amazed

Il y avait d'autres enfants inapprivoisés dans l'Enclave.

Des à qui il aurait fallu enfiler la muselière plutôt que le harnais d'isolement.
On laisse bien trop de gueules à l'air libre sur cette pelouse aux proies trop nombreuses.
Ils s'étonnent que des lambeaux de peau continuent à tomber. Que des dents se perdent toujours.

Son nez était à l'affut.
Comme bien souvent, une fois qu'il avait mis pied dans son royaume de verdure,
Loup s'attendait à y sentir les fragrances qui s'étiolent sous les doigts. Celle de la grande verte qui ploie au poids de ses talons. La terre qui se creuse et se retourne sur les microbiomes de nature.
Là encore, il avait plongé les doigts à travers les organismes aveugles qui s'entortillaient sur eux-mêmes, mis à mal et à nus sans plus aucun humus dans lequel se réfugier.
Loup arrachait à son nid cette portion de vie terreuse et grouillante.
Il en léchait le pourtour, attrapait la peau en cuticule puis l'avalait de son début jusqu'à sa fin.
Ses molaires broyaient la chair tendre et la rendait crémeuse au passage de son œsophage.

Il complétait ainsi ses apports.
En piochant à droite à gauche des parcelles d'existence que l'œil humain était incapable de détecter sans un instinct animal. Sans la capacité de franchir la barrière de la répugnance et de la bienséance typiquement bipède.

Son regard bleu et torve se tournait alors vers la clairière.

L'espace y était si dégagé qu'une brise de vent en caressait l'herbe dans des balayements distincts comme autant de coups de peignes.
Une telle surface était à la fois synonyme de grande beauté
et de permission à tout désastre pour s'y propager impunément.

Loup huma l'air et son cœur se froissa.

Le zéphyr apportait avec lui la promesse de mort.
Il aidait même les premières volutes de combustion à s'emballer sur cette terre prospère.

La plante de ses pieds le propulsa en avant.
Sa course perça à travers le champ et son sillon jurait face au sirocco qui progressait à contresens.
Il voyait le rouge.
Un rouge qui ne sortait ni des tripes, ni de la gueule de.

Loup aperçut une silhouette debout et c'est tout ce qu'il lui fallut pour conclure que le déclencheur de ce fléau se trouvait en ces gestes maladroits qui cherchaient à faire grandir l'enfer.

D'instinct,
il bondit.

Son poids échoua lourdement contre une cage thoracique.
Déjà, chaque mont de ses phalanges alternait sur le visage coupable pour faire cesser la barbarie.

La colère de Loup fulminait au beau milieu du torrent de flammes.