enter the maze
a. runb. looking for paradisec. waiting for deathd. eat friends
« Après ma mort, souvenez-vous de moi ; qu’elle vous ait été utile, mais je suis plus que ça ! Je suis plus qu’un outil de votre survie, je suis un être humain ! Chaque morceau de moi que vous mâchez est imprégné de mon essence, de mes souvenirs, de mes joies et de mes peines. Rappelez-vous de moi et de qui j’étais. Même disparu, je laisse derrière moi une empreinte, un rappel de ce que signifie être vivant. »
what should i do, father ?
alfie et luke sont de très très bon amis depuis l'enfance... pareil pour robin et magda les super amies!!!!
remy sans famille ... bah il a vraiment pas de famille ... #rip
le père suprême se serait infiltré dans l'enclave pour voler des chaussettes à jim!!!
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The deal, Heya
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Askhat
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Askhat
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[ Jeu 29 Aoû 2024 - 17:14 ] The deal, Heya
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Of course, nothing replied, nothing speaks to you in the night
La tristesse m’est étrangère, totalement étrangère — la tristesse est un horizon très large, que je me figure bleu et morne, dont je ne m’approche jamais. Je fais le tour de la tristesse quand le jour tombe et je l’avise du coin de l’œil, là sur le fil du paysage, comme j’imagine qu’on fait des ours endormis. Je marche autour de ma peine. Lorsque je la contourne, j’arrive à tes pieds, bien sûr, et je n’ose pas affronter ton regard.

Il est tard. Pas assez pour me faire gronder, car je suis grand et que je ne fais plus jamais d’erreur ; mais la nuit jette sur le visage blanc de ma mère des éclaboussures d’encre qui me mettent mal à l’aise. J’ai envie de reculer car je n’ai pas envie de lui parler, mais j’ai envie de rester, car j’ai envie de lui parler ; enfin, je me dis que si je ne la regarde pas dans les yeux — là, je m’aperçois que je la traite vraiment comme les chiens qui errent autour de l’abattoir — si je ne la regarde pas dans les yeux elle ne voudra rien de moi. Je ne sais pas quoi lui dire. J’ai du mal à choisir, et je suis pris au dépourvu dans ce pays que je choisis de méconnaître.
Bonsoir. Je commence, déjà. Je suis devant elle comme si j’étais blessé, en tout cas je me sens blessé. J’ai ce désir égoïste, gonflé dans ma poitrine, d’attirer sur moi sa pitié et qu’elle me touche le visage. Mais je crains en vérité sa réaction et l’insatisfaction dont elle me ferait ombrage, je fais un pas de côté, je la contourne, elle aussi. Mais j’ai peur d’elle ; sous la lumière blafarde des intérieurs, ses petites mains pâles me font de la peine. Euh… Ma propre hésitation me dégoûte et comme je l’évite du regard, mon propre reflet me surprend : je me trouve trop grand, et trop vieux pour cet air penaud, timide et défait, qui ne font pas ma fierté. Je ne sais plus où regarder, je m’en veux d’avoir parlé, car je me trouve encore attaché par lui à ce royaume que j’évite, et qui devient, de fait, difficile à fuir. Quand même, je reste.

Je peux te demander quelque chose l’absence de ponctuation a sa vérité : je n’y mets pas de ton. Je parle sans la regarder et je ne veux pas qu’elle m’entende. Mais je tends un peu les mains devant moi : la cruauté de Heya me fait de l’ombre. Le cœur me pince. J’imagine que c’est l’enfer. Ce ne sont pas des choses que je peux dire à Robin, il n’y a pas de place pour ça dans mon Paradis. Ce sont des choses qu’on ne dit qu’à la racine grasse, matricielle de soi. Je mets du temps à parler, car je sais déjà que ça va m’énerver, je sais déjà que je demande, mais voilà : ici, je ne parle pas la langue, bien sûr que tous les mots que je vais trouver sont faux. Tu veux bien — me dire — (j’ai honte, donc laissez-moi le temps,) si tu as déjà été amoureuse ? J’affronte son visage et sa pureté m’inflige un état de malaise, je sais que je lui ai cédé cette confession comme un cadeau.
Heya
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Heya
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[ Jeu 29 Aoû 2024 - 20:45 ] The deal, Heya
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the deal
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j’ai la pitié que les mécréants n’ont pas et chanceux sont ceux qui pleurent dans mes jupons, ils seront réconfortés jusqu’à pénurie de leur douleur. je peux atteindre avec aisance, la chevelure de mes enfants et les bercer doucement lorsque leurs êtres se révèlent être trop fébriles pour poursuivre leur conquête vers un monde meilleur. j’endure ce rôle depuis quelques années déjà et espère ne pas avoir à l’abdiquer avant d’être à minima, moribonde.

ces lieux me plaisent, car calmes le soir. lorsque je suis incapable de me dénicher une seconde de répit, je viens ici et prie un peu dans le silence que les murs de verres bâtissent autour de moi. et je peux veiller sur ces légumes en pleine croissance comme je le fais sur mes enfants alors que le soleil vit au-dessus de nos têtes.

dans la pénombre sublime, je devine dans un calme brisé, des pas incertains près de moi. bonsoir. je lui réponds sans oser l’appeler mon fils, car lui ne m’appelle pas maman. (lui n’appelle peut-être même pas le Père ?) Askhat se tient perclus devant moi. il se fait petit mais me dépasse sans abstention. heureusement pour lui, venu accompagné de son hésitation, j’ai été formé à être patiente. c'est pourquoi je ne le brusque pas lorsque ses mots sont hésitants. je soutiens son regard fuyant, qui finalement, n’existe pas. il faut simplement que je lui rappelle que s’il décide de dévier sa trajectoire et d’oser regarder en moi, il sera capable d’y trouver un sanctuaire auprès duquel il lui sera possible de se reposer. c’est en oubliant qu’Askhat n’a jamais choisi mes cuisses pour se lamenter que je me dis cela.

pourtant ce soir, le voilà réel et perturbé et je me vois un peu en lui, seulement je n’ai pas la place de lui confesser ; ce n’est pas le rôle d’une mère digne. Askhat dépose enfin au bord de mon attention, une question dont je n’ai pas l’audace de prétendre pouvoir être la destinataire idéale. alors je réfléchis un peu tandis que ses yeux privés de toute lumière m’affrontent. je détourne les miens, nous n’avons pas encore échangé un seul regard car je me résous à me dire que cela me ferait trop de peine de voir que nous sommes si différents, même en ayant les yeux d'une même couleur.

j’aimerais détourner le sujet, car je ne le maîtrise pas assez et j’en suis bien désolée. j’y réfléchis davantage avec plus de ferveur encore, je n’ai jamais quitté ma prière, c'est pourquoi malgré mon regard absent, mes pieds se trouvent toujours ancrés dans ce même sol. je ne crois pas, Askhat. peut-être que je le déçois. je ne connais que l’amour du Père. mon regard est bien plus tourné vers lui que vers ce fils qui n’est pas totalement mien. et je connais celui des enfants aussi, mais pour une fois, je garde cette précision sous ma chaire. toi tu es amoureux ? j’ai du miel au bord des lèvres, je lui parle doucement sans le brusquer, car la nuit nous avoisinant me le permets.
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Askhat
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[ Mar 3 Sep 2024 - 22:31 ] The deal, Heya
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Je ne sais pas qu’elle ne sait pas, naturellement. Je me figure que les mères savent tout. Je me figure — je ne sais pas ce que ça fait — qu’il s’imprime partout dans leur corps des vérités jolies et moins jolies à dire, mais qui prennent toujours racine dans les tripes, là où la matrice prépare notre sacrifice. D’ailleurs, je ne m’imagine pas une seconde que Heya puisse ne pas savoir une chose que je sais : je crois plutôt qu’elle me dissimule ses vérités, comme on raconte que les pies cachent des boulettes d’aluminium. Je ne sais pas que ce ne sont que des légendes dont le réconfort est facile et faux.
Donc, je pense qu’elle me ment.

Hm.
J’ai de la colère qu’elle me mente. Si je voulais être factuel, je devrais dire que j’ai de la colère de dire qu’elle n’est pas faite pour aimer, et je déteste ce que cela dit de moi aussi ; je recule, je n’ai plus envie de la voir. Autour de nous, la serre forme un firmament vert et rond, réconfortant. Je me dis qu’avec la nuit environnante, on se croirait au fond d’un lac, mais aussitôt, l’idée de suffoquer loin de la surface avec Heya me donne des sueurs froides. Je croise mes bras pour me donner quelque chose à tenir, et je prends une grande respiration. Je crois que c’est la longueur filasse de ses cheveux et le creux qu’elle me dit d’elle-même — je crois que c’est ça qui pourrit tout ce à quoi je pense. Tout est décevant et monstrueux.
Non — non.
J’ai froid. Je sais que je ne suis pas frileux. Je ne la regarde toujours pas, car je ne veux pas la regarder, alors je baisse les yeux sur le bord de ses jupes, la forme de ses chevilles, que je trouve minuscules et penchées comme des joncs. Pourquoi est-ce que tu as dit ça ? Tout cela m’irrite. J’affronte le visage de Heya avec une rancune familière. Ce n’est pas de ça dont je parle. Je trouve sa confession puérile et ça m’agace encore plus de me dire qu’elle se contentait de me dire la vérité. Sa stérilité me fait horreur. Ce n’est pas ce que j’attends d’une mère. Je ne peux pas lui dire, mais je ne peux pas m’empêcher de le montrer.
Je recule.
Alors tu n’as jamais aimé personne. Cette fois je ne sais pas si c’est une question ou une affirmation, j’oublie encore de le lui montrer, et je ne veux pas, en fait, trancher dans cette contre-vérité épaisse ; je veux me tenir loin mais je suis retenu par, je ne sais pas, sans doute une espèce de pitié difficile. On n’a pas ce genre de rapport au Père.
Je me figure le vide. Je me figure le Père suprême dedans. Ce trou béant a la forme du visage de Heya — noir, et rose, et d’une tendresse absente, et d’un amour abyssal. L’envergure de son amour m’accable, je regrette beaucoup de choses.
Non ?
Son affection — me déshonore. Je ne me sens pas bien enfermé ici.
Désolé, j’ai changé d’avis, c’était une question idiote.
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[ Mer 4 Sep 2024 - 22:48 ] The deal, Heya
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sans même me voir de pleine face, je crois reconnaître de la tristesse au fond de ma pupille, elle se dilate légèrement. cette tristesse erre autour de moi et vient creuser un trou profond pour se reposer lorsque j’ai le sentiment de décevoir un enfant. cela m’arrive souvent, avec Askhat un peu plus qu’avec les autres, car je le pressens insensible à mon amour sous toutes ses formes. il ne verra pas mes yeux couleur morose, car je peux les dissimuler d’un sourire simplet. c’est ce que je fais pour tenter de nouveau de le rassurer.

on dit que la tristesse est une condition de la maternité. jusqu'ici, j’avais du mal à y croire, car chacun de mes enfants ne m’apporte que bonheur et réconfort. seulement, être confrontée à un visage déçu de ce qui constitue mon essence même, m’emplit de ce même sentiment. je me sens presque trop faible pour aimer, je crois que mon aura creuse sa tombe pour se coucher dans le linceul. oh… la lumière verdâtre dessine une couronne sur le dessus de la tête d’Askhat et elle suit sa chevelure alors qu’il bouge sa tête, et je le trouve beau, comme tous mes fils.

je crois que finalement, je ne comprends pas bien ses intentions. je me sens un peu penaude et confuse d’être dans l’incapacité de déceler le fin fond de ses besoins, je pensais cette compétence innée chez une mère. à vrai dire, je crois que c’est ce que tout le monde pense. cela me fait éprouver une légère honte que de devoir admettre que même après mes trente-six bougies soufflées, je me découvre encore parfois, comme une enfant. dans la continuité à ce cheminement de pensée presque absurde, je compatis davantage avec Askhat. lui n’est qu’en début de vingtaine, que peut-il connaître de la vie ? que peut-il connaître de la sienne ? comme tout humain, pas grand chose.

nos contacts avec autrui nous forment durant nos trente années — et plus, pour les épargnés du Père. ce sont ces interactions qui nous permettent de nous connaître avec plus d’approfondissement. alors je me dis que les autres, à force de nous fréquenter, nous connaissent plus que l’on ne se connait. dans cette même logique, je me dis qu’Askhat me connaît mieux que moi même et que, inversement, cela va de soi, je le connais plus qu’il ne se connait. nos rapports sont comme un reflet dans le miroir, mais dans le cas présent, cela s’apparente plutôt à un écho au fond d'un puits. je t’ai dis que si, j'ai déjà aimé. comme une enfant capricieuse, je me répète, insistant. l’atmosphère me gêne malgré moi, j’aurais aimé qu’il comprenne la première fois que j’ai ouvert la bouche. l’amour, cela veut dire beaucoup de choses. je me redresse un peu, je ne pourrais pas être plus grande que lui, qui pourtant me paraît si minuscule, mais je me tiens plus droite qu’avant. l’amour c’est prier le Père et savoir qu’il est là lors des temps difficiles. mais l’amour c’est aussi vous voir heureux.

je fais un pas en arrière lorsqu’il exprime ses regrets, moi, je ne regrette rien depuis sa venue. il n’y a pas de questions idiotes, encore moins quand on les pose à une maman. j’aimerais voir la lune au-dessus de nos têtes, mais elle est cachée par quelques arbres hauts. je suis alors forcée de garder mon regard rivé sur un Askhat fuyant. son visage est assombri par l’absence de lumière, il ne lui reste que cette couronne qui perdure sur son crâne. non, je n’ai jamais été amoureuse. et en me répétant, je fais un signe de la tête appuyant mes propos, je le déçois une seconde fois. je ne te forcerai pas à te confesser à moi. mais tout de même, à défaut de lui tendre une main qu’il n’attrapera pas, je lui réserve une oreille confidente.
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