amazed

Dans les films qu'on regarde au cinéma, il y en a parmi lesquels la jeunesse aime dresser des listes avec dedans tout ce qu'il faut accomplir avant la mort.

Ils appellent ça

"bucket list".

Si je devais rédiger la mienne, j'écrirais dedans qu'il faut que je fasse une pool party nocturne avec Sam, parce que je crois que c'est très important de faire ça avant ma mort.

Comment j'ai pu ne jamais y penser ?

Je pianote sur le clavier numérique, comme un virtuose en train d'écrire sa dernière symphonie, son chant du cygne.

hector a écrit:

Est-ce que tes clones te considèrent comme leur maître ?

Si j'avais eu la faculté de créer des doubles de moi-même à volonté... Je serais peut-être en train d'animer le club de débat tout seul à l'heure qu'il est, sans un Caïn à mettre au pied du mur, sans Gus pour nous parler du ciel. Je serais le chef d'orchestre de toute une armée de moi, et nous élaborerions autour des espèces aquatiques qui occupent les rivières de l'Enclave. Nous serions la population entière vivant entre ces murs, avec ceux qui font la cuisine, ceux qui construisent des machines, ceux qui s'épuisent dans le labyrinthe et ceux qui élèvent les enfants.

Mais avant toute chose, j'ai besoin de savoir ce que Sam fait de ses clones.
À quel point ils sont utilisables et pratiques.

Je ne me rends pas vraiment compte qu'il n'est plus qu'à un souffle de moi parce que je suis trop occupé à écrire des messages que j'oublierai de lui dire à haute voix une fois que je l'aurai remarqué.

Oui

Je vais créer une bucket-list des clones de Sam.

TROUVÉ !

Le mot arrive plus vite que le geste et
je suis pris au dépourvu quand un visage traverse l'écran de mon Nexus.

C'est le visage de quelqu'un que je connais bien,
quelqu'un que je connais depuis toujours, je me dis parfois.

Est-ce que c'est ça, la sensation d'avoir un frère ? C'est d'avoir l'autre moitié de photo recollée à la sienne.
C'est de voir un peu de moi dans ces cheveux noirs. Un peu de lui dans mes sourires.
Je réceptionne l'offensive à bras ouverts, referme l'étreinte sur ce dos taillé par le volley.
Parfois aussi, j'ai l'impression que ce frère est plus grand que moi.

- Sam, Saaaaaaaaaaaaam... Tu t'es caché dans la foule ?

Non, il n'y a jamais de foule au social club. Seulement des privilégiés.

- Le club de débat ça aurait été encore mieux si tu y étais. Tu veux pas nous rejoindre ?

Je lâche sur un ton de paresse alors que je me laisse un peu fondre dans ses bras.
Et puis je redeviens humain, le temps qu'il faut pour rejoindre les portes de la salle d'arcades.

La philosophie est l'apanage de tous les curieux.

- Quand tes clones s'en vont, ils vont où ? Dans ta poche ? Ils retournent dormir quelque part ? Ils rejoignent le père suprême ? Ou non... Ils vont combattre des créatures dans le labyrinthe ?

Mais ils ne parviennent jamais à revenir.

- Tu n'as jamais pensé à créer tout plein de clones pour les empiler les uns sur les autres et voir ce qui se passe au-dessus des murs du labyrinthe ? Ce serait plus simple que de passer par le bas.

Le labyrinthe joue avec des règles qu'il change sans arrêt, alors il faut le vaincre en trichant. Ça, on l'apprend au club de débat.

- Tu sais, je pense que tu peux essayer de les entraîner, tes clones. Pour qu'ils deviennent aussi forts que toi, que tu puisses les envoyer aux autres clubs pendant que tu participeras aux miens.

Je ne cherche à convaincre personne, c'est faux.

- À quoi tu veux jouer aujourd'hui ?

À l'intérieur, les machines aux écrans luminescents s'alignent. Elles savent qu'il est l'heure pour elles de recevoir de la visite, alors elles font tout leur possible pour entraîner leur clientèle et faire fonctionner la musique entêtante.

Moi, quand il y a de la musique, j'ai envie de danser.
Mais on a dit les jeux d'abord.

Face à la borne, je fais rouler les boîtes de jeux du bout de mes doigts.

- Tu veux jouer à Septième Fantasme Final ? Ou Diable Pourrait Pleurer. Sinon il y a Extérieurs Sauvages...

Je me demande qui a inventé les noms.
Sûrement une personne du club de débat.

Je regarde ton autre toi se mélanger à tes atomes et je ne peux pas m'empêcher d'assister au phénomène avec un grand bouleversement dans la voix.

- Mais... que deviennent les clones qui meurent trop loin de toi ?

Ils fondent comme de la boue ? Ils explosent ? Ils n'auront pas le temps de courir pour venir te chercher et retourner sous ta peau.
Ta colonie intérieure doit être passionnante à observer.

- Est-ce que tu sens quelque chose comme des picotements quand ils sont à l'intérieur de toi ? Tu les entends vivre ? Ils t'espionnent ? Est-ce qu'ils ont une vie sociale aussi ?

Ou ils cessent simplement d'exister jusqu'à ce qu'ils se détachent de toi pour prendre leur indépendance à nouveau.

Mais j'ai l'impression de comprendre que ce sont des prolongements dépourvus d'intelligence propre. Un peu comme les branches d'un arbre : plus elles sont éloignées, moins elles reçoivent l'énergie infusée par le tronc.

Je ne pense pas que tu puisses devenir ami avec tes propres clones s'ils oublient tout à chaque nouvelle réapparition. Tu ne pourrais pas les entraîner non plus puisque leur courbe de progression se calque à la tienne. Tu te divises, tout simplement. Mais quelles sont les conséquences pour toi en tant qu'hôte ?

- Tu te sens plus faible quand tu fais beaucoup de clones ? Ou ça te demande plus d'énergie ? De concentration ?

Batterie solitaire n'a pas assez de réserve pour alimenter tout son réseau.

Finalement, Extérieurs Sauvages était un choix judicieux pour nous deux.

- Dans ce jeu, on doit éliminer tous les méchants avant qu'ils nous tuent. Tu as vu ? Ils ont tous la même apparence, ils sont des clones. Ils ne peuvent pas réfléchir par eux-mêmes, ils sont comme des zombies qu'on envoie à l'abattoir. Sauf que l'abattoir c'est nous deux, Sam. Alors il va falloir se battre...

Si j'avais mon propre clone, je me demande si je deviendrais son meilleur ami ou s'il essaierait de me tuer avant.

- Je suis content que tu me poses la question.

Ma nuque pivote vers toi et je te regarde très sérieusement, Sam.

- Si je te bats même avec mes lunettes, j'ai droit à une récompense ?

Plus il crée, plus la capacité se dilue.

Le "peut-être qu'ils" me fait dire que Sam n'a pas assez testé de choses avec ses clones.
On ne nait pas avec la notice de son pouvoir, après tout. C'est pour ça que c'est encore plus drôle d'expérimenter.

- Sam ? Tu savais que mon pouvoir me permet de voir une grossesse qui se passe mal ? De détecter le cancer depuis son origine et avant qu'il ne devienne incurable ? D'apercevoir le croisement des ligaments qui donnera lieu à une malformation pendant la croissance ?

C'est une capacité qui permet de dresser un diagnostic fulgurant.
Et c'est parce qu'elle pousse à l'obsession de la dissection visuelle que je porte du verre en obstacle à cette vue qui décortique le vivant en permanence.

Qui voudrait d'un ami qui passe son temps à le dépecer ?

- Ta scoliose va mieux ?

Cinq vertèbres lombaires empilées en colimaçon.

- Peut-être que... pendant que tu vis cette vie dans la salle d'arcade, avec moi... Tes clones vivent une autre vie ailleurs.

Là où il n'y a pas de labyrinthe.

- Attention ça commence !!! Prêt ???

Je me place sur la gauche, poignes cramponnées aux manettes. L'écran fait défiler une cinématique, on y voit les protagonistes -- Sam et moi, et la horde, le fléau rampant, l'armée de clones, la vague de faux. Moi je ne réfléchis pas et tire en rafale sur ces copies informes, en m'imaginant qu'à la toute fin, il ne restera plus que le vrai Sam. Mon frère.

- Si je gagne, Sam... Ce soir... tu veux bien venir dans ma chambre avec moi ?

Il n'y avait pas besoin d'une mêlée virtuelle pour ça mais gagner un prix à la sueur de son front amplifie la saveur de la victoire.

Face à l'assaut de monstres, je ne cligne pas des yeux, visualisant où sont les points faibles, quand la masse de pixels m'empêche d'entrer sous la peau de ces infectés à la gueule cassée.

C'est vrai,

la natation.

Pour certains c'est une manière de se guérir.
Pour d'autres, c'est un moyen d'être le meilleur.

Pour moi, c'est une façon de rentrer à la maison.
De rentrer dans cette bulle, m'y rouler en boule et ne plus remonter.
Au moins, jusqu'à ce que ma condition humaine me rappelle à l'ordre.

- C'est vrai, Sam. Mais tu m'as toujours pas battu au sprint court.

En vérité je ne nage pas pour gagner.

- Je vois... tout. C'est pour ça que c'est gênant parfois...

Et au moment même où je fais un carnage à l'écran
je vois tout ce qui se passe.

- Je vois sous la peau. Je vois les os, les nerfs, les tendons, la chair, les muscles, le sang qui circule. Je perçois tout ce qui est tangible.

C'est pour ça que je ne lis pas dans les pensées ; je ne vois pas les connexions entre chaque cellules, mais je sais voir laquelle est en train de mourir.

- En fait c'est un peu comme voir une infinité qui s'agite en temps réel, tu sais ? L'activité d'un corps vivant c'est une centrale organique qui ne cesse de fonctionner qu'au moment de sa mort.

Mort,
comme la horde de zombies.

- Pour les animaux c'est pareil. C'est pratique quand une poule ne pond plus ; je sais pourquoi et on peut la remplacer.

Ou la manger.

- T'es pas concentré Sam ! Je suis en train de te battre à plate couture !!

Non pas que la chose me déplaise, mais je veux gagner ma nuitée partagée avec un minimum d'efforts.

- Bien sûr que je vois à travers les vêtements, pourquoi ?

Je pivote l'œil vers toi et ça me coûte une vie.
Tsss. C'est donc ça ta technique de distraction ?

- Si tu voulais essayer mon lit il suffisait de me le demander tu sais...

Je ne dis jamais non.

- Ça te gêne que je puisse voir à travers tes vêtements ?

Moi je ne lis pas dans les pensées, Sam.
Est-ce que ça te gêne, alors ? Dis-moi. Je veux tout savoir.

- Non, ça me blase pas. Tu sais, je vois les choses comme un médecin, ça me passionne, j'ai envie de savoir comment ça se passe chez l'un puis l'autre.

C'est là qu'on comprend qu'on n'est pas tous formés de la même façon, même si on se rapproche d'un pattern commun qui est la structure du corps humain.

- Tu savais qu'il y en a qui naissent avec un seul rein ? Et ils vont très bien.

On pourrait se dire que tout, absolument tout dans le corps est nécessaire.
Mais pas tellement.
Les allergies, à quoi elles servent ?

- Hop là ! Encore un boss et c'est gagné !!

Pour bibi, je veux dire.
Tu n'es pas concentré, Sam.
Est-ce que c'est le fait que je puisse voir à travers tes vêtements qui te perturbe ?

- Mais les lunettes, c'est pour ça. Les gens n'ont pas l'impression que je regarde sous leur pantalon, et puis de mon côté ça me fait une frontière, un effort supplémentaire à devoir faire pour scanner les autres.

Cet effort non nécessaire est là pour me rappeler qu'user de ma capacité en tout temps n'est pas utile.

- Si, j'aimerais bien devenir toubib, ça accélérerait vachement le processus de mes collègues. Un regard et BAM : fracture à la jambe, tendons rompus et ligaments du genoux retournés. Easy et ça prend deux secondes. Mais j'aime pas les postes à responsabilité.

Je préfère faire le fou.

Si un jour WICKED vient me chercher en disant mon enfant il est temps pour toi de faire tes preuves en tant que blouse blanche et devenir primordial à la survie de l'Enclave,
alors peut-être que je considérerai l'offre.

- J'ai compris que tu voulais dormir avec moi... C'est pas ça...?

Je manque mon tir et là est la preuve que ta parole m'a perturbé à mon tour.

Je rembobine toute la scène parce que j'ai besoin d'y voir plus clair.
Non, c'est vrai, je ne devrais pas me sentir offusqué.
La proposition était "venir dans ma chambre avec moi".
Sam aurait pu venir y faire n'importe quoi, tant qu'il était dans cette chambre avec moi.

La prochaine fois, je serai plus précis.

- Hmmm.

Je poursuis la partie parce que malgré l'écart de mille points, rien n'est encore gagné.
Un peu de concentration que diable.

- Si l'on en croit les explications données par l'Enclave, un lit trois étoiles serait forcément plus confortable qu'un lit une étoile.

C'est pas moi qui fait les règles.

- Mais d'accord.

L'écran scindé en deux montre un lettrage enflammé et un lettrage glacé selon le gagnant ou le perdant.
On voit les flammes se réfléchir dans le verre de mes lunettes, et je le sais parce qu'il y a mon reflet dans le chrome de la machine.

- De toute évidence c'était tout à ton avantage de tester une suite trois étoiles, Sammy. Tu veux refaire une partie ? J'ai vu qu'ils avaient enregistré de nouvelles musiques pour danser.

Oui, la danse, ma seconde passion après inviter Sam dans ma chambre...
Je suis déjà face à la borne.
À nos pieds ; tout plein d'ampoules illuminent le sol transparent, il y a des flèches et des cercles et des carrés et des triangles. Une géométrie en symbiose qui plairait aux plus mathématiques d'entre nous. J'aime ces formes, elles consistent la nature dans son état le plus brut, le plus brouillon.

Sam serait un rond.
Moi, je serais...

- Sam ? Tu préfères Dix-sept, Demain x Ensemble ou Noir Rose ?

Je jongle avec les disques.
Il y a des groupes d'humains dessus, tous habillés un peu pareil, mais assortis. Comme un panier de légumes.

- Je pourrais t'aider à le monter, ton boys band. Je serais une de tes groupies...

Non, en vrai, je ne sais pas jouer d'instrument de musique.
Mais Ezio, je crois qu'il aime la musique. Et il aime lire dans les pensées.
Pourrait-il lire toutes les pensées de tous les clones de Sam ? Ce serait le moment de vérifier s'ils ont leur propre libre arbitre ou non.

- Tu es déjà allé au sous-sol ?

Bizarrement, quelque chose me dit que Sam s'en sortirait bien.
Non pas que sa carrure soit faite aux lits en hauteurs et inconfortables du sous-sol.
Mais Sam sait s'adapter. C'est un rond, après tout.

- Tu veux que je vienne dans ta chambre...?

Mes yeux pétillent un peu derrière les carreaux noirs.
Hm.
J'adore visiter la chambre des gens.
C'est comme entrer dans un morceau de leur tête. Le plus intime, celui qui brille au moment de dormir. L'état le plus vulnérable d'un être vivant, qu'il soit animal ou humain.

- D'accord. Je vais te laisser gagner.

D'habitude
je donne tout pour la danse.
Mais je donnerais une valse supplémentaire pour rejoindre la couche de Sam.
En toute amitié.

Hop, je me place sur les dalles colorées après avoir inséré le meilleur CD.
La musique se lance, et c'est très énergique, ça bouge dans tous les sens et ça fait beaucoup de bruit. Mazette, ils avaient le rythme dans la peau, dans l'ancien temps !

- T'es prêt à bouger ton corps, Sammy ???

Je dois même un peu hurler pour qu'il m'entende sous les néons criards.

S'il y a bien une chose que Sam devrait savoir, c'est que... j'aime... ne pas choisir.

Le fait de ne pas choisir me dédouane de toute responsabilité, et qui plus est : c'est bien plus amusant de se laisser porter par des commandements et un cadre qu'on ne connaît pas. Ma règle depuis toujours est l'Enclave, mais je me plie volontiers aux lois des tricheurs. Mon meilleur partenaire de billard m'a conforté à l'idée que la triche a son lot d'innovation dans un engrenage bien huilé.

- Non.

Je refuse la liberté du choix et te laisse insérer le disque, mon cher.

- Moi non plus ! Qui sait, je serais peut-être bon à ça ? Tu viendras me voir au concert de cet été ?

Un moment de trêve pour ceux qui croient en l'ascension sociale.
Je devrais sûrement faire partie de cette catégorie.

- Hmm. Je les revendrai contre des tickets promo et te les donnerai ; tu en as plus besoin que moi, Sam.

Tout le labeur qu'il lui avait fallu pour pousser les portes de la salle d'arcade ; il croit que je n'en ai pas conscience ? Je refuse le choix mais je ne suis pas encore aveugle, mes yeux sont bons et ma capacité s'est même décidée à s'y loger à ma naissance.

Les sous-sols ne lui font pas envie et je peux comprendre dans la mesure où Sam serait un trois étoiles et plus. Il ne l'est pas, alors je me demande ce qui le rebuterait à aller voir sous le goudron de notre enceinte aux murs mouvants.

- Je pense que les spécimens les plus intrigants de notre Société se trouvent dans les bas-fonds, tu sais. C'est ceux dont la lumière ne veut pas. Il paraît que dans la mer, les créatures qu'on trouve à son fond sont hideuses parce que les rayons du soleil ne les atteignent jamais.

Ce qui fait que ces mêmes créatures ont du développer des tactiques de survie dans ces zones aux conditions extrêmes, où même le son se confronte au cruel mur du silence.
Une telle capacité d'adaptation ne peut pas être développée chez tout le monde.

Sam, lui, a développé des compétences de danse pour survivre au jeu du dance floor. Et il est plutôt doué là-dedans. Très doué, même.

Je suis le rythme, et heureusement que je suis assidu dans mes exercices de respiration, comment j'aurais pu tenir pendant tout l'album, sinon. Grâce au système, le bétail de l'Enclave est de haut Pedigree et je m'en sors honorablement bien.

Peut-être pas aussi bien que Sam,
mais est-ce que je vais lui dire que je fais exprès de perdre ?

Assurément : non.

- Sam ! Quel incroyable déhanché !!!! Pourquoi tu ne m'as rien dit ? Ah la la ! Sacripant !!

Je bouge dans tous les sens sur des paroles tellement excitées que je n'ai pas le temps de poser l'oreille pour en comprendre le sens. Tout va trop vite. Est-ce que c'est ça quand on dit que le son va plus vite que la lumière ?
Face aux luminescences colorées et aux dalles capricieuses dans leurs couleurs, je suis ravi d'avoir gardé mes montures opaques. Elles ne me servent pas juste de prétexte à l'allure ; elles filtrent vraiment les gammes les plus saturées. Avec elles sur mon nez, le monde dans ses couleurs me parait toujours à moitié.

- Haaa...

Je m'appuie sur mes genoux et le son commence à se diluer dans l'atmosphère, comme une course qui s'éloigne de moi.
Sam est aussi épuisé que je le suis mais j'ai gardé le sourire. Voilà ce qui m'a pris autant d'énergie.

- Allez... Dis-nous les scores, mon vieux.

Mes cuisses tremblent un peu et la sueur cramponne ma nuque, mes cheveux blonds. J'y passe la main et la sensation de ma paume contre mon épiderme trempé me fait l'effet d'un coup de fouet.

- Je dors dans quel lit, ce soir ?

Et pour me cacher la vérité, mes lunettes étaient aussi d'une grande utilité.