.
Poste : grande soeur des psy.
Clubs : responsable du club de méditation.
Statut : célibataire.
Inventaire : un chaton nommé georgette.
Pronoms : elle.
Multicomptes : kiki, leon & clair
Pouvoir : Sixième sens + rétrocognition
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Avatar : sua (alien stage) + faye wong (crédits : @tarik, @lichen, @capryss & @dante) Âge : vingt-sept ans. Poste : grande soeur des psy. Clubs : responsable du club de méditation. Statut : célibataire. Inventaire : un chaton nommé georgette. Pronoms : elle. Multicomptes : kiki, leon & clair Pouvoir : Sixième sens + rétrocognition Gif :
[ Mar 4 Juin 2024 - 16:30 ] (fb) est-ce ainsi que les hommes vivent, grell
whatever happened to the young, young lovers?C'est ce qui arrive aux adolescents de seize ans qui ont le coeur gonflé de plein de choses, ici d'amour : ils explosent. Ils cherchent un moyen d'exploser, du moins ; Robin pour la première fois de sa vie a passé sa nuit à pleurer de gros sanglots hurlants de colère, jusqu'à s'endormir quelques heures sur l'oreiller mille fois jeté sur le sol, sur le lit et sur les murs sans en trouver ni réconfort ni apaisement. Elle voudrait s'en blesser de colère, sans oser toucher à ce corps qu'on lui a appris à respecter. Parce que Grell a rendu ça évident en les surprenant - ce sera Magda qui sera punie d'avoir invité une deux étoiles à plusieurs reprises dans sa chambre le soir, à l'étage interdit pour les blocards de ce rang. Il y a des témoins qui relatent des petits pas de souris jusqu'à se glisser derrière la porte, porte où Grell a fini par toquer - elle n'a pas su se cacher de son regard. Elle se savait coupable. Elle allait accepter la sentence puisqu'elle n'avait rien à faire là, dans cette alcôve d'amour qui les confortait dans un univers à deux - intouchable et secret, où il n'y a même pas besoin de murmurer pour être amoureuses. Et encore moins besoin de le réaliser. Elles étaient juste bien, toutes ces fois où Robin est venue jusqu'à Magda. La situation, puisqu'elle la touche, lui semble injuste. On leur interdit ce bonheur qui ne fait de mal à personne. Et c'est Magda qui en paie ; elle a entendu le bruit courir qu'ils lui ont demandé de faire ses cartons avant ce soir.
Et c'est Magda qui ne l'a pas attendue pour manger, ce matin.
Et c'est pour Magda qu'elle s'en veut et qu'elle en veut à Grell, l'autorité, de manière inédite. Après ce petit déjeuner solitaire, elle n'a pas touché son plateau et est sortie vite pour s'accroupir contre un mur, visage caché dans ses mains. Elle s'est remise à pleurer et voudrait disparaître dans la terre, dans l'herbe, dans les fleurs pour que Magda l'aime encore et qu'elle la regarde - elle voudrait être quelque chose d'aimable et plat qui ne fait aucun remous, quelque chose qui ne déçoit jamais, en somme. Dans ses envies de disparition, elle décide de ne pas se rendre aux enseignements du matin, elle n'est pas encore tout-à-fait en retard mais s'apprête à l'être - parce qu'il faudra la voir, sans elle, loin d'elle. C'est la plus terrible punition.
Elle entend des pas qui s'approchent et elle s'attend déjà à ce qu'on lui somme de rejoindre les autres ; elle prépare déjà ses mots, J'arrive. mais elle ne les pense pas. Elle lève les yeux et son visage se ferme, s'étire, encore une première ! Toute cette colère qu'elle voudrait cracher ! Elle se voit, elle se sent, tout crie en elle que si elle le pouvait elle sauterait au cou de Grell s'il s'approchait d'un pas de plus ; Laisse-moi tranquille - je veux pas te voir ! LAISSE-MOI ! Elle a l'insolence et l'irrespect des adolescents qui sont persuadés qu'ils n'ont plus rien à perdre et que le monde s'est déjà effondré sous leurs pieds.
[ Sam 8 Juin 2024 - 19:18 ] (fb) est-ce ainsi que les hommes vivent, grell
From forth the fatal loins of these two foes A pair of star-cross'd lovers take their life Whose misadventured piteous overthrows Do with their death bury their parents' strife
est-ce ainsi que les hommes vivent
Les parents ne sont pas des bergers ; ce sont parfois des loups déguisés en brebis et friands de chasse. Grell se donne beaucoup pour la traque, par plaisir plus que par sympathie. Elle a entendu le passage régulier dans les couloirs de l’une de ses bêtes (et elle les connait par coeur, par le bruit qu’ils font, différent pour chacun, leur façon à poser leurs pieds et la cadence de leurs sabots sur le bois), laissant derrière elle le parfum sucré du miel flotter entre les murs. Son regard est partout sur les parois, dans l’espoir de surprendre l’agneau que l’on réserve pour la bouche des dieux si loin de son enclos. Et quelle ne fut pas sa stupeur quand elle t’a trouvé là, Robin, rendue près de ta reine dans cette alvéole faite en apparence de rêves et d’amour quand elle abrite en réalité d’horribles desseins. Sur le coup, ça lui a paru évident que Magda serve de pâture. Mais plus que te trouver là, ce qui l’a remué le plus, c’est l’état dans lequel tu t’es jeté face à la punition, d’ardentes questions pressées sur les lèvres. Il ne t’aurait jamais imaginé ainsi, portée par la colère et la fièvre amoureuse. Cela n’a rien à faire à l’Enclave. Il n’a plus dormi de la nuit.
Et parce que son œil est omniscient, il t’a vu au matin ; repoussé le plateau sans y avoir touché, quitter le réfectoire plutôt que de te rendre aux enseignements, pleurer des larmes sacrées que Magda ne méritent pas et les fleurs s’écraser sous tes pieds. Surtout il a vu ton visage se froisser et ta bouche s’étendre pour crier. Il a pris soin de t’approcher sans cacher sa présence pour révéler tes secrets ; cette réaction, pour lui, n’est pas normale. Elle est tout ce qu’il exècre.
Grell ne parle pas. À la place, il penche son grand corps au-dessus de celui de Robin pour lui attraper le bras. Elle pourra bien crier, lever les pieds, se débattre, il s’en moque ; au pire, ça ne lui laissera que quelques bleus. Il la traîne simplement comme si elle ne pesait rien (et c’est tout ce qu’elle représente pour lui en cet instant) pour la ramener dans le réfectoire désormais vide et la contraindre à s'asseoir sur une chaise. Sur la table trône encore le repas qu’elle n’a pas mangé. Il s’installe en face comme si rien ne s’était jamais passé, pousse les couverts vers elle à deux doigts avant d’ordonner Mange à voix basse et pourtant comme renvoyée par mille porte-voix.
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[ Mar 2 Juil 2024 - 20:07 ] (fb) est-ce ainsi que les hommes vivent, grell
whatever happened to the young, young lovers?Ni apôtres ni Jésus autour de cette table puisqu'on lui a volé les idoles humaines et qu'à cette époque, Robin n'est entourée de personne et n'a de coeur que pour ce qui lui apparaît divin - et ses exécutants, évidemment, ceux qu'on nomme parents. Rien à voir avec une Cène dépecée de ses acteurs, seulement une adolescente ravagée par le poids de ses sentiments, par une colère qu'elle n'a pas encore dissoute dans le noir de la Panic Room, par la contrariété d'un amour qu'on lui vole qu'on lui arrache qu'on lui soustrait - elle qui est si tendre dans son manque d'animosité, elle qui ne fait que suivre aveuglement tous les préceptes qu'on lui inculpe -
Et il faudrait manger ce pudding qui n'a même pas le luxe de tous les fruits ! Et il faudrait boire ce jus d'orange qui a un goût rance, combler son ventre alors qu'elle voudrait être en famine jusqu'à ce que Magda la nourrisse de ses mains, sentir que cela compte si elle disparaît ! Il faudrait manger car son bourreau le dit, il faudrait se gaver et après s'asseoir et après se relever et après s'asseoir encore et ne surtout pas faire de bruit non rester tendre et gentille et se faire pardonner des cieux alors que même ceux à ses hauteurs ne veulent plus la regarder dans les yeux - Et ce soir oui il faudrait se coucher évidemment, et dormir sans avoir la certitude que demain sera différent, il faudra jouer le jeu sans savoir si elle doit la supplier de revenir ou bien supplier Grell de retirer sa punition ou bien de la changer, en fait il faudrait continuer à vivre sans aucune certitude, sans aucun chemin, il faudrait se contenter des sentiers battus sentimentaux mais cela lui semble bien injuste.
Robin s'est débattue, évidemment, jusqu'à être assise. Le poids du regard de Grell lui empêche de se relever, atterrée par cette peur divine dont il a le secret et qui rend son regard à elle, torve et désobéissant, alors que son corps lui ne fait rien - et prend même la cuillère. Elle y pense à l'éventualité de la supplier. Elle n'a pas honte. Sa main tremble de colère alors qu'elle enfonce le couvert dans la nourriture pour l'amener jusqu'à sa bouche, sans y parvenir, et la laisse retomber dans l'assiette en se remettant à pleurer à gros sanglots. Si je mange - si je mange je vais vomir... Je peux pas - tu peux pas me forcer ! Elle repousse le plateau comme un caprice et en même temps, elle le rapproche de Grell - Punis-moi à la place ! Punis-moi ! Elle a rien fait ! Pourquoi tu l'as punie, elle a rien fait ! T'es un monstre ! C'est injuste ! Elle n'a que Magda en bouche. Elle s'oublie et elle oublie l'affection portée à Grell - elle ne le voit que sous le prisme de la trahison de cette nuit. Robin se cache le visage dans ses bras qu'elle croise sur la table, là où était avant le plateau.
[ Ven 2 Aoû 2024 - 23:47 ] (fb) est-ce ainsi que les hommes vivent, grell
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est-ce ainsi que les hommes vivent
Quand elle s’assoit, Grell s’empare d’un autre plateau qu’elle fait glisser devant elle. Ce matin, comme Robin, elle n’a pas mangé. Avec tout l’amour propre qu'ont souvent les mères strictes, elle s’est dit que celle-ci ne pouvait pas refuser de manger avec elle si elle se privait aussi ; qu’elles pourraient ainsi parler autour d’un bon repas et que la jeune fille finirait par acquiescer, attendrie par sa dévotion, les mains sur une tasse de chocolat tiède. Voilà ! Le tableau parfait d’un parent et de son enfant dont il partage la faim. Elle ne peut donc décemment pas la rejeter. Tiens et en disposant les plats ainsi, directement sur la table, comme on fait dans les films familiaux où l’on voit de l’argenterie à la place des plateaux, c’est mieux, non ? Grell balaye la scène que Robin lui a fait dehors en se berçant de l’illusion d’une Cène à elle, là où sa fille ne perçoit rien ; Mère idolâtre d’un enfant qui n’est pas le sien. Et pourtant, lorsqu’elle s’écrie, Grell a tout aussi mal dans sa chair que si elle lui avait donné le sein ; ses flancs l’ont senti s’agiter.
Le patriarche se fige dans ce qu’il fait mais ne lève pas son regard. Celui-ci est fixement posé sur les récipients que Robin renversent à moitié lorsqu’elle repousse son déjeuner. Il y un moment de flottement où son silence se fait plus lourd que sa large stature ; un moment où il sent la colère le frapper et battre ses tempes et il craint une seconde de vouloir la gifler. Il n’a pas la patience qu’il a avec les autres lorsqu’il s’agit de Robin, il le sait, sûrement qu’elle aussi, et il lui faut une minute pour retrouver pleinement possession de ses moyens. Tu m’as déçu, Robin. Et aujourd’hui encore. Qu’est-ce qu’il a détesté entendre ces mots de la bouche de ses Mères à lui. Aujourd’hui il les comprend et les pardonne. Enfants ou agneaux, maintenant il sait ce que ça fait d’être blessé par le bétail qu’on élève. Quand je te vois comme ça, je me dis que j’ai bien choisi cette punition.
Sur le plateau en désordre de la jeune fille, Grell s’empare de la pomme qu’il a posée là avant qu’elle n’arrive. Il tend ensuite le bras par-dessus la table pour se saisir d’un couteau et c’est le seul moment où il daigne la regarder. C’est bref, froid, et sans le verbaliser, il lui dit moi non plus, je ne veux pas te voir. Le tranchant de la lame coupe la peau du fruit, remplissant ses mains d’or rouge. Il gronde Je ne le répéterai pas une troisième fois : mange, de ces orages qu’il roule parfois dans sa voix. Le fruit a l'odeur de la terre qu’on cultive et des pluies de fin d’été, ronde d’innocence comme une lune à son lever entre les paumes de la Mère qui réitère, plus tendre Mange avec moi. Elle dispose les quartiers dans les plats, en en laissant davantage dans celui de Robin. Regarde, je t’aide. Puisque Magda n'est plus là pour te nourrir.
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[ Sam 10 Aoû 2024 - 11:08 ] (fb) est-ce ainsi que les hommes vivent, grell
whatever happened to the young, young lovers?Être frappée lui apporterait la satisfaction nécessaire à ses lamentations car elle se verrait punie de la même manière que son amie. Être frappée laisserait des traces indélébiles de son péché qu'elle porterait avec la nécessité d'exposer ses erreurs, et elle se réjouirait du sang dans sa bouche d'avoir serré la mâchoire involontairement des chairs buccales, et de la trace distincte d'une main contre elle - ou bien du rougissement vif de ses cheveux tirés - ou encore les bleus autour de ses poignets. Robin rêve d'être malmenée autrement pour son hérésie pour que Magda puisse trouver un peu de réconfort dans la similarité de leur souffrance et que Robin puisse lui dire que mille fois : mille fois elle se ferait flageller pour elle, qu'elle est la plus belle chose qui lui soit arrivé - qu'elle se ferait saigner qu'elle se briserait ses os elle-même et et et -
Elle est consciente du spectacle ridicule de ses gros sanglots et se redresse difficilement quand Grell lui impose sa déception. Robin supporte mal l'humiliation de se voir nourrie par le bourreau de ses peines et surtout de celui qui lui est le plus cher. Elle vit comme une trahison de lui faire face, dans ce réfectoire à la place de Magda. Dans sa tête, elle se répète cent fois à quel point Grell est laid, méchant et odieux ; elle se permet cette immaturité contrariée en le regardant découper la pomme soigneusement. Elle ne pourrait pas expliquer, mais le geste est particulièrement adulte ; c'est peut-être la manière d'enfoncer le couteau dans le fruit jusqu'à ce qu'il rencontre le pouce sans jamais se blesser, cette maîtrise qu'ont les mères qui doivent nourrir leurs enfants tous les jours, même quand elles sont en colère contre eux. Robin renifle très fort, ce qui la secoue de quelques soubresauts. Le changement de ton remue dans son ventre un besoin d'acceptation et de tendresse qu'on lui a interdit depuis cette nuit et, un peu remise, elle se remet à pleurer alors qu'il n'y a plus de larmes. Elle prend un morceau de pomme qu'elle enfonce entre ses lèvres et qu'elle croque. Le goût est sucré. Quelqu'un, et pas n'importe qui, l'autorité la plus haute dans son malheur, le lui a coupé - Robin, toujours, est aimée - et Robin a toujours le droit d'être accompagnée quand elle mange. Elle s'imagine Magda manger esseulé et c'est ce qui lui fait de la peine - mais elle se rappelle aussi distinctement ne pas l'avoir vu exclu à une table ce matin. Toutes ces images s'entremêlent et la rend confuse alors qu'elle s'enfile les morceaux de la pomme en les mâchant à peine, si bien qu'elle les sent passer en travers de sa gorge.
Je suis désolée - je suis désolée maman - je voulais pas te décevoir... Elle a emprunté aux plus jeunes les dénominations qu'ils doivent à Grell, et se rassure d'avoir encore le droit de le dire. Elle se confie et se confesse à la fois. J'ai - j'ai juste peur que Magda veuille plus me parler. Elle a mal au ventre d'avoir mangé trop vite. Elle voudrait être rassurée mais elle n'est ni des adolescents, ni plus anciennement des enfants, qui comprennent la résolution de leurs peines et qui savent réclamer les bras. La tendresse de Grell l'a elle-même attendrie - cela lui fait croire qu'elle a toujours le droit d'être aimée.
[ Mer 28 Aoû 2024 - 16:53 ] (fb) est-ce ainsi que les hommes vivent, grell
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est-ce ainsi que les hommes vivent
Elle ne sait pas ce qu’elle aurait fait si Robin l’avait rejeté. Elle ne sait pas et elle refuse d’y penser ; elle sait, en revanche, que ça aurait été terrible. Elle le sent dans la façon qu’a son cœur à cogner lourdement contre son sein, dans le tremblement indicible de ses mains calleuses et dans l’envie de glisser la lame du couteau sous sa peau pour lui faire payer ses affronts. Mais les quartiers de pommes soigneusement coupées ont lavé le miel épais de Magda de la bouche de Robin et Grell ne peut plus lui montrer qu’elle aussi se serait saignée. Elle ne peut plus non plus lui dire, moi j’ai deux fois votre âge, j’ai eu deux vies ; celle avant et celle après le Paradis. Et je ne veux pas que tu vives comme moi, à choisir entre l’Enfer ou le Néant ; pour toi ma fille, j’aspire à quelque chose de plus grand que l’appétit des hommes. La cicatrice en bas de son ventre lui hurle ne plus crucifier aucun de ses enfants. Et Grell est fatigué de prier.
Les larmes disparaissent et les derniers morceaux de fruit avec. Robin l’a même appelé maman, des pleurs de syrinx dans la voix, et la Mère sait donc qu’elle a bien fait de l'asseoir à cette table et de l’y forcer à manger les chairs sucrées jetées en offrande. Alors elle ne dit pas je te pardonne mais Je pense pouvoir te pardonner le jour où tu auras assez de Magda sur les lèvres. Sa pomme à elle, elle ne la coupe pas ; elle la laisse reposer au creux de ses larges paumes en abondance rubiconde d’or rouge, pleines de cette opulence propre aux mères, avec le sentiment arrogant de tenir le monde en calice de messe. Le sien gravite autour de ses enfants. Autour de Robin. Un instant, elle a envie de l’avaler toute ronde, comme les dieux l’ont fait avant elle et comme les hommes continuent à le faire.
Et alors ? Cela te permettrait de te concentrer davantage sur tes étoiles. Et Magda aussi. C’est un mal pour un bien. Il n’a pas envie d’être conciliant, ce n’est pas l’entente qui donne les étoiles. Égoïstement, Grell aimerait que les craintes de Robin se réalisent. Elle la récupéra et à ce moment-là vous me remercierez de ce que j’ai fait pour vous. Le parent est ferme et doux à la fois, il sait que c’est comme ça qu’il faut faire avec ceux qui se découvrent une résilience et un mal d’amour. Il tient son fruit plus que d’une main ; l’autre est allée chercher celle de Robin qu’il attrape pleinement dans la sienne pour en caresser le dos de son pouce, en redessine le cheminement de ses veines bleues sous sa peau pâle. Mais ce n’est pas si grave. Moi je suis là ; moi je mangerai avec toi. Tous les jours, jusqu'à ce que toi aussi tu ne veuilles plus de Magda, parce que moi je sais. Je sais que tu as besoin d’une Mère et non d’une reine. Ce n’est pas elle qui s'occupe des larves une fois sorties de l'œuf.
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[ Jeu 29 Aoû 2024 - 19:12 ] (fb) est-ce ainsi que les hommes vivent, grell
whatever happened to the young, young lovers?Les enfants sont de nature injustes quand ils grandissent, car ils finissent par mettre au premier plan des affections les amitiés et amours nouvelles en oubliant la main qui les a nourris en premier ; Robin a résolu ce problème en faisant de Magda un réceptacle de ses comportements les plus pieux et la désignant comme une excroissance de cette religion, rendant légitime l'extrémisme de ses réactions et le rejet singulier des figures parentales. La main de Grell fait alors un bon substitut temporaire aux passions de Robin - mais Robin a été élevée par Magda pour l'adorer inconditionnellement et ne cherche plus à être nourrie, seulement à ce que sa nourriture soit bénie d'une présence ou d'un regard.
Pire encore sûrement, elles se sont convenues mutuellement dans l'acquisition de rôles façonnés par l'une et l'autre et Robin a fait de Magda une figure semi-divine prétendument intouchable (c'est faux puisque Grell l'a bafouée aujourd'hui et hier) autant que Magda en a fait d'elle sa prêtresse et plus fidèle dévote. Leur co-dépendance résulte dans la nécessite de l'autre pour exister - et ses sentiments se rassurent dans l'absolu de la nécessité de sa présence. La banalité de la punition est sacrilège et profane et dénote avec l'empire secret bâti à deux ; Grell s'y immisce et y impose les lois communes, bafouant les espaces secrets et sacrés adolescents. Robin serre la main dans la sienne avec une maladresse émotive qui s'accroche à la chair qu'on lui présente. Elle renifle encore. Elle se désole encore de la situation. Au lieu de la rassurer, l'affirmation de Grell lui est effroyable car induit l'aspect remplaçable de Magda qu'elle refuse fermement. Ses doigts serrent ceux de Grell avec une contrariété silencieuse et ravalée, coupable du crime de l'insatisfaction de cette peau qui caresse la sienne avec une tendresse clémente. Elle voudrait pouvoir donner Grell la même importance que Magda, et se réjouir tout autant des repas partagés - mais le soulagement ne vient pas. La culpabilité ne retient pas l'offense puisque Robin dit d'une petite voix : C'est pas pareil... Elle retient ses larmes pour ne pas être encore plus injuste envers Grell, et n'ose à nouveau plus le regarder ; c'est un rejet sans minutie et d'une cruauté banale - banale comme tout le reste, comme cette pomme, comme cette discussion, comme cette punition. Cette banalité la rend malade, là où Magda la rend exceptionnelle. Elle n'atténue pas le rejet. Robin, finalement, est toujours aussi ingrate. C'est la peur et la tendresse qui la rend docile.
[ Lun 23 Sep 2024 - 18:18 ] (fb) est-ce ainsi que les hommes vivent, grell
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est-ce ainsi que les hommes vivent
Il y a ce moment d’insouciance auquel Grell permet de s’installer ; un battement de paix après les effusions qui se sont étendues cette nuit jusqu’au matin, au milieu des fleurs encore humides où elle l’a trouvé là. La Mère, à nouveau, ne comprend pas tout de suite son enfant. Elle pense que les tremblements légers de sa main et l’étau de ses doigts autour des siens sont le fruit d’un désespoir juvénile et d’une quête d’affection silencieuse. Sa fille la réclame, comme les petits qui lèvent leurs bras tendres vers les parents après un chagrin, sans voir le rejet à venir et qui se formule déjà sur sa langue. Ce n’est pas pareil. Grell écarquille légèrement son œil. Le voilà ! Le refus qu’elle avait cessé de redouter, auquel elle ne pensait même plus après avoir partagé sa nourriture. Robin a pris ce qu’il avait à lui offrir sans éprouver un seul instant l’affection portée, sans souhaiter faire partie de ce tableau familial imaginé. Et le pire, c’est la douceur avec laquelle elle le repousse ; l’innocence que l’on dénote dans sa voix, basse et hésitante, pourtant consciente de la cruauté de ses mots. Grell aurait préféré qu’elle crie ou tape du pied, qu’elle le rejette de toutes ses forces. Il se serait ainsi senti moins coupable de vouloir la frapper à cet instant.
Bien. C’est tout, sans concession ; comme il n’y a pas eu de remerciement pour le pain coupé ou pour la pomme cueillie au matin, pelée par la même main ; cette grande main-là qui l’a nourri toutes ces dernières années sans choir ni plier. Grell s’attendait à voir les places s’échanger avec le temps, qu’en vieillissant, la paume de Robin viendrait le nourrir à son tour. Mais la vérité est là ; Robin ne vieillira pas, tout comme l’on a jamais vu le bétail choyer un berger, et sa pomme à lui reste intacte. À ce moment précis, Grell n’a plus d’amour pour l’enfant et n’en a plus non plus pour l’animal.
Il y a quelque chose de terrible dans ce rejet qu’il perçoit presque comme un abandon ; sûrement parce qu’on lui a pris ses enfants, Grell ne conçoit pas que celleux qu’il a adopté puissent également lui échapper et cela lui procure un immense sentiment de défaite, autant que de la déception. Aussi grand soit-il, il ne sera jamais assez, et elleux seront toujours ingrat.e.s. Le parent n’a plus de tendresse dans l'œil ; en fait, il n’y a plus rien. Il ne la regarde plus. Sa main se retire de celle de Robin très mécaniquement. Demain, tu viendras à la fin du service. Ainsi, il n’y aura personne pour manger avec toi, et on verra qui te coupera tes fruits.
Grell prend sa pomme et croque de lui-même dedans. Celle-ci ne sera pas coupée ni pelée.
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