amazed

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Anton attend qu'elle sorte de la canette dans laquelle les coureurs s'enferment à chaque fois. Il n'y croit pas. Il croit à tout ce qu'on peut bien lui raconter — pourquoi douter de ce que les autres avancent avec autant de conviction, mais il ne pense vraiment pas qu'il existe une sortie au sein des quatre murs. Il n'y a rien de plus vide, en son sens, que ce labyrinthe.
Si, peut-être lui, des fois.
Il est aussi vide que le labyrinthe, lui !

Ils sortent petit à petit, au compte-goutte. Il fait un premier pas et se décroche du mur auquel il était fixé depuis de longues minutes déjà. Il se dit que cette fois, ça sera la bonne. Il souffle fort, se motive doucement, se dit 'allez, allez !', essaie de calmer son palpitant nerveux. Il fait demi-tour : non, c'est trop ridicule. Il n'est pas prêt : Max est beaucoup trop vivante pour trouver un zombie comme Anton intéressant, c'est évident.
'Bon, Anton, t'es grand, faut y aller. Dis lui au moins bonjour, j'sais pas', dans sa tête il y a plein de phrases ringardes à appliquer pour amorcer le contact mais aucune ne semble le convaincre. Ce n'est même pas qu'il l'aime, ou quoi, il voudrait juste ... Il ne sait même pas, lui parler ? Être amis, oui c'est ça, il voudrait être amis. Max est en vie, ça serait bien de côtoyer le soleil, des fois. Il fait froid dans Anton, quand il reste trop seul trop longtemps. Les étoiles sont chaudes, elles brûlent, il aime bien les étoiles.

Il est planté devant elle — pendant ses contemplations miteuses et ses doutes pitoyables il n'a même pas pensé à s'arrêter de marcher. Anton se trouve idiot, comme ça, planté devant elle. Elle le regarde et il est déjà content d'être vu.
« Salut Max » Son dos est moite et ses mains sont presque poisseuses. « Tu vas bien ? Euh attends ...
C'était bien le labyrinthe ? NON- J'sais pas, bref !
Ça va ? »
'T'es vraiment qu'un gros con, Anton' qu'il se répète depuis qu'il a fermé les lèvres.

« Tranquille ! Il fait encore beau en ce moment, j'aime bien. »
Ses cordes vocales semblent s'entrelacer si rapidement qu'il en perdrait bientôt la parole — il se râcle alors encore le fond de la trachée et malgré tous ces efforts pour garder un son clair et la voix forte, elle se brise en milieu de phrase. Il met les mains dans ses poches ; s'en triture les bouts des phalanges dans une fausse intimité.

« Vouloir quelque chose ? Non pas- » Il déglutit, peut-être sa voix reviendra-t-elle après avoir refoulé au fond de sa bouche sa nervosité. Elle a un fort goût de rance et d'amer — il faut la combattre pourtant. C'est important, pour lui. « Pas vraiment. En fait j'sais pas, j't'ai vu revenir et je me suis bit que j'allais te demander ce que tu faisais.
Plus tard, ce que tu faisais plus tard, voilà. »

Tu veux boire un truc ? Je peux t'inviter. Il y a des phrases comme ça, qu'on retrouve dans les livres ou dans les films du social club. Même dans les chansons qu'il joue il y a toujours de quoi exprimer ses idées et ses pensées. Anton, devant Max, se sent comme purgé de toute trace de conscience ; il n'y a plus que lui et sa spontanéité défaillante. Il aurait aimé l'être, d'ailleurs, défaillant ; il aurait eu une excuse et une raison d'être comme ça, alors.
Non, peut-être tout simplement que les chiens de chasse n'ont pas à sympathiser avec les autres.

« T'as quoi comme club plus tard ? J'veux dire, ça te dit de ... traîner ensemble ? Plus tard ?
Un de ces quatre, quoi, quand tu veux ! »