amazed

Tu veux qu’elle le ressente.
La rage affreuse, increvable, inaltérable, qui va hanter toute ta courte vie. Doro Doro Doro. C’est tout ce que tes bronches emmaillotées sous la dentelle savent hurler. Elle te doit bien ça. Ca. Ca, la sépulture de tes cauchemars, des broches et des perles dans le suc, qui sont les corbeaux pétroles aux ramages gras, mauvais présages, en ronde toutes les nuits autour de ton sommeil escamoté. Il ne s’agit que de ça. Vraiment. Tu te tiens devant lui, elle, cette silhouette qui navigue les genres et les vérités qui t’accablent, les poings serrés autour des obsidiennes cousues aux manches.

C’est un rendez-vous comme l’indique la tasse de thé que tu soulèves de la soucoupe fleurie. La céramique se brise facilement, c’est peut-être pour sa cela, que la terre qui vous entoure est meuble, la végétation luxuriante. Il te faudrait réfléchir longtemps pour comprendre les mécanismes de pareille rencontre, le sermon disputé à l’humour, parce que tes manies méchantes sont encore très utiles. Le thé est bon. C’est un constant désagréable, parce qu’il devrait être douloureusement amer, que le ciel tout autour devrait se trier d’éclairs terribles. Tes médisances restent coincées dans ta tranchée. Cela oblige un silence quasi religieux tandis que tes cils lourds de mascara, de khôl et autre artifices charbonneux restent immobiles.

« Bonjour Réa. » Ta cordialité est misérable. « Il fait atrocement chaud pour prendre un thé en plein air. Devrions nous rentrer ? » et tu ouvres l’ombrelle qui produit un son de coup de feu, la tige de fer appuyée sur ton épaule.

il est si blanc que regarder ne fait que t’éblouir. et cette apparence immaculée te révolte. tu souhaites la pluie, l’orage, la torture météorologique à votre entrevue et tous les mots lapidaires choisies avec plus de soin que pour une opération à cœur ouvert. trahison ! crie ce cœur blessé. mais ici, tu es encore l’animal de sa.on maître.sse incapable de ne pas céder aux yeux baissés. les herbes, ici, sont tellement tendre qu’elles forment des ponts et des boucles entre elles comme un tignasse frisée. même la petite table en fer blanc et joliment trouée en rosaces, tout est si beau, que tout est si laid. et pollux rumine sèchement sa détresse au contact de sa parcimonie pleine de vérités agréables.

tu l’aimais réa, en chien(ne) dévouée, fidèle, et sans doute capable d’exaucer la pression de ses souhaits dans le roulement de ses phalanges. et maintenant tu la.e hait. assez pour te sentir bouillonnante et intrépide, quand tu ouvres les bras, grand seigneur.

« si le but était de se désaltérer. pourquoi infuser la boisson. je pense qu’au contraire, nous voulons que l’expérience ne soit pas optimale mais agréable. » tu soulève la tasse comme s’il s’agissait d’un pièce à conviction, à l’intérieur le liquide et noir, orange, brun finalement. « mais à l’évidence. l’amertume surpasse le plaisir. et le thé est trop chaud pour arriver à se sentir à l’aise.» tu en verses deux gorgées, mais à ton parent tu réserves une grimace exaspérée.

en ton fort intérieur, tu comprends la comédie grotesque mais ça n’empêche pas, rien, de cette douleur gargouillée. tu fracasses la tasse sur sa soucoupe, plus pour marquer ton mécontentement que par réelle maladresse. sur ton épaule, la tige de fer se dandine, et les volants de dentelles découpe tes expressions en ombres chinoises.

« tu me trouve malpolie réa ? j’imagine que tu ne le sais pas mais au premier étage, les lits sont si étroits qu’ils grincent. Léona a vu un cafard hier. tout est déplorable. et je ne te parle même pas des remarques sur la météo. »tu la.e souris pour accentuer sa lucidité sur cette même météo que tu as dénoncé la prémière.