amazed

Les derniers jours furent enrichissants sur tous les points. Sohan s’y attendait, les bacchanales alimentent l’été et leurs traces restent même des jours après. Il voit dans cette soirée la conclusion indéniable du génie de Wicked dans l’aboutissement parfait du système.

Prenez une hiérarchie pyramidale, où les plus faibles crèvent la faim tandis que les plus forts se pavanent; puis une à deux fois par ans, battez les cartes pour tout mélanger et donnez leur un instant où les différences peuvent s’effacer et où tous ont le droit d’en profiter. Equitablement.
C’est une illusion, bien sûr; mais qui n’est pas maintenue suffisamment longtemps pour que les acteurs s’en rendent compte. Alors tous jouent le jeu, avides, cherchant à combler dans l’artifice des festivités ce qui manque à leur vie: ceux tout en haut ont l’occasion de briller tandis que ceux tout en bas se sentent enfin exister.
Dans tous les cas, les blocards y voient une opportunité suffisamment grande pour leur faire oublier leur quotidien imparfait, et la gratitude qu’ils éprouvent pour les Parents n’en est que renforcée.
On dit merci, Père Suprême, pour votre générosité et on oublie les inégalités le temps d’une soirée; et cela suffit largement pour que les esprits échauffés se calment jusqu’à la prochaine itération.
Échec et mat. Le troupeau est dompté et les bergers peuvent se reposer, fiers de leur travail et de la servitude des blocards; ils les ont bien éduqués.

Sohan est catégorique: les bacchanales incarnent le chaos nécessaire à l’ordre de l’Enclave.
Il est presque jaloux que ce ne soit pas lui qui les ait inventées.
Bon joueur, il applaudit silencieusement le Père et Wicked.

“Il y a faute. L'ailier vient de toucher le filet.”

Un sourire orne son visage. Il ne s’est pas annoncé et vient surprendre par l’arrière le garçon qui, agrippé au barreau, tente d’observer le match de volley par delà la vitre teintée. Sohan a repéré Ziggy sans difficulté car il sait toujours où le trouver. Comme une ombre, il s’est approché en silence, profitant de la concentration du Créa sur le match pour venir se faufiler derrière lui et le coincer de part son corps. Entre Sohan et la grille, l’enfant maudit ne peut plus s’échapper.

Sohan s’abaisse à sa hauteur, il s’amuse à commenter le match et à observer avec lui pour renforcer le sentiment de culpabilité de s’être fait prendre la main dans le sac.

“Je paris deux tickets que l’équipe de Felix va perdre.”

Le sourire s’étire. Il lui laisse délibérément du répit, utilisant le match comme prétexte de discussion. Mais Sohan est un serpent et de sa voix insidieuse, il finit par lâcher:

“Tu as passé une belle soirée, dimanche soir, mon cher Ziggy ?”

L’autorité fond sur le bout de sa langue et le ton est tout à coup plus grave, inquisiteur. La main de sohan s’abat sur l’épaule du jeune homme comme une bête que l’on attrape, pour caresser ou pour l'abattre.
Dans tous les cas, on ne veut pas qu’elle s’échappe.

Ziggy a sursauté. L'effet était voulu, Sohan est satisfait. Le garçon se donne une contenance, rétorque. Le sourire de l'aîné s'élargit. Il l'apprécie pour sa répartie. Elle lui fait penser à lui.

"Je ne suis pas un monstre. Je ne parie que ce que mon adversaire peut avancer. Tu n'as que 3 tickets par semaine, ce serait injuste de tout te piller en cas de victoire, tu ne crois pas ?"

Ou au contraire, de trop lui en offrir. Le discours sur le pari est hypocrite. Sohan ne fait pas ça par pure bienveillance mais  pour rappeler à son cadet l'écart qui les séparent: un premium contre une étoile.

"Hmm…" Sohan hésite, mais il a demandé poliment. Alors, bon prince, la prise de libère de l'épaule du garçon. Soit ! Il ne le touchera pas. "Peut-être. Mais on est adelphe, non ?"

Il rit comme à son habitude. Il ne ment pas: Sohan traite les Créa comme sa famille. Il ne veut pas avoir du grand frère que le titre. Sa promotion n'est ni une condition nécessaire ni suffisante; au contraire. Maintenant qu'il a réussit à se hisser aussi haut, il doit prouver qu'il le mérite plus que tout. Là est son fer de lance: Sohan veut incarner la figure fraternelle de celui qui protège, guide et punit.

"Voudrais-tu qu'on soit ami, Ziggy ?"

La réponse est évidemment non, mais Sohan n'est pas de cet avis et qu'importe ce que Ziggy veut: en temps que grand frère, il sait mieux ce qui est bon pour lui. Il pourrait même devenir Père, s'il n'était pas destiné à partir au Paradis.

"Je vois ! Pourtant Felix est fan des Rising Racoons, il me semble. J'espère que tu ne lui as pas dit, il serait sûrement triste !"

Sohan recule d'un pas pour laisser de l'air à Ziggy. Ce n'est que temporaire mais il veut maintenir l'illusion du libre-arbitre. C'est plus facile pour apprivoiser les animaux sauvages. Prenant appuie sur sa jambe droite, Sohan pivote comme s'il valsait pour venir se lover contre le mur du gymnase. Désormais, les positions sont inversées.

"A vrai dire, oui ! Saint à agressé Lucien. Je mène ma petite enquête quand à la cause." Il fait mine de réfléchir. Tout à coup, son visage s'illumine et Sohan s'exclame, l'indexe levé: "Oh, et ! Kiki et Nine ont tenté de s'infiltrer dans la chambre de Joji. Ca s'est évidemment mal fini."

Il éclate de rire face au récidivisme. Au moins - pense Sohan - ils n'ont plus d'étoiles à perdre. Il s'assoie contre le rebord de la fenêtre pour lui bloquer la vue - ce serait dommage d'être déconcentré ! Les jambes croisées, la tête penchée, il attends.

"Et toi, alors ? Quelque chose à raconter ?"

Par raconter, il faut comprendre avouer.

Les yeux plissés, il toise son cadet, son rire nerveux est le symbole de sa défaite et cela est tout ce qui compte pour Sohan. Qu'on ne se trompe pas ! Il n'est pas heureux d'avoir vaincu Ziggy sur une bataille déjà perdue pour lui - Sohan n'est pas de ceux dont l'égo fragile se repose sur le fait de triompher d'une joute verbale - mais bien parce que lui arracher une victoire de cette manière poussera l'enfant maudit à riposter de plus belle.
C'est bien de ça, dont il jubile.
Les représailles de Ziggy annoncent une bataille magnifique. Sohan s'en délecte d'avance. Ils riront beaucoup, il en est sûr.

"Est-ce une question ou une affirmation ?"

Dans tous les cas il n'a rien à dire car la réponse est évidente: bien sûr qu'il se soucie de ses finances. Là est son rôle de grand frère.

"Un peu ! Bien sûr, comme dans chaque famille, on a ses préférés." Il lui sourit mais son regard ne le quitte pas. "Enfin !" Il frappe dans ses mains pour clore la discussion. "Tu comprendras quand tu seras plus grand. Ou pas."

Sohan ne sera pas là pour le voir. Quand Ziggy aura son âge. Il sera au Paradis depuis longtemps. Plus rien n'aura d'importance si ce n'est lui. Trois ans, c'est le temps qu'il lui reste avant de le rejoindre et de retrouver ses bras.  

"Hm hm…"

En attendant ces trois ans, il y a Ziggy. Sohan hausse les épaules. Ziggy jappe mais il à l'habitude des roquets: il les nourrit tous les soirs à 20h30. Ces bêtes là, ça aboie toujours plus fort que cela ne mord. Et quand bien même ! Si Ziggy le mordait, que se passerait-il ? Rien, si ce n'est un peu de sang sur ses mains et un éclat de rire.

Assez parlé de Felix. L'appât est tendu et le jeune homme a mordu à l'hameçon. Sohan n'en a plus besoin. Malgré la possibilité qu'il lui a laissé, Ziggy ne s'est pas échapper. Loin de s'enfuir, il s'est même rapproché. Tant pis pour lui.

"Maël est venu me voir, hier. Il pleurait." Maël est un jeune homme de leur maison, une ou deux années de plus que Ziggy. Il était devant la scène, dimanche soir. Il dansait avec une fille. "Figure-toi qu'il lui est arrivé de biens étonnantes choses ! Tout d'abord, un verre renversé, puis, une chute malencontreuse en rentrant de la soirée. Des insomnies à répétitions... un énorme bouton sur le nez… Je te passe les détails. Le plus drôle ? Pas plus tard qu'hier, il s'est prit un râteau de la part de la fille dont il était amoureux !"

Sohan énumère les malheurs du pauvre Maël. Ses yeux brillent. D'un geste théâtral, il présente ça comme le dernier des scoops.

"C'est quand même pas de chance, tu ne trouves pas ?"

Son cadet le foudroie du regard et le sourire de l'aîné s'étire. Ce qu'il aime le voir débattre.

"Comme je suis malin, j'ai fouillé son short. Tiens." Sohan attrape le poignet de Ziggy pour le ramener vers lui. Il le force à ouvrir la main et y dépose quelque chose contre sa paume. "Je crois que c'est à toi."

Il lui ferme le poing. Si Ziggy l'ouvre, il y découvrira une pétale fanée. Le regard de Sohan pivote vers la vitre teintée. Après un silence, il murmure.

"Tu n'es quand même pas bien discret."

Impossible de savoir s'il parle de Felix ou du pétale maudit. Le voilà qui secoue la tête d'un air désolé. Décidemment ! Il faut tout leur apprendre, à ces jeunes.

"J'étais plus doué que toi, à l'époque."

La réalité est peut-être là. Si Sohan a jeté ainsi son dévolu sur Ziggy, c'est sous prétexte qu'il lui faisait penser à lui. Partout où il passait, Saorsa semait le chaos et déréglait l'entropie naturelle du monde. Sur ce point, Ziggy lui resemble.
Pourtant, dans l'air farouche, dans les regards assassins et les paroles acerbes, Ziggy est de la même souche que Sohan. Alors peut-être que finalement, ce n'est pas à Saorsa que Ziggy lui fait penser, mais bien à son propre reflet d'une adolescence passée.

La simple est différence est que Sohan, lui, ne se faisait pas attraper.

Et voilà.
L'œil vif et les crocs luisants, l'animal fini par mordre. Le coup file avec vitesse, comme le coup de griffe d'un chat ou la morsure d'un cobra. Sohan n'a pas le temps de retirer sa main et les ongles de Ziggy s'agrippe à sa chaire et se plongent contre ses poignets. Il grimace devant la douleur. Ses veines vibrent sous le picotement, les ongles lui brûlent la peau.

Il devrait retirer son bras, il le pourrait d'ailleurs. Ziggy cache bien son jeu, il est plus fort qu'il n'y paraît et pourtant, Sohan sait qu'en un contre un, il le dominera. Non sans quelques pertes, bien sûr. Ziggy est un animal farouche. Mais Sohan le sait, seul le résultat compte: on ne gagne pas une partie d'échec sans sacrifier des pièces.

"Tu me fais penser à un chat."

Ca feule et ça se fait plus gros que ça n'est. Quand c'est assez brave, ça griffe et ça mord. C'est une bête tenace qui s'agrippe dans la chaire pour tenter de perforer les vaisseaux et de laisser des cicatrices sur la peau. Mais un chat ne tuera jamais. Il faut être fauve pour ça, pas félin.

Alors Sohan lui rit au museau.

"Tu essayes de m'injecter une de tes malédictions dans les veines à me serrer comme ça ? Je serai curieux de voir si ça marche !"

Sa jovialité contraste avec la colère de Ziggy. Impossible de dire lequel est fou. Peut-être le sont-ils tous.

"Non ! Mais je suis ton grand frère." La voix devient suave, le mot roule sous sa langue, il y insiste dans sa diction. "On te l'a déjà dit, mais maudire tes camarades, ce n'est pas très gentil. Surtout lorsque cela dégénère. Il est de ma responsabilité d'intervenir..."

Sohan penche la tête, l'air sincèrement navré. C'est qu'il n'aime pas sévir. L'absence de punition est la preuve que tout se passe à la perfection. Dans son royaume, les écarts ne sont pas toléré et doivent être éradiquer.

"A moins que tu ne veules que je te dénonce ?" Le sourire s'étire. "Moi, ça ne m'enchante pas. Je n'aime ni dénoncer, ni punir les miens."

Sohan marque un temps d'arrêt. Sa voix perd de son enthousiasme pour tomber dans des tons plus graves. Son visage s'assombrit également: son sourire s'est effacés et ses yeux sont devenus froids.
Assez joué.

"Tu as le choix. Soit tu arrêtes de maudire ces pauvres âmes qui n'ont rien demandé, surtout dans des moments aussi importants pour eux que cette soirée; soit tu apprends à te faire discret et à éviter de te faire attraper." Il marque une pause pour vérifier que Ziggy ne quitte pas son regard. Il poursuit. "Si tu choisis la seconde option, alors tu devras redoubler d'effort et d'ingénieusité car crois moi bien que je veillerai et que mes yeux ne te quitterons pas."

Pour que la prise ne soit que plus belle lorsque Sohan finira par l'attraper.

"Que choisis-tu ?"

Sans prévenir, de sa main engourdit dans la prise de Ziggy, Sohan pivote son poignet d'un coup sec. Il ne se retire pas, au contraire. Il attrape à son tour le poignet du jeune homme pour l'enserrer avec mimétisme sous ses doigts fins. Il n'y a aucune raison que Ziggy soit le seul à le tenir sous son joug.

La colère explose enfin mais cette fois, c'est Sohan qui lui tient la main. Alors il n'a rien à craindre. Il le tient bien en joug et Ziggy peut éclater sa haine autant qu'il le veut; Sohan saura la contenir. Il se délecte de ce moment car c'est la consécration de sa victoire. Echec et Mat. Ziggy est cette vipère que l'on tient sous la mâchoire pour qu'elle ne puisse ni mordre ni lui injecter son venin.

"Attention, Ziggy. Je suis un homme sérieux et je tiens toujours parole. Ne dis pas des choses que tu finirai par regretter."

Le froid s'est abattu avec violence dans sa voix. Son regard est fauve. Si Sohan est capable d'être aussi bien proie que prédateur, celui qui se rebelle ou celui qui mate, sauveur ou bourreau selon qui il a en face de lu; aujourd'hui, c'est lui qui chasse Ziggy. Le ton de la voix gronde. C'est un avertissement autant qu'une invitation. Il n'est personne pour juger les vices de Ziggy mais c'est le rôle du grand frère que de vérifier que la marmaille comprenne le poids de leur mots. N'est pas dissident qui veut. Il faut l'assumer. Si Ziggy veut s'aventurer sur cette voix alors Sohan lui offrira ce qu'il souhaite. Avec le sourire.

"Et bien, si c'est ce que tu veux… Nous seront tous les deux gagnants !"

Comme dans un couple parfaitement accordé entre celui qui, indiscipliné, vient provoquer l'autre pour se faire dompter. Sohan se détends. La punition était un sujet sérieux mais surveiller Ziggy comme un chat qui joue avec sa souris ne nécessite ni autorité ni froideur. Ainsi le sourire revient, aussi cruel que chalereux.

"Tu sais, je t'aime bien, Ziggy. Je n'ai pas de problème à passer plus de temps avec toi."

Les yeux plissés par ses joues qui s'étire sur le sourire, Sohan lui offre un regard franc et jovial.

"Hm..." Sa tête pivote en arrière pour regarder la fin du match de volley. Sohan n'est toujours personne pour juger Ziggy. Des obsessions, il en a plein. Des obsessions aussi forte que celle que son cadet éprouve pour Felix ? Il en a eu une par le passé. Son Felix a lui s'appelait Saorsa. "Fort bien."

L'obéissance promise - bien que Sohan se doute que ce ne sera pas si facile - l'intéresse au plus haut point. Son regard brille, son cerveau ruissèle d'idées.

"Nous avons un accord, alors ! Tu a Felix et moi je t'ai toi. Ca te va ?"

Sohan relâche enfin la poignet de l'enfant maudit. Il lui tends son poing pour que ce dernier vienne cogner le sien. Il faut désormais sceller le pacte. Lequel des deux est le diable ?

Ziggy réplique comme attendu. C'est le propre des morveux. Ceux qui veulent pousser les limites pour voir jusqu'où ils peuvent aller, flirter avec l'interdit sans craindre du revers les conséquences puisqu'ils aiment ça. Sohan ne peut rien dire: il est du même acabit.

"Te frapper, hein ?"

La gueule s'ouvre en un sourire béant. Le temps d'une seconde le visage de Sohan est monstrueux. Il lui apparaît que l'image que se fait Ziggy de lui est erronée et il a hâte qu'il découvre cette facette de sa personnalité. Sohan jubile face à l'anticipation de l'avenir glorieux qu'ils sont en train d'écrire. Sohan ? Frapper pour punir ? Oh que non. Sohan ne frappe pas. Ce qu'il lui réserve est bien pire.

"Hahahaha ! Tu me fais rire, Ziggy !"

Qu'on ne se méprenne pas, Sohan n'est pas louable. Il paraît qu'un prince se doit de respecter ses promesses et de vivre avec intégrité, et non pas dans les pires fourberies. Cependant, l'histoire du monde des hommes et celle de l'Enclave enseignent que seuls les princes qui ont su moyenner leur parole et su s'infiltrer dans l'esprit du peuples ont accompli de grande choses. Il pense à Lucien et Paris, ceux de sa souche; ils ont tous su triompher des honnêtes et des loyaux, des naïfs et des idiots.

"Je ne frappe pas, moi."

Sohan pense qu'il existe deux manières de combattre: l'une par les lois, l'autre par la force. L'une est propre aux hommes, l'autre appartient aux bêtes. Mais comme très souvent la première ne suffit pas, il faut recourir à la seconde. C'est pourquoi il importe qu'un prince sache user adroitement de l'homme et de la bête. Ainsi, Sohan ne frappe jamais pour rien car il n'est pas une bête. Il pourrait puisqu'il est prince; mais il n'en a pour l'instant jamais eu besoin d'y recourir. Les lois ont toujours suffit. Si Ziggy ne sera pas le dernier à se faire dévorer, il sera peut-être le premier à se faire cogner.

"Oui, c'est vrai. Je t'adore, Ziggy."

Il fait rouler le r pour le faire languir. Sohan pourrait lui dire qu'il l'aime mille fois si cela lui permet de faire vrombir son brasier. Son affection est sincère, il veut qu'il y goûte pour ne plus être capable de s'en défaire. Sohan adore Ziggy. Sa rage sa haine ses rires ses méfaits ses idées ses rebellions son feu ses vices.
Son chaos.
Sa vie.

"J'ai tout à y gagner."

Il aurait pu lui répondre. Il lui aurait demandé quelle réponse il voulait; celle du scientifique ou bien du poète. Ziggy aurait choisit l'un ou l'autre - le scientifique, surement, ou peut-être le poète pour être imprévisible ? peut-être lui aurait-il rit au nez tout compte fait - et Sohan se serait exécuté. Mais il estime que la conversation est terminée. Il aura tout le loisir de lui répondre plus tard car, rappelons-le: leur futur est glorieux.

"Fort bien ! Sur ce."

Sohan se lève enfin. L'acte est achevé et il s'étire pour se détendre car tout cela était intense. Il tourne le dos au diablotin pour quitter la scène.

"Ah. Au fait."

Son corps pivote pour toiser Ziggy, le sourire aux lèvres. Il reste l'ultime final.

"Felix a gagné son match. Bravo ! Je te dois deux tickets. Tu passeras au Social un de ces jours !"

Il lève la main pour le saluer et s'en va sans le regarder.