amazed

  castor c'est à peine si on a remarqué ton absence. les rires fusent moins à la rigueur, te voir perdre pied littéralement et métaphoriquement amusait à n’en point douter la galerie, mais maintenant que tu ne viens plus on ne s’en formalise pas. des épaules d’orchid s’est soulevé un sentiment de dépit, rien qu’à te voir arriver castor il s’abattait déjà -
pourtant ton absence un peu l’agace, tu y crois ça ?
tu fuis tes engagements, responsabilités évitées juste par soucis de quoi, lâcheté ? les parents ont entendu parler de ta soudaine envie de te volatiliser du club où tu t’es pourtant inscrite.
tu passes trop de temps avec tes fleurs castor, tu ne sais plus comment te comporter avec les gens, il existe des politesses importantes pour garantir un équilibre aussi fragile qu’hypocrite, tu le
bouleverses.
orchid ne déplore pas ton absence mais il en fustige le principe.

alors te voir à la sortie des clubs dans la salle d’arcade - peut-être y aurais-tu été invitée si tu avais eu envie de te pointer - détourne orchid de sa mission. à sa vue, tu fais volte-face, marche arrière c’est que tu dois savoir au fond, castor, que tu es en tort. ça l’enorgueillit ça, orchid, se sent pousser des ailes. pas besoin de marcher vite pour te rattraper. bien assez tôt il arrive à ta hauteur, se positionne même face à toi. dos droit. posture trop digne, l’aura enroulée autour de lui comme une figure serpentine. tu es une des rares personne ici qu'il peut surplomber.

"castor." nom stellaire pourtant rien ne brille chez toi, castor. crasseuse petite chose penchée au-dessus de la terre chaque regard jeté vers toi et ton style, un affront pour ses rétines. désavouée par le système qui les aime tant, castor tu as tout d'une terrible honte. “ça fait longtemps, dis-moi.” pourtant orchid te parle, t'adresse comme son égal. il tire sur ses manches froissées comme si ta présence lui rappelait tous les plis de ses vêtements, puis croise les mains devant lui, air de compassion sur ses traits, lèvres pincées à l'appui. "oh quel dommage, tu t’es blessée ?" en référence à ta cheville. tu es piégée. "rien de grave j'espère ?"

castor qu'est ce que tu es allée faire
dans quelles frasques tu t'es encore fourrée,
dis nous pourquoi tu es cassée ((au pied; pas besoin de remonter jusqu'à ta naissance))

 

  orchid laisse échapper de ses lèvres sublim(é)es un rire poli, une sorte de petit son contenu répété trois fois de suite pour donner l’impression d’apprécier tes traits d’humour tellement spirituels, castor. peu d’inflexion dans ce
ah ah ah
morne, les yeux figés dans un simili grossier de complaisance. les platitudes des conversations servent de rituel intrinsèque à toute interaction, castor tu t’en éludes avec un brin d’esprit. tu dois te croire drôle. orchid ne saurait pas dire si oui ou non tu as du talent, les seules fois où il a entendu autrui rire en ta compagnie, c’était à ton insu. non pas qu’il approuve la moquerie bête et méchante. orchid donne plus facilement dans les messes-basses terminées par cette fantastique expression créée sans doute par quelques génies poussés par la lâcheté : qui suis-je pour juger.
la réponse est évidente, orchid est tout simplement meilleur que ceux sur qui il disperse des ragots, mais l’arrogance n’apparaît charmante que sur ceux à qui tout réussit sans grand effort fourni. lui doit se décarcasser pour briller; toi, castor, ça ne semble pas t’intéresser. irrévérencieuse et ingrate demoiselle, tu te prêtes au même jeu que lui, tu lui mens, à la limite de la moquerie, tu feignes être atteinte par ton absence au club. ta disparition prélude cette bien vilaine blessure. orchid ignore toujours comment tu te l’es faite. il songe à demander à love d’une voix légère - simple inquiétude rien de plus - plus tard, grappiller un peu d’informations sur ce libre-arbitre que tu exerces négligemment.

orchid jette un rapide coup d'œil derrière lui quand tu abordes ses “copains”, castor, comme s’il jugeait lui-même de la véracité de tes dires. mouvement aussitôt fait que tu t’enfuies, tu fais volte-face à son aura et orchid s’en empourprerait presque d’une légère frustration, petit prince à la couronne factice qui s’agace de ses sujets et leur désinvolture. s’ils ne voient pas tous ses atours royaux comme vont-ils lui porter respect ? en voilà un régent de pacotille.
alors il te suit. “tu sais !” dit-il sur un ton un peu aigu. “tu peux venir au club même avec une entorse.” fais donc un peu fit de ta présence, castor. orchid te rattrape et se met à ton niveau, marche à côté de toi. “tu as encore quelques lacunes sur tes bases” voix mielleuse et aura soigneusement enroulée pour mieux faire passer les mots “apprendre à mieux te tenir déjà serait bénéfique pour toi.” comme orchid tient à toi, regarde !
ça lui ronge le palais de dire sa phrase suivante mais tu vois castor,
“je pourrais t’aider.”
c’est une question de principe.